samedi 23 avril 2011

Où est la talle de framboises suivante?

Pour que le plus de lecteurs aiment ce que vous écrivez, est-on vraiment obligé d’aimer tous les livres des autres? Ou même de les lire? Précisons : si j’écris un roman sur tel sujet, sans étiquette de science-fiction, fantasy, polar, chick-lit ou peu importe, juste un roman, j’essaie de trouver des qualités aux romans qui sont… juste des romans. Et quand je ne trouve pas, je me dis que peut-être d’auteurs lecteurs comme moi n’aimeront pas le mien. Et si personne ne l’aime, si seulement dix aiment. Pourquoi je me préoccupe du nombre de livres vendus? Je l’ai écrit, un éditeur a accepté de le publier, après, c’est hors de mon contrôle. Ce sera la faute de l’éditeur, du distributeur, du libraire, des médias, mais ce n’est pas en lisant des romans que le mien sera plus intéressant.

Alors j’ai mis de côté La canicule des pauvres. J’avais lu quelques critiques dont celle de Venise. J’ai aimé les vingt premières pages parce que nouveau, parce que très ville, parce que certaines phrases m’ont frappée (évidemment je ne les retrouve pas et pressée de lire, je n’ai pas pris le temps de les noter), parce que la technique du parler-narration-pensées était intéressante, mais le sujet et tous ces fumeurs-de-pot-buveurs-de-bière-et-prostituées... tellement loin de moi. Ne me suis attachée à aucun personnage.

Je voudrais surtout n’avoir aucune impression à propos de n’importe quel roman. Des impressions de lectrice oui, à la limite mais pas de réactions d’auteure-qui-lit-en-se-demandant-si-les-autres-penseront-la-même-chose-du-mien.

Qu’est-ce que je vais faire de moi? À ne penser qu'en fonction de mon roman à venir, je ne tiendrai jamais le coup jusqu’en septembre. En attendant, ce n’est guère mieux, j’ai délaissé ma lecture, j’ai jeté un coup d’œil sur Un dé en bois de chêne de Suzanne Jacob que j'aime bien pour sa différence, son audace et je suis retournée en zone sûre, dans ce monde où je ne pense pas tellement je suis concentrée sur le texte à aligner, la couleur à choisir, le fichier à importer : dans la technique.

Sauf qu’au lieu de corriger le site d’un client, j’ai créé un nouveau site… pour mon roman Les Têtes rousses. Au moins ça m’amuse et je suis dans une zone connue. Je suis bien avancée, les questions ressurgissent : quand est-ce que je vais publier ce site? Bien avant la parution du livre? Juste quelques jours avant? Je devrais en parler à mon éditeur. Belle nouille, tu es encore dans ton roman.

Pendant quelques secondes, j’accuse l’âge — surtout en avril quand on te le rappelle la semaine avant,  le jour même, le jour où on te fête, le jour où on y a pensé en retard — je me dis que je n’ai plus de temps à perdre à lire ce qui ne m’intéresse pas vraiment. Mais à bien y penser, j’ai toujours été ainsi : pressée de passer à l’activité suivante. Je me lasse rapidement de tout ou presque. J’ai toujours hâte à l’instant d’après.
Comme on cherche une talle de framboises plus fournie.

(image empruntée à une ferme du Québec)

8 commentaires:

  1. Claude,
    Ça prend du courage pour dire publiquement qu'on n'aime pas un livre que bien d'autres ont aimé. Bravo. Moi je voudrais voir moins "d'unanimité" parfois dans les critiques... bien que je tremble moi aussi de dire parfois que j'ai trouvé un bouquin faible...

    RépondreEffacer
  2. @Andrée: Ce n'est pas tant que je n'aime pas, c'est que je n'ai pas d'intérêt à le terminer. Je lui trouve des qualités, certes, mais comme La Rage de Louis Hamelin, je pense que c'est un "livre de gars". D'autres qui prennent le temps de savourer lentement, qui ne sont pas si pressés d'aller ramasser les aiguilles de pin dehors, de toujours chercher meilleurs activité, ces autres peuvent très bien aimé... jusqu'au bout.

    RépondreEffacer
  3. Bien difficile pour moi d'avoir une opinion car je n'ai pas lu ce livre et je ne crois pas que je le lirai.
    Je puis dire que je le dis quand je n'aime pas un livre. Je me sens toujours hors norme surtout quand d'autres l'ont aimé.

    RépondreEffacer
  4. @Ginette: Nous serons alors deux à être à contre-courant. Je dois dire que je ne déteste jamais ni n'aime à 100%, mais il y a beaucoup de livres que je ne termine pas.

    RépondreEffacer
  5. Bonne fête en retard ou en avance alors! ;)

    Et pour les livres... Bah, faut finir par se sortir du mode "auteur qui publie bientôt". Mon meilleur remède : se remettre en mode de "auteur qui a un projet en cours" hihihihi ;)

    RépondreEffacer
  6. @Gen:tu as bien raison, faudrait bien que je redevienne auteure qui pense à ses écrits futurs. Faire un site sur son livre pas encore publié, ce n'est pas trop mal, mais je voudrais bien me remettre à écrire. Une nouvelle en tête pour un concours de Gatineau.

    (Et puis pour mon anniversaire, je suis née un vendredi saint, baptisée un dimanche de Pâques, mais comme la date du vendredi sait change chaque année...)

    RépondreEffacer
  7. Je me retrouve tellement, dans ton billet, c'en est drôle.

    Bonne fête. ;)

    RépondreEffacer
  8. @Sylvie: Me semblait aussi que tu te reconnaîtrais.

    RépondreEffacer

Les anonymes: svp petite signature