Quand j’ai lu cette phrase dans un premier courriel : « […] ton roman recèle suffisamment de qualités pour que nous poursuivions le travail à cet effet. », j’étais contente bien sûr, ce n’était que le deuxième éditeur sur onze qui semblait intéressé à mon roman, mais, après les efforts déployés et la présentation de trois versions améliorées avec le premier éditeur pour n’aboutir à rien, je me méfiais. J’ai appelé, j’ai senti l’ouverture, j’ai même osé proposer que Louise Falstrault fasse l’illustration de la couverture, ce qu’il a accepté facilement.
J’ai réfléchi, j’avais déjà publié chez un éditeur « régional » pour un maigre 400$ et un pilonnage après trois ans. J’aurais voulu Montréal, plus d’exemplaires, une possibilité de traduction. Je rêvais comme un jeune qui se croit plein de talents et veut s'inscrire dans les meilleures universités mais qui est confronté à la dure réalité de ses limites.
J’ai fait une liste des pour et des contre.
Les pour :
Mon livre sera publié, je pourrais passer à autre chose.
Il sera publié chez un éditeur de ma région,
Vents d’Ouest, où je connais une bonne partie des intervenants : le directeur littéraire
Jacques Michaud dont j’ai tellement aimé le Marie-Clarisse, le graphiste,
Claude Bolduc, dont j’entends souvent parler, dont je lis les commentaires sur les blogues mais à qui finalement je n’ai jamais parlé. Meilleures relations, plus rapide pour moi d’aller à Gatineau que de me rendre à Montréal.
La promotion se fera surtout dans ma région où je suis quand même plus connue (si peu) que dans le grand Montréal.
Louise Falstrault pourra faire l’illustration de la couverture parce que l’éditeur aime bien encourager des artistes de la région, ce qui ne serait sûrement pas le cas chez un autre éditeur.
Les contre :
Adieu mon rêve d’être publiée dans une « grosse » maison d’édition montréalaise qui, selon moi, aurait vendu plus de livres parce que meilleure promotion, plus grande visibilité.
Je n’ai pas grand chance que mon livre soit vu au Salon du livre de Montréal, Vents d’Ouest n’y a pas de kiosque, alors que mon roman porte sur des personnages qui ont vécu à Saint-Henri.
Pas grand chance que mon livre soit traduit alors que les anglophones aimeraient sûrement cette histoire d’ancêtres irlandais.
Les pour l’ont emporté, surtout parce que je n’avais pas envie de recommencer à attendre, recommencer à envoyer mon manuscrit.
Et enfin…
Enfin, mon manuscrit sera publié. Il ne ressemble plus en rien à ce qu’il était au début, mais il deviendra un livre.
Enfin parce que la première fois que je l’ai envoyé à des éditeurs, c’était en octobre 2006 après deux ans de recherches et d’écriture, donc six ans sur la même histoire, sept quand elle sera publiée, ça suffit.
Enfin, je vais penser à autre chose, quoique encore un peu de révision, encore un peu d’attente, la parution, le lancement, la promotion…
Enfin, parce que je n’y croyais plus surtout après qu’un premier éditeur qui lui aussi avait eu l’air intéressé au point où il avait corrigé, il avait donné mon manuscrit à sa directrice littéraire. Trois versions rien qu’avec ces deux personnes-là.
Enfin, parce que j’ai suivi deux ans d’atelier littéraire et une session intensive d’une semaine toujours avec les mêmes textes, la même histoire et je ne voyais plus comment je pouvais l’améliorer. Seulement la poursuivre puisque j'ai du matériel pour des tomes subséquents.
Enfin, je peux me réjouir quoique ce n’est pas l’enthousiasme, la grande joie, le frisson, les hauts cris, le débordement des Ah! et des Yé! ou des Youppie! Je suis pourtant signe de feu et fille impulsive. Je ne veux pas trop savoir pourquoi je ne saute pas au plafond. Je ne veux pas avoir hâte. Seulement vivre chaque étape dans le plaisir. Ce matin, écrire ce billet, demain commencer la révision (mineure en comparaison à ce que j’ai déjà fait), ensuite, on verra.
Il est certain que je flotte quand même un peu beaucoup, je ne vois pas les malheurs des autres, je me fous du verglas, je ne sais pas s’il fait moins trois ou plus quinze, si le gouvernement est encore dans la m… et je ne m’intéresse plus qu’à une seule maison d’édition :
Vents d’Ouest!
Mise à jour: Ouest avec une capitale dans Vents d'Ouest
(logo empruntée à l'association des éditeurs de livres www.anel.qc.ca)