Il est tellement infidèle que je refuse de tant l’aimer. De m’y attacher au point d’en devenir dépendante. Il n’est ni mon maître ni mon dieu, seulement mon amant attendu. C’est déjà beaucoup lui accorder d’importance.
Je refuse d’être triste quand il s’absente, pourtant je le suis souvent, de n’être sourire qu’en sa présence. Je me fais même croire que j’y suis indifférente, que je ne l’aime pas. Pourtant, quand il arrive au petit matin, après quelques jours d’absence, je l’accueille avec plaisir, je me blottis contre lui, je lui présente tout mon corps.
Il m’enveloppe, il me séduit, je me laisse aller. J’accumule des réserves pour les jours où il repartira. Parce qu’il repart. Trop souvent. Je voudrais ne pas lui en vouloir, mais je lui en veux. Je voudrais ne pas tant l’attendre. Certains jours, même présent, il est distant, il me regarde à peine. Je m’en veux de succomber au moindre de ses retours. J’essaie d’être froide et calculatrice, de compter ce qu’il me doit, de lui reprocher ses déficits.
Parfois, n’en pouvant plus de l’attendre, je vais le rejoindre, là où il est, comme on rejoint un homme marié, je m’abaisse à toutes les demandes : de revenir, de rester plus longtemps.
Parfois, au bord d’une plage, il réussit encore à m’émouvoir, à me faire pleurer tellement je l’aime.
Et quand il repart vers d’autres cieux, je me promets de ne plus tant l’aimer.
Le soleil, mon amant attendu.
(source photo: Claude Lamarche)
Ce n'est pas me oignons de demander d'où tu tires ton inspiration.
RépondreEffacerJe peux par contre dire que le texte est magnifiquement écrit. Si c'est pas de l'écriture sentie, je sais pas ce que c'est.
Tout ceci me rappelait quelqu'un.Il n'y a pas si longtemps. Surtout pour l'attente.
RépondreEffacerIl faudrait que tu lises "Nulle part ailleurs" de Sabica Senez. Je vais écrire un billet bientôt. Je l'économise. Pas l'attente d'un amant mais l'attente de père.
L'attente quand même. Superbe. Comme j'aime. L'écriture me ressemble.
@Frost: C'est en me promenant sur une plage de Georgie (ou Caroline du sud, je ne me souviens plus trop), après une nième journée de soleil consécutive que j'étais tellement émue que j'ai compris que le soleil, je l'aimais, même si, ici, au Québec, je m'en défends bien parce que je ne veux quand même pas que ce soit lui qui me dicte mes humeurs. Ce qu'il fait trop à mon goùt.
RépondreEffacer@Ginette: attente d'un père réel? Tandis que moi ce fut plutôt attente d'un amant symbolique: le soleil.
RépondreEffacerJe lirai votre billet avec plaisir.
Excusez-moi. Mes yeux ont lu trop vite.
RépondreEffacer@Ginette: À ne pas vouloir le révéler trop vite, à ne pas qu'il se dévoile trop facilement... je crois que j'ai manqué mon "punch".
RépondreEffacerJe vais repenser à la fin.
@ClaudeL : Tu me donnes le goût de partir quelque part où il brille en tout cas!
RépondreEffacer@Gen: l'an dernier en Espagne où il brille 320 sur 365, nous avions eu une avant-midi de pluie sur 29 jours
RépondreEffacerCette année: 16 jours sur 18 de ciel bleu. Ce qui ne veut pas dire des 25Celsius par contre, on a eu des 10 à Myrtle Beach, ce qui nous a décidé à aller plus au sud.
Un amant qui se fait désirer au Québec!
Le Soleil peut servir de symbolique pour bien des choses. Et toutes ces interprétations sont hors du contrôle de l'auteur!
RépondreEffacerGinette n'avait pas lu trop vite, elle avait lu selon son horizon. C'est tout à fait louable et ce devrait être une compliment pour l'auteur de voir que les lecteurs font leur propre interprétation d'un texte.
@Frost Blast: merci de cette interprétation. Je suis du genre à me jeter la pierre en premier, me dire que c'est de ma faute si le lecteur n'a pas compris, c'est moi qui avait mal écrit.
RépondreEffacerVotre façon de voir l'horizon du lecteur me rassure.
Très beau texte, Claude, mais il y a quand même quelque chose qui m'a déplu: j'ai découvert qu'on a le même amant!!! lol
RépondreEffacer@Karuna: ouf, je me demandais bien. Ça ne me surprend pas, c'est comme le père Noël: il est bien en demande cet amant. Je serais bien prête à le partager à condition qu'il reste chez nous aussi longtemps que dans le sud, que je n'aie pas besoin de toujours courir après, 30 heures de route, c'est de plus en plus difficile pour aller le voir.
RépondreEffacerJ'ai beaucoup aimé ce texte. Plus je découvre ce blog, plus je l'apprécie. Alors, je vais y aller doucement, au lieu de tout lire en diagonale comme je fais parfois, je vais savourer cette friandise inespérée.
RépondreEffacerEt me garder un petit moment dans la journée pour y revenir, tout explorer patiemment, dans l'espoir d'y découvrir d'autres pépites.
Merci
@bluenaranja: Dans cette grisaille entre neige et pluie, c'est vous, mon rayon de soleil, ce matin.
RépondreEffacerJolie nouvelle ! Bravo, Claude :)
RépondreEffacerL'anonyme, c'est moi, Michèle.