dimanche 24 novembre 2024

Coup de coeur de 2024



Décembre bientôt. Suivra 2025.
Il y a un an, après la parution du très beau livre (montage graphique de Jean-Luc Denat) sur le moulin disparu de Papineauville, je rêvais d’un livre sur l’histoire de la Petite-Nation. Et voilà que début 2024...

Qu’est-ce qui est en tête de ma liste d’événements à retenir en 2024, mon gros coup de cœur, ce dont j’ai eu envie de vous parler chaque mois et surtout entre mai et octobre, ce que je retiendrai, ce qui me rend fière, ce qui me touche vraiment pour:
— le graphisme
— l’ampleur du projet
— la réussite du projet
— et surtout parce qu’il est question de ma chère Petite-Nation

Réponse :
Le 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation

Dès la première annonce, j'ai aimé le graphisme :
Dans le cas du 350e, je ne connais pas qui a créé le matériel promotionnel, l’image de marque, mais chapeau! Les couleurs, les formes, les fontes, le logo, j’aime tout. Et pour avoir travaillé dans le domaine, je sais qu’un visuel fort crée une émotion et invite à poursuivre plus loin. Ce fut mon cas, dès le début, j’ai dit Wow! Et j’ai surveillé chaque annonce dans les réseaux sociaux, dans le site de la MRC, sur les véhicules, sur les oriflammes.  Je n'ai pas assisté à tous les événements, à deux ou trois seulement. En revanche, j'ai lu chaque capsule.

J’aime la présentation Web, l’implication de la MRC :
Les vidéos réalisées par Agnès Créations sur les 25 municipalités de la MRC Papineau ont permis «d’offrir un bref aperçu des traces du passé, un regard rapide sur le présent et un clin d’œil vers l’avenir.»
Martine Caron et Jessy Laflamme de la MRC Papineau ont assuré la publication sur le site de Tourisme Petite Nation (lien>>>).

Et enfin, et surtout, j’aime notre Histoire :
Marie-Josée Bourgeois et Marthe Lemery ont créé un recueil de citations pour les 25 municipalités, et de plus, elles ont rédigé 24 capsules historiques. Tous ces textes permettent d’aller bien au-delà de la Seigneurie, de parler bien plus que des Papineau et Bourassa, et c’est à travers des personnes, plus que des dates ou des lieux que l’on découvre un peu de notre passé et même de notre présent. Plus que découvrir, apprendre. Les auteures disent « capsules », je dis véritable chronique fouillée, digne d’un texte dans une encyclopédie. Bravo et merci pour cet immense cadeau.
Les titres des 24 capsules :
1. Notre seigneurie, à ses débuts!
2. Notre seigneurie, à l’ère des Papineau
3. Seigneur, mon régime!
4. Les Papineau et les Bourassa Fils de soldats, cultivateurs et hommes politiques
5. Weskarinis, un peuple d’ici!
6. Dans tous nos cantons, y a des… colons!
7. Nos « augustes veilleuses » de rangs…
8. L’orme, l’arbre favori de Papineau
9. Louons maintenant nos grandes femmes!
10. Les pistes de portage, ces premiers chemins de terre
11. Il y a 100 ans Victor Nymark arrivait au Québec
12. Fille de fermière et femme de carrière
13. Arthème, Nelphas, Léon et Hyacinthe, nos divins gosseux!
14. Il y a 350 ans arrivait le premier touriste français!
15. J’ai vu la Rouge, la Blanche et la Lièvre
16. J’ai les couleurs d’une rivière (partie 2)
17. De (drôles de) choses et d’autres…
18. Un des plus vieux métiers du Nouveau Monde
19. La traversée de deux mondes entre Montréal et Duhamel
20. Des auteurs qui nous disent au monde
21. Papa ours et la petite histoire
22. Nos glorieux à nous
23. Sur les traces de Talbot Papineau, héros de Passchendaele
24. Augustine Bourassa, une artiste restée dans l’ombre (à venir)

Comme je suis de la génération livre plus qu’Internet, je souhaite évidemment que le tout soit réuni dans un livre. Ce serait un beau cadeau de Noël... 2025!

samedi 23 novembre 2024

Encore

Encore une fois.
Une quatrième fois.
Le lundi, encore la circulation, les ralentissements sur les autoroutes: la 50, la 15, la 40. Ne pas paniquer pour les 15 minutes de retard.

À la clinique Angus : l’attente.
Ah! l’attente.
Attendre, regarder l’heure, écouter. 
Attendre d’entendre son nom.
Pour entrer dans la grande salle.
Pour être installée dans le cubicule 13 ou 14, celui des greffé.e.s de la cornée.
Pour être accueillie dans la salle d’opération, ensuite dans la salle de réveil.
Pour moi : retourner dans la salle d’attente, attendre, regarder l’heure pour avoir le droit de revenir après l’opération.
Attendre la venue du médecin, celle de l’infirmière. Attendre l’heure du départ. Encore 4 heures.
Rester calmes. Respirer. Espérer.

Seule. Savoir l’autre seule. Avoir mal de savoir que l’autre a mal.
Attendre la prochaine étape.
Être toute présente dans l’attente. Et seulement là.
Dans chaque après, on est encore en attente.
En fait, peut-être que ce que j’appelle l’attente n’est pas autre chose que vivre. Vivre le moment présent. Sans y prendre plaisir. Juste rester calme. Ne pas laisser venir les pensées négatives. Ne pas laisser venir le chaos, la peur. Pas vraiment subir mais observer la pluie en attendant le soleil. Se voir marcher sur une plage, entendre les vagues douces de la mer. Que la respiration redevienne et reste normale.
Ne pas tout chiffrer. Combien sur 10 le mal? Combien sur 10 c’est difficile? Combien sur 10 la hâte d’être après.

Finalement, partir, rouler lentement dans le noir des rues, guetter les feux rouges, les verts, surveiller les cyclistes, les piétons, jeter un coup d'oeil sur le GPS.
À l’hôtel, payer, demander un fauteuil roulant, monter au 6e. Retourner stationner le CRV-Honda-recherché-par-les-voleurs au sous-sol, plus à l’abri.
S’installer, donner des nouvelles, répondre au téléphone, parler tout bas, regarder la télé sans rien retenir. S’endormir tôt.

La nuit, étouffer un peu parce que les fenêtres ne s’ouvrent pas. Avoir chaud. Avoir peur. Réciter des Je vous salue Marie comme mantra. Expirer longuement. S’endormir sans s’en apercevoir.

Le matin, se préparer, aller déjeuner, y prendre plaisir. Se sentir presqu’en vacances, en voyage. Bavarder avec les serveuses. Jaser de Montréal, d’Habitat 67 en face, de notre ancienne vie sur l’île de Montréal.

Attendre que le temps passe, jeter un coup d’œil sur la tablette, jeter un coup d’œil sur nos montres, toutes les demi-heures.

Pour le suivi, à l’hôpital maintenant, comprendre la nouvelle façon de payer le stationnement. À l’intérieur, se mettre en file, donner son nom, attendre dans la grande salle, voir tous ces malades, réaliser, accepter que nous sommes comme eux, malade, tout en espérant redevenir comme avant, comme quand le mois de novembre voulait dire le sud, voulait dire belle retraite, beaux projets.
Écouter les noms et les numéros de la salle. Se forcer à être dans le ici et maintenant.

Voir la technicienne, lire au moins cinq lignes sur le tableau de Snellen. S’en réjouir. Penser que la dernière fois aussi... avant le rejet!

Retourner dans la salle... d’attente. Entendre difficilement son nom, salle 32. Revoir l’ophtalmologiste de la veille, celui qui parle en français. Cinq minutes. « Tout est beau, revenez jeudi ».

Reprendre la 40, la 15, la 50, le trafic, le ralentissement, la longue ligne rouge sur Google maps. Être patiente, combattre la fatigue.
Manger une frite à Lachute. Arriver à la maison. Chercher la chatte. Lui demander si elle va bien. Ne pas se pencher pour la flatter.
Écouter la télé, plus ou moins. À 21 heures se coucher, les gouttes, attendre cinq minutes entre chacune, la coquille.

