Ce matin, à deux reprises, on m'a demandé: « Nous donneriez-vous un tableau? » Un organisait un tournoi de golf pour le cancer, l'autre un vin et fromages et les profits allaient à un organisme pour enfants malades. Je suis tannée de ce genre de sollication. Artiste peintre professionnelle depuis treize ans, c'est le genre de question qui revient trois ou quatre fois par année. Au début, je donnais. Ensuite, j'ai plutôt emballé des cartes de souhaits. Je n'ai pas de reproduction, ni de giclée, mes tableaux commencent à 250$. Que faire?
Quand je demande, bien calmement, aux personnes chargées de trouver des cadeaux et des commandites, je leur pose la question: « donneriez-vous une journée de votre salaire, vous? » Parce qu'en fait, c'est ce qu'on me demande. Je suis une artiste professionnelle, je gagne ma vie en faisant et en vendant des tableaux, pour moi ce n'est pas un loisir, c'est assez difficile d'avoir un salaire décent surtout quand on vit des périodes économiques comme celle dans laquelle on est plongée présentement. « Oui, mais la visibilité que ça vous fait! » Je n'ai jamais reçu un client qui m'a raconté avoir «vu» mes tableaux dans ce genre d'événement.
La personne qui me considère un peu agressive au début, reste abasourdie, mais je prends la peine d'expliquer mon point de vue et souvent, les gens reconnaissent ne pas avoir envisagé cette façon de voir. Auprès des artistes peintres que je connais et avec qui on en discute, je suis presque partie en croisade.
Ce que je propose, c' est de donner un certificat cadeau. Ce certificat de 100 $ ou 150$ sert de rabais sur une oeuvre originale. Croyez-le ou non, les dernières années, j'ai donné une dizaine de certificats, une seule personne en a profité. Quelqu'un que je connaissais déjà. À se demander si les participants de tournoi de golf ou de souper bénéfice ne préférent pas des forfaits dans une auberge, ou un restaurant. Et même, je ne suis pas loin de croire que les cadeaux offerts lors de tels événements restent dans le fond d'un tiroir, quels qu'ils soient.
Tout de même, après discussion, j'offre mon certificat cadeau de 100$ et tant mieux si la personne qui gagne se fait plaisir en acquérant une oeuvre à... 100$ de moins.
Et j'aimerais bien choisir à qui je donne. J'ai gardé une cause, celle de la Société d'Alzheimer de l'Outaouais, non pas seulement parce que ma mère est décédée de cette maladie, mais surtout parce que la Société organise un encan où l'artiste reçoit tout de même 40% du prix de vente et, au départ, celui-ci a fixé un prix de base. Tout le monde y trouve son compte.
lundi 12 janvier 2009
dimanche 11 janvier 2009
Site ou blogue?
Je viens de réaliser que je suis en train de publier mon blogue comme j’ai publié quelques livres à droit d’auteur. J’écris, je corrige, je monte, je publie, je fais même la promotion, je surveille la distribution. Mais même problème qu’avec les livres publiés à compte d’auteur : pas beaucoup de lecteurs. Par contre, reste visible plus longtemps que trois mois dans les librairies et encore accessible un an après la publication et disponible au monde entier, le francophone en tout cas, alors que le livre (les miens, dois-je le préciser) est rapidement tombé dans l’oubli.
Le site est-il plus accessible au visiteur qu’un blogue? Les deux se complètent, pour l’instant. Mais pas gage de meilleure visibilité de l’un ou de l’autre. Il faut d’abord qu’il y ait intérêt des mêmes sujets. Par exemple, je ne découvrirai probablement pas les blogues où il est question de l’Irak, je ne cherche pas. Ils sont probablement plus nombreux que mes pauvres petits sujets d’écriture et de peinture. C’est bien connu, les arts sont des mal-aimés. Traités comme des passe-temps très souvent. Un loisir, au mieux une culture. Mais je ne vais pas jouer profil bas pour autant. Garder espoir.
Conclusion : aucune. Je continue. Et si je ne publie plus à compte d’auteur, je peux au moins facilement publier sur Internet. Et si je n’ai pas réussi à gagner ma vie en publiant à compte d’auteur, je ne crois pas non plus que je gagnerai beaucoup d’argent en publiant sur Internet. Qu’est ce que je fais ici, alors?
Je fais ce que j’aime : j’écris.
Le site est-il plus accessible au visiteur qu’un blogue? Les deux se complètent, pour l’instant. Mais pas gage de meilleure visibilité de l’un ou de l’autre. Il faut d’abord qu’il y ait intérêt des mêmes sujets. Par exemple, je ne découvrirai probablement pas les blogues où il est question de l’Irak, je ne cherche pas. Ils sont probablement plus nombreux que mes pauvres petits sujets d’écriture et de peinture. C’est bien connu, les arts sont des mal-aimés. Traités comme des passe-temps très souvent. Un loisir, au mieux une culture. Mais je ne vais pas jouer profil bas pour autant. Garder espoir.
Conclusion : aucune. Je continue. Et si je ne publie plus à compte d’auteur, je peux au moins facilement publier sur Internet. Et si je n’ai pas réussi à gagner ma vie en publiant à compte d’auteur, je ne crois pas non plus que je gagnerai beaucoup d’argent en publiant sur Internet. Qu’est ce que je fais ici, alors?
Je fais ce que j’aime : j’écris.
samedi 10 janvier 2009
Art et mode
Une sorte de déprime. Une remise en question en tout cas. Encore. Comme tous les créateurs en ont, j’en suis certaine. Que ce soit en littérature ou en art visuel, doit-on suivre la mode? La précéder? La faire? Et si on ne la suit pas? C’est simple, si on ne la suit pas, on ne vend pas. La question qui tue : crée-t-on pour vendre?
Dans le cas de Louise, oui. C’est son gagne-pain. Dilemme : dans la même semaine, un galeriste lui dit de faire ce qu’elle aime, d’être qui elle est et un autre lui retourne ses tableaux parce qu’elle ne vend plus depuis six mois, alors qu’elle est dans cette galerie depuis près de dix ans. Plus au goût du jour. La mode est au minimalisme. Celle de la décoration en tout cas. La clientèle est plus jeune, elle veut plus moderne, plus simple, une fleur, un arbre, presque abstrait. Le monsieur est un homme d’affaires et répondre aux besoins de la clientèle. Que faire? Changer de style, s’adapter? Dire que ce n’est pas un vrai galeriste, qu'il est là pour vendre non pas des oeuvres d'art mais des objets de décoration? Chercher ailleurs? Attendre que la mode revienne à son style?
D’où la remise en question. En art visuel, certes, tu peux évoluer, mais pas trop disent les galeristes, pour que les clients te reconnaissent. Ce rouge est ta signature. Ou cette sorte d’arbres ou cette texture. Louise admire Basque parce qu’il utilise l’huile pour ses paysages et peut tout aussi bien choisir l’encre de Chine pour des personnages. C’est d’ailleurs lui qui a dit : « en peinture, ce qu’il faut, plus que le talent, c’est de la persévérance ». Alors Louise, malgré vents et marées, bourrasques et tempêtes, remise en question et mode… elle persévère. Tout en évoluant et en restant elle-même. Et penser mise en marché, trouver d'autres galeries, d'autres clients. Méchant programme.
En littérature, idem.
Dans le cas de Louise, oui. C’est son gagne-pain. Dilemme : dans la même semaine, un galeriste lui dit de faire ce qu’elle aime, d’être qui elle est et un autre lui retourne ses tableaux parce qu’elle ne vend plus depuis six mois, alors qu’elle est dans cette galerie depuis près de dix ans. Plus au goût du jour. La mode est au minimalisme. Celle de la décoration en tout cas. La clientèle est plus jeune, elle veut plus moderne, plus simple, une fleur, un arbre, presque abstrait. Le monsieur est un homme d’affaires et répondre aux besoins de la clientèle. Que faire? Changer de style, s’adapter? Dire que ce n’est pas un vrai galeriste, qu'il est là pour vendre non pas des oeuvres d'art mais des objets de décoration? Chercher ailleurs? Attendre que la mode revienne à son style?
D’où la remise en question. En art visuel, certes, tu peux évoluer, mais pas trop disent les galeristes, pour que les clients te reconnaissent. Ce rouge est ta signature. Ou cette sorte d’arbres ou cette texture. Louise admire Basque parce qu’il utilise l’huile pour ses paysages et peut tout aussi bien choisir l’encre de Chine pour des personnages. C’est d’ailleurs lui qui a dit : « en peinture, ce qu’il faut, plus que le talent, c’est de la persévérance ». Alors Louise, malgré vents et marées, bourrasques et tempêtes, remise en question et mode… elle persévère. Tout en évoluant et en restant elle-même. Et penser mise en marché, trouver d'autres galeries, d'autres clients. Méchant programme.
