jeudi 21 juin 2018

Au fil des jours, au fil de l’eau


Lundi 11 juin

Jour bleu 
Arrêt à Berthieville
Pour diner avec une amie de longue date
à qui on écrit souvent
à qui on parle rarement
mais qu'on aime toujours autant.
En route
Vent frais
Oiseaux joyeux
Iris en fleur
Lundi tranquille au camping de Beaumont
Le fleuve à nos pieds
Un cadeau.

Mardi 12 juin

Jour de vent
Fleuve brun
Moutons blancs
Passereaux et chevaliers
Lilas et rosiers
Belles maisons ancestrales
À Saint-Vallier
Amours et passions
De nature et de saison
Un mardi heureux.

Mercredi 13 juin

Jour noir et blanc
On retrouve Rivière-du-Loup
Là-bas, à l’horizon, une lumière blanche
Le blanc du ciel, libre de nuages
Le noir du fleuve
Presque le soir
À l’avant, un rocher, une île entre lumière et ombre
Je serais là, assise sur les roches
J’aurais froid à cause du vent
Au bout d’une heure, dans un cahier tout neuf peut-être, j’écrirais
Ce serait facile
Ce serait beau
Ce serait noir et blanc.

Jeudi 14 juin



Jour d’éclaircies
Jour de promenade
De crabes-crevettes et turbot
De fine pluie
De terre imbibée d’eau, la nuit
De feuilles gorgées d’eau, elles aussi
De douces marées
Le soleil, soudain, près du clocher
Venu nous rendre le sourire
Sécher les larmes des arbres
Un jeudi de mots trouvés
De regards tendres
De repos mérité.

Vendredi 15 juin

Jour de fleuve
Un aller-retour entre Rivière-du-Loup et Saint Siméon
Une allée de goélands
Dans un long sillon d’écume
De vent sur les joues
De sourire aux lèvres
Une frite au retour
Au bord du fleuve
Près de l’Indien
Et puis la belle surprise, l’admiration
Presque l’envie
D’une seconde vie
Une petite famille française
En vélo et remorques
Panneaux solaires pour charger leurs batteries au lithium
Raphaël Favrat, c’est son nom
Valérie, sa conjointe
Manon et Lison, les deux fillettes
Il écrit, il publie ses voyages
Je les suivrai jusqu’en Argentine
Sur Facebook du moins.
Un autre jour heureux.


Samedi 16 juin


Jour de soleil
Jour de déplacement
À Sainte-Flavie cette fois
Jour de vaguelettes à nos pieds
De goélands à manteau noir sur un rocher
D’une marche sur la plage
Parfums d'algues
Ramassage de verre poli, de bois d'échouerie
De reconnaissance des lieux si souvent visités
Toujours aimés.

Dimanche 17 juin

Jour de pluie
Un douze degrés frisquets
Promenade le matin
Les oiseaux absents du Gros ruisseau
Quelques cormorans sur les rochers, fidèles et vaillants
Plage déserte
Camping délaissé
La météo nous joue des tours.
Musso aussi : j’aime moins son Appartement à Paris que son Central Park.
Je préfère cent fois mieux Noces de sables de Rachel Leclerc
Qui convient au bord de mer.

Lundi 18 juin







Jour de brume
D’un phoque sur une roche
Jour de dedans
Dans le VR
Dans les magasins
Dans les livres
Et quand enfin, vers 17 heures, le ciel se clairsème de bleu
On peut sortir
Un peu moins fâché contre lui
En guise de pardon, le brouillard se lève en nous offrant
Un arc-en-ciel
et un coucher de soleil exceptionnel.

Mardi 19 juin

Jour de visite à Luceville
De vins et de parlures
De souvenirs, de partages et d’amitié
D’au revoir et à bientôt
C'est sûr.

Mercredi 20 juin

Jour de route
De pluie et de soleil
Jour de traversée de villes
De patience et de panique
De doigts engourdis
D'estomac contracté
De fleuve à rivière
De retour à hier

vendredi 1 juin 2018

L'amitié littéraire d'Yvon Paré et Nicole Houde

Le surligneur jaune est un clin d'oeil à Yvon Paré, le formateur du camp littéraire Félix

Yvon Paré nous fait entrer dans l’univers de la romancière Nicole Houde que je ne connaissais pas. Il la tutoie, il la cite, il l’invite chez lui, il l’écoute, il lui parle. C'est une belle promenade, comme sur la couverture du livre. J’ai marché derrière eux en les écoutant discourir sur leurs personnages, sur leurs familles. Je me suis assise sur un banc public près du Saguenay et comme eux, j’ai eu envie d’écrire près d’un lilas ou d’un érable. J’ai cherché les oiseaux qu’ils observaient. Je suis certaine d’avoir flatté leurs chats. Je suis retournée à Montréal que j’ai connu moi aussi, à peu près au même âge. Au détour d’une rue, j’ai même entraperçu mon père (quand il s’agit d’éditeurs et d’auteurs et d’années 68-69, il n’est jamais bien loin) qui entrait chez Jacques Hébert en compagnie d’Andrée Maillet ou de Nicole Brossard. 

Ils discutent de Laetitia, de Claudia, d’Ulysse, d’Ovide. On ne sait plus trop quand il parle de ses textes à lui ou de ses personnages à elle. Et c’est très bien parce que ça nous donne le goût de nous plonger dans la lecture de quelques-uns des quinze ouvrages de Nicole Houde, mais dans un des quatorze siens, également. Sans parler des quarante-neuf livres qu’il nomme au passage qui vont de Gilbert Langevin à Victor-Lévy Beaulieu, de Virginia Woolf à Marie Cardinal. Yvon Paré nous donne à lire pour les cinq prochaines années!

Ce n’est pas une biographie ni une anthologie. Un peu comme L'enfant qui ne voulait pas dormir, c'est sous forme de carnet que l'auteur nous emmène sut la route de cette amitié littéraire. Et en révélant Nicole Houde, Yvon Paré se révèle aussi. J’ai reconnu le grand homme qui anime un atelier au camp littéraire Félix. J’avais hâte de découvrir cette musique dont il nous a parlé, de lire ce premier paragraphe qu’il peut prendre deux mois à peaufiner.
Je lis le soir. C’est ma façon de terminer le jour, de m’avancer lentement dans la nuit. Sonnerie du téléphone. Jamais personne n’appelle après vint-deux heures. C’est Frédéric : « Nicole… est partie…»
Je ne fus pas déçue : c’est une magnifique ballade (avec un ou deux "l") littéraire.
Un livre pour les amoureux des livres, des auteurs et des mots.

dimanche 27 mai 2018

Une revenante d’entre les mots

(photos Michèle Bourgon)
Cinq jours, six écrivains, dont un formateur et une directrice. Et l’amour des mots. Des mots parlés, des mots écrits, des mots écoutés, des discutés, des surlignés en jaune, des corrigés en rouge. Du matin au soir, notre passion. 

Ce fut le Camp littéraire Félix.

Je reviens d’entre ces mots.
Mon corps a retrouvé le terrain et la maison, les amours et les amis. Et le sommeil.

Ma tête est encore un peu là-bas, près de la chute de la rivière Noire, près des arbres fleuris. J’entends encore le rire de G., la douce poésie de D., les anecdotes de Y., et les folles élucubrations de G. Je vois les mimiques de M. et je m’ennuie des mets épicés et copieux de Martin.

Dans L’orpheline sans visage de notre formateur Yvon, je reconnais la musique dont il nous a parlé. Je trouverai la mienne moi aussi, bientôt, demain.

Seule déception, je n’ai pas encore trouvé le titre. Quelques suggestions, mais rien d’accrocheur. Peut-être mes personnages, une fois leur nouvelle tête mise sur le billot, sauront-ils me le souffler? Parce que c’est certain, Mireille et Dominique ne sont pas revenues indemnes du camp. La transformation ne sera peut-être pas extrême, mais elles ont acquis une confiance qui leur permettra de tasser un peu le narrateur et prendre toute la place qui leur revient. Elles sauront vivre et non pas commenter leur vie. Elles seront au présent, même si l’histoire se passe dans le décor des années 60-70.

Je suivrai la recommandation de Jean Philippe Arrou Vignod : « retournez votre mémoire comme on retourne une poche et vous aurez l’imagination ».

Ce ne sera pas un roman historique, ce que je n’ai jamais voulu qu’il soit, ni un roman social, mais un roman d’émancipation.

Il sera.

samedi 5 mai 2018

Carnet de roman (14)

Un an après le dernier billet de Carnet de roman, je viens encore de penser à un nouveau titre pour ce manuscrit-dont-aucun-éditeur-ne-veut. Le titre contient le mot « tête » cette fois. Si j’y repense, c’est bien sûr parce que je me suis inscrite au Camp littéraire Félix et que pour ce faire, j’ai envoyé la dernière version de mon manuscrit à l’animateur Yvon Paré, avec un titre provisoire. Mais c’est aussi parce que je lis Routes secondaires d’Andrée A. Michaud.

