mercredi 16 février 2011

L'hiver m'a gelé le cerveau

Hier, un courriel se glisse parmi deux pourriels et deux autres courriels qui sont des fichiers pour une brochure que je monte. Dans une liste de courriels, rien ne différencie les importants, les intéressants de ceux qui iront à la poubelle sans autre regard.

L’objet « révision finale » ne me dit rien à première vue, le nom de l’envoyeur ne trouve pas mes neurones d’intelligence ou de mémoire très rapidement. Faut dire qu’il ne m’écrit pas tous les jours. Le temps de glisser les courriels importants vers mon dossier « à garder », le temps de supprimer les pourriels indésirables, mon esprit se réveille enfin : c’est le directeur littéraire de Vents d’Ouest où sera publié mon roman. Où ai-je la tête? Il m’envoie les corrections effectuées par la réviseure.

Ah! Allons, réveille, allume, c’est ton roman, pas celui de la voisine!

Contrairement à Dominic Bellavance, je me contente de deux étapes. J’imprime le courriel sans le lire à l’écran. Neuf observations qui tiennent en une seule page. Soulagement. Ça veut dire que tout le reste est bien? L’éditeur ne me renvoie pas les corrections de la réviseure? Comment m’améliorer alors? Je veux connaître mes fautes, même si ce ne sont que des coquilles, des inversions de lettre. Pas d’anglicismes? Pas de participes passés mal accordés? Ça ne se peut pas.

Les neuf observations ne me font pas dire de gros mots, ne me choquent pas. Ce sont de judicieuses observations, du genre : je parle de trois enfants à une page et de quatre quelques pages plus loin, il est question de sa chambre qui est au rez-de-chaussée alors qu’elle monte se coucher au premier, une répétition oubliée, et une liasse d’argent récupérée alors que le monsieur ne reçoit aucun salaire pour son travail. Elle a l’œil la linguiste, bravo! Un métier que je ne pourrais pas faire si je ne suis pas foutue d'avoir vu ce genre d'erreurs.

Je ne peux pas dire que ça se règle en deux minutes, ça me prend plutôt deux heures. Il faut que je cherche la page, que je trouve la ligne, que je vérifie, que je relise, que je réfléchisse comment je vais régler le problème, puis pour trouver la page suivante, je ne dois pas corriger sur mon manuscrit, donc corrige, copie et colle dans un nouveau dossier, sans changer l’original.

Deux heures plus tard, j’envoie les corrections (pas le nouveau manuscrit eh non, seulement les corrections, c’est le monteur qui va transférer les modifications, bizarre!)

C’est tout. Suis-je contente? Ai-je un cœur? Il me semble qu’il ne bat pas plus vite. Vraiment, en comparaison avec Lucille ou Sylvie, je suis de marbre.

On dirait que c’est le livre de quelqu’un d’autre. Quand réaliserai-je? Impression de passer à côté de ma vie d’auteure. Comme si ce n’était pas plus important que le souper que je vais préparer. Comme si ça ne m’intéressait pas. Un travail à faire, rien de plus! L’hiver m’a gelé le cerveau, je pense.

8 commentaires:

  1. Invite El Nino dans ton cerveau .... Le printemps arrivera plus vite :)

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  2. @Pierre: Faudrait pas qu'El Nino apporte trop de vent parce que dans mon cas, le vent c'est pire que le froid: tout passe de bord en bord, d'une oreille à l'autre et rien ne s'arrête en chemin!

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  3. P'tits drôles, vous me faites sourire!

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  4. Ouais... d'un autre côté, c'est peut-être moi qui souffre d'hystérie...
    J'ai quand même bon espoir que le coeur te palpitera plus que ça lorsque tu tiendras 'Les têtes rousses' entre tes mains.

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  5. @Ginette: si on te fait sourire, c'est toujours bien ça.
    @Sylvie: je ne sais pas trop, mais comme c'est nous qui avons fait la couverture, ce ne sera même pas une surprise, mais si je ne réagis pas, je te permettrai de me secouer. Non, non tu ne souffres pas d'hystérie, juste plus à l'écoute de tes émotions, peut-être!

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  6. @ClaudeL : Ben, c'est pas ta première publication. Oui, ça faisait longtemps, mais ça reste une vieille habitude qui revient.

    Je suis excitée pour mon roman qui arrive, mais loin d'être transportée de joie. Mon hystérie totale, je l'avais vécue avec mon premier texte publié dans Alibis! :p

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  7. Comme tu l'as si bien écrit et je te cite: «Ah! Allons, réveille, allume, c’est ton roman, pas celui de la voisine!» Alors réalise, c'est vrai, là, c'est réel sirop de sirop!
    Hihi ;-)

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