En littérature, idem.
vendredi 9 janvier 2009
Decoration, design et tableaux d'artiste peintre
En septembre 2008, Louise envoyait une lettre à pluseurs journaux, elle n'a jamais su si elle avait été publiée. Nous la reproduisons ici parce que nous avons trouvé au moins quelqu'un - quelqu'une en fait, qui est journaliste et sait très bien parler de décoration qui intègre les oeuvres des artistes peintres dans ses concepts de décoration. Il s'agit de Lilia Vouteau, site Internet: http://decodesignart.com/
La lettre était la suivante:
Lundi 29 septembre 2008
Aux producteurs, réalisateurs, recherchistes et animateurs,
Aux décorateurs, désigners,
Et à tous ceux qui ont affaire au monde de la décoration,
En regardant des émissions telles Des idées de grandeurs, Décore ta vie et autres produites au Québec, je remarque qu'il n'y a pas de place pour les oeuvres originales de nos créateurs québécois. Lorsque vient le temps d'appporter la touche finale à tout décor, la seule solution proposée est d'acheter des objets et reproductions. C'est une solution, mais ce n'est pas la seule. Ne pensez-vous pas qu'il est souhaitable de suggérer d'aller dans des galeries d'art ou les ateliers des artistes pour se procurer des oeuvres originales? Il y en a de tous les prix. Il est aussi possible de louer des oeuvres dans la plupart des musées des Beaux-arts des grandes villes et dans les bibliothèques. Une petite recherche sur Google vous en informera.
Il est de notre devoir à tous d'informer les téléspectateurs que les arts visuels sont accessibles, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Avec les émissions de plus en plus nombreuses et appréciées sur la décoration, vous êtes bien placés pour faire connaître les créateurs québécois plutôt que de suggérer systématiquement l'achat de reproductions qui viennent bien souvent d'où on sait.
À nous tous d'inculquer une culture de l'art et de l'originalité. Même en choisissant des reproductions, il serait important de donner la préférence aux atistes de chez nous.
Et elle avait signé:
Louise Falstrault, artiste peintre professionnelle de plus en plus indignée par la façon dont on ignore le monde des artistes en arts visuels.
cc. envoyée au Journal de Montréal, La Presse, Le Droit, Le Devoir, Magazin'art, Le Parcours, Les idées de ma maison
La lettre était la suivante:
Lundi 29 septembre 2008
Aux producteurs, réalisateurs, recherchistes et animateurs,
Aux décorateurs, désigners,
Et à tous ceux qui ont affaire au monde de la décoration,
En regardant des émissions telles Des idées de grandeurs, Décore ta vie et autres produites au Québec, je remarque qu'il n'y a pas de place pour les oeuvres originales de nos créateurs québécois. Lorsque vient le temps d'appporter la touche finale à tout décor, la seule solution proposée est d'acheter des objets et reproductions. C'est une solution, mais ce n'est pas la seule. Ne pensez-vous pas qu'il est souhaitable de suggérer d'aller dans des galeries d'art ou les ateliers des artistes pour se procurer des oeuvres originales? Il y en a de tous les prix. Il est aussi possible de louer des oeuvres dans la plupart des musées des Beaux-arts des grandes villes et dans les bibliothèques. Une petite recherche sur Google vous en informera.
Il est de notre devoir à tous d'informer les téléspectateurs que les arts visuels sont accessibles, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Avec les émissions de plus en plus nombreuses et appréciées sur la décoration, vous êtes bien placés pour faire connaître les créateurs québécois plutôt que de suggérer systématiquement l'achat de reproductions qui viennent bien souvent d'où on sait.
À nous tous d'inculquer une culture de l'art et de l'originalité. Même en choisissant des reproductions, il serait important de donner la préférence aux atistes de chez nous.
Et elle avait signé:
Louise Falstrault, artiste peintre professionnelle de plus en plus indignée par la façon dont on ignore le monde des artistes en arts visuels.
cc. envoyée au Journal de Montréal, La Presse, Le Droit, Le Devoir, Magazin'art, Le Parcours, Les idées de ma maison
Auteur québécois, auteur de quoi
Me suis-je donnée comme mission de parler aux autres ?
D’écrire plutôt que de parler.
Je perds tant de temps à compter et à pelleter dans ce pays de neige et d’argent
Je perds tant de temps à lire ceux qui disent mieux que moi,
que je cherche ma place.
Je prendrai ma vie à la trouver cette place, cette mission.
Il y en a qui chantent,
d’autres qui transposent leurs mots, les adaptent.
D’autres qui ne disent mot.
Qui comptent
Qui bâtissent maison
Qui forgent pays
Qui guerroient.
À me promener dans les rangs et les montées, tant de maisons, tant de gens.
À me promener sur les blogues et les forums, tant de jeunes qui écrivent et qui veulent, qui crient, qui se disent, qui se font une place.
À devenir étourdie de tant de technologies, de tant de vitesse et de performances.
À ne plus voir le temps passé à regarder les autres, en cherchant où je suis et ce que je suis venue faire
sur terre.
Le temps qu’on cherche, vit-on ?
D’écrire plutôt que de parler.
Je perds tant de temps à compter et à pelleter dans ce pays de neige et d’argent
Je perds tant de temps à lire ceux qui disent mieux que moi,
que je cherche ma place.
Je prendrai ma vie à la trouver cette place, cette mission.
Il y en a qui chantent,
d’autres qui transposent leurs mots, les adaptent.
D’autres qui ne disent mot.
Qui comptent
Qui bâtissent maison
Qui forgent pays
Qui guerroient.
À me promener dans les rangs et les montées, tant de maisons, tant de gens.
À me promener sur les blogues et les forums, tant de jeunes qui écrivent et qui veulent, qui crient, qui se disent, qui se font une place.
À devenir étourdie de tant de technologies, de tant de vitesse et de performances.
À ne plus voir le temps passé à regarder les autres, en cherchant où je suis et ce que je suis venue faire
sur terre.
Le temps qu’on cherche, vit-on ?
jeudi 8 janvier 2009
Quand tout est possible
Le matin, je voudrais tout. Et vite. Comme les vendredis quand on quittait l’école et que tout était possible : on avait deux jours pour réaliser nos envies les plus folles. Le samedi matin, j’enfourchais mon vélo, un dix vitesses de fille, le premier à Montréal et je pédalais jusqu’à ce que je ne pense plus à rien.
Je devrais peut-être recommencer pour calmer l’hyperactivité de mon cerveau… le matin. À 9 heures, il est déjà trop tard, le jour a pris possession de mes rêves, je retourne à l’ordinaire. Comme les dimanches après-midi, un peu avant le souper où il fallait se rendre à l’évidence : je devais faire mes devoirs et apprendre les leçons pour le lendemain.
Mais quel plaisir que cette effervescence de quelques heures où les bras grands ouverts comme une voile, je pouvais voguer où le vent m’emporte, où même l’horizon est sans limites.
Je devrais peut-être recommencer pour calmer l’hyperactivité de mon cerveau… le matin. À 9 heures, il est déjà trop tard, le jour a pris possession de mes rêves, je retourne à l’ordinaire. Comme les dimanches après-midi, un peu avant le souper où il fallait se rendre à l’évidence : je devais faire mes devoirs et apprendre les leçons pour le lendemain.
Mais quel plaisir que cette effervescence de quelques heures où les bras grands ouverts comme une voile, je pouvais voguer où le vent m’emporte, où même l’horizon est sans limites.
mercredi 7 janvier 2009
Je ne dois pas être un vrai écrivain
Je ne dois pas être un vrai écrivain. À 26 ans, un matin de septembre, je me suis assise devant un bureau que j’avais fabriqué pendant l’été dans le but plus ou moins avoué d’écrire et d’en vivre. Mieux, croyais-je si j’avais l’environnement nécessaire comme l’athlète qui performe mieux dans un bel habit de jogging. Pendant deux ans, j’ai beaucoup écrit, même publié et je me croyais lancée dans ma nouvelle carrière.
J’ai dû retourner enseigner, j’ai ensuite bifurqué vers le graphisme, le montage de journal, le montage de livres. J’ai appris les rudiments de l’édition. Je continuais à taper sur les machines à écrire et aussi sur les photocomposeuses. Devant les refus répétés des maisons d’édition, je me suis tournée vers le compte d’auteur, d’autant que nous étions outillés au journal où je travaillais. Mais je n’ai jamais réussi à me croire écrivain. Pas plus que je me sentais journaliste quand j’ai écrit des reportages pour La Terre de chez nous.