Le jeudi, recommencer. Deux heures pour aller, trois pour revenir. Attendre, voir, écouter. Quinze minutes : « la greffe est belle, revenez dans deux semaines. »

Dans la nuit, rêver à un glissement de terrain. Devant, le chaos? Tout s’effondre?
Le lendemain, écrire non pour me souvenir, mais pour réunir mes moi, me retrouver, passer par-dessus l’avalanche d’images, le déferlement de pensées. Essayer de réunir mes moi dispersés. Le moi proche aidante, le moi conductrice dans une ville, le moi qui attend. 
En sommes-nous là? Les mot vieilles et malades s’annoncent, s’incrustent. Ne pas les laisser prendre racine.

Écrire ces trois jours, chaque mot pensé, chaque minute vécue. Comme chaque battement de cœur, chaque inspiration. Et expirer, évacuer, mettre de l’ordre dans nos vies. Se retrouver.
« Or, quand j’écris, quand je suis dans le texte, je trouve encore une forme d’apaisement, une impression de mettre de l’ordre dans le chaos du monde. » 
J.P. Chabot dans Le Devoir, 16 novembre 2024.
Au sujet du livre Voyage à la villa du jardin secret.



jeudi 14 novembre 2024

Mon cadeau de Noël

J’avais écrit un billet de 500 mots où, un peu frustrée, un peu revancharde, je radotais.
Je ne le publierai donc pas.

J’étais déçue que Hamac et Lévesque éditeur ne publie plus de carnets (ce qu'une source sérieuse m'a dit en tout cas), mon style d’écriture préféré ces années-ci. Autant pour lire que pour écrire. 

Je me contenterai de citer Christian Bobin :
« Ce n'est pas pour devenir écrivain qu'on écrit. C'est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour. »
Probablement mon cadeau de Noël.


lundi 21 octobre 2024

Ces photos que l'on garde longtemps,
que l'on regarde si peu

Jour tout de ciel bleu, de feuilles tombantes et de doux temps.
Jour de ressac « roman dense et touffu, à l’écriture serrée et aux phrases longues qui s’étalent parfois sur deux pages » est-il écrit dans La Presse . Qui me rappelle ces fécondes années où je notais dans un cahier les belles phrases ou expressions. C’est certain que, admirative, j’aurais noté :
« son iris gauche opacifié d’un glaucome »
« pluie fine hachurait la ville »,
« le vent forçait, le crachin fouettait les vitres »

Des phrases que j’aurais consultées, des mots que j’aurais empruntés et glissés dans un des romans en devenir. C’était en quelle année déjà? Qu’ai-je donc fait de ces cahiers? Où sont-ils donc? Les ai-je jetés?

Demain jour de bac bleu ou de bac vert?
Jeter, donner, classer. Que faire de tous ces cahiers, de tous ces albums photo, des CD qui ne servent plus, qu’on ne peut plus lire ou écouter de toute façon? Tout est rendu USB.
On nous intime de vivre au présent.


Pourtant, hier encore, jour de souvenirs en photos trouvées au fond des armoires : toutes ces expositions, symposiums auxquels Louise Falstrault a participé et moi qui ai regardé, accompagné. Pas que des expositions, des voyages, des paysages, des dépaysements, des amitiés. Des tableaux pour elle, des mots à écrire pour moi.

L’artiste a encore des tableaux à vendre, son atelier est ouvert sur rendez-vous. Les yeux « opacifiés » de glaucome qui souffrent de sécheresse oculaire, l’artiste ne peint plus, mais sur Facebook, elle surveille encore les artistes peintres qu’elle a connus lors des symposiums. Elle reconnait des noms. Elle se réjouit que Marie-Claude Courteau soit l’invitée d’honneur au Symposium de peintre de Gatineau en couleurs qui a lieu les 25-26-27 octobre. Elle a feuilleté quelques albums photos, a vérifié sur son site Internet en quelle année elle était à Gatineau, à Ottawa, à Baie-Comeau, à Maniwaki, au Massachusetts, à Kamouraska. Et puis, sereine, elle revient à aujourd’hui et maintenant. Elle veut vendre, donner. Des revues, des livres, des pinceaux, des chevalets. Elle est prête, elle veut se sentir légère.

Quant à moi, encore le goût d’écrire. Court. Petits billets. Publiés facilement sans attente, sans stress. Dans ce blogue qui a déjà porté le titre « De nos pinceaux et de nos stylos », qui se voulait une fenêtre sur la Petite-Nation et qui finalement tient plus du carnet de lectures. Je suis aussi prête à donner des livres, des albums de bandes dessinées. Le problème n’est pas tant d’être prête à se départir de ses biens, mais accepter, vouloir vraiment, ne pas croire que sa vie est finie, ne pas espérer que tout se fasse par magie. La solution, c’est d'aller chercher le bac vert, le bac bleu et de remplir la première boîte de carton.

jeudi 17 octobre 2024

Elles méritent un prix

 



Il faut que j’en parle. Que j’écrive là-dessus.
Le tout — le visible pour nous, parce que le travail en amont a sûrement eu lieu bien avant — a commencé mi-février 2024. La MRC de Papineau profite du 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation «pour explorer avec vous, en mots et en images, l’histoire et l’identité de son territoire.»

Depuis février, donc, j’ai participé à quelques événements, j’ai vu une ou deux vidéos mais surtout, je lis des capsules, 21 jusqu’à maintenant.
Avec plaisir, avec délectation! Avec reconnaissance, avec fierté.
Tourisme Petite Nation a réalisé et effectue encore un travail colossal.
Dès le début, j’ai adoré l’image de marque (je ne tiens pas spécialement à utiliser le terme «branding»). Le choix des couleurs, le design. J’ai vu les annonces sur des véhicules, des pancartes, des oriflammes. La même partout, remarquable.

Quant aux capsules illustrées, documentées sur l’histoire, les personnages, les personnes, les coutumes, les municipalités, je n’ai que des félicitations à adresser à Marthe Lemery et de Marie-Josée Bourgeois. Quelles recherches, quelle documentation et quels textes!
Je les connaissais, je les aimais déjà, mais là, elles méritent un prix. Un prix qu’il faudra inventer. Un prix qui touche l’histoire, l’écriture, la créativité. Un prix provincial.

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lundi 2 septembre 2024

Lectures d'août

 

Pas tellement pour lire le texte comme pour voir la disposition des paragraphes.

Chaque fin de semaine de la fête du Travail me (nous, sûrement) rappelle les mêmes souvenirs : le départ du chalet, le retour en ville, la rentrée scolaire. S’il faisait frais comme aujourd’hui, nous n’avions aucun regret de quitter le chalet-pas-vraiment-isolé. J’avais hâte de retrouver mon vélo, mes amies, les bancs de l’école : dans cet ordre.

Me rappelle aussi plus près : la tournée des ateliers des Créateurs de la Petite-Nation. On espérait du beau temps, encore quelques fleurs pour décorer... et des clients. Aujourd'hui, 2 septembre 2024, c'aurait été tranquille... quoique, les clients et vistieurs n'auraient pas été pressés de quitter l'atelier!

Fin de l’été, de nouveaux livres bientôt.
Alors survol de mes lectures — toutes numériques sur ma liseuse Koko — du mois d’août.
— Avide
— Avant de brûler
— Dents de fortune
— Prendre son souffle


Dans tous les cas, ce que j’ai adoré, c’est l’écriture. Appelons ça le style. Je dirais plutôt la façon (nouvelle? ou influence des cours en création littéraire? ou à la mode, depuis Charlotte de David Foekinos?) de présenter la narration. Des phrases courtes, des phrases qui tiennent lieu de paragraphes. Presque des fragments. Comme j’aime parce que dans ma tête, c’est comme ça que je pense. Et puis, c’est « punché », comme des coups directs sans fioriture, ce qui donne de la force au texte, surtout en fin de chapitre.

Plus précisément, tout le reste : l’histoire, le sujet, les personnages, c'est différent pour chacun.
Avide : j’ai aimé le sujet, une chasse au trésor, une longue marche dans la nature, ses relations avec les gens et même la fin, le climax, ne m’a pas déçue. Évidemment, il a fallu que j’aille voir la fin, mais je suis revenue aux premières pages, signe que c’est très intéressant.

