mardi 20 avril 2010

La conférencière


Plus facile de parler des autres que de soi. Parler professionnellement je veux dire. Toujours l’impression que c’est se vanter. Il faudrait que je fouille un jour cet aspect de la promotion, de l’information : pourquoi certains articles me dérangent et pas d’autres, est-ce que ça dépend des personnes citées ou de la façon dont c’est écrit? Question d'image, d'authenticité?

Donnons d’abord l’information brute : le jeudi 22 avril, L’atelier littéraire des Outaouais présente l’auteure Claude Lamarche. Au début, je croyais que j’allais m’asseoir avec quelques membres, cinq ou six, d’un atelier littéraire et jaser de biographies. Ce que j’ai déjà fait. Mais non, vraie conférence avec présentation, causerie, échange de questions, clôture, petit goûter. Devant une trentaine de personnes probablement.

Moi, conférencière? Non que ça m’énerve de parler devant un groupe, je n’ai jamais eu cette gêne. Non que je ne sache pas de quoi parler, et je n’ai aucune difficulté à improviser, même si j’ai commencé à préparer un plan et à noter plusieurs idées. Non, mais moi, parler de biographies, comme si j’étais une biographe reconnue. Oui, j’aime les biographies; oui, j’ai publié Jacques Lamarche, un homme une époque; à la limite je pourrais aussi dire que mon livre Visions de la Petite-Nation qui présente 17 artistes peintres est une mini-anthologie de biographies; eh oui, mon prochain roman qui paraîtra peut-être un jour raconte la vie de mon ancêtre, mais de là à ce qu’on m’invite pour donner une conférence!

Ce n’est pas tant le sujet finalement que l’ampleur de la réunion qui m’impressionne. Et puis, non plus puisque c’est une réunion fermée au sens ou le public n’est pas invité, c’est un groupe de personnes qui font partie d’un atelier littéraire. Des gens qui aiment écrire leurs souvenirs, qui souhaitent en apprendre un peu plus sur le sujet. J'ai quand même aidé deux ou trois personnes à publier leurs souvenirs. Et pour me sentir à la hauteur, je minimise l’événement. Je le mets à ma portée. Ce qu’il est quand même. Je ne vais pas parler devant des universitaires. Ou à l’auditorium d’un cégep. Juste des personnes qui suivent un atelier littéraire. Me semble que je ne suis pas du bon bord, je devrais être dans la salle pour écouter la conférencière.

Donc si ce n’est pas l’incompétence, c’est quoi? Ça doit venir probablement de ma sempiternelle estime de moi. Comme si quelqu’un s’était trompé sur mon compte. Comment on dit déjà : le syndrome de l’imposteur?

Ce billet est donc plus une affirmation de soi, qu'un communiqué de presse. Un travail sur ce petit démon qui me retient à un vieux sentiment enfantin. Parce qu’au fond, pourquoi vous dirais-je que je vais donner une causerie puisque vous ne pouvez y venir? Pour secouer cet imposteur. Pour prendre ma place. Pour chasser la petite peur qui n’était pas là quand j’ai dit oui, j’accepte. Pour faire une femme de moi. Une conférencière finalement.

(photo de la conférencière!)

11 commentaires:

  1. Allez, rassure-toi, tu es capable et tout va bien se passer. Quand un sujet t'intéresses, tu es intarissable; sans compter que tu es intéressante, amusante et captivante à écouter.

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  2. Anonyme: comment vous savez ça, vous? Anonyme genre AM ou RM?

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  3. @ClaudeL : Foutu imposteur! Rien à faire : il nous attend à tous les tournants!

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  4. À Gen: oui, mais une fois qu'on l'a débusqué, qu'on sait d'où il vient le petit sacripan, je lui tords le cou, au besoin je lui lance un cri de guerre, plus strident que votre petit cri de victime au plancher(!) et ce n'est pas lui qui va m'avoir, je le regarde bien en face et le renvoie d'où il vient.
    Jusqu'à la prochaine fois. Le tout est de le voir venir.
    Quand même il a tout de même l'avantage qu'on ne se prend pas pour une autre.

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  5. Chère Claude,
    Je vous offre le conseil que ma soeur me répète souvent: Analyse pas autant et plonge!
    Andrée

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  6. À Andrée: on me dit aussi souvent: "ton esprit a le droit et même le devoir de prendre des vacances."
    On peut quand même pas plonger à chaque seconde! Faut respirer des fois ou se demander pourquoi on a le hoquet. Je me dis que ça fait partie du trac d'avant la première. Ou le stress d'avant la réception. Une fois dedans, on oublie tout et c'est là que je plonge et ma foi, je nage très bien. À ce qu'on dit.

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  7. Je suis certain que ton atelier sera apprécié. Tu es facile d'accès et l'interaction va de soi, tout naturellement.
    Tu viendras nous conter ta soirée :)

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  8. À Pierre: Le pire c'est que je sais que je vais être bonne et que la causerie sera appréciée, cette confiance, je l'ai. Et même si ce n'est pas bon, personne ne me le dira. C'est ailleurs le problème. Du genre tu as tellement de refus, tu as si peu de demande dans ce domaine que tu finis par croire justement que t'es pas bonne. Alors quand on te demande, tu es surprise et hélas, tu te poses presqu'autant de questions que lorsque le téléphone reste silencieux. Les acteurs doivent avoir la même impression.

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  9. S'affirmer n'est pas se vanter ! Ce sont des occasions comme celles-là qui se présentent pour nourrir notre estime de soi.

    Bonne conférence et bonne dégustation d'estime de soi !

    En direct du gîte Wanta-Qo-ti (sérénité en langue amérindienne) de Escuminac en Gaspésie.

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  10. Alors, qui a gagné? Toi, la vraie Claude qui a des choses intéressantes à dire ou le petit démon qui essaie de lui faire gober le contraire?
    J'espère que tu as vécu un beau moment.

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  11. Karuna: réponse dans le billet du 23 avril.

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Les anonymes: svp petite signature