Maintenant, à cinquante-huit ans, c’est au compte-gouttes. J’attends qu’un livre soit publié avant d’en commencer un autre. Comme si je ne voulais plus écrire pour rien. Et comme je ne veux plus de compte d’auteur, parce que nulle en promotion, j’en vends très peu… j’attends. La biographie Jacques Lamarche, un homme une époque, éditée chez une petite maison régionale m’a rapporté l’énorme somme de 348 $, alors maintenant je ne veux que les plus importantes.
Alors… comme le voilier sur une mer calme, j’attends. Une première version du prochain manuscrit est élaborée, en fait c’est un roman que j’ai divisé en deux tomes. Encore faudrait-il que le premier tome finisse par paraître. Au début, il y a quatre ans, je n’osais en parler. Comme le fumeur qui écrase sa dernière cigarette ne sait pas trop s’il en parle ou non. Couteau à deux tranchants. Puisque le processus est en marche, mais que je n’ai toujours pas de contrat, en parler peut aider ou nuire? Comment avoir la tête à écrire du nouveau quand je sais qu’il est possible qu’on me demande encore une nouvelle version de l’ancien?
J’attends en me promenant ici et là dans les forums, les blogues, les livres, les courriels. Y laissant des mots… inutiles. Comme pour me tenir en forme, tout au plus.
Je ne dois pas être un vrai écrivain.
Vous me copierez cent fois: je suis un écrivain, je suis un écrivain.
À force de le dire, je le serai. Je sais, je l'ai déjà dit.
J’ai dû retourner enseigner, j’ai ensuite bifurqué vers le graphisme, le montage de journal, le montage de livres. J’ai appris les rudiments de l’édition. Je continuais à taper sur les machines à écrire et aussi sur les photocomposeuses. Devant les refus répétés des maisons d’édition, je me suis tournée vers le compte d’auteur, d’autant que nous étions outillés au journal où je travaillais. Mais je n’ai jamais réussi à me croire écrivain. Pas plus que je me sentais journaliste quand j’ai écrit des reportages pour La Terre de chez nous.
Maintenant, à cinquante-huit ans, c’est au compte-gouttes. J’attends qu’un livre soit publié avant d’en commencer un autre. Comme si je ne voulais plus écrire pour rien. Et comme je ne veux plus de compte d’auteur, parce que nulle en promotion, j’en vends très peu… j’attends. La biographie Jacques Lamarche, un homme une époque, éditée chez une petite maison régionale m’a rapporté l’énorme somme de 348 $, alors maintenant je ne veux que les plus importantes.
Alors… comme le voilier sur une mer calme, j’attends. Une première version du prochain manuscrit est élaborée, en fait c’est un roman que j’ai divisé en deux tomes. Encore faudrait-il que le premier tome finisse par paraître. Au début, il y a quatre ans, je n’osais en parler. Comme le fumeur qui écrase sa dernière cigarette ne sait pas trop s’il en parle ou non. Couteau à deux tranchants. Puisque le processus est en marche, mais que je n’ai toujours pas de contrat, en parler peut aider ou nuire? Comment avoir la tête à écrire du nouveau quand je sais qu’il est possible qu’on me demande encore une nouvelle version de l’ancien?
J’attends en me promenant ici et là dans les forums, les blogues, les livres, les courriels. Y laissant des mots… inutiles. Comme pour me tenir en forme, tout au plus.
Je ne dois pas être un vrai écrivain.
Vous me copierez cent fois: je suis un écrivain, je suis un écrivain.
À force de le dire, je le serai. Je sais, je l'ai déjà dit.
Laisser des traces
Au début quelques sites Internet que j’ai montés en amatrice pour avoir l’impression d’être de mon temps. J’ai cru que c’était un bon outil de promotion pour l’artiste peintre, l’auteure. Un outil complémentaire, une visibilité supplémentaire. Utiles finalement surtout via les courriels que l’on peut recevoir par la suite ou par lesquels on peut envoyer des images pour l’artiste peintre, des fichiers pour l’écrivain.
Puis ce fut un forum en généalogie après avoir découvert cette passion lors de lectures pour l’écriture de mon roman Les Têtes rousses. Puis un autre en camping, au début pour avoir des réponses à mes questions puis finalement pour le simple plaisir d’échanger avec d’autres campeurs et voyageurs comme nous.
Depuis peu un blogue, celui-ci. Et je découvre tout un autre monde parallèle, qui n’apparaissait que très peu pour qui n’y regarde pas de plus près. Découvert via les journaux, finalement.
Et je cherche nos semblables. Pour Louise, l’artiste peintre, très peu de blogues québécois. Les écrivains écrivent plus que les artistes peintres. Normal sans doute. Et je trouve ces écrivains timides dans leurs publications ou des jeunes qui veulent, qui y croient. Et comme chaque fois, force m’est de constater cette évidence qui me titille depuis l’avènement de la télévision : le pouvoir qu'on accorde aux médias. Et Internet n’en fait pas partie, on dirait. Internet est encore un complément, une ligne en bas d’un article de journal ou un petit encadré rapide pendant qu’un animateur jase de tout et de rien avec son interlocuteur.
Aux Jeux olympiques, si vous n’êtes pas sur le podium, qui êtes-vous? En littérature, si vous n’êtes pas publié chez un « vrai » éditeur, si vous ne publiez pas à 20,000 exemplaires minimum, qui êtes-vous? En art visuel, ah! en art visuel, c’est pire encore, il faut être mort ou d’abord vedette connue en un autre domaine, quand votre nom viendra-t-il sur toutes les lèvres? Et la consécration finale: la campagne de promotion dans tous les médias. À recommencer aux deux ans si possible sinon, c'est l'oubli. Un autre pousse déjà derrière.
Et même si… quelle est cette impression qui me laisse un goût amer qu’on n’est rien si on n’est pas du domaine public? Si je ne laisse de traces nulle part. Existe-t-on moins parce qu’on n’est pas connu? Et qu’est-ce qu’être connu? La célébrité, c’est très relatif? Je peux être connue dans mon village, dans ma région. X est connu au Québec et n’est rien en France. Y est connu aux États-Unis et n’est rien dans le monde francophone.
J’ai un problème, je crois.
Et ce n’est pas un blogue sur Internet qui va le régler.
Puis ce fut un forum en généalogie après avoir découvert cette passion lors de lectures pour l’écriture de mon roman Les Têtes rousses. Puis un autre en camping, au début pour avoir des réponses à mes questions puis finalement pour le simple plaisir d’échanger avec d’autres campeurs et voyageurs comme nous.
Depuis peu un blogue, celui-ci. Et je découvre tout un autre monde parallèle, qui n’apparaissait que très peu pour qui n’y regarde pas de plus près. Découvert via les journaux, finalement.
Et je cherche nos semblables. Pour Louise, l’artiste peintre, très peu de blogues québécois. Les écrivains écrivent plus que les artistes peintres. Normal sans doute. Et je trouve ces écrivains timides dans leurs publications ou des jeunes qui veulent, qui y croient. Et comme chaque fois, force m’est de constater cette évidence qui me titille depuis l’avènement de la télévision : le pouvoir qu'on accorde aux médias. Et Internet n’en fait pas partie, on dirait. Internet est encore un complément, une ligne en bas d’un article de journal ou un petit encadré rapide pendant qu’un animateur jase de tout et de rien avec son interlocuteur.
Aux Jeux olympiques, si vous n’êtes pas sur le podium, qui êtes-vous? En littérature, si vous n’êtes pas publié chez un « vrai » éditeur, si vous ne publiez pas à 20,000 exemplaires minimum, qui êtes-vous? En art visuel, ah! en art visuel, c’est pire encore, il faut être mort ou d’abord vedette connue en un autre domaine, quand votre nom viendra-t-il sur toutes les lèvres? Et la consécration finale: la campagne de promotion dans tous les médias. À recommencer aux deux ans si possible sinon, c'est l'oubli. Un autre pousse déjà derrière.
Et même si… quelle est cette impression qui me laisse un goût amer qu’on n’est rien si on n’est pas du domaine public? Si je ne laisse de traces nulle part. Existe-t-on moins parce qu’on n’est pas connu? Et qu’est-ce qu’être connu? La célébrité, c’est très relatif? Je peux être connue dans mon village, dans ma région. X est connu au Québec et n’est rien en France. Y est connu aux États-Unis et n’est rien dans le monde francophone.
J’ai un problème, je crois.
Et ce n’est pas un blogue sur Internet qui va le régler.
mardi 6 janvier 2009
Hé! Un visiteur!
