samedi 25 février 2012

De ma fenêtre

(Cliquez pour agrandir)
Les mots me fuient, mon coeur les craint un peu.
Je laisse les images le remplir de joie. Elles y réussissent très bien.

lundi 20 février 2012

Un dimanche à Duhamel


Duhamel, au bout de la route 321, en Outaouais. Pays de lacs et de forêts, pays de poissons et de chevreuils. Que je connais depuis 1956, que j'aime depuis toujours. Au bout de la route, au bout du monde. J'ai enseigné à leurs enfants, j'ai créé leurs armoiries colorées, j'y ai loué un chalet en hiver, j'y ai campé plusieurs étés. J'y ai skié. Je me suis prélassée sur la longue plage sablonneuse, réputée. J'ai nagé dans les eaux claires et fraîches du lac Simon.
Et ce dimanche, j'ai photographié les chevreuils, si nombreux, nourris de luzerne et d'amour.


(Album photos mis à jour, c'est par là >>>)


mardi 14 février 2012

Finaliste au prix littéraire Le Droit


Il y a des appels téléphoniques qui changent toute une vie. Certains en mieux, certains en pire. D’autres, beaucoup plus nombreux, vous donnent un petit coup au cœur et vous monte l’estime de soi d’un cran. 

Ce fut le cas hier, lundi. 
— Valérie Lessard, du journal Le Droit. 
— Oui. 
— Je vous appelle pour vous dire que votre livre Les têtes rousses est finaliste au prix Le Droit, catégorie fiction. 
— Ah oui! 

Un « Ah oui! » plus interrogateur qu’exclamatif, qui accélère les battements de mon coeur, mais pas comme si j’avais peur, mais plutôt comme une montée de bonne humeur, un cœur qui pousse sur l’estime de soi, et vous chante la fierté d’avoir réussi un examen, sans le soulagement parce que vous ne l’attendiez pas, sans la revanche sur l’autre prix que vous n’avez pas obtenu la semaine précédente, juste contente, juste un petit pied de nez à votre perpétuel doute sur votre talent. Ce n’est pas le prix du Gouverneur général, mais quand même une reconnaissance. Et puis, peu importe ce que c’est, vous n’allez pas commencer à le comparer, à le mesurer. Réjouissez-vous un point c’est tout! 

Un peu nerveuse, la responsable du cahier des arts me dit que mon nom sera ajouté la fin de semaine prochaine dans le cahier week-end. Un oubli me dit-elle dans le cahier de la fin de semaine passée. Pas remarqué, je ne suis pas abonnée au journal et cette partie du journal n’est pas sur Internet. 

Nous sommes quatre finalistes paraît-il, beaucoup de participants cette année et la remise du prix se fera au Salon du Livre de l’Outaouais. Un courriel suivra. 
— Merci beaucoup, est-ce que je peux l’annoncer? 
— Certainement. 

Alors c’est fait, je l’annonce, mon roman est finaliste au prix Le Droit

Yé! Yahou! Youppi! Bébé contente-contente.

(Illustration: extrait du prix 2011 publié sur Internet>>>)

dimanche 12 février 2012

Une pâtisserie au Château Frontenac,
devant le fleuve Saint-Laurent


Ces temps-ci, pas le goût d’écrire, écrire un roman je veux dire. Pas la tête à ça. Lettre reçue d’un «Malheureusement, vous n’avez pas gagné le prix…» et quelques autres petits (je me demande bien pourquoi j’écris « petits » alors que certains sont vraiment très gros) signes remettent (encore) en question mon choix d’écrire des romans. Comme si tout me disait de regarder à gauche alors que je m’obstine à marcher à droite.

Et puis voilà que ce matin, sur Facebook où je flâne en sirotant mon café, que vois-je, qui vois-je? Marie-Christine Bernard qui fait un lien vers son blogue. Comment ça son blogue? Quel blogue? Pas vu. Je m’y précipite. Rouge papier. Clique sur le profil pour m’assurer qu’il s’agit bien d’elle. Collège d’Alma, bon je ne savais pas, je m’en fous un peu. Livres publiés dans la colonne de droite. Je reconnais « Prix Abitibi-Bowater pour Mademoiselle Personne ». C’est bien elle. 

Non, je ne mets pas cette auteure sur un piédestal, je ne veux plus le faire pour personne, mais je peux bien en faire l’éloge, je peux bien lui dire mon admiration pour son roman, le seul que j’ai lu d’elle, Mademoiselle Personne. Roman que j'ai beaucoup aimé et pas seulement parce que l'histoire se passe dans cette Gaspésie que j'aime, même si je n'y vis pas. J’en ai parlé un peu dans ce billet, en juin dernier. 

Disons que je suis contente de trouver cette auteure qui blogue parce que :
1- Une auteure québécoise (des Français et Françaises, je n’aurais pas trop de difficultés à en trouver, j’aime encore lire les billets de Katherine Pancol), c’est comme regarder à travers la fenêtre et voir les châteaux de la Loire au lieu du Château Frontenac.

2- Une auteure qui n’écrit pas pour la jeunesse ou fantastique/science-fiction... je n’ai rien contre et je suis avec grand intérêt les blogueurs qui ont choisi cette voix, parce que finalement écrire, c’est écrire et les difficultés rencontrées sont du même ordre, mais tout de même, c’est un comme regarder à travers la fenêtre et voir la planète Mars au lieu du fleuve Saint-Laurent. 

