samedi 27 novembre 2010

Ce sera Vents d'Ouest


Quand j’ai lu cette phrase dans un premier courriel : « […] ton roman recèle suffisamment de qualités pour que nous poursuivions le travail à cet effet. », j’étais contente bien sûr, ce n’était que le deuxième éditeur sur onze qui semblait intéressé à mon roman, mais, après les efforts déployés et la présentation de trois versions améliorées avec le premier éditeur pour n’aboutir à rien, je me méfiais. J’ai appelé, j’ai senti l’ouverture, j’ai même osé proposer que Louise Falstrault fasse l’illustration de la couverture, ce qu’il a accepté facilement.

J’ai réfléchi, j’avais déjà publié chez un éditeur « régional » pour un maigre 400$ et un pilonnage après trois ans. J’aurais voulu Montréal, plus d’exemplaires, une possibilité de traduction. Je rêvais comme un jeune qui se croit plein de talents et veut s'inscrire dans les meilleures universités mais qui est confronté à la dure réalité de ses limites.
J’ai fait une liste des pour et des contre.

Les pour :
Mon livre sera publié, je pourrais passer à autre chose.

Il sera publié chez un éditeur de ma région, Vents d’Ouest, où je connais une bonne partie des intervenants : le directeur littéraire Jacques Michaud dont j’ai tellement aimé le Marie-Clarisse, le graphiste, Claude Bolduc, dont j’entends souvent parler, dont je lis les commentaires sur les blogues mais à qui finalement je n’ai jamais parlé. Meilleures relations, plus rapide pour moi d’aller à Gatineau que de me rendre à Montréal.

Le lancement aura lieu dans ma région, il devrait y avoir plus de monde, d’autant que je suis membre de l’Association des auteurs et des auteures de l’Outaouais.

La promotion se fera surtout dans ma région où je suis quand même plus connue (si peu) que dans le grand Montréal.

Louise Falstrault pourra faire l’illustration de la couverture parce que l’éditeur aime bien encourager des artistes de la région, ce qui ne serait sûrement pas le cas chez un autre éditeur.

Les contre :
Adieu mon rêve d’être publiée dans une « grosse » maison d’édition montréalaise qui, selon moi, aurait vendu plus de livres parce que meilleure promotion, plus grande visibilité.

Je n’ai pas grand chance que mon livre soit vu au Salon du livre de Montréal, Vents d’Ouest n’y a pas de kiosque, alors que mon roman porte sur des personnages qui ont vécu à Saint-Henri.

Pas grand chance que mon livre soit traduit alors que les anglophones aimeraient sûrement cette histoire d’ancêtres irlandais.

Les pour l’ont emporté, surtout parce que je n’avais pas envie de recommencer à attendre, recommencer à envoyer mon manuscrit.

Et enfin…

Enfin, mon manuscrit sera publié. Il ne ressemble plus en rien à ce qu’il était au début, mais il deviendra un livre.
Enfin parce que la première fois que je l’ai envoyé à des éditeurs, c’était en octobre 2006 après deux ans de recherches et d’écriture, donc six ans sur la même histoire, sept quand elle sera publiée, ça suffit.
Enfin, je vais penser à autre chose, quoique encore un peu de révision, encore un peu d’attente, la parution, le lancement, la promotion…
Enfin, parce que je n’y croyais plus surtout après qu’un premier éditeur qui lui aussi avait eu l’air intéressé au point où il avait corrigé, il avait donné mon manuscrit à sa directrice littéraire. Trois versions rien qu’avec ces deux personnes-là.
Enfin, parce que j’ai suivi deux ans d’atelier littéraire et une session intensive d’une semaine toujours avec les mêmes textes, la même histoire et je ne voyais plus comment je pouvais l’améliorer. Seulement la poursuivre puisque j'ai du matériel pour des tomes subséquents.
Enfin, je peux me réjouir quoique ce n’est pas l’enthousiasme, la grande joie, le frisson, les hauts cris, le débordement des Ah! et des Yé! ou des Youppie! Je suis pourtant signe de feu et fille impulsive. Je ne veux pas trop savoir pourquoi je ne saute pas au plafond. Je ne veux pas avoir hâte. Seulement vivre chaque étape dans le plaisir. Ce matin, écrire ce billet, demain commencer la révision (mineure en comparaison à ce que j’ai déjà fait), ensuite, on verra.