Hé ! mon premier commentaire de quelqu’un que je ne connais pas. Comme un premier vrai lecteur. Venu du hasard des clics de souris, d’un mot à l’autre. Et par curiosité, j’ai suivi la trace, l’ai découvert sur le sentier d’un hameau. En ai trouvé d’autres en chemin. J’ai lu. J’ai reconnu. Et pour une fois, ce n’était pas des Français. Je n’ai rien contre eux, au contraire, mais sur la grande toile francophone, à taper des mots en français on risque fort de tomber plus souvent qu’autrement sur des sites… français et c’est en voyant un euro ou un pointfr glissés ici et là qu’on s’aperçoit qu’on est en France.
Et de lire d’autres Québécois dans lesquels je me reconnais, me pousse encore vers l’écriture. Une motivation comme de voir d’autres œuvres enrichit la créativité de l’artiste peintre. Une des galeristes de Louise d’ailleurs l’a appelée cette semaine et la revoilà repartie dans des coquelicots, elle qui s’éternisait dans une sorte de léthargie-mésestime de soi qui ne la menait qu’au silence de sa spatule. En attendant qu’un éditeur m’appelle pour me donner pareil élan, je remercie cet internaute de m’en procurer un presque aussi satisfaisant.
Et de lire d’autres Québécois dans lesquels je me reconnais, me pousse encore vers l’écriture. Une motivation comme de voir d’autres œuvres enrichit la créativité de l’artiste peintre. Une des galeristes de Louise d’ailleurs l’a appelée cette semaine et la revoilà repartie dans des coquelicots, elle qui s’éternisait dans une sorte de léthargie-mésestime de soi qui ne la menait qu’au silence de sa spatule. En attendant qu’un éditeur m’appelle pour me donner pareil élan, je remercie cet internaute de m’en procurer un presque aussi satisfaisant.
dimanche 4 janvier 2009
Oui, mais
C’est fou ce matin, je me suis levée encore plus tôt que mes 6-7 heures habituelles. À 4 heures, je ne dormais plus. Je veux bien croire que Michèle Perras a écrit pour les béliers : « vous avez de l'énergie à revendre. À parier que vous avez déjà une foule de choses inscrites au programme du jour? », je ne crois pas à l’astrologie au point de consulter l’horoscope quotidien, mais j’ai eu la curiosité hier d’aller lire mon trajet pour l’année. Je suis si peu bélier de toute façon, mon ascendant verseau me rend moins fonceuse que la plupart de ces petites bêtes à cornes. Il me faudrait une personne qui sait analyser les cartes du ciel, là peut-être…
Mais ce n’est aux astres que je pensais pendant que j’hésitais à me lever si tôt.
Je me disais tant qu’à écrire un blogue, pourquoi ne pas être payée pour le faire. Qui voudrait bien me payer pour écrire? J’ai fouillé dans Canoë, une dizaine environ, rien sur la culture, mais les livres sont assez bien couverts. Chez Cyberpresse, près de vingt-cinq blogues. Pas besoin de moi. Dans Le Droit de Gatineau-Ottawa, pas un. Des chroniques seulement. J’aurais peut-être une ouverture de ce côté. Ça rendrait peut-être leur journal plus au goût du jour ! Quelle prétention, franchement ! Mais je ne changerai pas, je fais les questions et les réponses et je me mets dehors avant même de m’être engagée et même présentée : je veux rester à la maison, à la campagne de surcroît, et je ne suis pas très près de l’actualité culturelle.
— Oui, mais, tu pourrais recevoir les livres à la maison et en faire la critique, bon disons au moins la recension et ajouter quelques pensées personnelles.
— Oui, mais, tu n'es pas toujours à la maison.
— Oui, mais, je pourrais présenter un créateur de l'Outaouais par semaine.
— Oui, mais...
Et me revoilà repartie sur une autre piste : je fais partie de l’association des auteurs et auteures de l’Outaouais. Peut-elle m’aider? Puis-je leur faire des suggestions, comme ajouter une page à leur site où il listerait les auteurs qui ont un blogue ou un site?
— Oui, mais, elle a bien d’autres chats plus importants à fouetter. (Qu’est-ce que c’est cette expression : fouetter des chats??)
— Oui, mais, si tu n’essaies pas…
Je ferais mieux d’aller me recoucher.
Mais ce n’est aux astres que je pensais pendant que j’hésitais à me lever si tôt.
Je me disais tant qu’à écrire un blogue, pourquoi ne pas être payée pour le faire. Qui voudrait bien me payer pour écrire? J’ai fouillé dans Canoë, une dizaine environ, rien sur la culture, mais les livres sont assez bien couverts. Chez Cyberpresse, près de vingt-cinq blogues. Pas besoin de moi. Dans Le Droit de Gatineau-Ottawa, pas un. Des chroniques seulement. J’aurais peut-être une ouverture de ce côté. Ça rendrait peut-être leur journal plus au goût du jour ! Quelle prétention, franchement ! Mais je ne changerai pas, je fais les questions et les réponses et je me mets dehors avant même de m’être engagée et même présentée : je veux rester à la maison, à la campagne de surcroît, et je ne suis pas très près de l’actualité culturelle.
— Oui, mais, tu pourrais recevoir les livres à la maison et en faire la critique, bon disons au moins la recension et ajouter quelques pensées personnelles.
— Oui, mais, tu n'es pas toujours à la maison.
— Oui, mais, je pourrais présenter un créateur de l'Outaouais par semaine.
— Oui, mais...
Et me revoilà repartie sur une autre piste : je fais partie de l’association des auteurs et auteures de l’Outaouais. Peut-elle m’aider? Puis-je leur faire des suggestions, comme ajouter une page à leur site où il listerait les auteurs qui ont un blogue ou un site?
— Oui, mais, elle a bien d’autres chats plus importants à fouetter. (Qu’est-ce que c’est cette expression : fouetter des chats??)
— Oui, mais, si tu n’essaies pas…
Je ferais mieux d’aller me recoucher.
samedi 3 janvier 2009
Le journal du samedi matin
Je ne lis pas les journaux. Je ne regarde pas les nouvelles. Sauf peut-être celles qui concernent la culture en général et les livres en particulier.
Il était un temps, surtout quand je vivais chez mes parents, le samedi matin, en attendant que le percolateur bouillonne, mon père allait acheter La Presse, La Patrie. Il me laissait les bandes dessinées, mais j’avais déjà fini de déjeuner et j’allais jouer.
Et puis ce matin, un samedi, comme une vieille habitude qui remonte à la surface des jours frisquets où on a envie de prolonger le cocooning, je me suis dirigée sur cyberpresse.ca. J’ai lu deux articles sur le Byebye 2008 pour tomber d’accord sur tout ce qui s’y disait et puis, par plaisir et curiosité, j’ai cliqué sur « livres ». J’ai découvert le blogue de Chantal Guy. Que je ne connaissais ni d’Eve et encore moins d’Adam. Lu un peu en diagonale ses premiers textes. Jusqu’à celui du 15 décembre.
Et parce que j’ai accroché, je cite sa citation de Montaigne :
Ce que Montaigne avait bien compris avant l’Internet: «Nous ne pensons ce que nous voulons qu’à l’instant que nous le voulons et changeons comme cet animal qui prend la couleur du lieu où on le couche. Ce que nous avons prévu à cette heure, nous le changeons tantôt et tantôt encore, retournant sur nos pas. Ce n’est que mouvement et inconstance. Comme des pantins de bois, un fil étranger nous agite. Nous n’allons pas, on nous emporte… (…) Nous flottons entre avis opposés, nous ne voulons rien librement, rien absolument, rien constamment. (…) Je n’ai rien à dire de moi entièrement, simplement et solidement sans confusion et sans mélange. Ni en un mot.»
Rien que pour cette citation, je crois bien que je vais mettre son blogue dans mes favoris. J’ai bien eu envie de réagir, mais ça n’aurait fait qu’un vingt-deuxième commentaire perdu dans une mer qui date déjà de quinze jours.
Je lui aurais dit que c’est tout à fait comme ça que je me sens depuis plusieurs années. Tout le temps en fait, sauf quand un livre suffit à m’accrocher assez longtemps. Ou quand j’écris un roman. Et encore, je trouve qu’on ressemble à ces élèves du secondaire : incapables de se concentrer plus d’une heure sur le même sujet. Incapables de développer, d’approfondir une idée. Le temps d’un blogue tout au plus, ce qui est plus court encore que nos compositions à l’école (le temps d’un instant, j’ai jeté un coup d’œil sur la liste des blogues de cyberpresse et j’ai été jalouse : ils sont payés, eux ! Je prendrais bien un petit cent de temps à temps dans l’année.)
Je l’aurais félicitée, en fait il faudrait que je félicite cyberpresse d’employer le mot blogue, je ne sais pas ce que Internet attend pour franciser le mot (voir détails à ce sujet dans http://fr.wikipedia.org/wiki/Blog#Franciser_l.27anglicisme).