Bref, je ne sais pas vraiment pourquoi je suis contente de l’avoir trouvée, pourquoi je suis contente qu’elle commence un blogue, ça tient probablement à un problème d’identification, mais bon, j’ai lu ses billets de février et je suis ravie, quelle écriture! Et c’est comme manger une pâtisserie au Château Frontenac en regardant le fleuve Saint-Laurent!

mercredi 1 février 2012

Givre



Ce sont pourtant les mots qui sont les plus forts.
Ce sont pourtant les mots que j’aime, ceux des autres quand les miens sont absents ou trop lourds.
Parfois, ils sont trop révélateurs, ils nous submergent, ils peuvent nous blesser, nous enfoncer.
Certains matins, ils s’imposent, certains soirs, ils s’envolent. Certains jours ils sont cris.
Parfois le silence nous fait croire que les mots ne s’insinueront pas, ne frapperont pas à la porte. Juste un peu de calme, juste un peu de repos. Pour récupérer.
Les mots, certes, peuvent être espoir, mais ils peuvent aussi être méchants. Ils savent trouver le cœur, mais ils peuvent aussi le transpercer.

Aujourd’hui, je préfère l’image. Givrée.


samedi 28 janvier 2012

Comme une mère qui n’approuve pas
le choix de ses adolescents



Mon esprit se faufilait encore dans les méandres des livres, des blogues, il s’attardait dans un café virtuel d’écrivains, baignant dans ces eaux où il se sent à l’aise, souvent chez lui. Il se distançait de la petite onde de choc que mes derniers billets sur les titres anglais des romans avaient provoqué chez lui. Ce matin, après la lecture d’un article de Nathalie Petrowski dans le cahier des arts de La Presse, mon esprit s’est calmé, s'est ouvert. 

La chroniqueuse, que je considère comme étant de ma génération, avec qui je suis assez souvent d’accord, écrivait sur le premier roman du jeune (26 ans) Alexandre Soublière, Charlotte before Christ. Un des titres qui m’a hérissé le poil. (Je ne peux pas croire que je suis en train de le promouvoir en ajoutant généreusement le lien!)

Comme une mère qui n’approuve pas le choix de ses adolescents rebelles. Adolescents et rebelles , n'est-ce pas un pléonasme? En disant adolescents, on pourrait croire que je joue à la mère supérieure qui force ses petits à tenir les yeux baissés, mais finalement le mot écrit me renvoie plutôt à ma propre jeunesse. Poussée par le grand vent de renouveau culturel qui a suivi l’Exposition universelle de 1967, et la montée du féminisme, moi aussi, je refaisais le monde, moi aussi, je voulais trouver mon propre chemin. Ça m’a pris des années à ne plus être la fille de… la sœur de… J’ai encore le livre  Je me veux  dans ma bibliothèque qui témoigne de ma volonté d’être qui je suis. Je voulais me démarquer, être originale. Surtout ne pas écouter la génération précédente. 

Et puis, dans la vingtaine, une fois sur le marché du travail, une fois en âge de voter, une fois l’influence des professeurs et des amis passée, je suis devenue plus docile. Comme mes parents, j’ai rugi, j’ai ragé en lisant quelques pages seulement, sans parvenir à terminer les premiers romans de Michel Tremblay, je n’ai pas voulu suivre cette mode des sans virgules et sans points d’une Marie-Claire Blais et je n’ai rien compris aux textes des poètes de l’Hexagone, Nicole Brossard, Gaston Miron. 

Pourtant, même si je ne comprenais pas, je respectais, j’admirais, je voulais m’en inspirer, m’en réclamer, m’y identifier. En fait, j’étais encore en train de me faire, je n’avais aucune certitude encore moins d’assurance. 

J’ai dû en acquérir au fil des ans. J’ai fait des choix. 

Je ne suis donc toujours pas d’accord pour utiliser de l’anglais dans les titres de romans, parce qu’il y a longtemps, j’ai fait le pari et le choix de parler et d’écrire en français quand je parle et que j’écris en français et de parler anglais quand je dois parler anglais. Pas un mélange des deux. Mais Nathalie Petrowski m’a fait comprendre que la génération d’aujourd’hui ne cherche pas à nous tasser, mais simplement à faire leur place et pour ces jeunes nés les doigts plantés dans la technologie, l’américanisme, la mondialisation les interpellent. Le langage web a remplacé le joual. 

Comme une mère, je n’approuve pas leur choix, mais je dois les laisser vivre et prendre leurs propres décisions, trouver leur propre identité. Mon cœur de mère va donc continuer à souffrir, je le crains. Et je n'ai pas encore lu le livre, juste le titre qui me rebute!

(photo trouvée sur Google images)

mardi 24 janvier 2012

Refroidir les ardeurs


Le dernier billet a soulevé quelques réactions autant sur mon blogue que sur Facebook. J’ai eu droit à de nouveaux venus, et surtout à un message de madame Cousture. Je me sentais comme à l’école normale quand un « vrai » professeur venait nous parler de son expérience : impressionnée, mais elle a su me mettre à l’aise et nous avons parlé entre auteures. Je n’ai pas changé d’idée au sujet de cette tendance à publier des titres en tout ou en partie en anglais, tendance dangereuse selon moi. Je respecte les opinions de chacun et je vis aussi dans cette société qu'à moi seule, je ne peux décider vers où elle se dirige. 

