Pour qui ne le sait pas, il fut un temps où j’ai envié plusieurs « snowbirds » qui partaient six mois dans le sud. Il fut même un temps, à peu près à la même époque, avant l’ère des blogues et des réseaux sociaux, où je me demandais si je ne pourrais pas prendre une année sabbatique et faire le tour de la France ou, comme deux professeurs que j’ai connus, quelques mois aux États-Unis et quelques mois en France. En véhicule récréatif, il va sans dire, ou au moins dans des campings, je n’ai jamais pensé voyager autrement après l’achat d'une petite caravane portée de sept pieds et demi en 1994.
Il y a toute une différence entre lire les récits des autres, leur envier leur voyage, examiner ses horaires, ses moyens financiers et plonger tête baissée dans la réalisation de ses rêves.
J’ai envisagé plusieurs possibilités comme tout vendre, mais avant de déménager ou même de partir six mois à l’aventure, je me suis permis de faire un essai, plusieurs essais. Voir combien de temps je pourrais…
Début mai 2003, donc départ vers l’ouest avec intention de visiter le nord-ouest des États-Unis et de revenir par le Canada, sans date de retour. Ce qui fut fait. Je croyais réellement partir jusqu’en septembre au moins. Au parc Yellowstone, j’ai accusé les hauteurs de mes malaises physiques, mais je réalisais surtout que j’étais loin, à sept jours de tout ce que j'ai chez nous et que je n'ai pas ailleurs. Donc, j’avais un chez nous, je devais bien l’admettre. Après Calgary, l’artiste peintre avec qui je voyageais venait d’être acceptée dans une galerie. Nous n’avions plus qu’une hâte : rentrer chez nous. Total 44 jours.
Nous savions des lors que nous ne partirions jamais 365 jours.
Mais c’était l’été, il restait à nous prouver combien de temps nous pourrions être des moineaux d’hiver.
En 2008, début février, direction Georgie. Malgré les no-seums, nous avons adoré notre séjour au Blythe Island campground. Nous n’oublierons les sentiers, les marécages, l’accueil des préposés. Nous avons écourté notre séjour, tellement on avait hâte de parler à des francophones. Dès que j’en voyais arriver au poste d’accueil, je me ruais quasiment dessus pour leur souhaiter la bienvenue. Total : 58 jours
Nouvel essai en 2009 en variant un peu les campings, total 59 jours.
En 2014, nous avons carrément choisi un camping avec activités, avec Québécois, avec tout ce que nous aimons. Et pas avant mars. Nous avons tout aimé et pourtant.. total 57 jours.
Il n’a quand même pas fallu attendre dix ans avant de comprendre qu’on ne sera jamais des «snowbirds» et que nous ne partirons jamais plus de deux mois.
Nous sommes presque en février 2016, chaque matin, je jette un coup d’œil à deux ou trois forums et cinq ou six blogues de caravaniers, je suis heureuse de voir leurs photos, de lire leurs récits, mais ça ne me donne pas envie de partir parce que je n’ai plus besoin de faire d’essais ou de tenir une liste des pour et des contre. Je suis bien chez nous, je suis mieux chez nous que partout ailleurs, même s’il fait froid, même si ça me prend dix minutes à m'habiller pour sortir.
Être dehors, marcher dans des sentiers chez soi, sur son terrain, suivre les traces des lièvres, des dindons sauvages, espérer le cri d'une mésange. N'entendre que le vent dans les feuilles. Tout en étant à un kilomètre du village, de la civilisation, des services, ce qui rassure, je dois bien l'admettre.
Être dehors, marcher dans des sentiers chez soi, sur son terrain, suivre les traces des lièvres, des dindons sauvages, espérer le cri d'une mésange. N'entendre que le vent dans les feuilles. Tout en étant à un kilomètre du village, de la civilisation, des services, ce qui rassure, je dois bien l'admettre.
Prunelle (notre véhicule récréatif) est là, ses fenêtres bien protégées contre les petits cailloux sournois, qui attend, comme nous, le printemps et le retour des moineaux d’été. Quoiqu’il n’est pas dit que nous ne devancerons pas un peu ce printemps en allant à sa rencontre… au mois de mars. Surtout si le temps continue d’être doux, merci El Niño, il sera peut-être aussi hâtif en Caroline du Sud, qui sait!
Et puis, fin février, il y aura le Salon du live de l'Outaouais: quelques nouvelles à ce propos dans une dizaine de jours.
Super texte, comme toujours... je m'y suis reconnue à l'occasion. J'ai aussi souvent écourté mes voyages, sans regrets. L'idéal est d'etre bien partout où nous sommes au moment où on souhaite y etre, non?
RépondreEffacerUn billet plein de sagesse.
RépondreEffacerJe suis moi-même un "snowbird" qui déteste l'hiver... Sauf en photo. Cette vie me plaît autant qu'à mon épouse. Je demeure persuadé que vivre l'été à l'année ou presque, prolonge notre existence.
RépondreEffacerPar contre je respecte les choix des amants de l'hiver parce que dans le fond, l'important, c'est de vivre pleinement ses choix sans aucun regret. À la lecture de votre texte, il n'y a aucune ambiguité, ça respire le bonheur.
On se ressemble car nous aussi l'hiver, à date, que du bonheur!
RépondreEffacerOn revient de Kuujjuaq et vraiment, nous avons ADORÉ!
Les saisons intermédiaires, là, on s'en passerait.
Nous partirons donc à la rencontre de l'été en mars!
Personnellement, 10 semaines, c'est notre maximum.
On dit toujours, il n'y a de bonne ou mauvaise façon de voyager, il faut juste trouver SA façon!
Nous sommes bien d'accord, mais il faut expérimenter beaucoup pour trouver SA façon.
RépondreEffacerVotre texte est magnifique... J'aimerais bien un jour tenter un voyage en caravane... et devenir un petit moineau le temps d'un trajet. Nous nous croiserons peut-être au salon du livres de l'Outaouais!
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