Voilà, je dévie du sujet premier, je deviens le caméléon dont Montaigne parle.
Alors je change de paragraphe pour me taire.
Il était un temps, surtout quand je vivais chez mes parents, le samedi matin, en attendant que le percolateur bouillonne, mon père allait acheter La Presse, La Patrie. Il me laissait les bandes dessinées, mais j’avais déjà fini de déjeuner et j’allais jouer.
Et puis ce matin, un samedi, comme une vieille habitude qui remonte à la surface des jours frisquets où on a envie de prolonger le cocooning, je me suis dirigée sur cyberpresse.ca. J’ai lu deux articles sur le Byebye 2008 pour tomber d’accord sur tout ce qui s’y disait et puis, par plaisir et curiosité, j’ai cliqué sur « livres ». J’ai découvert le blogue de Chantal Guy. Que je ne connaissais ni d’Eve et encore moins d’Adam. Lu un peu en diagonale ses premiers textes. Jusqu’à celui du 15 décembre.
Et parce que j’ai accroché, je cite sa citation de Montaigne :
Ce que Montaigne avait bien compris avant l’Internet: «Nous ne pensons ce que nous voulons qu’à l’instant que nous le voulons et changeons comme cet animal qui prend la couleur du lieu où on le couche. Ce que nous avons prévu à cette heure, nous le changeons tantôt et tantôt encore, retournant sur nos pas. Ce n’est que mouvement et inconstance. Comme des pantins de bois, un fil étranger nous agite. Nous n’allons pas, on nous emporte… (…) Nous flottons entre avis opposés, nous ne voulons rien librement, rien absolument, rien constamment. (…) Je n’ai rien à dire de moi entièrement, simplement et solidement sans confusion et sans mélange. Ni en un mot.»
Rien que pour cette citation, je crois bien que je vais mettre son blogue dans mes favoris. J’ai bien eu envie de réagir, mais ça n’aurait fait qu’un vingt-deuxième commentaire perdu dans une mer qui date déjà de quinze jours.
Je lui aurais dit que c’est tout à fait comme ça que je me sens depuis plusieurs années. Tout le temps en fait, sauf quand un livre suffit à m’accrocher assez longtemps. Ou quand j’écris un roman. Et encore, je trouve qu’on ressemble à ces élèves du secondaire : incapables de se concentrer plus d’une heure sur le même sujet. Incapables de développer, d’approfondir une idée. Le temps d’un blogue tout au plus, ce qui est plus court encore que nos compositions à l’école (le temps d’un instant, j’ai jeté un coup d’œil sur la liste des blogues de cyberpresse et j’ai été jalouse : ils sont payés, eux ! Je prendrais bien un petit cent de temps à temps dans l’année.)
Je l’aurais félicitée, en fait il faudrait que je félicite cyberpresse d’employer le mot blogue, je ne sais pas ce que Internet attend pour franciser le mot (voir détails à ce sujet dans http://fr.wikipedia.org/wiki/Blog#Franciser_l.27anglicisme).
Voilà, je dévie du sujet premier, je deviens le caméléon dont Montaigne parle.
Alors je change de paragraphe pour me taire.
vendredi 2 janvier 2009
Merci Gilles Vigneault
Pour Noël, j’ai reçu un beau cadeau : le livre de l’intégrale des chansons de Gilles Vigneault. Un livre qui me donne la fierté de demeurer dans le même pays que lui, l’élan dont mon cœur a besoin pour écrire à mon tour de belles paroles sur les gens que je connais, les paysages que j’admire.
« La seule façon d’être universel, c’est être profondément de quelque part ». Gilles Vigneault à Natasquan où j’irai peut-être l’an prochain mais je sais à l’avance que je n’y trouverai pas en une semaine ce que Gilles Vigneault nous en dit depuis 60 ans. Comme Fred Pellerin et son Saint-Élie de Caxton.
Si j’avais à être profondément de quelque part, je ne serai pas de Notre-Dame-de-la-Paix où je demeure depuis 1972, mais de la Petite-Nation, cette région dont les limites ne sont que celles que les gens qui y habitent veulent bien lui donner. Un nom qui vient des temps lointains où Champlain pagayait sur la rivière des Outaouais, que les Algonquins appelaient Oueskarini. Qui a nommé la seigneurie Petite-Nation que Monseigneur Laval a vendu au père de Louis-Joseph Papineau ? Je ne sais trop mais le Patriote, son frère Denis-Benjamin et leur père le notaire ont bâti cette seigneurie qui n’avait alors que cinq lieues sur six, y ont laissé un manoir et des heures d’histoire.
Je n’ai pas encore la notoriété de mon père, Jacques Lamarche, qui en a parlé aussi fort qu’il l’a aimée. Mes mots n’auront jamais l’ampleur de ceux de Vigneault, mais il est plus que temps que je commence à prendre la parole pour dire, pour écrire cette Petite-Nation qui n’a pas besoin d’être une entité administrative ou politique pour exister, pour survivre à tous les autres noms qu’on veut lui donner pour être plus invitante.
« La seule façon d’être universel, c’est être profondément de quelque part ». Gilles Vigneault à Natasquan où j’irai peut-être l’an prochain mais je sais à l’avance que je n’y trouverai pas en une semaine ce que Gilles Vigneault nous en dit depuis 60 ans. Comme Fred Pellerin et son Saint-Élie de Caxton.
Si j’avais à être profondément de quelque part, je ne serai pas de Notre-Dame-de-la-Paix où je demeure depuis 1972, mais de la Petite-Nation, cette région dont les limites ne sont que celles que les gens qui y habitent veulent bien lui donner. Un nom qui vient des temps lointains où Champlain pagayait sur la rivière des Outaouais, que les Algonquins appelaient Oueskarini. Qui a nommé la seigneurie Petite-Nation que Monseigneur Laval a vendu au père de Louis-Joseph Papineau ? Je ne sais trop mais le Patriote, son frère Denis-Benjamin et leur père le notaire ont bâti cette seigneurie qui n’avait alors que cinq lieues sur six, y ont laissé un manoir et des heures d’histoire.
Je n’ai pas encore la notoriété de mon père, Jacques Lamarche, qui en a parlé aussi fort qu’il l’a aimée. Mes mots n’auront jamais l’ampleur de ceux de Vigneault, mais il est plus que temps que je commence à prendre la parole pour dire, pour écrire cette Petite-Nation qui n’a pas besoin d’être une entité administrative ou politique pour exister, pour survivre à tous les autres noms qu’on veut lui donner pour être plus invitante.
jeudi 1 janvier 2009
Bonne année
Je voudrais bien fêter la nouvelle année de belle façon. Faire une belle entrée comme une envolée littéraire. Un bilan de l’année? Je risquerais de tomber dans le négatif, la déprime, à ne ressasser que les mauvaises nouvelles. Je préférerais verbaliser mes rêves pour ce qui peut venir : la publication de mon roman, de nouvelles galeries d’art pour Louise ou de meilleures ventes dans les actuelles.
Mais que dit-on dans un blogue ? J’ai toujours peur de blesser quelqu’un, de recevoir des reproches, de semer la controverse. Parler, écrire, je veux bien, mais je ne veux pas de commentaires désobligeants, ni de réponses idiotes ni de réactions qui me bouleversent. Le besoin de s’exprimer n’a pas beaucoup en commun avec l’art de s’exprimer ou avoir la répartie facile ou être fort en argumentation, en discussion. Mais alors, jeter des mots sur papier, ça tout l’air égoïste, du genre à se regarder dans un miroir, mais sans accepter de voir le regard de l’autre sur nous?
Et si, pour l’instant, je souhaitais simplement Bonne année, ici et maintenant, sans autre pensée. Et être bien contente d’être en vie, en santé pour pouvoir le dire. Zut, j'en ai eu d'autres!!!
Mais que dit-on dans un blogue ? J’ai toujours peur de blesser quelqu’un, de recevoir des reproches, de semer la controverse. Parler, écrire, je veux bien, mais je ne veux pas de commentaires désobligeants, ni de réponses idiotes ni de réactions qui me bouleversent. Le besoin de s’exprimer n’a pas beaucoup en commun avec l’art de s’exprimer ou avoir la répartie facile ou être fort en argumentation, en discussion. Mais alors, jeter des mots sur papier, ça tout l’air égoïste, du genre à se regarder dans un miroir, mais sans accepter de voir le regard de l’autre sur nous?