Ce matin, je réalise que si la tête est parfois capable de tenir une argumentation pendant quelques jours, mon petit coeur fâché n’aime pas souffrir longtemps, n’aime pas les tensions et les débats, il préfère continuer à aimer lire et à aimer les humains. Aussi, je délaisse les mots pour les images pour détendre l’atmosphère et refroidir les ardeurs. Voici donc quelques photos prises le matin du 22 janvier, à moins 28 degrés Celsius.








samedi 21 janvier 2012

Titres de romans en anglais : mon petit coeur souffre


Dans Le Devoir, la liste des romans qui sortiront dans les mois qui viennent. Encore trois titres en anglais à paraître d’ici le printemps (j'ai hésité à les nommer, à les montrer pour ne pas leur faire de publicité). 
Petal's Pub, Arlette Cousture (Libre Expression)

Charlotte before Chris, Alexandre Soublière (Boréal)

Négroni on the rocks, Rafaële Germain (Libre Expression)
L’auteur est québécois, l’éditeur est québécois, les lecteurs seront québécois et même si les romans se rendent en France, le lectorat est francophone à ce que je sache. Alors c’est quoi l’affaire? Je ne comprends pas, je ne comprendrai jamais. Même une raison de mode ou de mise en marché ne me convaincront pas. 

Quand bien même j’appellerai au boycottage (un anglicisme, oui, je n’ai rien contre qu’on emprunte des mots d’une autre langue, mais quand on a déjà des mots en français… et un mot n’est pas tout un titre), ma voix n’est pas assez forte, mon nom pas assez connu pour qu’on m’entende. Et je désespère de convaincre les plus jeunes que ça ne dérange pas. Que ça ne dérange plus. Même que plusieurs aiment ça, trouvent que ça fait bien à l’oreille. Lisez l’anglais, allez voir des films en anglais, si pour vous l’original vaut mieux qu’une traduction, mais puisque le roman est en français, pourquoi un titre en anglais? 

Même Arlette Cousture! Je l’aimais tant. Si c’est l’éditeur qui l’a convaincue, je suis déçue qu’elle ne lui ait pas tenu tête. Si c’est son idée à elle… même si ça parle d’Irlande, de Grosse-Île, de Griffintown — ce qui me fait plus mal encore puisque ce sont là les lieux de mon dernier roman, Les têtes rousses (je n’ai jamais songé une seule seconde à donner un titre en anglais ou en gaélique à mon roman)—, je lui en veux encore plus. J’en pleurerais. Comme un coup de couteau en plein cœur qui me dit : « tous ces efforts que tu as fournis, pendant tant d’années, à corriger, à vouloir améliorer, à être fière d’apporter ta petite contribution, tout ça, ne compte pas, on recule, on revient à zéro, vive l’anglais! »

Que faudrait-il pour que cette pratique cesse? Quelle levée de boucliers réussirait à endiguer cette vague qui s’abat sur nos romans depuis quelques années? Quel groupe puis-je rejoindre pour crier haut et fort mon indignation, pour dire ma peine?

Ajout: j'ai lu l'article du journal de Montréal où Arlette Cousture explique son choix du titre en anglais. Elle n'a pas réussi à me faire changer d'idée ou à me convaincre de quoi que ce soit. Dans Ces enfants d'ailleurs, les personnages venaient de Pologne a-t-elle choisi un titre polonais? Non, mon coeur n'est pas rasséréné du tout. J'en veux encore plus à elle qu'aux autres parce que la déception est proportionnelle à l'amour qu'on porte (portait) à quelqu'un. Sans compter, qu'avec sa réputation, je considère qu'elle a la responsabilité de l'exemple.

vendredi 13 janvier 2012

Un dinosaure à l'ère du numérique


Je n’ai pas de liseuse, je n’ai pas encore acheté de livre numérique, je m’attarde dans les bons vieux livres imprimés et publiés chez des éditeurs reconnus. Pourtant, je connais l’auto-édition depuis belle lurette. Bien avant qu’on en parle en mal, bien avant que l’impression numérique permette de petits tirages ou que le livre numérique attire l’auteur qui veut à tout prix publier sans vivre les longues étapes de l’édition traditionnelle. 

En 1979, mon père fondait les Éditions de la Petite-Nation. Ce qui lui a permis de mettre son expérience à profit et en plus des quatre ou cinq livres d’auteurs de l’Outaouais, il pouvait publier les livres qu’il écrivait et qui étaient refusés par les éditeurs. Le premier portait sur l’histoire de la Petite-Nation, celle de la seigneurie de Louis-Joseph-Papineau, du manoir du célèbre député. Pendant des semaines, des mois, il avait faisait des recherches au Manoir, au Château Montebello, au chef-lieu du comté. 

Les Éditions étaient une histoire de famille : mon père écrivait, ma mère corrigeait et tapait sur une énorme photocomposeuse, je cirais les longues épreuves en galés et je montais le livre sur des feuilles à carreaux bleus non reproduisibles (on disait non-repro). Nous faisions imprimer. Mon père préparait un article pour l’hebdomadaire local, y joignait un bon de commande. Mon frère s’occupait de l’administration. 