Avant de brûler : Je ne comprends pas encore vraiment la raison, mais dès la page 60, j’ai décroché. Pourtant Les falaises, son précédent roman, j’avais aimé. Tout aurait dû me plaire puisque l’écriture me comblait. Mais cette histoire de bête... mon cerveau n’a pas compris. Je ne voyais plus les personnages, l’histoire n’était plus la même. Et puis cette alternance entre les personnages... j’aurais dû aimer, j’ai déjà procédé de cette façon. Il faut croire que ce n’est pas parce que je vis entourée de forêts, de champs cultivés, que je vois des chevreuils plusieurs fois dans l’année, que j’entends des oiseaux tous les jours, que j’aime connaitre tous les détails du parcours d’une bête.
Je suis allée voir la fin :
Farah et moi essuyons d’un même mouvement la couronne de cendres sur nos fronts et on se relève,
arpente les dégâts pour
retrouver le sentier,
chercher l’orée d’autrefois la forêt,
s’assurer qu’il y a un monde à refaire.
Mais cette fois, pas de retour aux pages précédentes.

Dents de fortune : choix de mon « 12 août ». J’ai tout aimé : l’histoire, les personnages, les lieux (Îles de la Madeleine et le Montréal des années 1930), le vocabulaire propre à cette époque et ces insulaires. J’en aurais pris plus : savoir ce qui a mené Laura à vouloir quitter son île et je l’aurais suivie plus longtemps entre son premier et septième enfant.

Prendre son souffle : alors là, pas de description d’un décor, d’un paysage, pas de métaphore autour d’une bête ou d’une fleur. Que des émotions. Amour contre maladie. Reste, pars? Et les personnages n’ont pas 70 ans, mais 30-40. Le cœur à l’envers souvent, à me demander ce que j’aurais fait, ce que je ferais si...

Il y eut aussi, une belle surprise: 50 ans de la maison d’édition Québec Amérique.
Très très beau magazine, graphiquement parlant. Lecture très très intéressante. De beaux portraits.
Bien assise sur ma galerie arrière, café le matin, verre de vin en fin d’après-midi. Tablette et carnet à côté pour prendre des notes sur les livres qui me tentent, sur les auteur. e. s que je connais moins (je ne me décide pas à écrire auteur.trices). J’ai dévoré. Lu avidement.
50 ans, donc 1974. Je n’étais plus à Montréal pour voir vu les débuts de cette maison d'édition. J’ai plutôt été témoin des Éditions du Jour, éditions Cercle du Livre de France parce que mon père, Jacques Lamarche y a publié ses premiers livres. J’ai entendu des noms comme Gilbert LaRocque, Jacques Hébert, Pierre Tisseyre, Andrée Maillet, Nicole Brossard, Robert Soulière et plusieurs autres.
Dans le très très intéressant et très très bien fait magazine de 160 pages de Québec Amérique, j’ai tout de même re-trouvé avec un plaisir non dissimulé le monde de l’édition.

Lien vers le magazine en numérique >>> 

Que l’automne vienne, d’autres livres m’attendent. Des escapades aussi. Des fêtes : ce n’est pas croyable le nombre de personnes conçues pendant les fêtes de Noël!

dimanche 4 août 2024

Où un article de journal me tient éveillée...

« Où je me sens libre, c’est dans l’indéfinition. Être plus d’une chose, plus d’une identité, plus d’une personne. Fondamentalement, on est construit comme ça [...] Vraiment, j’en suis persuadé : je n’ai pas l’impression d’être une seule personne, d’avoir une identité fixe ou stable. Je cherche à m’approcher de ce “ni l’un ni l’autre” que je sens en moi. »

 Kevin Lambert

Lire ça à deux heures du matin, tu n’as qu’une envie, c’est de te lever et d’écrire.
De dire que c’est tout à fait ça. Tu es plusieurs personnes. Je suis je, je suis tu, tu es nous, nous sommes elles et parfois il.

Dans ma tête, j’établis un plan : un chapitre par personnage: la fille, la femme, le garçon manqué, l’étudiante, la professeur, la graphiste, la voyageuse, l’amoureuse, l’amie, la sportive, la sœur, la jeune, la sociable, la verbo-moteur... et plusieurs encore. Le «je» du jour, le «tu» qui peine à se reconnaître devant le miroir, le «il» qui ne porte ni robe ni jupe, ne se rase pas, le «elles» quand je me sens féministe et solidaire...

Et comme Kevin Lambert, comme dans tous mes livres, 
« J’ai ce besoin d’un projet à l’autre de métamorphoser la forme. Je pense chaque forme de manière indépendante, par rapport à l’histoire que je veux raconter. Je n’adapte pas mon sujet à mon style. Pour chaque sujet ou personnage qui m’intéresse, j’adapte mon écriture. »
La forme serait par fragments. Paragraphes, espaces, alinéa. Comme Foekinos dans Charlotte. Comme Nuit de foi et de vertu de Louise Gluck que Ruth Major vient de me faire découvrir. Comme les poèmes que j’écrivais à 15 - 17 ans.

Et comme Kevin Lambert encore :
« Mon inspiration vient beaucoup de la littérature. La littérature me donne accès même à des souvenirs. J’ai l’impression de ne pas me connaître quand je ne lis pas. J’ai besoin de me nourrir d’autres écritures. […] Il y a toujours une partie de choses que j’ai connues dans ce que j’écris. 
Dans la vie, on comprend rarement les actions ou les motivations des autres. »
En lisant les autres, je me, je nous, je vous comprends mieux.

« L’identité ne m’intéresse pas, parce que l’on est aussi ces masques que l’on a mis en chemin pour se protéger. »
En revanche, l’identité m’intéresse.
Mon premier livre publié, Je me veux, disait déjà que je cherchais à savoir qui j’étais. Pourtant je n’aime pas les étiquettes si elles sont jugement ou amalgame réducteur, comme si on était qu’une identité.

Je n’ai jamais senti le besoin de dire devant tout le monde qui je suis. Ma mère, par son exemple, m’a appris la discrétion. Les années 60-70 nous demandaient la pudeur, la réserve. Chez nous, autour de nous, on ne parlait ni de nos amours, ni de nos sentiments. On parlait de nos actions, nos études, notre travail. De cuisine ou de sports. Même mes lectures étaient visibles mais pas commentées. Libres par contre.

Dans les livres, je me, je te, je nous, je vous cherchais. 
Je me suis crue philosophe en lisant L’Être et le néant de Sartre.
Je me suis vue actrice en lisant et en jouant la bonne dans La cantatrice chauve de Ionesco.
Je pouvais aimer garçon et fille en lisant Virginia Woolf, Anaïs Nin, Simone de Beauvoir.

À chaque livre, j’étais une nouvelle personne.
Je voulais être écrivain pour être entière, tout à la fois. Et comprendre qui je suis. Ou en tout cas essayer.

Et finalement, il est six heures du matin, la chatte ronronne à mes pieds, mes pensées s’enfuient à mesure que le soleil éclaire le jour. Je m’endors enfin, le cœur un peu plus calme, avec l'impression d'avoir fait le tour de la question. Les espoirs de les écrire pour vrai ces chapitres, enfuis. Je sais que je n’ai plus le souffle pour écrire une centaine de pages, ni les contacts pour être publiée. Le blogue me permet d'écrire court, même quand je pense long!

Le jour, entre les repas et les baignades, j’irai voir quel livre j'achèterai le 12 août.

Et j’écrirai. Encore.
Mais si Kevin Lambert crée des personnages pour exprimer qui il est, je n’en suis plus là. Je suis dans les explications, les constatations. Je n’irai pas jusqu’à dire l’analyse, je n’ai jamais été forte dans les dissertations, les essais. Je préfère la romance.

Aujourd’hui, c’était la blogueuse.
Et ce soir, elle se couchera tôt!

mardi 9 juillet 2024

Fragmentée-s

Presque chaque matin, survol des nouvelles acquisitions à la BAnQ et Biblio Outaouais / Prêt numérique. Presque chaque semaine, un regard vers ce qui se publie au Québec.
Volontairement vers le féminin.
Ce matin, les mots écrire, écriture, avant le mot littérature.
Qui me mènent au livre  Écrire au féminin au Canada français.

J’y passe l’avant-midi. Parmi ces universitaires qui ont un vocabulaire que je n’ai/n’aurai jamais. Devant leurs mots que je ressens plus que je ne comprends.
Je note les noms, nouveaux pour moi, qui existent pourtant depuis longtemps, si près (au Canada) : Lise Gaboury-Diallo, Andrée Christensen, Simone Chaput.
Je note des thèmes : l’identité fragmentée ou cette impression de duplication du soi.
Je retiens les mots : fragments et double.

            mon id / entité n’est qu’une série
            d’approximations
            une foule d’éventualités
            fragmentées
            mes réactions
            une litanie changeante selon la mesure
            de l’urgence
            moi toujours à refaire
            à rattacher à mon esprit volage
                                            Lise Gaboury-Diallo

Être tant de personnes dans une seule, avoir tant d’identités. Les accepter, les aimer toutes. Sans toujours les comprendre.