Il est certain que je flotte quand même un peu beaucoup, je ne vois pas les malheurs des autres, je me fous du verglas, je ne sais pas s’il fait moins trois ou plus quinze, si le gouvernement est encore dans la m… et je ne m’intéresse plus qu’à une seule maison d’édition : Vents d’Ouest!

Mise à jour: Ouest avec une capitale dans Vents d'Ouest
(logo empruntée à l'association des éditeurs de livres
www.anel.qc.ca)

28 commentaires:

  1. Toutes mes félicitations! Ton bonheur fait plaisir à lire. Allez, profite du moment, tu l'as bien mérité... :)

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  2. Bravo. Ton travail est enfin récompensé. Tu as de quoi être fière. J'ai hâte de te lire.

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  3. Merci Elisabeth. Je n'ai jamais beaucoup aimé le mot "mériter" qui fait trop judéo-chétien pour moi, mais si la persévérance va de pair avec mérite, alors oui je veux bien, parce que dans mon cas, c'est vraiment une question de persévérance qui fait plus joli qu'entêtement.

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  4. Merci Lucille. Ça me fait un peu peur que les gens aient hâte de me lire. L'attente risque de mettre la barre haute. Quand on écrit, on ne pense pas vraiment à "j'espère que les gens vont aimer". Mais rendu là, la lecture ne m'appartient plus, moi j'aurai fait ma part.

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  5. J'ai l'air cynique, non? Probablement la peur de décevoir, de ne pas "mériter" toutes vos félicitations.
    Mais ^ca c'est mon dedans. Vous verrez, mon dehors, lui, il est fier, sûr de lui, sans être baveux non plus quand même.

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  6. C'est sûr que le rêve est parfois fort différent de la réalité... Mais réjouis-toi, ton projet verra enfin le jour, il sera enfin publié! Ça vaut tout de même beaucoup mieux que de rester dans un tiroir, non? Et, au risque de te donner des sueurs froides... J'ai hâte de lire ça! :D

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  7. Après 6 ans, il est normal que la vapeur soit en baisse. Tu l'as bien méritée (la publication du livre).

    Il y a à peu près 6 ans j'avais envoyé un manuscrit (album pour enfants) Je n'ai eu que des réponses négatives: soit que les maisons d'édition ne publiaient pas d'albums pour enfants ou n'en publiaient plus. Manque d'expérience de ma part. Maintenant, à fréquenter les blogs j'en sais un peu plus.

    Il y a deux ans, j'ai envoyé un manuscrit de haïkus dans une maison de l'Outaouais dont je connaissais la directrice pour cette section de l'édition car j'avais suivi un cours avec elle.
    J'ai été refusée. Mais la personne en question porte le même nom que moi et publie des livres.
    Peut-être, est-ce à cause de cela enfin c'est ce que j'ai pensé, après.
    J'y avais pensé avant mais...j'ai essayé.

    Je m'y remettrai peut-être.
    On a beau lire, c'est difficile de savoir ce qui peut plaire.

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  8. Merci Isabelle. Sueurs froides? Non, non, je vais m'y faire. J'ai dix mois encore pour m'habituer à l'idée qu'il y aura des lecteurs qui ne sont pas des correcteurs, hihi.

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  9. Bon j'écrivais pendant que d'autres avaient écrit et j'ai employé le vilain mot. Ra! Ra! sur les doigts.

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  10. @Ginette: moi j'ai même envoyé mon manuscrit à l'éditeur qui publie UN Claude Lamarche (Le coeur oublié). Il s'est bien aperçu que ce n'était pas "son" Claude. Il a refusé le manuscrit mais pas parce que je portais le même nom.

    Et ce qui peut plaire à un ne plaira pas à l'autre. Personnellement, j'écris ce que moi, j'aime.

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  11. @Ginette: le mot "mérité" me titille moi, probablement parce que je suis de la génération qui l'entendait à tous les jours dans la bouche des religieuses qui m'ont enseigné, mais ça n'en fait pas un vilain mot.
    Dans ma tête je le traduis en "ne boude pas ton plaisir".

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  12. Je trouve ça génial moi ! Félicitations !

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  13. Aah heureuse nouvelle. Toutes mes félicitations.

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  14. J'aime votre enthousiasme, il est contagieux. À bien y penser, j'ai oublié de me féliciter, alors merci de remplir ma "boîte à caresses" comme disent les artistes peintres que je côtoie.

