mardi 9 octobre 2012

De l'apport à la société


Grosse question en ce petit matin frisquet d’octobre : quel est mon apport à la société? Pas dans toute ma vie, parce qu’à la limite, je pourrais trouver, mais là, maintenant, et dans les années à venir? J’en suis là. Je ne croyais jamais avoir à chercher ce genre de réponse. Me poser la question, oui, je crois bien être la plus grande poseuse de questions à vie. Déjà en FM1 (Formation des maîtres, première année), dans le cours de philosophie, mais bon, c’est une autre histoire. 

Le matin, je me promène ici et là dans les blogues, sur Facebook et longuement sur un forum de camping. Ce matin, ma question dans ce forum était qui est à la retraite, qui est libre de partir dans le sud six mois? En tant que travailleur autonome, j’ai le privilège de ne jamais me sentir à la retraite, de n’avoir pas à calculer quand je vais prendre ma retraite, mais n’empêche que je me sens un peu comme eux. De plus en plus comme eux : libre de mes journées, libre de partir ou non, libre de travailler ou non. Je reçois ma RRQ et dans quelques années qui se comptent sur les doigts d’une seule main, ma pension. Alors veut veut pas, je ne me sens plus comme à 30-40 ans quand ma question était la même : qu’est-ce que j’apporte à la société? mais dans ces années-là, la réponse tendait vers le quand est-ce que je vais pouvoir écrire mes mots à moi plutôt que de m’occuper des mots des autres? 

En regardant ce que je lis, en notant ce qui m’intéresse, en observant les travaux que je réalise encore en graphisme ou les textes que je publie sur mon blogue, force m’est d’admettre que je ne m’en vais pas dans la direction de laisser une trace bien importante dans le monde de la blogosphère, du langage du web ou du monde de l’édition. Et si même petite trace il y a, elle s’estompe et sera bientôt effacée par le raz-de-marée des jeunes qui envahissent la plage de l’Internet ou des livres. 

L’important, ce n’est pas tant de calculer mon apport à la société, mais de savoir comment je me sens, à cette étape-ci de ma vie... professionnelle du moins. C’est la transition que je trouve questionnable, ce temps où je suis assise entre deux chaises, entre le temps où je voulais être importante, où je me pensais indispensable à un travail et ce temps où je peux jouir de tout mon temps libre sans me sentir inutile. J’en suis là, entre ces deux étapes. À me demander à quel pourcentage j’ai raté ou réussi ma vie, professionnelle toujours, et à ne pas vouloir déjà faire le bilan, ce qui signifierait que je suis de l’autre bord de la clôture : allez tasse-toi, tu n’as plus d’affaire ici. À me demander où s’en va mon blogue, parce que je crois bien que je continuerai toujours d’écrire, mais peut-être devrais-je me contenter de parler de camping, de voyage, de photos et peut-être que mon lectorat sera plutôt… des retraités? Être heureuse d’apporter ma petite contribution dans ce domaine. Et même pas, juste écrire pour le plaisir, parce que j’aime ça. 

Je ne suis plus de la course, admettre que je ne l’ai jamais été et que ce n’est pas grave. Je ne serai jamais une chroniqueuse payée ou même sérieuse, au sens où j’écrirais dans les règles de l’art du monde de l’Internet, comme j’aurais voulu l’être quand j’ai commencé ce blogue, il y a bientôt quatre ans. 

Oublie ça et n’en sois pas triste ni amère. Tu as mieux à vivre. Et ton apport à la société? Vis et aime, c’est déjà un projet bien ambitieux.

Et vous, pensez-vous à votre apport à la société?

Lien: comment écrire pour le web>>>

(photo de l'auteure)

6 commentaires:

  1. Je ne suis peut-être pas à l'âge de recevoir ma RRQ ou ma pension, mais je te lis et je me questionne aussi sur ma contribution à la société. Puisque j'ai eu des enfants, je considère qu'une part de moi perdurera, et un gros but de ma vie est accompli. Maintenant, je fixe sur la publication! J'estime que ta curiosité naturelle te gardera jeune éternellement, peu importe les sujets que tu choisis de traiter par tes écrits.

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  2. Il est certainement légitime de se poser des questions sur son utilité. Mais je crois que ça tient à plus que notre cv. Je pense qu'on sous-estime beaucoup à quel point on peut être utile sans s'en rendre compte. On peut influencer pour le mieux des inconnus que l'on croise à peine, dans la vraie vie comme en virtuel. Comment mesurer ça ?
    Par exemple, te lire me porte souvent à réfléchir. C'est toujours un plus pour moi, grâce à toi. Imagine si tu additionnes toutes ces étincelles que tu distribues depuis que tu es !! Ça ferait un beau feu de joie. :))
    C'est l'une de mes visions de la vie. Pas obligé que les autres la partagent. ;)

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  3. À Hélène: je n'ai pas d'enfants, peut-être pour ça que je regarde souvent derrière moi si j'ai laissé des traces.

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  4. À Sylvie, je viens de lire ton billet sur ton blogue. Quand même plus facile de comptabiliser son utilité professionnelle que personnelle.
    Je te fais réfléchir et tu m'as fait pleurer, on est quitte?

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  5. Difficile de mesurer son "apport à la société"! Juste le fait d'écrire et de le partager me semble déjà un appport important. En tout cas, tes textes m'apportent toujours quelque chose. Quant à moi, je me questionne parfois bien sûr, mais il suffit que de temps à autre, quelqu'un témoigne de ce que je lui apporte sans m'en rendre compte, et le questionnement cesse pour un temps! Bonne journée chère dame!

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  6. Marico: du plus loin que je me souvienne, je me suis toujours posé la question. Mon père n'était pas sévère, ne nous demandait pas trop, pourvu qu'on réussisse nos études, il ne me demandait pas d'être première de classe, mais j'ai toujours senti, dans ses phrases et son exemple que notre vie devait être utile.
    Le billet origine surtout du fait qu'en vieillissant, du fait de me diriger vers des activités de loisir, vers des plaisirs tout à fait égoïstes, comme ne rien faire ou simplement lire ou voyager ou prendre des photos, si je suis encore utile puisque pendant une bonne partie de ma vie, mes choix étaient dictés par ce diktat.

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