vendredi 13 décembre 2013

À défaut d'ambition... de l'entêtement

Dany Laferrière vient d’être élu à l’Académie française. Sentiment mitigé, j’aurai toujours de la difficulté avec les honneurs, les titres, les prix. Mon enthousiasme est de la couleur de mon opinion presque neutre sur le sujet de la gloire et de l'ambition. Je n’ai jamais été à l’aise face à la compétition, je n’aime pas comment je me sens à l’intérieur, à batailler pour recevoir un prix ou, à l’opposé, à recevoir un titre sans l’avoir mérité. Mais qu’est-ce que le mérite? Qui en juge? Parce que je ne suis pas une batailleuse ou ambitieuse, je ne supporterais pas que les autres le soient? Parce que ça sonne faux? À défaut de comprendre ce manque d’élan spontané devant les bonheurs des autres, je jouerai quand même la carte de l’admiration pour leur détermination.

Mon écriture se ressent-elle de cette absence de combativité ? 
Journée de doutes, journée de corrections, journée de ras-le-bol. Encore.
Pourquoi continuer à corriger ce roman qui n’en est pas encore un alors que tant de jeunes veulent publier? Pourquoi je ne laisse pas ma place? Comme Janette qui s’incruste, mais elle a au moins le mérite d’être dans les A,B ou C des vedettes qui ont encore la cote. Ai-je été L ou même Z dans ma vie? Peu importe. 

Pourquoi je m’obstine à vouloir publier? Ou penser que si j’avais un agent…
Me contenter d’aider les autres ne me suffit pas? Me sens à nouveau pathétique à ne pas décrocher.
Pourquoi ne pas me contenter de lire, de voyager, de prendre des photos et d’en parler si je tiens tant à écrire?

Bien sûr, je n’écris pas comme une jeune de trente ans, pas comme une jeune qui sort d’un cours de création littéraire, mais est-ce incompatible avec la publication québécoise actuelle? J’espère bien que non, parce qu’après la lecture par deux cinquantenaires qui me donneront leur avis, mon manuscrit prendra le chemin des éditeurs. Les éditeurs, comme certains galeristes avec les artistes, ne publient-ils que des jeunes qui peuvent leur assurer une certaine pérennité? À moins que l’auteur-e soit connu-e, alors dans ce cas, l’âge devient expérience, et leur notoriété, gage de succès. Je ne suis pas connue et je n’ai plus trente ans depuis longtemps. Il faut juste travailler plus fort. Pour quelqu’un qui n’est pas combatif, le temps va être long !

Peut-être pas combative, peut-être un peu paresseuse, mais patiente, résolue, têtue, alors ça devrait aller.
Journée de questions sans réponses, journée de remontée, journée d’encouragement.

(photo de l'auteure, en espérant que ce soit des lamas et non des alpagas ou qu'à tout le moins les deux races soient têtues!)

6 commentaires:

  1. Hé ho, tu mélanges tout !
    Le mérite est une chose et ça n'enlève rien aux autres.
    Écrire aussi est une chose. Publier en est une autre. À savoir si elle est essentielle...
    Il faut voir: pourquoi on écrit, pourquoi on tient à publier. Quand on démêle tout ça, en général, l'horizon s'éclaircit.
    Et chacun écrit comme il veut. La jeune génération (dont je ne fais plus partie) n'est pas toujours inspirante. Et la vieille non plus, hein.
    Conseil du jour: on prend ce qu'on aime, on jette le reste.

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  2. Je sais bien que je mélange tout. Mon cerveau n'a pas de compartiments, c'est une grande armoire, un fourre-tout, alors forcément de l'enfance à aujourd'hui, de l'école au travail, de la lecture des autres à l'écriture de soi, tout est tricoté multicolore. Et parfois, en écrivant, je cherche, je trouve et je démêle... un peu. Merci de m'y aider.

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  3. Mon Dieu ! Je me reconnais tellement dans ce billet ! Comme toi, je mise sur l'entêtement pour arriver au but. Mais que de doute !!
    Ceci dit, idmuse a TELLEMENT raison. La sagesse même. ;)

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  4. Sylvie, doutons du succès de notre entreprise, mais ne doutons pas de notre valeur, ni de notre passion pour les mots, ni de notre besoin de les exprimer.

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  5. On devrait se pratiquer à un jeu, une journée sans question, pas une. Peut-être les réponses viendront-elles.

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