mercredi 15 avril 2009

Lecture inachevée

Il y a des livres comme ça, qui ne sont pas chanceux, ils passent entre deux activités lucratives. Ils y perdent en importance, en temps que je leur accorde. Je lis surtout le matin, en déjeunant, parfois plus tard, en marchant sur le tapis roulant. Alors forcément, les jours où je dois terminer un dépliant, développer un site internet, apprendre un nouveau logiciel... mon esprit est déjà ailleurs.

Donc Le livre de Joe de Jonathan Tropper, commencé dans l'enthousiasme, traîne sur la table au milieu des miettes et des traces de café, et ce, depuis bien trop de jours. Un livre dont j'ai encore oublié comment il a atterri sur ma liste de demandes à la bibliothèque, mais qui, dès le début, m'a coupé le souffle. Une fellation à la quatrième ligne, il y a de quoi restée interloquée, avouons-le. Retenir l’idée : frapper fort. Je lis donc d'une traite les quarante premières pages et puis, bang, à la page 41, je dis à haute voix: « ah! non! ». L'auteur raconte l'histoire d'un écrivain qui publie un best-seller. Eh! bien, à cette page 41, voilà que le lecteur, heureusement solidement accroché au roman, a droit à l'autre roman, celui écrit par le personnage. Facile à repérer parce que typographie différente, je feuillette pour voir si c'est occasionnel ou si le procédé revient. Il revient.

J'ai fermé le livre quelques jours, comme une punition pour m'avoir déçue. Depuis qu'une directrice littéraire recule l'échéance de publication parce que dans un de mes manuscrits, elle décroche entre deux parties, on dirait que je vois des possibilités de décrochage partout. Comme le style et l'histoire me plaisent, j’ai repris. J'aime le ton aussi. Je pourrais avoir certaines difficultés avec cet hyperréalisme qui fait que le lecteur a le droit aux noms de rues, aux noms de restaurants, mais ça fait américain, dynamique.

L'un des inconvénients de mon statut d'écrivain (...) est que je semble devenu incapable d'habiter pleinement le moment présent. Une partie de moi-même demeure toujours en retrait, à analyser, à recherche le contexte et le sous-texte, à imaginer comment je décrirai l'instant une fois qu'il sera passé.
Juste à lire ce genre de phrase qui me sied comme un gant, il est certain que j'ai poursuivi ma lecture, ne serait-ce que pour en trouver d'autres semblables. À chaque retour à « l'autre livre », celui du personnage, petit recul, arrêt qui se prolonge chaque fois un peu plus. D'autant que j'ai des travaux de graphisme à produire et un terrain à gratter…

Le finirai-je ce livre? En tout cas si je ne le termine pas avant de le remettre à la bibliothèque, ça ne veut pas dire qu'il est inintéressant, c'est que ma tête est ailleurs.

6 commentaires:

  1. J'ai eu un coup de coeur l'année dernière pour Le livre de Joe... J'ai vraiment adoré ce bouquin! Meilleure chance la prochaine fois...peut-être! ;o)

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  2. J'ai surtout dit qu'il n'était pas chanceux, il tombe dans un temps où je ne suis pas dans le "mood" pour l'apprécier.

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  3. Ce livre m'intrigue....tu as quand même aiguisé ma curiosité..

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  4. Moi, je suis d'avis qu'il ne faut pas se forcer à terminer un livre si le coeur ne nous en dit pas. Il y en a tant à lire, le choix est infini!

    J'ai adoré le texte en retrait. En effet, lorsqu'on écrit, notre vision de la vie change. Nous analysons davantage les événements, les actes, les motivations des gens qui nous entourent.

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  5. Je vais finir par le finir si je peux prendre le temps, c'est que j'ai hâte au moment d'après. Comme je ramasse des framboises en lorgnant sur une meilleure talle à côté, je vis ma vie par anticipation.

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  6. Un peu bousculée, je viens enfin vous faire une p'tite visite...
    En général, je lis un livre jusqu'à la fin.. En même temps, "mon fournisseur" c'est ma mère.. Une présélection.. :)
    Je déroule un peu les billets et je reviens..

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Les anonymes: svp petite signature