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  15. Bravo pour cette publication ! C'est toujours une joie intense d'arriver au but qu'on s'est fixé. Et tout comme Isa, j'ai hâte de te lire, moi qui voue une véritable passion pour l'Irlande !

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  16. Claude, ne rate pas ce rendez-vous avec la fierté, ce serait trop dommage. Tu as persévéré, tu as tenu le coup, ce n'est pas rien et tu ne le dois qu'à toi-même. Je suis très contente pour toi. Je vais te lire, c'est certain. Garçon, champagne!!

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  17. Vent d'ouest a quand même une réputation d'estime dans le milieu littéraire si je ne m'abuse. Et ils sont présents au Salon du livre au kiosque de Prologue.

    Allez, je vais prendre un verre de vin nouveau à ta santé moi! :) .... heu... je viens de voir l'heure... un café plutôt...

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  18. @Audrey: tu nous diras un jour pourquoi tu voues une passion pour l'Irlande.
    @Karuna: rendez-vous pris: je suis fière je suis fière je suis fière je suis...

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  19. @Gen: Contente de savoir que la réputation de Vents d'Ouest dépasse les frontières de l'Outaouais. En tout cas, je vais la nommer assez souvent que dans un an, on va peut-être me dire: OK c'est assez, on le sait!
    En tout cas j'ai la permission de l'éditeur d'en parler autant que je veux et j'ai déjà commencé ici sur ce blogue, dans le forum de la FQCC et dans la parenté éparpillée aux quatre coins de la province.

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  20. Je commence déjà à me répéter: deux fois "en tout cas"! C'est visible que je suis encore énervée. Oui, c'est ma façon d'être contente, d'être enthousiaste, je suis énervée (pourvu que je ne devienne pas énervante)!

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  21. Claude,
    L'avantage de publier chez un petit éditeur, c'est qu'on n'est pas un numéro... On a un contact direct avec toute l'équipe, on peut mieux dire ce qu'on pense, il y a plus de chance d'être écouté et... et...c'est plus chaleureux!
    Bravo pour cette publication!

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  22. @Andrée, tu as sûrement raison, d'autant que tu parles en connaissance de cause.

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  23. bravo! Je peux seulement te dire que ma marraine d'écriture a remporté le prix Arthur-Ellis avec un bouquin chez V-O (Anne-Michèle Lévesque).

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  24. J'ai fouillé et j'ai vu. Peut-être pas le prix Arthur-Ellis parce que j'ai des morts mais pas de meurtres ni grands mystères. Mais je n'exclus aucun prix.

    Une marraine d'écriture, j'aime bien le titre.

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  25. Avec un peu de retard sur les autres...bravo, félicitations et tout le tralala...j'ai bien hâte de te lire aussi! C'est un accomplissement en soi d'avoir terminer un roman et de le faire publier. Je te souhaite de profiter et vivre chaque moment jusqu'à sa publication.

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  26. Je te comprends. Les auteurs parlent beaucoup du syndrome de la page blanche, mais il y a pire: le syndrome de l'orphelin! Un manuscrit sans éditeur, c'est tellement triste!

    Lorsque nous procédions au travail éditorial de mon premier roman, j'étais sur le point de compléter mon second. Je l'avais donné à ma directrice littéraire qui, perplexe, m'avait tout simplement lâché: "Tu penses pas que tu serais mieux de finir le premier, à la place?" Ça ne me dérangeait pas d'en travailler deux à la fois. Mais elle, pour sa part...

    Bref, je la croyais réticente à mon second manuscrit. Si bien que j'ai tâté le terrain avec quatre autres éditeurs, et si Leméac avait démontré un léger intérêt, les autres l'ont rejeté du revers de la main. Leméac a suivi. Échec total.

    Ça m'a rongé de l'intérieur pendant un an. Je croyais que j'étais l'écrivain le plus ennuyant du monde entier. Jusqu'à ce que mon éditeur m'appelle, un an plus tard, pour me dire qu'ils ont adoré et qu'ils veulent le publier.

    Je comprends donc ton soulagement. Nous sommes au milieu du travail éditorial et jamais n'ai-je été aussi ouvert aux suggestions des autres! Comme tu dis: il sera différent du premier jet, mais au moins, il existera. Publié à Montréal ou pas, on s'en tape, rendu là. Tu as probablement mis tant d'efforts là-dessus que ç'aurait été épouvantable de le réduire à un fichier Word sur ton laptop.

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  27. @l'auteur de ce blog: tellement vrai. Merci de ta visite.

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Les anonymes: svp petite signature