Quand les livres furent épuisés, mon père fit une mise à jour, des ajouts autant de textes que de photos, surtout au sujet du Château Montebello construit en 1930. En 2003, une troisième édition voyait le jour et s’ajoutait également une version légèrement différente, en anglais, qui raconte surtout la vie du Seignory Club

Même quand les Éditions de la Petite-Nation ont cessé leurs activités, mon père et moi avons continué de faire imprimer ce livre qui changeait de titre chaque fois. Il y eut donc Le manoir Louis-Joseph-Papineau, Rêves et splendeurs, La fascinante histoire du Château Montebello et La fascinante histoire du Fairmont Château Montebello, Les Seigneurs du ChâteauDreams in a Castle. Après 1980, les techniques ont évolué, j’ai numérisé toutes les photos, j’ai monté les deux versions, française et anglaise, avec mon bon vieux logiciel PageMaker qui date de Mathusalem, mais que je connais comme le fond de ma poche et comme il me permet d’exporter en fichier pdf, je n’ai pas l’air trop dinosaure. 

Mon père est décédé en 2006, mais ces deux livres lui survivent. C’est donc en auto-édition que je m’en occupe : toutes les dépenses, toutes les étapes, sauf l’imprimerie, mais tous les revenus. Certains jours, je n’ai pas l’air d’écrire, on me demande à quoi je travaille, eh bien ces temps-ci, sur ces deux montages : nouvelles couvertures, nouveau graphisme, un autre ISBN, mise à jour des événements qui sont survenus depuis la dernière édition. 

Ainsi, je demeure dans le monde du livre, même si ce n’est pas dans celui de l’écriture. Les deux livres seront prêts pour la Saint-Valentin et je pourrai aller porter les livres tout frais sortis de l’imprimerie dans la seule boutique qui me les prend tous : celle du Fairmont Château Montebello. 

Et qui sait si un jour, ce n’est pas par ces livres que j’entrerai dans l’ère du numérique. Ce serait grâce à mon père qui, pourtant, n’a jamais été capable d’utiliser un ordinateur! 

(illustrations: en primeur, les deux prochaines couvertures des livres auto-édités)

jeudi 5 janvier 2012

Lectures hommes femmes


Pendant les fêtes, j’ai lu, entre autres, L’homme blanc de Perrine Leblanc : auteure féminin, personnage masculin. J’ai également lu Tarmac de Nicolas Dickner : auteur masculin, personnages féminins. 
Dans les deux cas, point de sentiments, pas d’épanchements, et l’histoire d’amour, s’il y en a, est écrite entre les lignes, de sorte que, personnellement, je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages. Ce qui n’enlève rien à la force et à la valeur des romans qui résident surtout dans le choix et le traitement du sujet ainsi que du style très moderne, avec vocabulaire élaboré sans être affecté. 

Ce qui m’amène quand même à une question, déjà maintes fois posée par bien d’autres écrivains avant moi : y a-t-il des livres pour les hommes et d’autres pour les femmes? Question qui en entraîne plusieurs autres : les femmes peuvent-elles écrire pour les hommes et vice-versa? À celle-ci, en regardant mes lectures et celles des hommes qui m’entourent, je dirais que oui, mais il est vrai que dans certains cas, il y a des auteurs que je ne lis qu’occasionnellement (Ken Follet, Tom Clancy, Louis Hamelin) alors que je n’ai jamais vu mon frère lire Nancy Huston ou Marie Cardinal. Je n’irais pas jusqu’à dire que je refuse un John Grisham sous le seul prétexte que c’est un homme et que ses personnages principaux sont souvent des hommes. Autre question soulevée : est-ce que j’écris pour les hommes ou pour les femmes? Je n’ai pas encore eu d’écho d’hommes qui ont lu mes Têtes rousses. En revanche, deux femmes m’ont félicitée pour mes personnages masculins bien rendus, bien campés. Sans le savoir, aurais-je suivi les quelques conseils donnés sur ce site français>>> ?

Je me rappelle une anecdote : quand mon père a écrit un roman (était-ce Eurydice, je ne saurais dire), il l’avait présenté, sous un pseudonyme, au Prix Molson. Il a appris par la suite qu’il ne l’avait pas remporté parce que ça faisait deux années de suite que le prix était décerné à une femme et comme le jury était convaincu que l’auteur du manuscrit était encore une femme, à cause justement du personnage féminin principal, le prix lui a échappé. Il s’est rattrapé par la suite, mais tout de même, c’est pour dire! 

Je ne tiens pas à rédiger une analyse universitaire ni même élaborer une théorie sur ce sujet, je me borne donc à vous renvoyer la balle : et vous, qu'en pensez-vous? que lisez-vous? Avez-vous l'impression d'écrire plus pour des lecteurs ou des lectrices?

(Illustrations des couvertures empruntées aux sites des éditeurs respectifs)

dimanche 1 janvier 2012

À vous, à nous!