Et si, pour l’instant, je souhaitais simplement Bonne année, ici et maintenant, sans autre pensée. Et être bien contente d’être en vie, en santé pour pouvoir le dire. Zut, j'en ai eu d'autres!!!
lundi 29 décembre 2008
Une pensée pour les comités de lecture
Lundi matin, retour au travail pour certain(e)s. Les lecteurs et les lectrices des maisons d'édition ont apporté des manuscrits à lire à la maison pendant le temps des Fêtes. Une petite pensée ce matin pour leur rappeler de lire le mien et tous ceux des auteur(e)s qui attendent depuis si longtemps.
C'est le 13 novembre 2004, oui c'est bien 2004, il y a plus de quatre ans que j'ai ouvert un nouveau fichier pour classer les notes, les portraits des personnages, les titres de livres consultés, les courriels écrits et bien entendu le texte de mon roman. J'ai fait le premier envoi deux ans plus tard. Faut croire que je ne suis pas un auteur attendu dont on s'arrache les manuscrits!!!
Trois autres versions plus tard... voilà pourquoi mon coeur et mon esprit est aujourd'hui avec la lectrice qui tient mon sort entre ses mains.
C'est le 13 novembre 2004, oui c'est bien 2004, il y a plus de quatre ans que j'ai ouvert un nouveau fichier pour classer les notes, les portraits des personnages, les titres de livres consultés, les courriels écrits et bien entendu le texte de mon roman. J'ai fait le premier envoi deux ans plus tard. Faut croire que je ne suis pas un auteur attendu dont on s'arrache les manuscrits!!!
Trois autres versions plus tard... voilà pourquoi mon coeur et mon esprit est aujourd'hui avec la lectrice qui tient mon sort entre ses mains.
dimanche 28 décembre 2008
Quand l'auteur devient lecteur
Pour écrire, il faut beaucoup lire. Tout le monde le dit. Pourtant, je lis beaucoup moins depuis que j’écris. Pas toujours par manque de temps, surtout par manque de laisser-aller. Je compare, je juge, je deviens sévère et plus critique que créatrice. Ce n’est pas très bon pour le moral.
Je n’ai lu et entendu que du bien sur Les Fils de la liberté de Louis Caron. Même que le premier tome, Le canard de bois, publié en 1981, lui a valu le prix France-Québec. Je ne me souviens pas avoir vu la série télévisée, diffusée en 1981.
J’ai aimé l’histoire. Et les personnages, surtout les personnages. Le style également, un vocabulaire riche. Une originalité dans l’écriture qui ne se dément pas même si ça fait plus de vingt ans que le livre a été écrit.
Tout le monde peut naviguer sur Internet et lire ce qu’on pense de ses livres. On peut même lire des notes telles 4,25 sur 5 ou 9 sur 10, sans trop savoir pourquoi ce n’est pas 100%. Il faut dire que ce n’est pas sur Internet qu’on peut trouver des analyses très poussées comme on devait lire au temps lointain de mes cours en littérature. Existent-elles encore ces critiques sérieuses, celles que personne ne lit sinon les universitaires et les professeurs?
De toute façon, telle n’est pas ma prétention. Seulement, j’ai décroché à certains endroits et je voudrais savoir si je suis la seule ou si c’est jalousie d’auteure qui a probablement déclenché frustration de la lectrice. Voici donc : dans le premier tome, l’auteur a choisi une méthode qui aurait pu s’avérer dangereuse : l’alternance entre les deux personnages principaux, Hyacinthe et son petit-fils Bruno dont on ne comprend d’ailleurs qu’il est son petit-fils que loin dans l’histoire. Les paragraphes sur Bruno sont beaucoup plus courts. J’avoue que souvent, je ne les ai pas lus, toute prise que j’étais dans l’histoire de Hyacinthe.
Alors quand j’ai vu que dans le tome deux, La corne de brume, l’auteur ne répétait pas le même stratagème, j’étais contente. Jusqu’à la page 71. Alors que le lecteur, moi en tout cas, est bien accroché à la vie de Tim, sans même changer de chapitre, au beau milieu d’un élan, l’auteur nous impose le retour à Hyacinthe, avec la seule transition suivante : « Il ne pouvait évidemment savoir qu’à l’autre bout de la terre, Hyacinthe s’était donné la peine d’apprendre à écrire pour consigner dans un cahier noir le drame qu’il vivait. »Suivent 36 pages, sans dialogues, sur la vie de Hyacinthe en Australie. Et j’ai trouvé que pour un monsieur qui vient d’apprendre à écrire, il écrit bien l’exilé : « Si j’entreprends aujourd’hui le récit de mon séjour aux terres australes, usé de cœur et de corps, ce n’est pas pour en tirer une vaine gloriole ».
Bref, j’ai décroché. J’ai sauté par-dessus ces 36 pages en me disant que peut-être j’y reviendrai.
Et on revient à Tim avec pour seule transition trois petites étoiles qui séparent les deux paragraphes.
Ce qui me fait mal au cœur, c’est que justement un éditeur m’a dit d’éviter ce genre de passage d’un personnage à l’autre. Alors bien sûr en plus de la frustration de la lectrice, j’ai au cœur la verte jalousie de l’auteure qui attend d’être publiée, qui fait tous les efforts demandés par l’éditeur alors que Louis Caron, lui, a été publié, encensé, a même reçu des prix. La jalousie de l’auteure aveugle le bonheur de la lectrice. Et j’ai fermé le livre le temps de venir coucher ma frustration sur le clavier.
Un peu plus loin, l’auteur répète le procédé. S’il avait commencé dès le début, comme il avait fait dans le premier tome, peut-être n’aurais-je pas été aussi surprise, peut-être aurais-je eu le temps de la vouloir cette histoire de Hyacinthe, d’autant que je venais de finir le tome I qui raconte justement son histoire.
Je ne devrais peut-être comparer. Je crois bien que je l'ai toujours fait pour évaluer les choses et même les gens.
Le tome II des Fils de la Liberté de Caron n'a pas la richesse du premier. Un tome II c'est toujours un risque. De comparaison justement. J'ai bien aimé le début, me suis tout de suite attaché au personnage de Tim. J'aime les lieux de bateaux, de cours d'eaux, mais beaucoup moins les chantiers. Déjà dans le livre de René Ouellet, Les sentiers de Roquemont (publié bien après les livres de Caron, mais je l'ai lu avant), j'avais un peu décroché de l'histoire. Pourtant quand les gens de mon village me content leurs histoires des chantiers, j'aime bien. Peut-être parce que je ne m'identifie pas. Ai-je de la difficulté avec des histoires d'hommes?
Les chantiers passent encore, mais quand les personnages, comme par hasard, se retrouvent dans le décor de l'époque, celle de Riel en l'occurrence, ça sonne faux. Comme un collage qui... ne colle pas. C'est forcé, imposé. Vu de loin, un arrière plan qui, s'il n'était pas là, ne changerait rien au sujet. Dans le tome I, Hyacinthe et les Patriotes, la sauce était plus homogène, mais ici, Riel et Tim Bellerose, non.
Et la femme de Tim? Je ne sais pas où Louis Caron a pris ses exemples de femmes autant pour les années 1837 que les années 1885, les femmes ne font pas grand cas de la fidélité de leurs maris, ne s'insultent pas, ne se fâchent pas. À se demander si les auteurs peuvent construire des personnages solides dans les deux sexes.
Le procédé tient beaucoup plus souvent du récit que du roman: on suit la vie des gens de loin, de l'extérieur. Sauf peut-être le personnage principal. C'est déjà beaucoup.
De belles phrases encore, telles:
« À quoi ça sert d'éveiller les morts?
-- À donner du souffle aux vivants. »
Dans le tome III, Le coup de poing, les nombreux retours en arrière m’ont perdue. Je me suis forcée pour en lire de larges extraits. Chaque fois avec plaisir. Mais je ne peux pas dire que j’ai aimé, malgré une langue travaillée et des phrases-chocs qui pourraient faire de belles citations dans un dictionnaire. Le fait que le nom de Bellerose était mentionné m’invitait à poursuivre la trilogie, mais visiblement, l’auteur voulait que son livre puisse se lire sans référence aux deux premiers. En ce sens, c’est réussi. Et l’époque des événements d’octobre 1970 est plus intégrée à l’histoire que dans les deux tomes précédents. Mais sans plus.
À Noël, j’ai rencontré quelqu’un avec qui j’ai parlé de livres et quand elle m’a confirmé qu’elle non plus n’avait pas beaucoup aimé les deux autres tomes… je ne me suis pas sentie obligée de terminer la lecture du tome III.
Le fait de ne pas aimer certains livres me fait un peu peur : il se peut que bien des gens n’aiment pas les miens non plus. Encore faudrait-il qu’ils soient publiés, les miens !!!