D’Andrée A. Michaud, oui, j’ai lu Bondrée, oui, j’avais aimé pour l’écriture, mais pas assez pour en parler parce que les polars et moi, on ne fait plus très ami-amie. Si aujourd’hui, alors que je n’ai même pas terminé la lecture de Routes secondaires, je sens le besoin d’en dire un mot, c’est non pas tant pour l’histoire un peu compliquée, ni même pour les riches descriptions de la nature, c’est parce que son idée géniale, originale, d’inviter le personnage chez elle m’a frappée. Auteure et personnage assises dans la même pièce. Présent et passé entortillés, réalité et fiction entremêlées.

« Nous devons, Heather et moi, aller au bout de cette reconnaissance silencieuse. […] ne comprenant pas mon acharnement à vouloir discerner mes traits dans ceux ombragés d’une femme que j’invente de toutes pièces, alors qu’elle est aussi vraie que l’histoire que je vis au fil de ces pages. »

Comme la majorité des auteurs, je marche souvent sur une route ou sur une plage en jasant avec mes personnages, mais de là à les inviter dans le roman même!

Depuis plus de dix mois, j’essaie soit d’oublier soit de trouver une nouvelle façon de présenter ce manuscrit-dont-aucun-éditeur-ne-veut (tout comme il y a eu dans les années 2009 la maison-d’édition-qui-n’avait-jamais-dit-non). Soit je l’améliore pour que Vents d’ouest qui a déjà publié les deux premiers tomes (même si le mot ne figure pas sur les couvertures) de la trilogie l’accepte enfin, soit je le réécris comme si les deux premiers n’existaient pas pour qu’un éditeur le trouve publiable. Dans le second cas, comment ne pas répéter ce qui a déjà été écrit?

Le roman d’Andrée A. Michaud me souffle l'idée. Et si je faisais de Dominique, un des deux personnages de mon histoire, une seconde Bridget Bushell, personnage principal du roman Les têtes rousses? Au fond, c’est ça que je veux depuis le début : que Dominique vive les mêmes expériences qu’a vécues Bridget. C'est ça que j'ai écrit, croyais-je. Montrer que c’est possible qu’on revive les mêmes émotions que nos arrière-arrière-grands-parents. Qui sait?

Andrée A. Michaud m’y a fait encore penser en écrivant :
« Le souvenir existe-t-il chez qui vient de naître? Qu’en est-il du passé, en effet, de ces personnages qui débarquent à la page 12 d’un roman alors qu’ils sont déjà trentenaires […] Est-il possible d’expliquer les personnages en fonction de leur hypothétique passé ou leur existence n’est-elle effective qu’à partir du moment où ils entrent en scène? »
On m’a dit souvent de faire confiance à l’intelligence du lecteur alors j’ai cru que les lecteurs verraient que les pas de mes personnages suivent les sillons creusés par son aïeule. Faut croire que ce n’était pas si clair ou si intéressant. Il faut plus. Il faut mieux. Il faut peut-être s’appeler Andrée A. Michaud et avoir publié Bondrée avant.

lundi 30 avril 2018

Le Festin de livres, toute une histoire!

Lire, toute une histoire, thème du deuxième Festin de livres


Quatre jours au milieu d’un festin de livres. À les placer, les trier, en choisir, en feuilleter, en parler.
Quatre jours, le corps, le cœur et la tête dans les livres.
Des nuits un peu agitées.
Des jours d’adrénaline.

Deux jours de préparation, d’installation des salles, de décoration de l’accueil, de montage de tablettes pour les livres d’occasion. Et deux jours de participation en compagnie d’autres auteurs ou organismes.
À parler écriture, inspiration, histoire, généalogie, roman, habitudes de vie.
À écouter les invités de la table ronde.
À écouter les textes gagnants du concours d’écriture.
À me réjouir de la salle pleine d'enfants et de parents pour assister à une pièce de théâtre.
À apprendre comment fonctionne Wikipédia.
À prendre des photos pour le Centre d’action culturelle.
À faire le tour des tables, à reconnaître la plupart des participants, et dire un bon mot à tout le monde.

Me faire appeler auteure, me faire présenter comme auteure. C’est bien moi celle dont vous parlez?
Me sentir tellement à ma place. Dans un événement à ma mesure.
Pendant quatre jours, être gâtée, reconnue. Heureuse et, inhabituel chez moi, confiante.
Dans un plus grand Salon du livre, pendant quoi, une heure ou deux, j’aurais été anonyme et bien seule. Oui, il y aurait plus de visiteurs, mais pas devant ma table.

Bien sûr, autant les organisateurs, les auteurs, les participants voudraient toujours plus d’achalandage.
Bien sûr, on veut que tout le monde ait un grand sourire de contentement.
Bien sûr, on souhaite toujours le meilleur succès à ce genre d’événement.
Bien sûr, il peut toujours y avoir plus ou mieux ou différent.
Bien sûr, il y en aura toujours qui calcule tout en chiffres.
Et aussi bien sûr, la déception ou la satisfaction d’un tel événement appartient à chacun selon ses propres critères, ses propres attentes, ses propres calculs.
Personnellement, je ne regrette aucune minute de ces quatre jours de grand festin.

J’ai vécu un super beau Festin de livres :
parce que l’enthousiasme, la créativité et l’énergie des infatigables Catherine et Émilie du Centre d’action culturelle nous entraînaient dans un tourbillon de confiance;
parce que les membres du comité de ce Festin et les bénévoles ont été présents, souriants, travaillants, efficaces, appréciés et accueillants;
parce que n’ayant pas de nouveauté à offrir, je n’avais pas d’attente, alors je suis bien heureuse d’avoir vendu deux livres, un tel événement c’est tellement, mais tellement plus que la seule vente de nos créations;
parce qu'un tel événement donne de la visibilité à des auteurs, des maisons d'édition et des organismes qui n'ont pas nécessairement les moyens de s'offrir les grands événements d'envergure provinciale;
parce que j’ai pu me procurer la revue LQ sur Marie-Claire Blais sans avoir à me déplacer;
parce que j’ai trouvé un livre d’occasion, L'obéissance de Suzanne Jacob;
parce que finalement pendant ces quatre jours, j’ai vécu ma passion de manière très gratifiante.

Aujourd’hui, même si un doux et bienfaisant silence a pris la place du joyeux brouhaha, même si le corps se repose de ses efforts physiques, l’esprit, lui, me souffle encore des images et surtout des mots. Quant au cœur, lui aussi profite encore du royal Festin de livres qu’il a connu ces quatre derniers jours.

mercredi 25 avril 2018

Qui dit livres dit auteur.e.s

organisé par le Centre d'action culturelle MRC de Papineau
Une partie de la salle du Festin de 2017, avant que les visiteurs cachent toutes les tables.
Dans trois jours, le Festin de livres à Saint-André-Avellin. La fête sera belle, le festin sera copieux, les livres seront tentants, les auteurs seront accueillants.

En plus des activités organisées dans le cadre de Festin de livres qui aura lieu les 28 et 29 avril, vous pourrez rencontrer des auteur.e.s. Seul.e.s devant leur cahier, leur ordinateur, ils ont imaginé, cherché, écrit, corrigé, publié. Maintenant, ils ont des histoires à raconter, des livres à proposer, des passions à partager.

Ils viennent de la Petite-Nation ou de Gatineau ou d’Ottawa ou des Laurentides et ils viennent nous rendre visite, chez nous.
Et l’entrée est gratuite.
Leurs livres parlent de nos ancêtres, de gens qui ont vécu ici et ailleurs.
Leurs romans racontent la vie, l’amour, des rêves possibles et même impossibles.
Leurs histoires s’adressent aux jeunes, aux ainé.e.s, à tout le monde.

Voici la liste des exposants

Livres jeunesse :
Emmanuelle Bourgault
Marc Scott
Louis Tondreau-Levert
Louise Gauthier
Les éditions Mine d’art

Romans grand public ou essais :
Claude Drolet
Liliane L. Gratton
Nicole Fontaine
Linda Lavoie
France Lussier
Michel Massuard
Marie Paquette
Jean-Guy Paquin
Claude Lamarche
Les éditions 4 ½

Aux tables de l’Association des auteures et auteurs de l’Outaouais et de l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français, vous pourrez rencontrer, entre autres,
Andréanne Déziel-Huppé
Lise Careau
Marc Couture
Cécile Beaulieu-Brousseau
Andréanne Déziel-Huppé
Andrée Lavoie
Raymond Ouimet
Nicole Lafontaine

Les organismes qui offrent livres ou documentation sur l’histoire et le patrimoine de la région :
Patrimoine Papineauville
Patrimoine Ripon
Patrimoine Gatineau
Municipalité de Duhamel
Société historique Saint-André-Avellin
Société historique Louis-Joseph-Papineau
Claude Crégheur sur le patrimoine forestier et le patrimoine allemand

Après leur conférence, vous pourrez également rencontrer Jean Boisjoli, Julie Huard et Blaise Ndala.