Triste constat : je n’ai pas l’enthousiasme facile. Par contre, du genre caméléon, je prends l’humeur des autres. Ce matin, les bilans, les souhaits d’autres blogueurs et blogueuses me montrent le chemin de la bonne humeur. Quoi de plus agréable que d’être désirée : le Castor déplumé et Lucille des Chroniques décontractées veulent me voir au Salon de Rouyn en mai prochain. En 2011, j’ai rencontré Sylvie Gaydos pour la première fois. Aux Correspondances d'Eastman, en 2010, j'ai pu converser un peu avec Venise du Passe-mot. Au Salon du livre de l'Outaouais, j'ai réussi à placer un mot ou deux avec la volubile et intéressante Élisabeth. Quant à Pierre H. Charron et sa conjointe Chantale, ils me relancent depuis le début de mon blogue et viennent me voir jusqu’à Ripon, ce n’est pas rien, ça fait plaisir chaque fois. Et si je n’ai pas vu de visu  Gen, Isa, Audry, Prospéryne, (et quelques autres, des Isabelle, Francine, Suzanne, Julie, Ruth) j’ai grand plaisir à les retrouver chaque fois dans leurs blogues ou leurs commentaires. 

Alors à tous vous autres, devenus si importants pour moi, dont je guette les mots, les billets et les écrits comme le Petit Prince attendait sa rose et son renard, et comme vous savez que j’aime la généalogie (et non pas parce que je pourrais être votre Mémé, quoiqu'en pense Gen, surtout pas), même si ce n’est pas tellement cette passion que nous partageons, je vous laisse sur cette chanson, ne serait-ce que parce qu’elle se termine par...


 « car ce soir, nous allons danser! » 

Donc, réjouissons-nous, enthousiasmons-nous, levons nos verres à la nouvelle année et à tout ce que nous partagerons encore virtuellement ou de vive voix en 2012.

mercredi 28 décembre 2011

Je ne comprends pas


Je n’en suis pas à ma première publication en tant qu’auteure et, dans le milieu de l’édition, j’ai un tout petit peu d’expérience, mais tout de même, je ne comprends pas. Dans la chaîne du livre, il y a l’auteur, l’éditeur, l’imprimeur, le distributeur, le libraire et le lecteur. Dites-moi si j’en ai oublié? Qui a intérêt à ce que le livre se vende? L’auteur, l’éditeur (l’imprimeur s’en fout, il a été payé, mais tout de même s’il y a réimpression, il sera bien content, mais disons qu’on l’oublie pour l’instant), le distributeur et le libraire. À qui donc incombe la responsabilité de la vente du livre? C’est parce que je ne me sens ni compétente ni dynamique, ni compétitive que je n’ai pas accepté, il y a plusieurs années, de poursuivre dans la voie de l’édition. Je me suis contentée du graphisme et de l’écriture d’un livre. Je ne sais pas trop qui de l’éditeur, du distributeur ou du libraire doit faire tout son possible pour que chaque livre se vende le plus possible. Donc, je ne pointe personne du doigt, mais permettez que je pose des questions, que je livre mes observations, que je passe mes remarques. 

Je ne comprends pas. 

Sachant que je suis une auteure de l’Outaouais, sachant que l’éditeur est de l’Outaouais, sachant qu’il est plus probable que les médias de la région parlent de mon livre, plus que ne le feront ceux du reste du Québec (ce qui fut le cas), je ne comprends pas pourquoi il y a deux exemplaires seulement dans les librairies de l’Outaouais. Même nombre qu’à Amos ou Jonquière ou Granby ou même Montréal. À deux exemplaires, il est certain que mon livre ne peut pas constituer une pile, ne peut pas être sur un des blocs d’entrée, à la vue du visiteur. Je ne comprends pas pourquoi les libraires de l’Outaouais (ou de n'importe quel coin du Québec) n’ont pas un petit coin pour les auteurs de leur région, comme le font certaines bibliothèques. 

Il faut croire que je ne comprends rien à la vente. Qui devrait intervenir? Suis-je la seule à remarquer ces faits? À qui m’en plaindre : à l’éditeur qui fait de son mieux, au distributeur qui fournit le Québec entier, aux libraires de ma région? 

Je me contente pour l’instant de le noter dans ce blogue. Je me suis contentée aussi, cet après-midi, à Gatineau, de mettre le dernier livre qu’il reste dans une librairie (sur deux souvenez-vous) face devant.

mardi 27 décembre 2011

Passages obligés


Ne trouvant pas dans mes souvenirs ce à quoi je croyais quand j’étais enfant, comme Pierre H. Charron, j’ai plutôt relevé quelques étapes importantes dans ma vie. 
J’ai déjà lu dans Passages de Gail Sheehy (non, non, ne vous fiez pas au lien, j'ai bel et bien lu ce livre en français!) que nous vivons des «passages» à chaque dizaine environ. J’ai remarqué que les étapes importantes dans ma vie personnelle se passaient autour du chiffre 9. 
À 9 ans, ville nouvelle, école nouvelle, nouvelles amies (il faut dire que je changeais d’école chaque année, rien de bien différent, mais ce passage plus marquant parce que plus houleux). 
À 19 ans, je peinais amoureusement (on ne me fera jamais changer d’idée : la jeunesse n’est pas la plus belle période de la vie. Pas chez moi en tout cas). 
À 29 ans, je renonçais à gagner ma vie comme auteure et je me cherchais un emploi (à chaque renoncement suit un commencement, mais parfois la peine est plus profonde que la joie est réjouissante). 
À 39 ans, ah! un voyage en Europe, beau fixe. 
À 49 ans, j’en arrachais physiquement, je laissais mon emploi et je devenais travailleur autonome, à la maison. 
Je surveillais donc mes 59 ans. Rien à signaler. Eh non, belle année! Pas de passages difficiles. À 60 non plus. Fausse alerte ai-je cru, je vivrais une soixantaine tranquille. Mon horloge biologique n’a eu qu’un petit retard et un petit revirement : à 61 ans, la joie d’abord, les déceptions ensuite. Le doute qui gruge, les petites peurs qui grossissent, la réalité qui chasse (ou éloigne ou retarde) les rêves. Un seul espoir : avec les années, j’ai appris que justement ce n’est qu’un passage, un chemin, une tempête et qu’après les bourgeons reviennent, les feuilles verdiront, même si ce n'est pas le même vert. Et même pendant, à moi de voir les sourires, de profiter des journées ensoleillées, de lire un bon livre. Je suis mieux armée qu’à 9, 19, 29… je n'ai plus besoin d'avoir hâte que ça passe, je vis tout pleinement.
En avril, j’aurai 62 ans.
(photo de l'auteure de ce blogue, à 9 ans)