L’après-midi, encore la preuve : pourquoi avoir tant tardé pour aller voir le dentiste?
Un an que mon dentier du bas me fait mal. Pas tout le temps, pas à chaque repas. Juste à droite.

Du déni, certes. De l’orgueil sûrement. Ça va passer, ça ne fait pas si mal.
Toujours cet autre moi (un des) qui ne sait pas décider, qui ne sait pas ce qui est bien pour elle. Dépendante et indépendante à la fois, qui veut prouver quoi à qui? qui attend que ça passe, qui passe après les autres. Comme ma mère.

Même pas une question d’argent, l’ajustement fut gratuit. Même après un an.
Je suis de diable et d’ange. De bourreau et de martyre. D’accusations et de pardons. De beaucoup de mots et de peu d’écoute pour moi-même. De tout et de rien. De mal et de bien. 
Compartimentée-s, fragmentée-s.

mercredi 3 juillet 2024

Le dedans et le dehors

Tableau de Louise Falstrault: Du dehors au dedans. (Collection F. Leduc)

« Je fais partie de ces personnes pour qui les questions par plusieurs jugées abstraites et nébuleuses semblent les plus proches, les plus exaltantes. » 
ou
« La grande question de l’existence est celle des rapports entre le dedans et le dehors.» 
Chimères, Frédérique Bernier
Je fais partie de ces personnes qui ont l’impression que si on ne lit pas ce que j’écris ou a écrit ne peuvent pas m’aimer vraiment. Si on ne cherche pas à savoir ce que je lis ne peuvent pas savoir ce que j’aime ou qui je suis. Ne voient que le dehors. Comme si je n’étais que mes mots écrits.
J’aime pourtant aussi « mon dehors » et peut-être finalement que je ne montre que lui.

Très souvent on me dit que le fait d’avoir tant déménagé m’a traumatisée. Chaque fois, je dis que non, mais je dois admettre que de la naissance à vingt ans, quinze écoles et presque autant de maisons ont dû marquer mon rapport à l’attachement.
Attendre d’être choisie
Attendre d’être aimée
Avant de m’attacher
Avant de montrer mon dedans

Et sans doute pour l’avoir montré une fois ou deux, d’avoir aimé en premier, d’avoir été celle qui attend, pire, délaissée, j’ai fermé la porte du dedans.
Faire passer des tests avant d’y donner accès.
Rendre la tâche complexe à qui s’approche.
Et puis, finalement, comprendre que moi non plus, je ne cherche pas à voir le dedans de tout le monde. Trop engageant. Nous sommes multiples. Nous sommes tous plus ou moins des personnages dans notre propre vie. Constamment en représentation. Même en dedans.

Alors, je vis compartimentée : la campeuse, la voyageuse, la campagnarde, la généalogiste amateure, la fille de, la sœur de, l’amie de, celle qui connait beaucoup de noms d’auteu. re. s, celle qui écrit pas pire, celle qui publie ses photos de voyage ou de couchers de soleil, celle qui aime et choisit le français en toute chose, celle qui parle beaucoup, mais ne dit rien de son dedans, celle qui préfère l’écrit pour pouvoir réfléchir et bien dire ce qu’elle veut dire, celle qui pleure rarement devant les autres, qui pleure par en dedans, celle qui cherche à comprendre, mais qui a du mal à expliquer simplement, celle qui a toujours des réponses longues à des questions même courtes. Parce que rien n’est simple ni noir ou blanc pour elle.

Accepter que chacun.e montre son dedans à sa manière. Ou pas.
Il ne faudrait pas non plus confondre le dedans et le dehors  comme si c'était le meilleur et le pire.
Parfois, aimer le dehors, c’est déjà beaucoup. Ça peut prendre une vie.


vendredi 28 juin 2024

Laisser venir ce qui vient

Ennui
Un mot de jour et non de nuit
Pas nécessairement les jours de pluie
Pas nécessairement le dimanche après-midi
Comme quand nous étions petits

Pas ennui comme questions
Celles qu’on n’a pas le temps de se poser
Quand on travaille
Quand on a des enfants
Quand on a une maison à entretenir
Quand on a 30 ans

La question ennui parfois derrière le mot retraite
Temps de penser
D’hésiter
De choisir
De tourner en rond
De prendre le temps de ne rien faire
De se chercher
Avec un peu de chance, se (re)trouver
Le temps d’écrire
Ce qu’on n’a pas dit
À moins d’avoir oublié
D’avoir pardonné
À moins de comprendre, de réaliser qu’on n’a plus le temps

Peut-être tranquillité d'esprit finalement
Paix du cœur
Et le sentir
Et dansle silence, le confondre

La retraite
On a plus de temps et pourtant moins de temps, devant
Il faut regarder le présent
Les feuilles vertes au printemps
La mer ou le sable en été
Le chevreuil un matin
La vie toute l’année
Ne pas s’attarder au mal des os, aux plis de la peau, aux cheveux blancs
Parler aux gens
Ne pas craindre le vent
Le mot retraite qui dit l’argent, qui chuchote le sud en hiver, qui rêve de voyages
qu’on entend à 55-60 ans

Après 70, j’entends plutôt le mot vieillesse
Tendresse aussi
Les parents, les ami. e. s disparaissent
Encore des sorties
Encore des printemps
Plus tout à fait la retraite 
Plutôt des nuits d’insomnie
Viennent des ennuis 
Moins de questions
Sans réponses pourtant

Juste laisser venir ce qui vient
Comme un chevreuil, un matin.




mercredi 12 juin 2024

Entre le 2 et le 11 juin 2024

Avant que viennent les mots à ajouter aux photographies, il me faudra le silence. Faire le tri dans tous ceux qui se bousculent encore de tout ce que j’ai vu, senti, entendu les dix derniers jours.
Entre vagues, brume, vent, frais, anses, golfe, rochers, barachois, bleu du ciel, bleu de la baie.
Entre déceptions, plaisirs.
Entre guédilles, galvaude, pêcheur, cafés.
Entre autoroutes, piste cyclable, mauvais état des routes.
Entre conversations, écoute, lecture à voix haute d'Un animal sauvage de Joël Dicker.
Entre Chandler, Maria, Carleton-sur mer, Mont-Joli, Sainte-Flavie, Rimouski, Saint-Casimir.
Peut-être qu’après avoir nommé les plus marquants, ne retiendrai-je que les images et les odeurs de bord de mer, que l’accueil du préposé à l’accueil du motel à Saint-Flavie, que les très bons services des gens du camping de Pabos, que les yeux fermés de ma compagne de voyage, toujours aux prises avec cette greffe de cornée qui n’en finit pas de guérir, que les émotions de mon amie nouvellement retraitée.

Peut-être déjà tout ça n’est que souvenirs parce que Mika retrouvée, le gazon à couper, la revue Lettres Québécoises numéro 193 à lire, le costume à aller chercher pour la rencontre du 15 juin à Ripon occupent tout mon présent.
Déjà d’autres images, d’autres sons, d’autres odeurs, d’autres plaisirs.
Finalement les mots seront ceux-là.



jeudi 16 mai 2024

Le 16 mai 1674...

 


En 1674, j’étais de ce grand territoire de 25 lieues désormais nommé Seigneurie de la Petite-Nation.
Avant-avant, j’étais argiles marines dans la mer de Champlain,
Avant, j’étais forêt, rivières et ruisseaux, terrain de chasse et de pêche des Weskarinis.
Je ne savais pas alors:
que je faisais partie de la chaîne de montagnes Laurentides,
que j’allais me détacher de deux voisines fondées bien avant moi,
que j’allais devenir paroisse au début du vingtième siècle.

Je suis de frêne blanc, de tilleul et de noyer cendré,
Je suis de pins rouge, blanc et gris et de couchers de soleil orangés.
Je suis de buttes et de collines, de roches métamorphiques.
Je suis de la Petite rivière Rouge et des ruisseaux Sam, Pearson et Suffolk.
Et surtout, je suis de dépôts sableux et de terre légère, sol idéal pour la culture de la pomme de terre.