Dites-le aux autres, dites-le à vos amis et même vos ennemis.
Ne croyez pas ceux qui disent que lire est une perte de temps. Lire c’est voyager, c’est jouer… avec les mots, c’est apprendre, c’est comprendre, c’est même aimer.

dimanche 22 avril 2018

23 avril, Journée mondiale du livre et du droit d’auteur

Le 23 avril, je choisis un livre
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Je n’ai rien d’une polémiste, je laisse d’autres débattre sur les droits d’auteurs, voter et faire appliquer les lois. Mais comme avec toute loi, j’ai de la difficulté avec celles qui ne sont pas claires, celles qu’il est si facile de contourner, sous prétexte que la culture doit être libre et gratuite. 

À ma façon, je choisis de souligner la Journée mondiale du livre et des droits d'auteur.
En choisissant un livre. En toute légalité.

Le 23 avril, comme tous les jours de l’année, alors qu’il y a encore de la neige dans les bois, alors que les outardes se posent dans les champs, au bord de la rivière des Outaouais, heureuses d’avoir survécu au long voyage, je choisis un livre parce qu’il y a des auteurs qui savent si bien écrire la nature, l’Histoire, la douleur, l’amour, les rires, la vie.
Hier, Romain Gary, aujourd'hui celui-là, demain un autre.
« Puis deux motoneigistes étaient arrivés, qui ne savaient pas qu’ils croiseraient une jeune femme sur la piste et qu’ils perdraient la tête en la voyant, qu’ils lui arracheraient son manteau de toile et devraient vivre avec les contrecoups de cette folie jusqu’à la fin de leurs jours sans personne à qui avouer leur crime, à qui raconter leurs cauchemars, sauf à cet autre homme, ce compagnon à l’origine des cauchemars, qu’ils se prendraient à détester et ne pourraient plus supporter qu’en ces soirs désœuvrés où l’alcool les réunirait dans la molle vulgarité de leurs blagues éculées ou, au contraire, dans l’impétueuse nécessité des insultes que leur arracherait leur passé coupable. »
Les routes secondaires, Andrée A. Michaud

Le 23 avril, je choisis un livre pour remercier tous les organismes, de l’Uneq, à l’Anel, à Copibec, des auteurs, aux journalistes, aux traducteurs, aux éditeurs qui œuvrent à faire avancer et respecter le droit d’auteur.

Je choisis un livre dans les librairies, dans les bibliothèques, papier ou numérique, un livre pour lequel son créateur a été justement rémunéré.

Cette année, le thème est 1001 raisons de choisir un livre. Aujourd’hui, la lectrice autant que l’auteure choisissent un livre pour au moins dix raisons (sans ordre) :
Comme confident.
Comme enseignant.
Comme mentor.
Comme psychologue.
Comme accompagnateur.
Comme somnifère.
Comme stimulant.
Comme consolateur.
Comme compagnon de voyage.
Et toujours comme ami.

Site de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur >>>
http://www.journeedulivre.ca/

jeudi 19 avril 2018

Festin de livres

Le Festin de livres s’en vient. Le thème de cette année : Lire, toute une histoire.
Les 28 et 29 avril, pour une deuxième année, le Centre d’action culturelle de la MRC Papineau présente cet événement au complexe Whissell de Saint-André-Avellin. À quinze minutes de chez nous. Dans ma Petite-Nation.

J’y serai comme auteure, mais j’y serais de toute façon. Là où il y a des livres, là sont mes pas.
Du théâtre pour enfants avec Lorraine David,
un atelier d’écriture avec Bernadette Gilbert,
un atelier conférence sur Wikimedia avec Jean-Philippe Béland,
un entretien avec trois auteurs de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais (Jean Boisjoli, Julie Huard, Blaise Ndala) animé par Carl Bernier,
un atelier sur les récits en images avec André Saint-Georges,
sans compter la grande popularité de l’échange de livres d’occasion,
et bien sûr jaser avec la trentaine d’auteurs ou de responsable d’organismes,
bref, de quoi passer deux jours formidables, la tête dans les livres.

J’ai hâte, c’est certain, mais je stresse un peu, et ce n’est que ce matin que j’ai compris pourquoi.
Pendant vingt ans (dont les cinq premières comme co-propriétaire avec les membres de ma famille), j’ai travaillé dans un hebdomadaire régional, et pendant treize ans ensuite, j’ai été co-propriétaire-graphiste-rédactrice-distributrice d’un guide touristique. C’est dire que chaque semaine, chaque mois, chaque année j’espérais que ça marche, qu’il y ait des entreprises pour acheter de la publicité, pour qu’on puisse payer les factures, les salaires. Je voulais qu’on réussisse à promouvoir la région, que les citoyens, les entrepreneurs, les marchands, les villégiateurs, bref que tout le monde soit content du produit offert. On a travaillé fort, on en a arraché, il y eut de bonnes et de moins bonnes années, il y eut des pleurs et des rires, des réunions plaisantes et d’autres sacrificielles, des nuits d’insomnie et des jours victorieux. Bien sûr, tout ne reposait pas sur mes épaules, mais je prenais à cœur la réussite et le succès du journal et du guide.

Alors voilà, le Festin du livre, c’est ça, je veux que ça marche. Qu’il y ait tout plein de monde qui vienne, qui participe, qui aime, qui revienne, qui en parle, qui échange, qui achète. Ce n’est pourtant pas mon bébé, mais parce que c’est chez nous, parce qu’un jour, j’ai présenté l’idée d’un événement autour du livre, je me sens un peu responsable, comme du temps du journal et du guide. Je suis comme ça : plus j’aime quelqu’un ou quelque chose, plus je prends ça à cœur, et je lui souhaite le meilleur, une belle vie, longue et réussie.

Je félicite et remercie le Centre d’action culturelle d’organiser cet événement qui touche tellement ma passion des livres. Catherine et Émilie, votre enthousiasme et votre travail m’insufflent confiance et énergie.
Alors, c’est certain les 28 et 29 avril, je serai à vos côtés pour vivre toute une histoire!








dimanche 15 avril 2018

Lire un extrait avant de choisir

revue Les libraires
Bien sûr, comme tout le monde qui vit au nord du 50e parallèle, j’ai hâte de pouvoir passer plus de quinze minutes sur une galerie ou sortir sans bottillon ou laver mon auto pour voir sa couleur réelle. Bref, j’ai hâte que la neige disparaisse, que le blanc et le brun sale laissent la place à toutes les nuances de vert.

Mais aurai-je autant de temps pour lire? Je délaisserai peut-être la lecture et l’écriture pour le voyage? Ou pour ramasser les aiguilles de pin, brûler les branches tombées cet hiver, et faire disparaître tout ce cailloutis laissé par les passages de la charrue.

Pour l'instant au lieu de craindre ce verglas tant annoncé, je me réjouis de l’abondance de romans que la dernière revue Les libraires offre à mon appétit insatiable. Est-ce moi ou il se publie beaucoup plus de livres qu’à mes vingt-trente ans?

Honneur également à Kobo : liseuse ou site. Six mois que j’ai ma liseuse, j’ai découvert depuis peu l’outil « trouvez votre prochaine lecture ». Probablement ajouté pour promouvoir l’achat de livre via un compte Kobo, mais moi, je l’utilise principalement pour lire des extraits. Merci à tous les auteurs qui, dans leur contrat d’édition, acceptent que des extraits soient publiés. Parfois de cinq pages, mais jusqu’à 30-40 pages. C’est appréciable, assez pour savoir si je veux me procurer le roman.

Donc, dès que je vois dans une revue, un journal, un blogue qu’on parle d’un roman, qu’on pique ma curiosité parce qu’on en dit du bien, qu’on lui décerne un prix, ou parfois parce que le sujet m’intéresse, je délaisse ma tablette pour ma liseuse.

Ainsi rien que cette semaine, j’ai lu des extraits de :
Royal de Jean-Philippe Baril Guérard
La femme de Valence d’Annie Perreault
Si tu passes la rivière de Geneviève Damas
Sentinelle de la pluie de Tatiana de Rosnay
Vous écrivez? Le roman de l’écriture de Jean-Philippe Arrou-Vignod

Frustration évidemment devant l’absence de Débâcle de Lize Spit publié chez Actes Sud. J’essaie de comprendre les raisons de ces quelques éditeurs, dont Actes sud et Lémac entre autres, à refuser de fournir (est-ce le bon verbe?) leurs livres numériques (parce qu’ils publient quand même en numérique) à pretnumerique.ca. Je me demande s’ils ont vérifié si ça vaut encore la peine? Si leurs raisons premières valent encore? Sont-ils moins piratés? Les auteurs sont-ils toujours d’accord? Est-ce moi qui deviens comme ces jeunes qui croient que tout livre, toute musique, toute œuvre d’art doit être accessible gratuitement au public? Pourtant non, j’espère que non. J’espère de tout mon cœur d’auteure que les auteurs dont les livres se retrouvent sur la plateforme pretnumerique sont payés à juste titre pour leurs romans numériques. J’ai hâte de voir une étude à ce sujet.

