Combien de temps pouvez-vous lire — un livre dois-je préciser
et non un article de journal, un commentaire sur Facebook, ou un billet de
blogue —, sans vous lever? Pour un café, pour répondre au téléphone, pour une
brassée de lavage? Dans mon cas, tout au plus une heure.
Deuxième question : combien de temps pouvez-vous lire,
sans avoir envie d’écrire parce que le texte lu vous souffle une idée pour
votre propre roman, de commenter ou de noter une phrase qui vous touche
particulièrement, d’aller voir dans un Atlas ou sur Google maps où est telle
ville décrite par l’auteur (e)?
Pire encore, résistez-vous à l’envie de mieux connaître
l’auteur(e), de lire sa biographie, de voir si il ou elle a écrit d’autres livres?
Et ce qu’on en dit?
Voici mes réponses en ce qui concerne le roman Yukonnaise de
Mylène Gilbert-Dumas avec qui je suis déjà « amie » sur Facebook, de
qui je lis régulièrement le blogue qu’elle écrit avec son âme sœur Elisabeth
Tremblay:
Déjà à la page 8, je m'attarde longuement à la carte et je repère les campings où je pourrais séjourner.
À la page 12, j’ai voulu savoir si le Baked Café de
Whitehorse existait vraiment. Sans me lever, j’ai étendu le bras, j’ai pris ma
tablette et j’ai cherché. Eh oui ! Me suis levée tout de même, me me suis
fait un café et je suis retournée à ma lecture.
À la page 53, j’ai examiné la carte fournie au début du
livre pour trouver Carmacks, comme ce nom n’y était pas, retour à la tablette
et dans Google maps , j’ai vu que le hameau s’est développé autour du Yukon
river, ça doit être beau.
À la page 74, j’ai voulu aller voir si la maison de
Maureen existait, j’ai plutôt bifurqué vers le Burton House writers retreat où
l’auteure a séjourné trois mois, avais-je lu à la fin du livre. Oui, je lis
souvent les remerciements et même l’épilogue avant même de commencer le roman.
Dans Google images, je suis un peu déçue de la maison, sans vouloir une maison
de bois rond comme au Québec, j’aurais aimé une maison de bois rond… comme les
camps de chasse du Québec !
À la page 115, je me demande bien pourquoi il n’y a pas
un vol Edmonton – Whitehorse, ce serait moins long que Vancouver - Whiterhorse, me semble. Je pense
sérieusement à me rendre au Yukon l’été prochain — non, non, pas en hiver comme
l’auteure, alors les détails techniques, comme les temps de vol, m’intéressent
et me font rêver.
À la page 149, j’ai senti le besoin de savoir jusqu’à
quel point le personnage secondaire, la narratrice, se confondait avec
l’auteure. J’ai visionné l’entrevue de l’auteure accordée en 2012. Je ne sais pas si
c’est là, mais j’ai appris qu’il y avait eu 82 demandes pour aller écrire dans
ce fin fond du Canada et de plus, Mylène Gilbert-Dumas a demandé l’hiver. Pas
notre hiver à moins 20 certains matins, mais à moins 20 le jour et plutôt moins
40 et moins 50 la nuit, cette nuit qui dure tout le jour ! Fallait-il ce
sacrifice pour obtenir un roman aussi réaliste et aussi bien documenté?
À la page 162, liste de noms, je veux tout voir sur une
carte. Je trouve que, mine de ne pas s’y attarder, elle décrit simplement les lieux. Ce qui me fait penser que je devrais peut-être ajouter quelques descriptions
dans mon manuscrit en cours. Devrais-je
me rendre à Varennes comme Mylène a fait la route Whitehorse - Dawson?
À la page 204, je me suis rappelé que le livre devra faire l’objet
d’un film. Je veux aller voir le Yukon avant que le film sorte. Certes, je ne
verrai pas le Yukon des froids de janvier, des aurores boréales, mais j’espère
voir au moins le fleuve, des maisons colorées et des cabanes de bois, les
montages ocre, les fleurs rabougries.
À la page 242, j’ai voulu savoir si la photographe
existait vraiment, je voulais voir ses photos, surtout celles prises en hiver
sachant que je ne m’aventurerai pas au pays des caribous, sur la route Dempster.
L’auteure me confirme que oui, elle s’appelle Romy Jansen et me fournit ce lien
que je m’empresse d’aller voir. D’où la photo pour ce billet.
J’ai enfilé les cent dernières pages, mon esprit me laissait
enfin tranquille. À la page 350, je suis revenue à la page 18 pour
une vérification : quelle bonne idée. Un tour de force qui dénote un
talent d’écrivaine aguerrie et expérimentée.
J’avais aimé L'escapade de Sophie Parent, mais la lecture ne m’avait pas donné envie de partir pour le Mexique, mais cette fois, oh ! que oui, je veux voir le Yukon. Peut-être, finalement, ai-je lu Yukonnaise parce que je savais aller au Yukon l’été prochain? Peu importe, j'ai quand même aimé le roman non seulement pour les lieux choisis mais bien plus pour l’histoire intéressante qui s’y déroule. L’auteure réussit à merveille à brosser un portrait nuancé de son héroïne. Ne tombe jamais dans le sentimentalisme niais. Une progression intelligente. Bien plus, c’est toute une région qu’elle nous fait connaître, nous fait aimer à travers les gens qui y vivent. Au passage, j’ai reconnu des comportements à la Émilie Bordeleau à qui l’auteure fait un clin d’œil, et aussi des tempéraments madelinots quand les gens ne combattent plus ni le froid ni le vent, et prenne le temps de goûter la liberté.
Enfin, bref, j’ai adoré.
Blogue de l’auteure et son âme sœur>>>