Je n’ai lu et entendu que du bien sur Les Fils de la liberté de Louis Caron. Même que le premier tome, Le canard de bois, publié en 1981, lui a valu le prix France-Québec. Je ne me souviens pas avoir vu la série télévisée, diffusée en 1981.
J’ai aimé l’histoire. Et les personnages, surtout les personnages. Le style également, un vocabulaire riche. Une originalité dans l’écriture qui ne se dément pas même si ça fait plus de vingt ans que le livre a été écrit.
Tout le monde peut naviguer sur Internet et lire ce qu’on pense de ses livres. On peut même lire des notes telles 4,25 sur 5 ou 9 sur 10, sans trop savoir pourquoi ce n’est pas 100%. Il faut dire que ce n’est pas sur Internet qu’on peut trouver des analyses très poussées comme on devait lire au temps lointain de mes cours en littérature. Existent-elles encore ces critiques sérieuses, celles que personne ne lit sinon les universitaires et les professeurs?
De toute façon, telle n’est pas ma prétention. Seulement, j’ai décroché à certains endroits et je voudrais savoir si je suis la seule ou si c’est jalousie d’auteure qui a probablement déclenché frustration de la lectrice. Voici donc : dans le premier tome, l’auteur a choisi une méthode qui aurait pu s’avérer dangereuse : l’alternance entre les deux personnages principaux, Hyacinthe et son petit-fils Bruno dont on ne comprend d’ailleurs qu’il est son petit-fils que loin dans l’histoire. Les paragraphes sur Bruno sont beaucoup plus courts. J’avoue que souvent, je ne les ai pas lus, toute prise que j’étais dans l’histoire de Hyacinthe.
Alors quand j’ai vu que dans le tome deux, La corne de brume, l’auteur ne répétait pas le même stratagème, j’étais contente. Jusqu’à la page 71. Alors que le lecteur, moi en tout cas, est bien accroché à la vie de Tim, sans même changer de chapitre, au beau milieu d’un élan, l’auteur nous impose le retour à Hyacinthe, avec la seule transition suivante : « Il ne pouvait évidemment savoir qu’à l’autre bout de la terre, Hyacinthe s’était donné la peine d’apprendre à écrire pour consigner dans un cahier noir le drame qu’il vivait. »Suivent 36 pages, sans dialogues, sur la vie de Hyacinthe en Australie. Et j’ai trouvé que pour un monsieur qui vient d’apprendre à écrire, il écrit bien l’exilé : « Si j’entreprends aujourd’hui le récit de mon séjour aux terres australes, usé de cœur et de corps, ce n’est pas pour en tirer une vaine gloriole ».
Bref, j’ai décroché. J’ai sauté par-dessus ces 36 pages en me disant que peut-être j’y reviendrai.
Et on revient à Tim avec pour seule transition trois petites étoiles qui séparent les deux paragraphes.
Ce qui me fait mal au cœur, c’est que justement un éditeur m’a dit d’éviter ce genre de passage d’un personnage à l’autre. Alors bien sûr en plus de la frustration de la lectrice, j’ai au cœur la verte jalousie de l’auteure qui attend d’être publiée, qui fait tous les efforts demandés par l’éditeur alors que Louis Caron, lui, a été publié, encensé, a même reçu des prix. La jalousie de l’auteure aveugle le bonheur de la lectrice. Et j’ai fermé le livre le temps de venir coucher ma frustration sur le clavier.
Un peu plus loin, l’auteur répète le procédé. S’il avait commencé dès le début, comme il avait fait dans le premier tome, peut-être n’aurais-je pas été aussi surprise, peut-être aurais-je eu le temps de la vouloir cette histoire de Hyacinthe, d’autant que je venais de finir le tome I qui raconte justement son histoire.
Je ne devrais peut-être comparer. Je crois bien que je l'ai toujours fait pour évaluer les choses et même les gens.
Le tome II des Fils de la Liberté de Caron n'a pas la richesse du premier. Un tome II c'est toujours un risque. De comparaison justement. J'ai bien aimé le début, me suis tout de suite attaché au personnage de Tim. J'aime les lieux de bateaux, de cours d'eaux, mais beaucoup moins les chantiers. Déjà dans le livre de René Ouellet, Les sentiers de Roquemont (publié bien après les livres de Caron, mais je l'ai lu avant), j'avais un peu décroché de l'histoire. Pourtant quand les gens de mon village me content leurs histoires des chantiers, j'aime bien. Peut-être parce que je ne m'identifie pas. Ai-je de la difficulté avec des histoires d'hommes?
Les chantiers passent encore, mais quand les personnages, comme par hasard, se retrouvent dans le décor de l'époque, celle de Riel en l'occurrence, ça sonne faux. Comme un collage qui... ne colle pas. C'est forcé, imposé. Vu de loin, un arrière plan qui, s'il n'était pas là, ne changerait rien au sujet. Dans le tome I, Hyacinthe et les Patriotes, la sauce était plus homogène, mais ici, Riel et Tim Bellerose, non.
Et la femme de Tim? Je ne sais pas où Louis Caron a pris ses exemples de femmes autant pour les années 1837 que les années 1885, les femmes ne font pas grand cas de la fidélité de leurs maris, ne s'insultent pas, ne se fâchent pas. À se demander si les auteurs peuvent construire des personnages solides dans les deux sexes.
Le procédé tient beaucoup plus souvent du récit que du roman: on suit la vie des gens de loin, de l'extérieur. Sauf peut-être le personnage principal. C'est déjà beaucoup.
De belles phrases encore, telles:
« À quoi ça sert d'éveiller les morts?
-- À donner du souffle aux vivants. »
Dans le tome III, Le coup de poing, les nombreux retours en arrière m’ont perdue. Je me suis forcée pour en lire de larges extraits. Chaque fois avec plaisir. Mais je ne peux pas dire que j’ai aimé, malgré une langue travaillée et des phrases-chocs qui pourraient faire de belles citations dans un dictionnaire. Le fait que le nom de Bellerose était mentionné m’invitait à poursuivre la trilogie, mais visiblement, l’auteur voulait que son livre puisse se lire sans référence aux deux premiers. En ce sens, c’est réussi. Et l’époque des événements d’octobre 1970 est plus intégrée à l’histoire que dans les deux tomes précédents. Mais sans plus.
À Noël, j’ai rencontré quelqu’un avec qui j’ai parlé de livres et quand elle m’a confirmé qu’elle non plus n’avait pas beaucoup aimé les deux autres tomes… je ne me suis pas sentie obligée de terminer la lecture du tome III.
Le fait de ne pas aimer certains livres me fait un peu peur : il se peut que bien des gens n’aiment pas les miens non plus. Encore faudrait-il qu’ils soient publiés, les miens !!!
De nos pinceaux et de nos mots
Noël est passé, il reste un ou deux soupers entre famille et amis, mais déjà dans nos têtes, nous retournons à nos activités normales, c'est à dire peindre et écrire. Je compte bien agrémenter et entretenir ce blogue plus régulièrement. J'ai lu quelques blogues, québécois surtout parce que pour ce qui est de la lecture ou de la littérature, les Français ne se font pas prier. Et je pense que je vais oser plus. "Bloguer" plus. De nos pinceaux et de nos mots, nous serons plus créatives, plus productives ou en tout cas nous montrerons, nous publierons plus.
En décembre, j'ai bien essayé de créer un forum pour les artistes peintres québécois, mais vraiment chapeau aux administrateurs de forums. Si ce n'est pas trop difficile de le créer, graphiquement parlant et de le publier sur Internet, c'est une autre affaire que de le gérer. Je le sais parce que je participe activement à au moins deux forums et c'est beaucoup de travail, de surveillance, de modération et pour l'administrateur qui, en plus doit tout de même connaître le langage propre à ce type de site. Aussi, j'ai renoncé et supprimé le forum que j'avais créé. Dommage, les artistes peintres n'ont pas tant de tribune et pourtant beaucoup en commun à partager.
En décembre, j'ai bien essayé de créer un forum pour les artistes peintres québécois, mais vraiment chapeau aux administrateurs de forums. Si ce n'est pas trop difficile de le créer, graphiquement parlant et de le publier sur Internet, c'est une autre affaire que de le gérer. Je le sais parce que je participe activement à au moins deux forums et c'est beaucoup de travail, de surveillance, de modération et pour l'administrateur qui, en plus doit tout de même connaître le langage propre à ce type de site. Aussi, j'ai renoncé et supprimé le forum que j'avais créé. Dommage, les artistes peintres n'ont pas tant de tribune et pourtant beaucoup en commun à partager.
jeudi 18 décembre 2008
Lire d'abord, écrire ensuite
2008 achève. Faudrait que je me discipline. Plus les chiffres avancent dans mon âge (encore heureux que nous n’ayons que deux chiffres !), plus, je veux tout voir, tout lire, tout faire. Pas tout à fait. Mais en tout cas, il me semble que je n’ai pas le temps de lire, voir et faire ce qui m’attire. Je me sens ampoule au lieu de laser. Je devrais me concentrer, me discipliner, me limiter et en être satisfaite. Tous ces blogues intéressants sur les livres. Tous les livres qui me tentent. Et c’est si long de lire. Sans parler d’écrire. Une fois que j’ai lu, quand puis-je écrire ? Je me gave l’esprit autant que le ventre, sans voir les conséquences. Seul le calendrier me rappelle que j’en ai moins devant que derrière.