Encore heureux (non c’est faux) qu’on ne parle pas tant de livres dans les médias, je trouve que je ne lis pas le quart de ce qui m’intéresse. Comme pour toute nourriture, je dois choisir et je dois surtout apprendre à manger lentement, à manger moins et mieux. Surtout qu’avec la BANQ ou réseau Biblio Outaouais, mes deux approvisionneurs, je suis limitée à trois semaines pour lire. Je délaisse donc certaines lectures pour en privilégier d’autres. Les critères de sélection sont souvent aléatoires, souvent le nombre de pages, parfois le style.

Ainsi, entre Les loyautés de Delphine de Vigan et La bête creuse de Christophe Bernard c’est Delphine de Vigan qui a gagné. Entre La bête creuse (j’ai essayé à nouveau) et La promesse de l’aube de Roman Gary, c’est ce dernier qui a remporté parce que j’ai encore de la difficulté avec ce genre de phrases quand elles sont dans la narration : « quelques curés bénévoles quand il coachaient », « Faque tu te lèves », « ses frères jobaient à la scierie », « Labatt avait été obligée de clairer deux employés ». J’ai nettement préféré « si ma mère avait eu un amant, je n’aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine ». Oui, je sais, je suis vieux jeu. Pourtant je veux, j’essaie, j’accroche souvent. Je cherche surtout à comprendre, à me psychanalyser pour savoir si c’est de la jalousie, de l’envie, du snobisme, de la résistance. Et puis, je me dis qu’on peut bien préférer la framboise à la fraise sans nécessairement chercher à remonter à son enfance pour savoir pourquoi. Et je sais aussi qu’un jour prochain, je goûterai aussi à quelques fraises… à moins qu’une autre talle de framboises m’attire.

Faut-il dire que La promesse de l’aube de Roman Gary c’est joyeux, ça fait du bien : pas de meurtre, pas de conflit, pas de tare, même pas d’amour contrarié. Non, qu’un bel hommage d’un homme à sa mère. Comme un goût de printemps où tout sera beau et doux.

Devant tant d’abondance de publications, quels sont vos critères de choix?

samedi 7 avril 2018

Le moi du dedans n'est pas celui du miroir

Aujourd’hui, ce n’est qu’une date. Inscrite sur des papiers d’identité.
Ce n’est qu’un jour.
Ce n'est qu’une heure écrite sur une page signée par un médecin et les deux parents : 3 h 15.

La femme qui a poussé ce jour-là, à cette heure-là, pour que je voie le jour, et dont j’ai déchiré le corps en sortant d’abord les pieds, la vieille dame aux cheveux encore gris dont j’ai tenu la main tavelée quand elle est morte la bouche ouverte ne sont plus là. Entre les deux ma vie. Ma courte vie. Pourtant, ma mère est encore dans mes rêves, dans mon sang, dans mes os.

Je sais que le temps a commencé avant moi. Je sais aussi que des milliards de personnes ont vécu avant moi. Et sûrement autant après. Pourtant, je suis un peu de tout ce temps, de tous ces gens.

Dans mon esprit, je ne suis pas celle qui est sur les photos prises chaque année à cette date. Sur ces photos et devant le miroir, je ne suis que l’instant présent, je ne suis qu’un visage — au début poupin, maintenant plutôt ridé —, une infime partie de ce que je suis.

Mon corps a un âge, il compte les jours, il calcule le temps. Il a déjà couru, il marche maintenant. Il a eu un passé, et son futur s’amenuise.

Mon corps a un âge, pas moi. Pas le moi du dedans. Pas le moi qui lit et qui écrit. Tant qu’il pourra lire les mots de tous les temps, de tous les lieux, de toutes les races, tant qu’il pourra écrire tous les mots de tous les imaginaires, de tous les souvenirs, de toutes les libertés ou de toutes les prisons, de tous les siècles, ce moi n’aura pas d’âge.

Alors aujourd’hui, ce n’est qu’une date, je ne remarquerais même pas le changement de chiffre si je ne lisais pas les mots d’amitié que certain.e.s adressent au moi du miroir, et d'autres au moi du dedans qui n’a pas d’âge auquel je leur donne parcimonieusement accès.

mercredi 4 avril 2018

Être plus que celle qui écrit

Fébrile, excitée, curieuse, pensive.
Oser, chercher, recommencer, accepter.
Hâte, fièvre, crainte, rêverie.
Observer, sans trop comparer, sans trop juger, être là parmi, être à côté.
Me laisser aller, retrouver la confiance, l’énergie, la force, le plaisir.
Travailler, penser, réfléchir, questionner, me taire, écouter.
Bûcher, tomber, déprimer. Pleurer peut-être. Tuer l’imposteur, l’oublier cet oiseux.
Espérer, croire en moi, prendre le temps, reculer, avancer.
Lire, relire.
En silence, à voix haute, seule, en groupe, devant témoins, devant mentor, devant des pairs.
Écrire, réécrire.
Le texte, l’histoire, l’écriture. Faire beau, faire vrai, faire juste.
Chaque jour, chaque heure. Chaque page, chaque phrase, chaque mot.
Ne pas penser à l’éditeur même si c’est à lui au final que je veux plaire, parce que moi, je m’aime comme je suis.
Ni trop au lecteur même si c’est lui qui décide au final parce que moi, en tant que lectrice, je m’aime comme je suis.
Ne pas être comme. Ni meilleure que. Être moi, pas une autre. Ni jeune, ni néophyte, ni émergente, ni nouvelle, ni me faire accroire.
Ne pas être la personne, être celle qui écrit. La retrouver.
Écrire plus que des manuscrits, écrire des livres qui seront publiés.

Fin mai, camp littéraire Félix.

site internet du camp littéraire Félix>>>

Yvon Paré

jeudi 22 mars 2018

Un peu, beaucoup, intensément aimé

Vous le voyez sur l’image, il s’agit du roman La porte de Magda Szabó.

Découvert via le blogue de Madame lit où il était question surtout d’Abigaël d'une auteure hongroise que je ne connaissais pas. Mais comme Abigaël n’était pas libre à la BANQ, j’ai choisi La porte dont on dit également du bien à peu près partout.

Dès le premier chapitre, après avoir lu ceci :
« J’ai vécu avec courage, j’espère mourir de même, avec courage et sans mentir, mais pour cela, il faut que je vous dise : c’est moi qui ai tué Émérence. »
j’étais bien accrochée comme un poisson qui frayait tout de même dans une eau assez profonde si on considère les livres que j’ai commencés sans les terminer ces dernières semaines.

N’allez pas croire que c’est un polar. C’est le portrait d’une femme. Une femme de ménage, une sorte de concierge de tout un bloc de maisons. Elle n’est même pas attachante comme Anne Frank, ni méchante comme Tatie Danielle, ni fielleuse comme Nelly Arcan. Je n’aurais pas voulu la rencontrer dans la vie ni surtout devenir son amie ou sa proie. Elle aime donner sans jamais rien accepter en retour, elle engueule la romancière comme c’est pas permis. On continue de lire non pas tant pour voir qui va enfin la remettre à sa place, mais pour voir pourquoi elle cherche querelle à tout le monde et pourquoi elle n'ouvre pas cette satanée porte.

Les chapitres sont denses, les dialogues rares, en fait Émérence parle et la romancière écoute ou plutôt encaisse les rebuffades tout autant que le chien Viola qui pourtant veut toujours retourner vers la concierge.

J’emprunte à Naïm Kattan un meilleur résumé :
« Afin de pouvoir se consacrer librement à son écriture, la romancière, qui vit avec son mari, engage une aide-ménagère, Emerence, qui est le personnage central du roman. Femme aussi solide qu’insaisissable, aussi efficace que mystérieuse, elle agit comme concierge, balaie la neige et est entourée des voisins. Or, sa propre porte reste close et elle interdit l’entrée dans sa maison à tout le monde. Réservée, taciturne, elle fait le ménage chez les Szabo et s’occupe de leur chien Viola. »
Naïm Kattan, Le Devoir 6 décembre 2003
J’avais oublié combien j’aime les biographies. Les vraies ou les fictives. J’aime les portraits, les histoires à un seul personnage. Comme Le père Goriot de Balzac, comme Madame Bovary de Flaubert, comme Alexandre Chênevert de Gabrielle Roy. Si l’auteur tient absolument à me situer le personnage dans une époque et un lieu, je veux bien, comme ce roman qui se situe en Hongrie, dans les années 50 je dirais, mais ce n’est qu’un décor bien secondaire. Ça pourrait se passer ailleurs et en un autre temps. Donc le lecteur est bien concentré sur le personnage sur la relation entre la narratrice qui écrit au je et cette Émérence qui nous surprend par son intransigeance, son amour des animaux, et sa porte… fermée.
Et même si j’avais bien hâte de voir pourquoi la narratrice affirme l’avoir tuée, je n’ai pas passé une page, pas un mot.
 
