lundi 7 septembre 2009

Accepter l'abondance

En ouvrant le carnet d’Andrée Poulin, la photo m’a d’abord sauté aux yeux, comme chaque fois. Ce qui fait qu’on se fait une idée, avec le titre avant même de lire. C’était la photo d’un motorisé. Dans les véhicules récréatifs (VR), il y a différents types. La photo du motorisé d’Andrée est un classe A.

Comme je fais du caravaning, j’ai un classe B (plus petit donc que A), je me suis sentie interpellée dès le début, j’ai donc lu avidement. J’ai toujours fait du camping. Au début de la vingtaine, en tente, parce que je n’avais pas les moyens de coucher dans les hôtels. Et puis, finalement j’ai aimé le mode de vie : le plein air, les campings, la nature. Moi aussi j’ai rêvé de tout vendre et de vivre en VR. Je me souviens encore du livre de Madame Rollande Dumais, veuve, qui voyageait dans son classe C, à plein temps. Je me disais « à ma retraite » jusqu’à temps qu’une amie me dise : « pourquoi tu attends à ta retraite, tu peux mourir demain, achète-toi plus petit et vis ton rêve tout de suite ». Ce que j’ai fait, j’ai vendu mon auto, me suis achetée une petite camionnette et j’ai fait faire une caravane portée sur mesure. Je l’ai eue pendant quatorze ans. Un jour, j’ai décidé de faire un essai : combien de jours je pouvais vivre dans ma caravane tout en voyageant, je verrais bien si je suis du genre « full-timer ». J’ai tenu 44 jours. J’ai compris que j’avais besoin d’un port d’attache, d’un lieu où je pouvais laisser mes traces. Comme à chaque retour par contre, la maison me paraissait bien grande et j’ai su que je pouvais très bien vivre dans plus petit et avec bien moins d'objets. On finit par apprendre qui on est et ce dont on a besoin. Faut dire que je suis ascendant Verseau, il paraît que le matériel n’est pas très important, qu’on y attache moins d’importance que d’autres. Et puis je ressemble à mon père pour qui un livre est plus important qu’un matelas !!! Ça vous donne l’image.

Le billet d’Andrée Poulin s’orientait vers le paradoxe entre le rêve fou d’en posséder un tout en vivant la simplicité volontaire.

J’ai réglé cette question une fois pour toute en me demandant ce que je ferais si je gagnais à la loterie : comment vivrais-je si j’avais trois millions et même juste un. Et il a bien fallu que je me rende à l’évidence : je vivrais de la même façon mais sans travailler, sans me sentir inquiète financièrement et sans culpabilité de vivre dans l’abondance. On a le droit aussi de vivre dans l’abondance. Il faut se demander si on vit dans la simplicité volontaire parce qu’on n’a pas les moyens de vivre autrement. Alors pour me donner bonne conscience, j'ai décidé que vivre la simplicité volontaire, c'était vivre selon mes moyens. Sauf que... avec un million, j’aurais tout du neuf : terrain neuf au bord de l’eau, maison neuve en bois rond (24 x30 avec mezzanine me suffirait), VR neuf mais pas un gros, un classe B+ parce que c’est celui-là que j’aime. La simplicité volontaire, l’écologie, l’alimentation bio, c’est un concept qui s’est développé tranquillement pas vite, et c’est comme l’informatique : plus facile pour ceux qui sont nés « dedans ». À regarder les gens vivre autour de moi, chacun finalement vit à sa manière selon ses choix, sa personnalité.

L’important c’est de se sentir bien. Et pas coupable d’être ce qu’on est et d’avoir ce qu’on a.

(photo: mon Pruneau à moi, un classe B de 1995)

3 commentaires:

  1. Je suis verseau et bien entourée de matériel. Par contre, sur mon échelle de valeurs, l'humain passe avant tout ce matériel que j'aborde comme un outil. Jamais comme une façade ou pire comme une compétition de façades ! parce que est-ce croyable, mais ça se peut qu'on se mesure à la quantité de matière que l'on a plus que l'autre. Assez désolant merci. Mais je ne tomberai pas dans l'excès contraire, me priver pour me dire que je consomme moins. Je me rends de plus en plus compte que nos ancêtres savaient donc recycler ! Ils ne faisaient que ça et avec fierté en plus ! Alors, je recycle de plus en plus par goût.

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  2. Ah vivre sans travailler... c'est ce que je ferais aussi avec un million! Et je ne changerais même pas de maison (et pourtant, je suis Cancer, pas Verseau :p).

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  3. Hé Claude!
    Si je gagnais à la lotterie, je ferais la même chose que vous! Je changerais bien peu de choses à ma vie.

    Ça doit donc vouloir dire qu'on n'est pas trop malheureuses..
    Andrée

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