lundi 26 décembre 2011

Neige



Lendemain de Noël, ma journée préférée. Le soleil, la neige blanche, beauté hivernale: joies et plaisirs assurés. Le silence de la forêt, les traces de lièvre, les premiers pas dans la neige fraîche. Les joues qui sentent bon. Les yeux brillants qui regardent les arbres, de près de loin. Instant présent. Rien d'autre. Que là, que cela. Reconnaissante.

jeudi 22 décembre 2011

Ah! le temps des fêtes!


Écrire forcée, je peux rarement. En fait, je peux, mais ce n’est pas senti, pas très beau, pas original, pas organisé. Comme un examen, je ne suis pas à mon meilleur. Comme la carte qu’il faut écrire parce que c’est l’anniversaire de quelqu’un. Comme les vœux pour les Fêtes. Parce que j’écris, parce que j’aime écrire, on croit à tort que je peux écrire sur commande. Pour écrire, forcée, il me faut au moins une période de réchauffement, des brouillons. Et rien dans la tête, rien qui presse, rien à penser d’autre.

Ces jours-ci, j’ai la tête ailleurs, je n’ai pas le goût d’être poussée dans le dos ni par le verglas, ni par les obligations, ni par les fêtes et ses préparatifs.

Je lis les billets des autres, je relis ce que j’avais écrit les dernières années et rien ne me vient pour cette année. Je pourrais être ordinaire, conventionnelle, écrire des phrases toutes faites ou copier celles des cartes commerciales. Je pourrais. Pas que je n’ai pas le sourire, pas que je suis de mauvaise humeur, pas que je suis clouée au lit, fiévreuse, non, juste pas le goût d’écrire sur Noël qui vient. Ce soir, demain soir, le 24 et le 25, je vais voir du monde, de la famille, des amies, je vais aller chez eux, ils vont venir chez nous. Je vais parler, je vais manger, je vais recevoir et donner des cadeaux, une partie de moi sera heureuse, mais je sais que je vais faire des phrases banales, je vais lever mon verre en formulant les souhaits habituels. Et après, fatiguée, je vais m’écrouer sur mon lit et repenser à ces soirées, et je vais être probablement déçue de moi, les émotions à l’envers ou pas d’émotions du tout. Parce que, forcée, je ne suis pas le meilleur de moi-même. Une partie seulement, la sociale, la bavarde. Je suis une bavarde sociale comme on est une buveuse sociale. Pas à mon meilleur. Pourquoi faudrait-il que je le sois toujours? Écrire forcée, je suis plate. 

Pourquoi j’écris alors? Probablement pour voir si le petit démon va finir par se changer en ange, si la rebelle en moi peut accepter un peu de convention.

Peut-être est-ce seulement parce qu’il n’y a pas de neige, pas de magie : le cœur n’y est pas. Peut-être.

(illustration: extrait d'un tableau de Louise Falstrault)

samedi 17 décembre 2011

Une raison pour aimer un roman


Est-ce question d’intelligence? Non je ne crois pas. De tempérament, peut-être. Je n’ai jamais aimé analyser. Comprendre oui, chercher, fouiller, oui, mais analyser, décortiquer, formuler en phrases, non. Je dois être une intuitive. Donc je viens de m’apercevoir — intuitivement — que dans mes lectures, l’histoire, à elle seule, ne suffit pas pour que le roman m’intéresse, que les personnages, à eux seuls, ne suffisent pas pour que je m’identifie à eux. Je viens de comprendre que le style de l’écriture m’impressionne ou m’attire ou m’amène à la page suivante et encore et plus loin. 

Comment j’ai saisi ce phénomène? En lisant — rapidement — 33, rue de la Baleine de Myriam Beaudoin et en commençant aussitôt après Chroniques du Pays des Mères (ça m'arrache les doigts de devoir mettre des majuscules à pays et mère!) d’Élisabeth Vonarburg. Le premier, malgré les critiques assez élogieuses merci, dont celle de Venise dans son blogue Passe-mot, je n’ai pas eu ce wow, ce coup de cœur, ce plaisir, même pas une petite émotion que ce roman a fait naître chez bon nombre de lecteurs. Je n’ai pas détesté, j’ai même assez aimé, mais je ne parvenais pas vraiment à trouver ce qui me décevait. Je ne voulais pas que ce soit une simple question de graphisme : j’aurais mis les lettres en italique, choix bien personnel qui, je l’avoue, m’aurait fait passer certains passages où, à mon avis toujours, il ne se passait rien. L’intrigue n’a pas été suffisante pour me retenir bien longtemps, mais j'ai tout lu dans l'espoir d'y trouver, bien plus que le dénouement final, le pourquoi tant de gens avaient aimé.