J’ai intensément aimé.
J’attends Abigaël.
Entre-temps Les querelleurs de France Théoret.

Blogue littéraire de Madame lit >>> 

mercredi 14 mars 2018

La banshee est de retour

Bientôt la Saint-Patrick, le 17 mars. Pendant cinquante ans, ce jour-là, cette fête-là, ce saint-là, cette référence-là à l’Irlande m’étaient complètement indifférents. Parce que ma mère fredonnait à l’occasion When Irish Eyes Smiling, tout comme elle fredonnait bien d’autres airs qui n’avaient rien à voir avec l’Irlande, oui je savais qu’on avait du sang « vert » dans nos veines, mais sans plus. Un huitième de sang irlandais, c'est quoi?

Et puis en 2004, je parcourus le cahier-livre de ma grand-tante et c’était parti, j’allais écrire l’histoire de Bridget et de Denis, mes arrière-arrière-grands-parents.
Il aura fallu sept ans pour qu’un éditeur s’y intéresse.
En 2015, parution du deuxième tome.
En 2016 : présentation du dernier tome. Refus. Deux révisions. Deux refus.
En 2017 : présentation à huit éditeurs : quatre refus, quatre sans réponse.
J’ai décroché. J’ai renoncé. J’ai attendu. J'ai continué d'accumuler les titres, j'en suis bien à une cinquantaine sans qu'aucun ne me satisfasse complètement. J’ai fait autre chose parce que j’ai quand même une vie!
La Saint-Patrick me ramène le troisième tome qui me hante comme une banshee. La nuit, les dieux de la lune me tiennent éveillée et m’assaillent de phrases. Des phrases, oui, mais pas l’ombre d’une petite idée de restructuration ou d’intrigue enlevante qui satisferait un éditeur. Ni de titre qui tient plus qu’une aube.
Me faudra-t-il attendre encore sept ans?
Ce huitième de sang irlandais m’a-t-il rendue entêtée? Comme une histoire tissée depuis cinq générations et qui ne me sortira pas de la tête tant qu’elle ne sera pas inscrite dans un livre?


L’auteure qui a besoin d’aide

On dit souvent aux auteurs de s’adresser à la bonne maison d’édition pour publier leur-s manuscrit-s.
Il n’est pas si facile de dénicher le bon créneau éditorial, surtout que les jeunes maisons d’édition recherchent un style différent, une voix nouvelle à la langue familière, une structure comme dans une recette déconstruite, bref rien qui colle à mon roman. Et les autres, ceux qu’on affuble du terme de généralistes comme s’il ne publiaient pas de la « vraie » littérature, eh bien à ceux-là, mon manuscrit ne semble pas leur convenir non plus!

Plusieurs auteurs offrent des ateliers d’écriture. Plusieurs entreprises également. Mais si on peut connaitre les spécialités de ces dernières : science-fiction, carnet, roman; si on trouve leurs procédés : exercices, lectures de texte; et si on peut savoir quelle clientèle ils visent : débutant, professionnel, il est plus difficile de trouver la personne ou l’entreprise qui collera à notre style, qui répondra à des questions non pas générales, mais bien précises, non pas des théories, mais des exemples applicables à mon manuscrit.
À la suggestion d’un éditeur, j’ai cherché qui, dans l’association des auteurs dont je fais partie, pourrait m’aider, avec qui je pourrais travailler. Quel auteur.e écrit le même genre de roman que moi? Je devrais lancer un appel à tous parce que je n’ai pas trouvé qui saurait vraiment m'accompagner dans une nouvelle version.

Et finalement, il me semble que ce n’est pas un auteur qu’il me faut, tout publié, tout pédagogue soit-il, c’est un.e mentor. Comme un directeur littéraire ou une directrice littéraire. Indépendant ou non. Je ne lui demande pas de m’assurer de la publication, mais presque.


Autres possibilités

L’agence Alinea: j’ai connu Marie-Paule Villeneuve quand elle travaillait au journal La terre de chez-nous, j’ai lu et aimé tous ses livres. Elle m’avait fait confiance pour la rédaction des reportages. Mais je ne me décide pas. Méandres de mon hésitation : 
1- le site de l’agence n’a même pas de nom de domaine, le site n’a pas changé depuis sa création 
2- je trouve bizarre que le nom de son agence se retrouve dans le site des éditeurs réunis/JCL 
3- si Alinéa m’aidait, mon manuscrit aurait-il plus de chance chez cet éditeur qui a déjà refusé mon manuscrit?
L’Uneq offre un service de parrainage, mais le candidat ne doit pas avoir publié plus d’un ouvrage, ce qui n’est pas mon cas.
Le camp littéraire Félix : bien tentant, mais je n’ai pas envie de passer une semaine en compagnie d’autres auteurs, et de parler d’autres manuscrits. Donc, ce serait du mentorat personnel. Pour cela, il faut écrire à la direction.
Il y a aussi Mini-génie dans les Laurentides, Le pigeon décoiffé à Québec et Montréal.
Vais-je tous les contacter? Tous les essayer?

L’auto-édition ou le compte d’auteur

Il y aurait éditions Veritas, les éditeurs associés, Bouquibec et plusieurs autres.
Mais, encore un, mais, toujours un mais.
Ce n’est pas ce que je veux. Je ne veux plus/pas m’engager dans la promotion, dans la distribution, m’assoir derrière une table dans tous les salons petits et grands, le sourire figé et la plume en attente.

Et puis pourquoi passerais-je par ces entreprises quand j’ai un certain talent de graphiste : je suis capable de monter le livre, d’aller chercher l’ISBN (c’est gratuit), de le préparer pour un imprimeur. Je connais Gauvin à Gatineau ou Caïus à Montréal. Je peux être ma propre éditrice. Je l’ai déjà été. Surtout qu’aujourd’hui, on peut faire imprimer à l’unité. Cinquante livres me satisferaient amplement. Je ne sais pas éditer des e-pub, mais un pdf, oui.
Sauf qu’il ne serait pas en librairie, n’aurait que la seule visibilité et promotion que je ferais. Mais quand on y pense, certains livres publiés chez certains éditeurs n’ont guère plus de visibilité.

Banshee, quelle mort m’annonces-tu depuis tant de temps?
Pourquoi ne me laisses-tu pas tranquille? 

jeudi 8 mars 2018

Des images et des mots de femmes

Sue Mills, Annie Cloutier, Clarissa Pinkola Estes

En cette Journée internationale des femmes, je vous suggère une activité, un billet de blogue et un livre.
L’activité : une exposition sur les femmes immigrantes de la photographe Sue Mills, le vernissage est ce soir, à Saint-André-Avellin.

http://culturepapineau.org/exposition/etre-femme-immigrante-quebec/

Le billet de blogue : un texte bien senti sur la relation entre une mère et sa fille. D'Annie Cloutier.

https://annieetlasociologie.wordpress.com/2018/03/07/courir-parmi-les-louves-sefforcer-de/

Le livre (à part Grosse de Lynda Dion sur lequel j’ai encore quelques petites choses à dire mais ce sera pour un autre jour) : je l’ai vu sur le blogue d’Annie Cloutier. Je ne l’ai pas lu encore, très difficile a dénicher, c’est Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés. Tout ce que j’ai lu au sujet de ce livre, en plus des nombreux extraits que j’ai pu trouver, m’intrigue et m’attire.

https://www.grasset.fr/femmes-qui-courent-avec-les-loups-9782246498513

jeudi 1 mars 2018

Grosse de Lynda Dion

Lynda Dion, en parlant des femmes qui l'inspirent, écrit :
« c’est Anne Sylvestre
c’est Hélène Cixous
c’est Virginie Despentes
c’est Marilyn French
c’est Nicole Brossard
c’est Benoîte Groult… »
et plusieurs autres aussi.
Que j’ai lues moi aussi
qui m’ont marquée moi aussi.
J’ajoute «c’est Hélène Dorion, c’est Louise Dupré, c’est Madeleine Gagnon»
et depuis son tout premier roman, La dévorante, j’ajoute «c’est Lynda Dion».