En 1902, Ariste Bock, Anthime Paiement, Moïse Charron et Anthime Cloutier se rencontrent, discutent et s’adressent à l’archevêque d’Ottawa, Mgr Thomas Duhamel.
Saint-André-Avellin et Notre-Dame de Bonsecours me laissent aller et, enfin, en 1902, 
je suis constituée canoniquement d’abord, puis civilement. 
J’existe enfin, nommée, désirée, choisie.
Je ne suis plus ce vague territoire du nord de la seigneurie de la Petite-Nation.
De monts et de vaux, je deviens plateau.
Je suis terre d’avenir, terre d’espoir. 
Je suis forêt à défricher, champs à cultiver, maisons à bâtir,
aussi de messes à chanter, mariages à célébrer, familles à établir.

De Labelle ou de Prescott, de Saint-André-Avellin ou de Montebello, sont venus les Lauzon, Bock, Deschambault et Lanthier; ils choisissent le rang Saint-Augustine. 
Les Pilon, les Laporte, les Lalonde s’établissent au village, entre rang Gustave et rang William. 
Les Bédard, Brazeau, Bigras, Deschâtelets, Legault, Perrier, Rieux et Robillard dans le rang Thomas. 
Les Pharand et les Chartrand, dans le rang Procule.
Sont venus aussi des Gauthier, des Perrier.
Les Tessier deviennent Lavigne, les Deguire deviennent Larose.

Je suis de ces hommes et de ces femmes qui ont fait et font encore qui je suis.
J’ai encouragé les commerçants, les hôteliers, les restaurateurs, les mécaniciens.
J’ai vu naître des maires, préfet et député, des policiciens.
J’ai vu se former des organisations, des clubs, des comités.
J’ai vu s’établir des artistes peintres, des artisan.e.s, des auteur.e.s et même des inconnu.e.s.
Plusieurs étudiant.e.s sont parti.e.s, sont revenu.e.s.
Quelques discrètes célébrités vivent ailleurs leur vie quotidienne, 
mais ne renient pas leur origine pacificienne.

Je vois tout ce beau monde s’entraider et s’entredéchirer, se reproduire ou s’ignorer.
Pour un coin de terre, pour un principe. 
Certains fonceurs, d’autres plus craintifs.
Chacun avec ses idées, ses ambitions et ses choix.
Toujours pour le meilleur. Enfin, je crois.

Je me réjouis de toutes les saisons, des semences aux récoltes, des vents froids aux étés chauds.
J’ai vécu des carnavals d’hiver, des Festival de la patate en été.
J’ai vu les jeunes jouer à la balle molle, au soccer, au hockey, à la ringuette.
Était-ce un fantôme ou ai-je entraperçu Jack Rabbit, cet homme qui a conçu le saut à ski du Seigniory Club à Montebello, dans la forêt enneigée qui borne la municipalité?
J’ai deux ou trois bâtiments dignes d’intérêt, publiés dans un livre sur le patrimoine. 
Au fil des ans, les commerces se sont raréfiés, la caisse populaire a fermé, l’école n’est plus une école. J’aurais voulu plus, mais l’important, c’est que je sois accueillante. 
Que de jeunes familles aient envie d’y venir. 
Pour travailler, pour cultiver, pour y vivre plus que les étés.
Je suis triste de voir les octogénaires mourir alors que naissent peu de bébés.

Je suis un peu morte quand l’église a passé au feu, quelques mois avant son centenaire.
J’ai été dévastée de voir la démolition du presbytère. 
Pour se recueillir et parler à nos morts, il reste le cimetière.

Je veux qu’on me nomme, qu’on ne m’oublie pas, que je ne disparaisse pas.
J’étais là, indéfinie il y a 350 ans, au temps de monseigneur Laval.
Bientôt 125 ans 
que j’ai un nom bien à moi, 
que je souhaite fierté aux Pacificiens et Pacificiennes,
que je veux vivre et prospérer... dans la paix,
que je veux laisser bien plus que de merveilleux et célèbres couchers de soleil.

Je suis Notre-Dame-de-la-Paix!




dimanche 12 mai 2024

Attentes


En attendant d’obtenir Liste de mes envies 2, je relis La liste de mes envies 1.
En attendant de lire À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit?, je lis Ce matin-là.

J’ai vu que dans À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit? les chapitres sont courts. Deux ou trois pages. Chaque fois un personnage et ses histoires, ses souvenirs. Chacun·e sa nuit.

Alors m’est venue l’idée de l’attente. Je pourrais conter tous ces moments où on attend. Où j’attends.

Comme aujourd’hui : rien de particulier à faire. Pas d’obligation. Ni assez beau ni assez chaud pour un tour de vélo. Un peu de pluie qui m’empêche de peinturer les marches de la galerie.

Impression d’attendre.

Remontent des souvenirs de mes attentes. De mes nuits et de mes envies également.
Comme Jocelyne dans le livre de Grégoire Delacourt, je pourrais faire la liste de mes attentes. Pour certain·e·s auteur·e·s, ça pourrait faire un livre. Pour moi, au moins un billet de blogue?

Il y a les parfois courtes et plutôt banales : attendre que la visite arrive, attendre qu’elle parte. Attendre l’heure polie de tirer sa révérence.

Il y a les stressantes : attendre le verdict d’un docteur. Que le vent cesse lors de tempête. Que la pluie diminue quand je conduis sur une autoroute. Que ton équipe compte un but. Que l’aube se lève et chasse les idées noires.

Il y a les frustrantes : attendre ton tour de parler, attendre que l’autre se taise. Attendre que le trafic diminue. Attendre que l'autre comprenne. Attendre après des formulaires. Attendre qu'un humain réponde au bout du téléphone.

Que la fièvre baisse, que la douleur diminue. Que l’électricité revienne.
Attendre de revoir, de pouvoir, de savoir. De guérir, de revenir à la normale ou comme avant.
Attendre patiemment, sagement, silencieusement.
Attendre sans attentes.

Il faudrait être plus précis. Personnaliser l’histoire. Raconter un souvenir.
Quand j’avais quatre ans, mon frère, mon aîné de deux ans, a eu son premier bicycle. En vouloir un. Il fallut attendre d’être plus grande.
Quand nous avions un répondeur et que j’attendais une date pour une opération. Chaque fois que je revenais d’une sortie, je regardais si le bouton rouge clignotait. Je n’ai plus de répondeur, mais il m’arrive encore de regarder dans la direction de l’objet absent.

Il faudrait montrer à l’aide de verbes d’action, de vrais lieux, les cinq sens, et non raconter.
Mais ça, ça ne me tente plus. Je préfère lire les auteur·e·s qui ont la patience, la persévérance.
Alors attendre les livres de la bibliothèque. Parce que... attendre de gagner à la loterie pour me payer tous les livres que je voudrais!

Heureusement entre chaque attente, et même dans, il y a la joie, la fierté, la satisfaction, la paix, l'espoir de la réconciliation, la respiration, le sang qui bat, qui coule, l’amour des livres, du voyage, du paysage, de soi, des autres, de l'autre.  Le silence dans la tête, la petite musique douce. La vie.
Et je n’en suis pas à attendre la mort.







samedi 4 mai 2024

Dans le cadre du 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation



Le samedi 20 avril dernier, à Saint-André-Avellin, a eu lieu le lancement du livre La merveilleuse histoire de l’Ange de la rivière de la Petite Nation.

Comme une fin d’année scolaire. Deux ans pour l’autrice et ses collaboratrices, à chercher des photos, à retrouver des écrits de Raymond Whissell décédé trop tôt, à écrire et transcrire. Un an pour moi à monter le livre, à chercher un imprimeur. Comme une distribution des prix. Les discours, les compliments, les éloges, les récompenses après un dur labeur. La bière au nom évocateur L’Ange de la rivière, les petites bouchées. Et finalement le dévoilement du livre.

De retour au silence de la maison, ont-elles, comme moi, ressenti un soulagement? Les épaules tombées, la respiration normale retrouvée? Une fatigue certes, mais une satisfaction du devoir accompli, une fierté de la réussite. D’autant qu’il y avait beaucoup de monde, qu’il y eut de nombreuses ventes. Et des annonces d’activités prochaines pour la Société historique de Saint-André-Avellin, l’organisme qui a publié le livre.