J’en ai compris la raison après la vingt-cinquième page du roman d’Élisabeth Vonarburg : le style. Je me suis mise à penser pourquoi je n’aimais pas beaucoup les séries de Michel David, même si je dois admettre que l’histoire se lit toute seule et que les personnages peuvent être attachants. J’ai pensé aux livres de Cormac McCarthy que je n’ai pas terminés. J’ai pensé aussi au Si le grain de meurt d’André Gide que j’ai lu avec grand plaisir, à l’automne, je me disais que c’était le fait que ce soit une biographie, mon genre préféré. J’ai même pensé que j’étais devenue snob en matière de lectures : madame ne lit plus n’importe quoi, madame ne lit que de la littérature! Mais non, c’est tout simplement le style qui m’accroche, ça ne fait de moi une snob. S’il fallait m’en convaincre, je me suis rappelé qu’il y a bien des livres primés que je suis incapable de lire. Quand je lis et que j’admire comment les phrases sont construites, quand j’ai envie de recopier quelques phrases dans un cahier pour ensuite m’en servir (sans les recopier, juste m’en inspirer) lors de portraits, de descriptions ou tout simplement quand je veux accoler un adjectif à un nom pour que le lecteur voie, hume, entende… quand je prends mon temps pour déguster et non pas sauter au plus vite à la fin de l'histoire, c’est que j’aime vraiment le livre. Aimer d'amour, de jouissance et de reconnaissance. Bien sûr, si je m’identifie aux personnages en plus, si l’histoire m’intéresse (si je la comprends, ce qui n’est pas toujours le cas, je pense à L’énigme du retour de Dany Laferrière), alors, là c’est le plaisir assuré que j’étire. 

Vraiment, une belle journée : j’ai trouvé que le style dans un roman pouvait déterminer mon intérêt, le décupler. On m’aurait dit ça quand j’étais à l’école alors que je détestais l’ « étude comparative du style »! Il y a une différence entre aimer et analyser. Oui à la lecture, non à la dissertation. Oui aux courts billets de blogue, non à une maîtrise en littérature. 

Je retourne donc à la page 26 du roman d’Élisabeth Vonarburg, crayon à la main.

(Illustration empruntée au site http://sf.emse.fr/)

jeudi 15 décembre 2011

La vie après la vie du roman


15 décembre. Dans dix jours, Noël. Déjà petite folie dans les magasins. 

Mon roman est sorti en librairie le 12 octobre. Deux mois. Un autre mois et le distributeur fera probablement le tour des invendus. 

Si le livre est imprimé à moins de 1,000 exemplaires, pas grande chance qu’il se retrouve sur les cubes de promotion… 
Si deux livres par librairie, pas de quoi faire une pile impressionnante… 
Si aucun média n’en a parlé, sinon à la sortie du roman, une chronique à la radio régionale et un article dans un quotidien, régional aussi, (merci Andrée, merci Jessy, merci Michèle)… 
Si le service de presse de l’éditeur est d’une vingtaine d’envois… 
Si les personnes qui le reçoivent en service de presse n’en parlent pas… 
Si je reçois un chaleureux accueil d’estime de blogueurs et qui prennent la peine de l’acheter, de le lire et de le commenter (voir site des Têtes rousses >>>) 
Si des circonstances exceptionnelles décident de subvenir à ce moment précis (dois-je y voir un signe?), ce qui m’empêche de me lancer dans une promotion  auprès de libraires, de bibliothèques ou d’organismes où j’aurais pu présenter une mini-conférence ou des séances de signatures… 
Si on sait que ce sont les trois premiers mois les plus importants en librairie… 
Si on sait que le temps des fêtes est un temps propice à l’achat de livres à offrir en cadeau… 

Alors que puis-je faire pour le dernier sprint? 

La même chose qu’au début : espérer, faire confiance, lâcher prise. Ce que je pourrais faire de mieux, c’est de continuer à écrire, ce que je ne fais pas. D’arrêter de penser aux Têtes rousses, de rêver à sa traduction ou de le voir en film, de le laisser avoir sa vie, quelle qu’elle soit. Me réjouir de tout ce que le livre m’apporte et me fait vivre. Remercier tous ceux qui l'achètent, qui en parlent. Et me dire que la vie du roman n’est pas pour autant terminée après ces trois mois en librairie. Il reste les Salons du livre, il reste les bibliothèques.
Il reste surtout ma propre vie qui est toujours là, à attendre que je m’occupe d’elle.

vendredi 9 décembre 2011

Les troupes allemandes de Dominique Ritchot


Je ne suis pas la seule à partir de ses ancêtres pour publier un livre. Dominique Ritchot, généalogiste (une vraie de vraie, pas amateure comme moi) et descendante de soldat auxiliaire allemand,  s’est intéressée au livre de Virginia Easley De marce, The settlement of former German Auxiliary Troops in Canada after the American Revolution. Elle l’a non seulement traduit, mais revu toute la liste des soldats, consulté de nombreuses archives, corrigé des erreurs trouvées au cours de ses recherches et, après que les Éditions Septentrion aient abandonné la publication, l’auteure a persisté et a finalement pu voir le fruit de son travail, d’une bonne dizaine d’années, publié aux Éditions historiques et généalogiques Pépin (Institut généalogique Drouin) 

Ce n’est pas un roman, mais un ouvrage de référence fort bien documenté pour qui s’intéresse à la venue de ces soldats allemands longtemps appelés des « mercenaires », dans les années 1776-1783, pendant la révolution américaine.