Je l'ajoute pas que pour le sujet de son tout récent Grosse
mais pour l’ensemble de l’œuvre.
Pour le style, pour le comment elle dit les choses, pour la puissance des phrases.
Sans les virgules sans les points, je ne suis pas capable de lire plus de quatre pages de Marie-Claire Blais alors que je pourrais lire encore et encore toutes les pages, tous les mots, tous les espaces, tous les murmures de Lynda Dion.
Son souffle devient le mien.


Pour les sujets aussi : être femme, être maîtresse, être désir, être grosse, être écrivaine, être soi
chaque fois, elle réussit à trouver une résonance en moi (et probablement en bien d’autres) et c’est là sa force et le succès de son écriture toute personnelle.

Ses dessins, si elle en avait besoin pour illustrer pour se libérer pour compléter pour montrer, bon, d’accord.
Sauf la page en noir : très efficace
mais pour moi, en tant que lectrice, je n’en avais pas besoin. Les mots, ses mots me suffisent amplement.

Je voudrais être plus qu’une lectrice
que ma voix soit importante, fasse écho, porte loin
et pas seulement tout de suite parce que le roman vient de sortir
pas seulement pendant trois mois dans les librairies.
Pas pour moi, mais pour elle
que le nom de Lynda Dion s’ajoute à ceux qu’elle nomme.
Un nom qui a du poids (ou c’est un titre percutant ou c’est maladroitement facile comme un mauvais jeu de mots)
et qui aura de la durée je n’en doute pas.
Qu’on se souvienne de Monstera Deliciosa, de La Maîtresse, de La Dévorante et maintenant de Grosse.
La littérature, pour moi, n'est pas dans le sujet,mais dans l'écriture.

Mais finalement, je sais bien qu’elle n’a pas besoin de mon commentaire, que ses livres vont faire leur chemin par leur propre valeur
alors lui dire mon admiration, lui dire merci, lui dire encore.
Comme si j’étais une élève à qui elle enseigne
elle me montre le chemin de l’écriture, celle de l’autofiction, comme une directrice littéraire, comme un professeur.

Je ne lis pas ses livres, je les épluche.
Je les relis comme les jeunes écoutent une chanson en boucle
jusqu’à trouver mon chemin qui, s’il jaillit du sien, sera le mien.

Mais on peut aussi le lire pour des dizaines d’autres raisons.
Dites-moi les vôtres.

mardi 27 février 2018

FemmExpo : pouvoir autrement


Le 3 mars prochain,
(qui fête son dixième anniversaire) 
présente l’exposition FemmExpo.

Sous le thème Pouvoir autrement
l’exposition présentera 39 œuvres de femmes artistes provenant de partout en Outaouais et d’ailleurs.

Autant d’œuvres, 
autant de visions, 
autant de pensées, 
mais toutes sûrement créées avec le même espoir 
de vivre non dans le pouvoir mais dans l’autrement.

Louise Falstrault a présenté une œuvre qui m’a inspiré ce texte.



Pouvoir autrement
C’est regarder au-delà des barrières
qu'elles soient de métal ou de bois
de paroles, de langue ou de rois
S’ouvrir vers demain
Voir loin
Aller vers l’autre
Sauter les obstacles, vaincre les préjugés
Tendre les mains
Ouvrir les bras
S’élever sans écraser
C’est dire #moi aussi et respecter les personnes dans leur choix,
quel qu’il soit
C’est ne pas juger
Ce n’est pas se battre contre, c’est s’allier
C’est écouter, nuancer
C’est chercher à comprendre et pas essayer de tout prendre
C’est créer
C’est marcher pour manifester
C’est écrire
Pour dire, pour s’exprimer
C’est prendre la parole
Écrire sur les murs
Sortir du fond de nos tiroirs ou de nos placards
C'est se frayer un chemin à travers les bois
Marcher sur les roches, se blesser sur les cailloux
Ne plus avoir peur
Dire, mais aussi écouter, questionner
C’est lancer un cri d’espoir
Pas réclamer à cor et à cri
Ni à tort et à travers
Pas chialer, pas condamner
Mais nuancer, clarifier
Tourner sa langue sept fois avant de twitter
Publier seulement le vrai, l’authentique, si possible pour diffuser
dénoncer publiquement
réclamer ouvertement
À sa façon, en respectant qui on est
C’est mettre au monde
Créer des liens entre tout ce qui vit sur la terre
Peu importe la couleur, peu importe la matière
Faire des alliances, des alliages
Tous vivre ensemble comme les roches, le bois, les minéraux, les plantes
Dire non, ensemble
Dire oui, ensemble
Dire oui, j’ai peur
Mais dire oui, je peux







vendredi 16 février 2018

Petit bonheur matinal

Le bonheur est parfois si facile. Dans mon cas, il tient parfois, souvent à un livre.

Dans les médias, je surveille tout ce qui se rapporte à la littérature. Et dans l’ordre de mes intérêts, le cinéma n’est jamais bien loin. Aussi, ce matin, j’ai lu attentivement l’article sur le film qui sortira bientôt au Québec : Les gardiennes. Quand j’ai lu « un film de Xavier Beauvois, d’après le roman d’Ernest Pérochon », quel mot croyez-vous a retenu mon attention? Le mot « roman ». Que croyez-vous que j’ai fait?
film de Xavier Beauvois

Évidemment je me suis ruée sur Google, jamais bien loin, toujours un onglet ouvert sur ma tablette. J’ai cherché le nom de cet auteur que je ne connaissais pas. J’ai appris qu’il avait remporté le Prix Goncourt en 1920, pas pour ce roman, mais pour Nêné. Un auteur vite oublié devant le Goncourt de l’année suivante : Marcel Proust.

D’après l’article, les photos, la couverture de la nouvelle édition, l’histoire se déroule à la campagne. J’aime déjà. Il y aura plus de silence que de bruit, plus d'arbres que d'asphalte. Déjà aussi, je pressens l’atmosphère, l’odeur des champs, la lenteur de la vie. Que l’actrice principale soit Natalie Baye était secondaire pour moi tout en offrant une promesse de succès. Ce qui m’intéressait c’était le roman. J’ai vu qu’il avait été réédité au cours des ans, ce qui présupposait de sa notoriété. Je ne pouvais me réjouir de cette réédition pour l’auteur étant donné qu’il est décédé en 1942, donc probablement plus de droits d’auteurs à ses descendants, mais alors un bon coup pour l’éditeur.

Comme la BANQ n’a pas encore obtenu le roman en numérique, j’ai cherché sur ma liseuse. Grâce à ma Koko, j’ai pu obtenir l’extrait de plusieurs pages.

Sous le titre : terroirs classiques. Déjà, j’avais un petit faible.
« La plaine s’étend, monotone, à perte de vue; quelques haies d’épines y poussent et quelques noyers, trop rares pour arrêter le regard. »
« Un beau soir favorable à la besogne »
« Avez-vous entretenu le feu de nos maisons aimées? […] Servez-moi les fruits de mon verger et versez dans mon verre le vin de ma vigne. »
Un délice. Une chanson douce. Une lecture jouissive.
Un bonheur.

Et un vocabulaire du terroir qui ravive les années 1920, en France. Comme un retour dans une vie que j’aurais vécue, toute rude soit-elle. Des personnages que j’aurais envie de côtoyer, d’écouter me dire leurs silences et leurs misères. Des caractères bien campés que j’aimerais tellement créer.

C’est comme si je retournais voir mes grands-parents qui, pourtant, n’ont connu ni la campagne française, ni le dur labeur des champs, ni les maisons de pierres humides et encore moins la guerre de 1914.

Pourquoi j’aime autant… je ne saurai jamais. Ou je me connais mal. Ou je n'ose penser à la réincarnation.
Et si ce bonheur survient tôt le matin, je porte sur mon visage un grand sourire toute la journée.

Et vous, quel roman oublié avec-vous découvert parce qu’un réalisateur en a fait un film?

Si la bande annonce du film vous intéresse>>>

mardi 13 février 2018

Ces auteurs homonymes

Comme j’ai moi-même un « jumeau » auteur, le sujet de l’homonymie chez les auteur. e. s m’intéresse. Sur Facebook, la semaine dernière Annie Perreault s’interrogeait sur le choix de son nom de plume. Une discussion fort intéressante s’ensuivit au cours de laquelle nous avons appris qu’il y eut un autre Robert Lalonde et une autre Marie Laberge.

Finalement, Annie Perreault ajoutera l’initiale J à son prénom pour se distinguer de son homonyme.

Mais l’idée était semée. La curieuse-fouineuse que je suis était partie à la recherche des auteurs homonymes. Je me contente des Québécois pour l'instant. Loin de moi l'idée de comparer les œuvres entre elles, je ne juge pas, je ne critique pas, je note simplement et je me demande s’il y eut incidence sur la carrière des uns ou des autres. Comme celle de tomber dans l’oubli. Ou si la confusion est minime pour les libraires et les lecteurs/lectrices.