Cet Ange (l’auteure Thérèse Whissell a choisi la majuscule puisque c’est devenu son nom), tout le monde en convient, est un joyau identitaire de Saint-André-Avellin. Une statue en plein milieu d’une rivière, visible du pont... mais il vaut mieux aller la voir de la passerelle construite à côté du musée, rue Bourgeois. Comme elle est là depuis 1923, bien sûr des rumeurs, des histoires devenues légendes. Il en est question dans le livre, mais il y a plus : « Pour en parler de cet ange, une société historique a été créée en 1968. Pour l’entretenir cette statue, une corporation des Affaires culturelles est née en 1990, et un musée expose des objets d’intérêt patrimonial depuis 1992. » c’est ce qui est écrit sur la quatrième couverture et c’est ce qui est raconté — et abondamment illustré dans le livre de 90 pages.

Ce livre fut lancé dans le cadre, des « grandes célébrations » entourant le 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation. Un événement qui ne passe pas inaperçu dans les réseaux sociaux. (Il le faut bien, il n’y a plus de journaux régionaux, Le Droit n’est qu’en numérique et on ne peut plus partager). Pour tout savoir sur ce grand évévement qui risque d'être mémorable, je vous invite à consulter les liens en bas de ce billet.

Personnellement, je veux juste dire pourquoi cet anniversaire me touche. En fait, je ne sais pas trop. Comme quelque part dans mon cœur, mon esprit, mon sang, mon ADN, ce lieu indéfini où se bataillent autant les souvenirs que les émotions. Je ne suis pas née dans la Petite-Nation, mais j'y suis venue à partir de 1956, l’été surtout et... je l’ai choisie en 1970. Je l’ai raconté dans Ma Petite-Nation (texte disponible dans la colonne latérale).

Pour vous dire que « tout est dans tout », expression qui ne date pas d’hier, je note tout ce qui roule dans ce lieu bizarre qu’est mon cerveau dès qu’on parle de Petite-Nation :
Saint-André-Avellin : ma première année d’enseignement, j’ai travaillé 20 ans au journal La Petite-Nation, mes parents y ont habité, mon frère (qui s’occupe du site Web du Musée des Pionniers), ma belle-sœur, une de mes nièces y demeurent toujours. Mon père a travaillé avec Benoît, Raymond et Thérèse Whissell, il nous en parlait souvent. D’ailleurs ce qui m’a ému dans cette collaboration pour le livre de l’Ange, c’est comme si on rendait hommage à nos pères : Benoît Whissell et Jacques Lamarche. On poursuit ce qu’ils ont commencé.

En tant que... un mélange de graphiste, amoureuse des mots et de l’histoire, auteure par-ci par-là ou tout simplement par un concours de « tout est dans tout », dans le sens, comme l’a expliqué Arthur Koestler (1906-1983):
 « toute personne fait partie d’une unité (l’organisation sociale) qui l’englobe. Toute personne s’ouvre à des unités (des personnes) qui l’englobent »,
je me suis retrouvée à m’occuper des bulletins L’Écho des montagnes du Comité du patrimoine de Ripon. Je ne sais même plus le début, est-ce à partir de Jean-Pierre DeLaplace, conjoint de la sœur de ma belle-sœur, ou de Marthe Lemery, tous de Ripon en 2018? Toujours est-il que depuis cinq ans, comme graphiste, je suis dans le décor de Ripon. Ripon pour moi, c’est aussi les Larose. Des Deguire dit Larose, patronyme de ma mère. Me sens donc un peu parente! Autre souvenir de Ripon : ma descente de la rivière de la Petite Nation en canoë, à 19 ans. Nous étions cinq, nous voulions nous rendre à Ottawa! Certes au pont Neveu et aux chutes du Diable, nous avons fait du portage, mais téméraires furent mes deux compagnons qui, eux, ont bravé quelques rapides... nous nous sommes arrêtés au Portage de la Petite-Nation, faute de résine pour colmater une brèche dans leur canoë.
 
J’ai des souvenirs de toutes les municipalités, mais je vais m’en tenir à celles-là pour aujourd’hui puisque le 18 mai, à Montebello, c’est le Salon des exposants et que je me tiendrai surtout aux kiosques du Comité du patrimoine de Ripon pour expliquer les archives, et c’est certain que j’irai faire un tour à celui de la Société historique de Saint-André-Avellin où sera Thérèse Whissell pour vous parler de son livre. Pendant ce temps, au Musée des Pionniers, d’autres bénévoles présenteront les dernières publications de la Société historique et quelques savoir-faire traditionnels.

Ah! oui, permettez que j’ajoute un mot sur Notre-Dame-de-la-Paix où je demeure. C’est quand même le fait que le sol où je pose les pieds depuis 1972 faisait parti — sans avoir encore de nom— de la Seigneurie de la Petite-Nation en 1674, et comme on en fête le 350e anniversaire, ça m’a inspirée. Je la nomme dans un texte publié aussi dans la colonne latérale. Le lien rapide ici >>>

Bon 350e anniversaire!










mardi 30 avril 2024

Balloune de trois jours

J’étais (encore) partie sur une balloune. Pas au sens de m’enivrer (quoique m’enivrer de mots peut-être ou d’espoirs) mais dans le sens « Avoir une lubie soudaine ».

Élément déclencheur : un message de Carole (nom fictif) :
Qu’as-tu pensé de mon dernier livre? Est-ce que j’ai un certain talent ou non? Est-ce que mes sujets intéressent les lecteurs.

J’ai réfléchi à ma réponse quelques heures, je lui ai répondu. Une dizaine de lignes.
Ça mijotait dans ma petite tête. Comme à mon habitude, les phrases ont continué de virevolter. Mon cerveau ressemble à ce hamster qui court sur sa roue : il n’arrête pas.

Donc le lendemain matin, me vint l’idée d’une réponse longue pour lui dire quelle n’était pas la seule à se poser des questions, à douter. Une sorte de Lettre à une jeune auteure (quoique jeune... elle a dans la soixantaine). Du haut de ma longue expérience!!! 
Enthousiaste, sans aucune prétention, avec tout le plaisir que je prends à monter des livres, je commençai à rassembler tous les billets de mon blogue dont le titre était : Carnet de roman. Billets écrits après Les têtes rousses et Les têtes bouclées publiés chez Vents d’Ouest. Donc de 2015 à 2024.

J’ai copié collé, illustrations comprises. Une page par date. Puis, j’ai cherché à combler les trous, les entre-deux. Ce qui n’a pas été écrit sur Blogger. J'ai sorti mes vieux cahiers de notes. J’ai hésité, avec le recul devrais-je nommer les maisons d’édition, les directeurs littéraires. Non, seulement le senti, la déception, les efforts, les espoirs, l'atelier, la réécriture encore et encore, qui, je l'espérais allait mener à la publication, par un "vrai éditeur" du troisième tome.

Trois jours de plaisir. La graphiste en moi se sentait fourmi. La lectrice en moi se voyait déjà à feuilleter le livre dans la collection Hamac-carnets comme s’il était d’une autre. Ça fait longtemps que je me vois chez Hamac. Depuis 2012 quand je lisais le blogue de Julie Gravel-Richard. Il faut se voir, paraît-il. Je me suis vue chez tellement d'éditeurs! 

Après trois jours, 82 pages, 18 586 mots... la balloune est dessoufflée!

Pourquoi, à quoi bon, tant de livres déjà, ça pleut des livres. Des édités, des autoédités, des numériques.
Tout est déjà sur mon blogue, pourquoi en faire un livre? Pour qui?

Pas parce que moi je lis les carnets des autres, que...
Alors si un éditeur veut de mon carnet de roman, qu’il le dise!
D’autant que chat échaudé... c’est déjà arrivé.
En février 2022
« Nous sommes intéressés à publier votre roman. »
En février 2023
« Nous sommes prêts à procéder à l’évaluation du travail éditorial sur vos manuscrits. »
Avril 2024
Je suppose que quand une directrice littéraire ne dit plus rien, ne répond plus à tes courriels, c’est qu’elle ne pense plus à toi.

Je me tais aussi.
Quoique, comme a écrit Camille Readman Prud’homme... Quand je ne dis rien je pense encore.

mercredi 3 avril 2024

350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation

En novembre dernier, je dirais, un dénommé Martin Parent (inconnu des dieux pour moi à ce moment-là) m’appelle et me demande qui avait fait les armoires de plusieurs municipalités de la région. Réponse: mon père, Jacques Lamarche, Louise Drouin, puis Louise Falstrault et moi. Pourquoi voulez-vous savoir? Dans le cadre de... j’ai retenu: Fédération d’histoire, Seigneurie de la Petite-Nation, Montebello, mois de mai.

