Enfant, Noël, jour de l’An, le temps des cadeaux, des vacances, des fêtes de famille. Voir les cousins et les cousines. Voir le film Fantasia. Écouter les grands-tantes raconter leurs vie d’autrefois. Jouer dans les manteaux de fourrure sur les lits. Recevoir un nouveau Club des cinq. Lire tard le soir, se lever tard le matin. S’empiffrer des bonbons-de-la-visite. Fouiller dans les tiroirs de sa mère à la recherche de trésors, essayer ses bagues et ses colliers. Jouer dehors pendant des heures, avec son papa qui est en congé.
Adulte, les rôles sont renversés: à notre tour de donner des cadeaux, son temps. Chercher, acheter, emballer, décorer, cuisiner. Recevoir les neveux, les nièces, leurs conjoint. e. s. Se coucher tôt, fatiguée. Avoir hâte de lire le roman reçu en cadeau. Dehors, pelleter, déglacer, espérer le beau temps pour sortir, aller voir la famille. Boire, manger, rire, s’embrasser, écouter de la musique, des chants, voir les mini-spectacles des petits.
Dans les blogues ou les forums de campeurs, Dumoulin part après les fêtes. Kiki et Normand et quelques autres sont déjà rendus en Floride. Hélène-et-Jean ont choisi le Mexique. Normand est déjà rendu au bord de la mer.
Plusieurs écrivains aussi choisissent de passer les fêtes et parfois tout l’hiver ailleurs. Michel Tremblay écrit à Key West. Camille Bouchard au Texas ou au Mexique. Suzanne Aubry, au Nouveau-Mexique. Marie Laberge dans le Maine.
Rêves de voyage. Les miens n’ont plus les mêmes couleurs qu’à 20 ans, sac à dos et tente légère. Ni à 30 en auto et sans beaucoup de congés pour m’évader bien loin. Ni à 40 quand je voulais partir six mois en VR et faire le tour des États-Unis. De 50 à 65 ans, j’ai eu trois véhicules récréatifs, j’ai vu toute la côte est du Maine à la Floride; le nord-ouest du Canada et des États-Unis; les îles de la Madeleine et Terre-Neuve; une bonne partie du Québec : d’Amos à Natashquan, de l’Outaouais à Percé; le Texas et l’Arizona; le grand canyon; le Yukon et l’Alaska.
Et depuis 65 ans, ce qui est de l’aventure au début devient parfois problème. Les imprévus se transforment en inquiétudes, en petites peurs, en désagréments, en irritations : la chaussée doit être sèche de novembre à avril, la moindre petite lumière qui passe du vert au jaune et pire, au rouge accélère les battements de cœur, se cogner le nez sur un state park « full », devoir réserver, téléphoner. Sans compter les ennuis de santé. Quand c’est rendu que tu guettes où est la pharmacie et même la clinique d’urgence en arrivant dans une ville…
Alors, oui, après 65 ans, je rêve encore de voyage, de septembre à juin, j’en fais encore, mais je sais qu’ils deviennent de bons souvenirs à condition que les irritants se changent en anecdotes. Que mon ange du jour soit plus fort que le diable de mes insomnies. Que je sois à la maison au Québec, en camping en Gaspésie ou en Floride, en hôtel en Tunisie ou en Espagne, je dois vivre plus d’espoir de jours meilleurs que de rêves inaccessibles.
Bref, vivre le moment présent. Remercier la vie de chaque petite joie qui ressemble à mes Noëls d’enfant.
Et vous, comment rêvez-vous de vivre votre Noël cette année?