Allez je retourne à Louis Caron. La lecture des autres d’abord, prendre la parole ensuite. Plus longuement peut-être.
Allez je retourne à Louis Caron. La lecture des autres d’abord, prendre la parole ensuite. Plus longuement peut-être.
mardi 9 décembre 2008
Un hiver autoritaire
Ah! l'hiver! Si les Québécois aiment bien parler météo à longueur d'année, en hiver, ils ne tarissent pas. Ce que j'aime de l'hiver: les premières neiges sur les branches des arbres, les gros flocons lourds et humides qui appellent le bonhomme de neige. Les forêts givrées quand les mélèzes sont encore jaunes. Les aubes et les crépuscules quand le soleil colore les grands champs blancs d'une teinte rosacée. Parfois même le froid piquant qui dégage les poumons.
Ce que je n'aime pas, je le réalise de plus en plus chaque année, c'est qu'il est autorité. Oui, il fait figure d'autorité. C'est lui qui mène. Il m'empêche de vivre. Il décide de mes activités, de mes journées, de ce que je peux faire ou non. Il m'oblige à pelleter ou à passer la souffleuse alors que j'aurais fait la grasse matinée. Il m'oblige à chausser ma voiture et m'acheter de nouvelles bottes. Sans aucune espèce de coeur, il me force à renoncer à une belle sortie. Sans avertissement parfois, il vient venter dans ma cour, déverser ses larmes froides et abondantes.
Je déteste l'autorité. Je déteste me faire dire quoi faire et quand le faire. Je déteste changer mon programme. Je n'aime pas plus arriver en retard à un rendez-vous, même si j'ai la meilleure excuse du monde.
J'haïs l'hiver comme toute figure d'autorité.
Ce que je n'aime pas, je le réalise de plus en plus chaque année, c'est qu'il est autorité. Oui, il fait figure d'autorité. C'est lui qui mène. Il m'empêche de vivre. Il décide de mes activités, de mes journées, de ce que je peux faire ou non. Il m'oblige à pelleter ou à passer la souffleuse alors que j'aurais fait la grasse matinée. Il m'oblige à chausser ma voiture et m'acheter de nouvelles bottes. Sans aucune espèce de coeur, il me force à renoncer à une belle sortie. Sans avertissement parfois, il vient venter dans ma cour, déverser ses larmes froides et abondantes.
Je déteste l'autorité. Je déteste me faire dire quoi faire et quand le faire. Je déteste changer mon programme. Je n'aime pas plus arriver en retard à un rendez-vous, même si j'ai la meilleure excuse du monde.
J'haïs l'hiver comme toute figure d'autorité.
dimanche 7 décembre 2008
Des mots perdus?
Dans ma vie, bien avant la venue de l’ordinateur (et bien après, malgré la possibilité de n’avoir pas à retaper le texte), j’ai pris plaisir à écrire à la main des pages et des pages : mon journal, des notes prises lors de lectures, des lettres parfois, certaines envoyées, beaucoup d’autres non. Pour mon plus grand malheur. Parce que je n’avais pas, par la suite, envie de les relire, envie non plus de les retaper et d’en faire quelque chose d’intéressant pour les autres. Qui pourraient servir aujourd’hui. À un blogue peut être. Comme le font tant d’autres. Et me croire par le fait même auteure, écrivaine, lue. Que j’existe aux yeux des autres. Pourtant il me semble ne pas tant y tenir.
Quelquefois un peu inquiète, certains jours, déchirée entre écrire pour le plaisir et d’autres jours vouloir gagner ma vie avec cette facilité que j’ai de parler, de m’exprimer, d’aligner des mots. « Fais ce que tu aimes » me disait mon père. Je l’ai écouté. J’aurais peut-être pas dû. Être moi-même dans un monde d’argent alors que ma nature profonde ne s’y attache pas. Un gigolo qui se ferait entretenir. Une intellectuelle amateure.
Claude Jasmin. Je reviens souvent vers lui. Par curiosité, une attirance que je ne m’explique pas. Peut-être parce qu’il m’avait écrit un mot gentil quand « Je me veux » a été publié. Je lis quelquefois son blogue, ça me fait penser au mien, embryonnaire.
Je n’avance pas au rythme où je voudrais. Un rythme tel que j’aurais des mots derrière qui correspondraient au temps que j’ai mis à les écrire et des mots en avant qui m’attendent et pour lesquels j’appelle l’inspiration et le souffle. L'édition surtout qui me donnerait l'élan nécessaire à poursuivre. Je pourrais dire "je n'ai pas écrit en vain" comme quand on se cherche une raison de vivre. Au rythme où je vais, mes 58 ans en arrière qui n’ont accumulé qu’un peu d’expériences, il me faudrait encore 200 ans pour vivre ce que je n’ai pas vécu, écrire ce que je n’ai pas écrit. Surtout quand je me compare à quelques jeunes qui, à vingt ans, ont déjà le bagage qui m’en a pris le double à acquérir.
Je lis et relis trois lignes d’un auteur, je voudrais les commenter, les mémoriser, les avoir écrites parfois. Je me lève, en écrit quelques-unes à mon tour, inspirées de cette lecture, sans lien avec celles de la veille, écrites sur un autre sujet, dans un autre élan. J’ai des cahiers remplis de phrases aussi inutiles que du yogourt dans un réfrigérateur : celui qui ne sert pas, qui moisit, qui sera « passé date » si on le laisse au fond.
Des mots qu’on écrit dans le silence d’une bienheureuse et nécessaire solitude. Je ne sais pas écrire dans le bruit, dans le tourbillon des autres vies qui se bousculent devant moi, ne serait-ce que dans le téléviseur. Et quand les vies grouillantes et parlantes reviennent dans mon paysage, je ferme le cahier.
Quelquefois un peu inquiète, certains jours, déchirée entre écrire pour le plaisir et d’autres jours vouloir gagner ma vie avec cette facilité que j’ai de parler, de m’exprimer, d’aligner des mots. « Fais ce que tu aimes » me disait mon père. Je l’ai écouté. J’aurais peut-être pas dû. Être moi-même dans un monde d’argent alors que ma nature profonde ne s’y attache pas. Un gigolo qui se ferait entretenir. Une intellectuelle amateure.
Claude Jasmin. Je reviens souvent vers lui. Par curiosité, une attirance que je ne m’explique pas. Peut-être parce qu’il m’avait écrit un mot gentil quand « Je me veux » a été publié. Je lis quelquefois son blogue, ça me fait penser au mien, embryonnaire.
Je n’avance pas au rythme où je voudrais. Un rythme tel que j’aurais des mots derrière qui correspondraient au temps que j’ai mis à les écrire et des mots en avant qui m’attendent et pour lesquels j’appelle l’inspiration et le souffle. L'édition surtout qui me donnerait l'élan nécessaire à poursuivre. Je pourrais dire "je n'ai pas écrit en vain" comme quand on se cherche une raison de vivre. Au rythme où je vais, mes 58 ans en arrière qui n’ont accumulé qu’un peu d’expériences, il me faudrait encore 200 ans pour vivre ce que je n’ai pas vécu, écrire ce que je n’ai pas écrit. Surtout quand je me compare à quelques jeunes qui, à vingt ans, ont déjà le bagage qui m’en a pris le double à acquérir.
Je lis et relis trois lignes d’un auteur, je voudrais les commenter, les mémoriser, les avoir écrites parfois. Je me lève, en écrit quelques-unes à mon tour, inspirées de cette lecture, sans lien avec celles de la veille, écrites sur un autre sujet, dans un autre élan. J’ai des cahiers remplis de phrases aussi inutiles que du yogourt dans un réfrigérateur : celui qui ne sert pas, qui moisit, qui sera « passé date » si on le laisse au fond.
Des mots qu’on écrit dans le silence d’une bienheureuse et nécessaire solitude. Je ne sais pas écrire dans le bruit, dans le tourbillon des autres vies qui se bousculent devant moi, ne serait-ce que dans le téléviseur. Et quand les vies grouillantes et parlantes reviennent dans mon paysage, je ferme le cahier.
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