Puis, en décembre, je vais chercher le livre Le moulin disparu à Papineauville. Il est encore question de ce 350e anniversaire. J’apprends que la Fédération Histoire Québec (FHQ) tiendra son 58e Congrès au Château Montebello... dans le cadre du 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation.
En effet, c'est en mai 1674 que cette seigneurie a été concédée à monseigneur de Laval par la compagnie des Indes Occidentales.

Après, ça n’arrête plus, j’en entends parler au Musée des pionniers à Saint-André-Avellin qui prépare un livre sur l’ange de la rivière. Sur le site de Tourisme en Petite Nation, je lis que plusieurs municipalités de la MRC Papineau ont organisé un événement. Le groupe Le diable à cinq, connu bien au-delà de son Ripon original, donnera un spectacle en mai. J’ai vu les très belles vidéos dans lesquelles Marie-France Bertrand de la MRC Papineau ou Peter Levick présente les activités entourant cet événement. Dans la revue Histoire Québec, j’ai lu l’article que Martin Parent a écrit sur le Château. Je pense à mon père qui a tant écrit sur le Château, sur le Manoir, sur la région. De nouveaux livres, de nouveaux noms, il y a de la relève, l’histoire se réécrit.

Et le plus beau, Notre-Dame-de-la-Paix n’a pas été oubliée.
Quand on dit Seigneurie de la Petite-Nation, on pense Montebello, Papineauville, Saint-André-Avellin, Plaisance, mais on oublie souvent Fassett, Notre-Dame-de-Bonsecours et Notre-Dame-de-la-Paix. Parce qu’on ne sait pas, parce que moins connues, moins touristiques. On ne s’arrête pas à Notre-Dame-de-la-Paix... quoique le vendredi soir à la station-service, en route vers Tremblant...
En tout cas, dans les vidéos, on la nomme, c'est déjà ça, parce qu'en effet, le territoire faisait partie de la seigneurie.

À mon tour, je veux la nommer cette municipalité où je vis depuis plus de 52 ans.
Texte déposé dans la colonne latérale.
Je le publierai directement dans ce blogue, le 16 mai, puisque c'est le 16 mai 1674 que Monseigneur Laval devint propriétaire de la Seigneurie de la Petite-Nation.

mercredi 6 mars 2024

Extimité

Nouveau mot pour moi : extimité.

Lu dans le livre Ports d’attache, Osons révolutionner nos amitiés
« L’extimité est le fait de rendre visible et accessible à tous·tes, en ligne, des parties de soi considérées comme relevant du domaine de l’intime. Il s’agit avant tout d’un exercice de communication de soi : s’exposer pour se construire. »
J’ai ensuite lu dans Wikipédia que ce n’était pas vraiment un nouveau mot même si Word ni Antidote ne le reconnaissent. Voici ce qu’en dit Serge Tisseron :
« Je propose d’appeler “extimité” le mouvement qui pousse chacun à mettre en avant une partie de sa vie intime, autant physique que psychique. [...] Il consiste dans le désir de communiquer sur son monde intérieur. »
Je pense bien que j’en suis atteinte et depuis longtemps. Pas au point de m’exhiber par des selfie sur les réseaux sociaux, mais pour avoir ce besoin d’écrire,et surtout de laisser des traces. Que mes écrits, mes pensées plus ou moins intimes soient rendus visibles. Je ne pensais pas que j’avais besoin de « m‘exposer » pour me construire.
Et besoin vite, besoin fort, besoin tout de suite... ça c’est mon ti-bélier je crois bien.
Exemple, j’ai écrit un texte sur..., j’ai fait un petit montage photos et texte. J’ai hâte de le montrer, je résiste, je me retiens de le publier. Non pas que je le considère parfait ou fini — ils ne le sont jamais tout à fait —, mais ce n’est pas vraiment le temps. Il conviendrait mieux en mai lors des célébrations entourant le 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation. 
En mai, dans trois mois. Une éternité!

Extimité donc. Il me semble qu’à mon âge, je n’ai plus besoin de m’exposer ni de me construire. Mais bon, je regarde Robert Lalonde et Gilles Archambault, plus vieux que moi qui ont encore besoin de raconter, de dire, d’écrire, de publier. Pas dans un blogue ni sur les réseaux sociaux il est vrai, via un éditeur.

Je ne crois pas que je révolutionnerai mes amitiés, mais je continuerai à m’«extimiter»! Et puis je parle surtout de livres et d’écriture... Parlant ami·es, j’ai rejoint le club, toutes mes ami·es en ont... alors résisterai-je à vous parler de Mika?


mardi 20 février 2024

Petits bonheurs d'une curieuse

Petits bonheurs des derniers jours.

Mon dernier billet de blogue où il était question du Livre bleu m’a apporté de belles nouvelles, petits bonheurs non négligeables.
Premier : quelques heures seulement après la publication du billet, ma cousine de Jonquière (j’en ai déjà parlé dans un billet, voir le lien à la fin), m’a écrit et m’a demandé la version numérisée du Livre bleu.

Donc, elle me lit. Toujours un plaisir de voir qu’on me lit. Et qu’elle veuille voir ce que notre grand-tante commune a écrit en 1917... m’émeut. Je lui avais montré le livre un jour qu’elle était venue me rendre visite, mais une heure pour regarder les photos surtout, c’est court pour connaître toutes ces vies racontées dans un livre de généalogie.
Je lui ai donc fait parvenir les fichiers PDF du livre comme tel et des feuillets qui étaient insérés dans le cahier.
Échange bien plaisant de courriels et de Messenger.

Deuxième : en réunissant les fichiers PDF, je me suis attardée aux documents sur les religieuses de la famille. Dans le livre bleu, j’avais des documents de quatre sœurs Sainte-Croix. Je cherche leurs noms, je me souviens facilement de trois, mais rarement du quatrième, parce qu’il n’en est pas vraiment question dans le Livre bleu. Et me voilà à chercher. Non pas seulement le nom de la petite-nièce d’Esther Leduc, mais aussi de ces deux autres qui ont été postulantes, dès 1847 quand le Père Basile-Moreau a fondé la congrégation des Sœurs de Sainte-Croix à ville Saint-Laurent.

J’y ai passé une bonne partie de la soirée et de la matinée.

Premier extrait trouvé dans Le livre bleu,
deuxième extrait provient des Annales des Soeurs de Sainte-Croix


Dans les feuillets, j’avais bien lu que les trois postulantes étaient parentes, mais sans plus. Et dans les années 2000, quand j’ai entré des noms dans ma base de données, je ne me suis attardée qu’à Esther Leduc dont ma grand-tante religieuse avait fait grand cas dans le Livre bleu.
C’est hier que j'ai poussé plus loin. Dans ma base de données, pas de Marie Gohier ni d’Émilie Fortier. Et des célibataires, ce n’est pas évident de les trouver en généalogie. Beaucoup plus facile de trouver des mariés.
J’ai été lire ce document dont j’ai parlé dans mon billet : Annales de la Congrégation des Sœurs de Sainte-Croix et des Sept-Douleurs, et dans la chronologie, page 334, j’ai lu, noir sur blanc ou plutôt noir sur jaune : «toutes trois cousines».

J’avais la confirmation, il ne me restait qu’à trouver.
Ma curiosité légendaire a fait de moi une chercheuse infatigable. Encore faut-il savoir où chercher. Sur mon ordinateur, j’ai ouvert mon logiciel de généalogie (Family Maker 2014); sur Internet, une fenêtre pour le PDRH (répertoire de tous les actes de baptême, mariage et sépulture catholiques enregistrés au Québec entre 1621 et 1861) et une autre pour Le Lafrance qui couvre une période plus longue.
J’ai d’abord cherché la date de naissance d’Esther Leduc, la seule sur qui j’ai quelques informations de source sûre : 1826. Comme des cousines normalement, c’est né dans les mêmes années, j’ai ratissé entre 1820 et 1830.

J’aurais dû commencer par Émilie Fortier parce que des Marie... toutes les filles s’appelaient Marie. Et Gohier s’écrit aussi Goyer. Enfin bref, après des Marie Anne, Marie Rosalie, Marie Rose, je tombe sur une Marie Pélagie. Pour chacune, je cherche les parents, je trouve la famille entière, je guette les filles non mariées, et qui ne sont pas décédées en bas âge, elles sont nombreuses. Et puis dans les unions, je vois le nom de Philippe Leduc. Je vérifie... oui, oui, dans ma base de données Philippe Leduc est le père d’Esther Leduc.