Si je m’intéresse à ce livre, c’est que j’ai longtemps cherché l’ancêtre de Louise Falstrault: Heinrich Faulstroth, et c’est grâce aux recherches de Dominique Ritchot, entre autres, que je l’ai découvert. J’en ai déjà parlé, là>>>. Son livre nous permet de reconnaître de nombreux patronymes dont l’orthographe a changé au cours des années. La liste des épouses, en grande majorité francophone, est également très intéressante à parcourir.

L’auteure est aussi blogueuse à ses heures. Et elle s’occupe d’un forum sur les soldats qui provenaient de la région de Hesse-Hanau. 

(photo de la couverture, empruntée au blogue de Dominique Ritchot)

mardi 6 décembre 2011

Je pourrais parler de...


Je pourrais parler du décès de Louky Bersianik survenu hier, le 5 décembre. Reparler surtout de son Euguélionne qui m’a frappé de plein fouet quand je n’avais pas trente ans, et a laissé des traces qui ne s’effaceront jamais tout à fait, même si je suis incapable de relire le livre. 

Je pourrais parler de mon après-midi, assise sur une bûche à conter ma Petite-Nation à une équipe qui prépare une exposition permanente: comment je l’ai découverte, comment elle m’a conquise petit à petit, d’une plage sablonneuse à un grand lac rempli de plaisirs estivaux, à une descente de rivières, à l’amour des chutes Lockbow, où je n’amenais que les personnes aimées comme on livre une confidence, un secret, comme on dévoile le plus beau de soi-même. 

Je pourrais parler de Noël qui vient me chante-t-on de plusieurs voix, mais je ne suis tellement pas là et pas seulement parce que la neige se fait rare. Le repas de Noël risque fort d’être un buffet froid : charcuteries, fromages et toutes sortes de pains délicieux. Achetés prêts-à-manger. 

Je pourrais parler des livres que je ne lis pas, mais la nuit, quand je ne dors pas, j’écoute Fred Pellerin. Ses contes parlés sont bien différents de ceux écrits, mais je ne me décide pas à savoir lesquels je préfère. En fait, je prends les deux pour ce qu’ils m’offrent dans leurs plaisirs distincts. 

Je pourrais parler de bien des sujets, mais pas longtemps, mon esprit n’étant pas tout à fait assez libre pour plonger dans une chronique élaborée. Être collégienne, en dissertation, je n’aurais pas la note de passage, c’est certain. Incapable de rédiger un brouillon, tout au plus une prémisse.

Je me contente donc de publier la photo prise lors de mon passage au Salon des métiers d’art de Ripon où j’ai eu la surprise de voir arriver Pierre et Chantale qui me suivent partout, je dirais!


jeudi 24 novembre 2011

Des ballons lancés depuis trois ans


Il y a trois ans, je publiais mon premier billet. 
Trois ans. 

J’essaie de figurer ce que ça peut représenter 370 billets. Et je ne vois pas. On peut tellement faire dire ce qu’on veut aux chiffres. Je ne suis pas femme de chiffres, suis personne de mots et d’émotions. Que j’aie publié x livres dans ma vie, qu’un événement attire 5,000 ou 20,000 personnes, qu’un artiste peigne 20 ou 120 tableaux par année, que je gagne 20,000 ou 40,000 $ par année, qu’il fasse moins 5 degrés ou plus 33 degrés, l’important pour moi n’est pas là. C’est comment je me sens, qu’est-ce que ça me fait aujourd’hui, là. 

Et là, maintenant, aujourd’hui, je suis assez contente de ce blogue et fière de moi. Même s’il n’est pas ce que je voulais qu’il soit au départ. Je voulais des chroniques, des billets, comme les journalistes en pondent chaque jour ou chaque semaine. Je croyais créer un petit hebdomadaire culturel où il serait question de ma région, des artistes qui m’entourent et de mes démêlés avec l’écriture. Pas de vie personnelle. Il pourrait y en avoir beaucoup plus, mais il y a en déjà trop. Même aussi s’il n’a pas la profondeur, l’impact, le sérieux que je croyais pouvoir y mettre. 

Je voulais témoigner, faire profiter les autres de mon expérience, au sujet du monde de l’édition surtout, mais je sais bien — j’ai toujours su — que chacun doit faire son chemin, doit se forger sa propre idée. Tout au plus puis-je dire, puis-je partager et lancer mon ballon. Qui le regardera, est-il beau, est-il profitable, est-il bien rond, qui comptera combien j’en ai envoyé, à qui son envolée profitera-t-elle? Je ne saurais dire. Ma partie, mon besoin était de les gonfler, un à un, et de les envoyer dans l’univers. 

Ce que je continuerai de faire tant que j’en retirerai du plaisir et que les aléas de la vie m’en laisseront le temps.

(Illustration créée par la graphiste de ce blogue)