Pour publier les photos des personnes, il m’aurait d’abord fallu demander la permission à tous les photographes ou les auteurs qui possèdent les droits de reproduction. J’ai donc préféré chercher une de leurs œuvres plus libres de droits.



Robert Lalonde

Le premier est né en 1936. Il semble venir du nord de l’Ontario et avoir écrit de la poésie surtout. Il a publié aux éditions du Saule dont je n’ai pas trouvé la trace. Est-ce de l’autoédition? J’ai trouvé les titres : Les complaintes du vent, Les terres du songe, L’amour au jour le jour, Les contes du portage, Les contes de la lièvre.

L’autre, le comédien bien connu, est né en 1947, à Oka, et on ne compte plus ses publications, chez Boréal surtout.
J’adore ses « carnets littéraires » où le lecteur flâne avec l’auteur au lieu de chercher les intrigues qui doivent absolument tenir en haleine. La liberté des savanes, paru en 2017, est un bel exemple.


Marie Laberge

Née en 1929, elle a étudié aux Beaux-Arts, peut-être a-t-elle été plus connue dans le domaine des arts, mais elle a tout de même publié huit recueils de poésie. Elle a reçu le Prix du Maurier pour son recueil de poèmes Halte en 1965.

Celle qui est née en 1950 et a d’abord écrit pour le théâtre avant de se consacrer aux romans avec le succès qu’on lui connaît. Depuis quelques années, après sa trilogie, elle fait une incursion du côté des polars.



Pierre Ouellet 

Le plus prolifique est professeur, poète, essayiste. Récipiendaire de nombreux prix dont le prestigieux prix Athanase-David pour l’ensemble de son œuvre.
Son dernier roman, À vie, a paru en janvier dernier.

L’autre n’a publié qu’un seul livre, Barbelés. C’est le récit autobiographique d’un homme en prison depuis 40 ans.


Mathieu Fortin

Celui qui est né à Latuque en 1979 est bien connu dans le monde de la science-fiction et fantasy.

L’autre travaille plutôt dans le monde des affaires et publie donc des livres pratiques.

Et même un troisième, qui est professeur de philosophie au Collégial du Séminaire de Sherbrooke a publié En compagnie des Grecs | Une introduction à la philosophie chez Fides.



Annie Perreault
Celle qui est née au milieu des années 1970 a publié, entre autres, L’occupation des jours (Druide), recueil qui lui vaut une mention d’honneur du prix Adrienne-Choquette. Son premier roman, La femme de Valence (Alto) devrait paraître sous peu.

Quant à l’autre, celle qui ajoutera l’initiale J à son prénom, elle a déjà publié Adeline, porteuse de l’améthyste, mais elle compte bien ajouter quelques titres en littérature jeunesse dans les prochaines années.



Camille Bouchard

Le Camille « deux-l-e » est né à Forestville en 1955, auteur de littérature jeunesse surtout, mais pas que. Grand voyageur, il n’hésite pas à écrire des aventures qui se passent ailleurs qu’au Québec.

Le second n'est pas tout à fait homonyme parce qu’il écrit Camil, mais quand on entend son nom, ce n’est pas aussi évident. Il est mieux connu comme analyste politique à Bazzo.tv, mais du temps où il était ministre, il a publié, en 1991, l’essai Un Québec fou de ses enfants.




Claude Lamarche

Quant à moi (née en 1950), quand j’étais jeune professeure et auteure débutante, j’ai déjà accepté de signer Marie-Claude Lamarche sur des livres scolaires, mais en me promettant bien de ne pas recommencer.

Ni l’auteur (né en 1939) du roman Le cœur oublié et Je ne me tuerai plus jamais, ni son éditeur n’ont jamais cherché à entrer en contact avec moi. Et à part les libraires et quelques lecteurs qui confondent les deux, ça ne m’a jamais embêtée que nous soyons deux. D’autant que lui, c’est un il, et moi un elle!

Le saviez-vous?
En vous connaissez-vous d’autres? 
Avez-vous déjà confondu des auteurs? 
Avez-vous eu connaissance de problèmes majeurs?

mardi 6 février 2018

Des traces laissées, des traces suivies

Peut-être aux trois mois, aux six semaines, sans coup férir, sans surtout qu’il n’y paraisse puisque je ne laisse pas de traces de cette récurrence chaque fois, revient le doute de tenir ce blogue. Parfois dans le contenu, parfois dans la forme, parfois dans l’existence même. Peut-être simplement pour me reposer de la neige abondante à pelleter ou me laisser aller à rêver en regardant la forêt tranquille.

Devant l’engouement et la dépendance d’autres plateformes, devant le nombre de commentaires des unes versus celle que je privilégie, je me dis, comme plusieurs autres, que le blogue est dépassé, démodé, qu'il a fait son temps.

Je me demande si vraiment il est la réponse aux refus des éditeurs devant mes manuscrits. Le recul, le pas de côté pour ne pas avoir à me remettre à la beaucoup plus difficile tâche d’écrire un roman. De la paresse, de la fatigue, ou du droit à la liberté de choix?

Ou pire encore, je me demande si je tiens ce blogue, comme l’adolescente en manque d’amour tenait son journal avec ce besoin, comme le titre le dit, de laisser des traces, ne serait pas tout simplement un besoin d’attirer l’attention. Pas que je me crois une TDA jamais diagnostiquée, je n’ai ni problème de concentration ni de difficulté avec mon comportement, quoique… Non mais, aurais-je un besoin sur le bord du maladif, une dépendance à l’expression? Pas tant besoin d’être vue, comme besoin de dire. Et un peu plus, besoin d’être écoutée et/ou lue.

Mieux dit : 
« J’ai besoin de conserver les traces de mes pas et d’intérioriser ce qui a précédé la perte, […] pour ne jamais occulter l’absolue nécessité du chemin d’où j’arrive. »
Recommencements, Hélène Dorion
J’irais jusqu’à dire que s’exprimer c’est dire qu’on existe. Même si je ne connais pas la raison de cette existence. Ou si je l’ai déjà cherchée, je n’ai plus de temps de m’y arrêter. Je la trouve courte, mais tellement courte, la vie! Il me semble qu'hier encore je me promenais à L’abord-à-Plouffe sur la bicyclette de mon frère. Mais non, hier, j’étais à l’hôpital à passer un test sur un tapis roulant. Test que j’ai passé facilement par ailleurs. Mais il était beaucoup plus difficile d’entendre les uns et les autres qui avaient de réels problèmes cardiaques.
Certes, chacun a besoin de s’exprimer. Mais ai-je encore le temps de tout écouter?

Alors, toujours à la recherche de certitudes, je regarde ailleurs des raisons de poursuivre ce blogue, peu importe la raison.
Ainsi, sur Internet, j’ai lu ceci:
« La visibilité des publications du blog est largement plus grande que la visibilité des publications d’une page Facebook […] Un article de blog publié en 2009 peut toujours occuper la première place dans un moteur de recherche pendant 2, 3, 4, 5 ans et plusieurs années de suite pour un mot clé pertinent et attirer des visites. Dans Facebook une publication peut passer inaperçue même dès le premier jour de sa publication parce que c’est Facebook qui décide qui verra votre publication. »
 Source>>> 
Et quand bien même certaines pages Facebook rejoignent près de 10,000 membres en un an, obtiennent des milliers de clics pour un sujet ou une vidéo, si je veux retrouver un sujet… déjà le lendemain, c’est quasi impossible.
Exemple, malgré l’énorme différence de « j’aime », je préfère le blogue de voyage de Diane et Gilles à la page « En Vr pour pas cher » sur Facebook.

Près de dix ans plus tard, je lis toujours avec le même plaisir le blogue de Geneviève Blouin qui le dit elle-même « je veux donner l’impression que vous prenez un café en ma compagnie. »

Il y a aussi la mère Michèle qui n’a pas l’air de se poser le cinquième du huitième de questions que je me pose régulièrement et qui, inlassablement, sans faillir, tient son blogue où parfois, elle ne note généreusement qu’un lien vers un article de journal.
Lu encore:
« Un blogue est un support pour communiquer, fidéliser et fédérer une audience.
Les gens n’en changent pas souvent, et ils les lisent généralement tous les jours avec beaucoup plus d’attention que ce qui défile sur Facebook. »

Et puis, je continue à découvrir de nouveaux blogues qui m’enchantent et que j’ajoute à mon agrégateur Netvibes.
Entre autres, aujourd’hui, le blogue qui m’a inspiré ce billet, qui, à lui seul, me confirme que tant pis si c’est démodé, mais j’en veux encore longtemps des comme celui-là qui me nourrit, me fait voyager dans le temps et l’espace. Et je sais que dans trois jours, trois semaines ou trois mois, je pourrai à nouveau le consulter facilement. 
Il y est question des maisons des écrivains>>>

Et vous, quels blogues aimez-vous encore, quelles traces suivez-vous?
Où laissez-vous les vôtres?

vendredi 2 février 2018

Le temps d'une lune



Il aura fallu le temps d’une lune pour me ramener sur terre.
Sur la terre québécoise, la terre enneigée, la terre des obligations.
De la Floride, après deux mois de vagabondages, de voisinage, de flânage, de bruit et de soleil, je suis partie un 2 janvier frisquet, je suis arrivée au Québec un soir très « frette », mais il aura fallu un bon mois pour que reviennent l’impatience et l’inquiétude en retrouvant le système de santé québécois.
Un bon mois pour retrouver amis, familles, routine quotidienne, repas à la mijoteuse et pelletage. Mais aussi un bon mois pour trouver un roman qui m’intéresserait suffisamment pour que je n’abandonne pas après deux chapitres.