De Philippe Leduc à son épouse Marie Julie Judith Crevier Saint-Jean, il n’y avait qu’un pas que j’ai franchi. Le PDRH m’a indiqué le chemin. Je trouve que le couple Louis Gabriel Crevier /Marie Julie Boyer ont eu 16 enfants, dont trois filles : une a épousé Philippe Leduc, une, Casimir Fortier et une Gilbert Gohier. Que les patronymes Leduc, Fortier, et Gohier se retrouve dans la même famille, des bonnes chances que ce soit la bonne famille.

Les mères des postulantes cousines étaient donc trois sœurs Crevier :
Marie Judith, mère d’Esther Leduc (1826)
Marie-Anne, mère d’Émilie Fortier (1822)
Marie-Pélagie, mère de Marie Gohier (1828)

Avec ce que j’ai découvert, il va falloir que je réécrive mon roman Les têtes bouclées! Ce n’est pas une des trois premières postulantes qui est dans ma « famille », mais bel et bien les trois. Bon, ce sont des arrière arrière arrière grand-tante ou très petite petite-cousine, mais quand même!

En 1847, elles ont été les trois premières postulantes canadiennes de la nouvelle « Communauté des Sœurs de Sainte-Croix ». Et moi, je suis demeurée plusieurs années à ville Saint-Laurent, ma mère nous parlait quelquefois de ses deux tantes Deguire (Annie et Évelyne) devenues religieuses au couvent de Saint-Laurent, j’ai eu des sœurs Sainte-Croix comme enseignantes, mes préférées. J’ai été à Regina Mundi, j’ai été au collège Basile-Moreau. J’ai même fait ma dernière année d’École normale dans ce bâtiment, qui, l’année suivante, devenait le cégep Vanier. Comme si la boucle était bouclée.
Mes grand-tantes Annie et Evelyne Deguire et leurs arrière petites-cousines ou arrière grand-tante ont sans doute connu le couvent Notre-Dame-des-Anges du haut et moi, j'ai plutôt fréquenté le collège Basile-Moreau (le bâtiment de gauche).

Je ne sais pas vraiment pourquoi ça m’impressionne, pourquoi j’aime chercher et trouver des liens, mais c’est ainsi.

C’est le genre de petit bonheur qui comble bien plus la chercheuse curieuse que la généalogiste amateure ou la romancière-blogueuse.

Source des photos du couvent >>> 
Lien vers ma cousine >>>







dimanche 18 février 2024

20 ans plus tard
ou du détachement des objets.

J’aime bien les titres ou les incipits qui frappent, qui soulèvent la curiosité.

Donc, 20 ans plus tard, je me décide. En 2004, dans le journal du futur roman Les têtes rousses (lien vers ce journal >>>), j’écrivais : « Je me souvenais qu’elle [ma mère] m’avait remis un livre bleu dans lequel sa tante religieuse avait consigné des tas de dates, de notes où il était question aussi bien des Deguire que des Lynch et d’une certaine Bridget Bushell. Je ressortis ce livre bleu, et j’y lus matière à histoires. »
LE livre bleu.

Il date de 1917. Les pages sont jaunies, recollées. L’écriture pâlie. Les photographies détachées. Ma mère en avait hérité de son père, elle l’a lu, annoté. Mon père s’en est servi pour dresser un premier arbre généalogique à la main puis à la machine à écrire. Objet de ma curiosité depuis que je suis toute petite. Je ne me souviens pas quand j’en ai pris possession. Probablement quand mes parents ont déménagé pour la nième fois. En tout cas, en 2004, je l’avais.

En vingt ans, je l’ai tellement feuilleté, tellement lu et relu, scruté à la loupe, noté les erreurs de dates.
Il a été mon point de départ pour la recherche de mes ancêtres irlandais. Il a été mon inspiration pour l’écriture de trois romans.

Depuis la parution de mon dernier tome de la trilogie des Têtes rousses, en 2019, je n’en ai plus besoin. Mais pas pour autant que je me décidais pas à m’en départir.

Est-ce le premier pas vers le détachement de mes livres, de mes écrits?
Je ne sais pas quoi faire avec mes centaines de livres, mes dizaines de cahiers et mes milliers de feuilles imprimées. Certains datent de 50 ans. Autour de 1974. Je commençais ma vie d’adulte-qui-est-partie-de-chez-ses-parents, je commençais ma vie professionnelle avec de l’argent. Je pouvais acheter des livres. Je ne m’en privais pas. Mais là, cinquante ans plus tard, à la veille peut-être bientôt, peut être pas, qu’est-ce que j’en sais, mais peut-être déménagerai-je dans un 4 et demi? Que faire de tous ces livres? Les vendre, les donner? Qui veut lire Han Suyin, Hervé Bazin, Maurice Druon, les prix Nobel? Et les écrits, les journaux, les lettres, les manuscrits d'une parfaite inconnue?


C’est tout un processus le détachement des biens matériels. Surtout ceux qui, croit-on, nous représentent, disent qui nous sommes. Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es. À quel âge on commence à pouvoir les laisser aller? Et même pourquoi? Simplement parce que je n’en ai plus besoin? Simplement au cas où je doive partir de la maison? Simplement pour ne pas donner de problèmes à ma succession? Pourtant quand mon père est mort, oui ça m’a pris six mois pour faire le tri de tous ses livres et documents, mais bon, j’ai bien aimé. J’ai vendu un peu, jeté un peu, conservé un peu, mais beaucoup donné.

Ma vie tourne beaucoup autour des livres, des écrits, des mots, alors m’en défaire, c’est un peu comme jeter ma vie. Pas lui enlever de la valeur, mais la mettre déjà au passé. Ces écrits, s’ils devenaient des archives au lieu d’être jetés, attesteraient de mon existence? Suis-je cette éternelle jeune fille qui voudrait qu’Hollywood la découvre, qu’un éditeur la publie? Non, il me semble que ce stade est passé.

Une étape à la fois. D’abord l’acceptation. De vieillir. D’être fatiguée plus vite. D’avoir moins le goût de voyager, de voir le bout du monde. D’aimer rester à la maison. D’aimer me promener au Québec, près de chez nous. Hier encore, j’ai été à Duhamel, j’ai vu cinq chevreuils. J’ai acheté des pâtés et une baguette. Souper agréable. J’ai lu un extrait du livre Ports d’attache: osons révolutionner nos amitiés de Karine Côté-Andreetti (un livre qui commence par l'incipit:  « Même dans l'amour, il y a de la solitude »... je l'ai dit, j'aime les incipits qui invitent à poursuivre). J’emprunte des livres à la bibliothèque maintenant. Plus facile de s’en détacher.

Revenons au livre bleu que je suis prête à laisser aller. Première étape avant de trouver à qui donner tout le reste. De me décider surtout à jeter les écrits de ma vie : journaux, lettes et manuscrits.

L’an dernier, ce livre généalogique, je l’ai offert à mes neveu et nièces. Avec mon frère, on a numérisé chaque page. Je l’ai remonté en PDF : 130 pages, 250Mo. Personne n’en veut, mais au moins j’aurai une copie numérisée.

J’ai hésité entre envoyer le livre aux Sœurs de Sainte-Croix parce que quelques fascicules de la vie de quatre religieuses — Esther Leduc, Annie Deguire, Evelyne Deguire, Marie-Louise Bourdon —, ont été glissés dans ce « Livre de généalogie », mais quand j’ai lu un livre sur les Annales de la congrégation des Sœurs Sainte-Croix et des Sept douleurs, publié en 1930 (très intéressant pour qui a connu les soeurs de Sainte-Croix, Saint-Laurent, Regina Mundi et Basile-Moreau), je me suis dit que MON livre bleu ne leur apprendrait pas grand-chose qu’elles ne sachent déjà, et puis, les archives n’avaient pas l’air aussi bien organisées que celles de la Société généalogique canadienne-française.

La coordonnatrice de la Société généalogique canadienne-française, Dominique Ritchot a été intéressée. C’est elle qui nous a trouvé l’ancêtre Falstrault, en 2003. J’ai confiance que le livre sera bien conservé. Le livre bleu ira rejoindre La monographie des Lynch (prix Percy-W. Foy, 1989) rédigé par John Lynch un descendant, comme moi, de Denis Lynch et de Bridget Bushell.

Aujourd’hui, préparer le paquet. Demain, la poste.
Alea jacta est.

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