Et je ne l’ai pas trouvé là où je m’y attendais. Loin de là.
Toute une surprise. On me l’aurait dit hier ou avant-hier, j’aurais dit : sûr que non.
Pas une autre traduction. Pas encore des mots d’argot français sur lesquels je bute et qui me dérangent dans la compréhension de l’histoire (J'ai abandonné C'est le coeur qui lâche en dernier de la canadienne Margaret Atwood pour cette raison: au Canada, on ne raque pas des clous et personne n'a pas de ratiches). De plus, pas une histoire de gars, de petits voyous qui fument et pas que des cigarettes, qui volent, qui donnent des coups de poing à la moindre provocation. Je suis plutôt histoires d’amour, relations à comprendre, de mère fille ou de femme compliquée. Des histoires québécoises, bien souvent. Européennes, sans problème, mais qui se passent aux États-Unis — paradoxalement, pour quelqu’un qui aime bien s’y rendre —, de moins en moins.

Mais voilà, ce qui m’a sortie de ma léthargie, ce qui m’a ramené dans la lecture que j’adore, plus vrai pour moi que celui de la quotidienneté, c’est, ai-je cru en lisant le nom de l’auteur, une histoire de gars de moto qui commence à Providence, États-Unis. En lisant un peu sur cet écrivain dont j’ignorais tout (pourtant il doit être assez connu puisque son nom sur la couverture est plus gros que le titre), j’ai compris que c’était un Français et donc, ce n’était pas une traduction.

Que s’est-il passé pour que j’accepte, que j’adhère, que j’embarque, que j’aime et que je m’abandonne complètement dans cette histoire?
Le saurai-je jamais?
Parce que le sujet de la liberté et de l’amitié ne suffit pas à expliquer mon engouement.
« Quand j’ai rejoint Freddy, Oscar et Alex, et qu’on a commencé à parler en fumant nos cigarettes, je ne saurais trop expliquer pourquoi, mais je ne me suis senti chez moi. Mieux que chez moi. Je me suis senti parmi les miens. »
Il faudrait que je creuse pour savoir pourquoi cette histoire m’a happée dès le début. Comme les histoires de chiens abandonnés, oubliés qui marchent des jours, des mois pour retrouver leur maître ou qui se laissent mourir quand ils ne l’ont plus.

C’est pas que l’histoire, pas que le titre, c’est aussi comment c’est écrit. Du dedans.
« Toutes ces phrases que j’écris, j’ai peur que ça s’efface, avec le temps. Le crayon, c’est comme l’amitié, ça tient pas toujours bien. De toute façon, je sais pas trop qui va bien lire tout ça, toute cette foutue histoire. Je sais pas pour qui je me prends, à m’imaginer comme ça que ma vie intéressera quelqu’un pour la lire. »


Ce livre d’une lune retrouvée, c’est Nous rêvions juste de liberté de Henri Lœvenbruck.

Et vous avez-vous déjà lu quelque chose que vous n’auriez jamais cru possible de lire?

dimanche 28 janvier 2018

Dis, quand reviendras-tu?

Il ne m’est pas plus agréable de lire :
« Il n’a pas l’intention de raquer pour des clous. De toute façon, il n’a pas l’intention de raquer du tout […] soit il écrabouille les ratiches du gars »  
(traduction dans C’est le cœur qui lâche en dernier, Margaret Atwood)
que de lire :
« J’ai déjà fait éclater mon iPhone en le propulsant au bout de mes bras, de toutes mes forces. Kin toé. […] Le stress, l’angoisse et la honte m’ont envahie. Carte de crédit pleine. Carte de débit vide. Ostie., ostie, ostie. […] Can’t fight the moonlight » 
Les désordres amoureux, Marie Demers
Une Canadienne-anglaise quadragénaire traduite en France et une trentenaire Montréalaise. Le parler populaire dans les deux cas. Qui me rebute quand c'est dans l'écrit. Je me sens snob de ne pas me retrouver ni dans l'un ni dans l'autre. Me sens nulle à n'aimer que ce qui me ressemble.

Je suis oiseau distrait.
Je volète, je titube, je ne vais nulle part.

Ne me viennent à l’esprit que des phrases insipides. Qui ne veulent rien dire s’il n’y a pas de suite ou de contexte.
Après avoir relu des extraits de L’étreinte des vents d’Hélène Dorion « Un jour on rencontre un être qui nous dit je t’aime comme jamais encore on ne l’avait entendu », j’ai écrit cet incipit romanesque :

Je n’ai jamais dit je t’aime à ma mère. Ni à mon père. Encore moins à mon frère. Ça ne se disait pas, ça ne s’entendait pas, et personne s’en plaignait.
Savais-je même, sentais-je même que je les aimais? J’étais trop occupée de ma vie pour y penser.

Et à la fin de l’histoire, le personnage dirait : Depuis 50 ans, chaque jour, je lui dis je t’aime.

C’est l’hiver, saison du dedans, de l’intimité, ce qui, selon Joyce Carol Oates, est « un trésor pour un introverti ».
Après deux mois de voisinage dans le sud, de brise dans les palmes, de chants d’oiseaux, de bruits de moteurs, j’ai retrouvé le silence de ma campagne. Mais le vide aussi dans ma tête. Les photos sont classées, publiées, le récit a été maintes fois raconté.

Je n’ai plus rien à dire. Rien encore ne m’intéresse suffisamment pour entretenir une longue conversation ou écrire un long billet.
Je volète, je zigzague, je grappille.
Et je n’attends même pas la fonte printanière ni ne surveille le retour des hérons. Je suis juste là, les yeux dans le vague, les oreilles attentives à ce qui pourrait survenir.

dimanche 21 janvier 2018

Suis-je atteinte de tsundoku?

Deux semaines déjà que je suis revenue d’un séjour dans le sud et on dirait bien que je ne m’en remets pas. À quoi je le vois : mes rêves la nuit, mes pensées le jour.

Je suis parvenue à retrouver un rythme à peu près normal pour la plupart de mes activités.
Sauf pour la lecture.

Depuis mon retour, je n’ai pas attrapé de rhume, mais suis-je atteinte de tsundoku?
Un genre de bibliomanie. Accumuler des livres. Y toucher à peine. S’étourdir à feuilleter, à chercher le suivant. Distraite tout le temps. Trop dans ma vie pour m'intéresser à celle des autres?

Livres lus en décembre

En voyage, en décembre, une fois bien installée au « RV park », j’avais réussi à terminer six livres. Deux Musso qui, malgré mes préjugés tenaces, m’ont bien plu. Le dernier Ken Follet égal à lui-même, je n’ai passé que la partie de l’Espagne. Un premier Patrick Modiano pour moi, assez bien pour que j’en lise d’autres. Un Margaret Atwood dont je n’ai lu que la partie de Grace, trouvant que celle du docteur n’apportait rien à l’histoire et finalement un Tatiana de Rosnay parce que j’avais aimé la biographie qu’elle avait écrite sur Daphné du Maurier.







Mais depuis mon retour, rien. J’accumule, j’entasse, je télécharge, j’emprunte. Tout m’attire : les auteurs découverts récemment : Modiano, Claudie Gallay, les auteurs avec qui je renoue : Joyce Carol Oates, Margaret Atwood, les nouveautés, les parutions récentes. 

Rien n’y fait, je n’accroche pas. Je lis quelques pages, un chapitre, un extrait et je passe à autre chose. Quand je ne m’endors pas en bas de la page.
Livres commencés en janvier

Le lendemain, bien reposée, je me hasarde à aborder d’autres histoires que j’espère plus accrocheuses. Non. Même le long extrait du tome 4 de L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante ne me convainc pas de me le procurer sur le champ, ce qu’en d’autres temps, rien qu’à voir le titre, j’aurais fait sans me poser de questions. Il faut dire que le prix élevé du livre me freine.

Quel titre ou auteur réussira à tranquilliser mon esprit, à me faire reprendre un rythme coutumier?

La pile s’allonge.
La convalescence s'étire.

En êtes-vous atteint-e?