mardi 14 janvier 2014

Après que les arbres auront pleuré,
le ciel sourira

Pourtant je sais comment ça fonctionne, mais je me fais prendre chaque fois. Ça commence par un problème. Un problème, évidemment, que je n’ai pas le goût d’avoir, sinon, ça ne serait pas un problème. Un problème pour lequel il faut tout arrêter, cesser de faire ce qu’on était en train de faire et freiner notre élan. 

Ensuite, on prend son courage, on s’y attaque, on y fait face, on gueule un peu, le ton monte en même temps que l’adrénaline. Pour le régler, il faut du temps, de la patience. On s’y attaque, on sent qu’on va en venir à bout. On fait attention de ne pas se faire mal, de ne pas attraper de rhume. On mange à peine, on dort mal, on se lève la nuit, on surveille, on écoute. 

Le lendemain, dans la grisaille du temps, malgré les chemins glacés, on continue, on sort chercher ce qu’il faut, on communique avec des gens expérimentés, on demande des conseils, on se remet à la tâche. On fait ce qu’on peut, ce qu’on est capable de faire avec nos forces physiques et nos petits talents. 

Quand enfin le problème est réglé, temporairement, il reste à espérer que le printemps ne tarde pas trop pour y trouver une solution permanente, on pense qu’on va tout simplement continuer là où nous étions avant le problème. 

Mais non, c’est le blocage. C’est le fond du baril. Toutes nos forces physiques et encore plus les morales nous ont quittés. C’est la confusion, on ne sait plus où on était rendu et même si on trouve, l’élan n’y est plus. Tout ce qui était beau devient banal. Tout ce qu’on réussit à commencer est à refaire ou est de travers. Rien ne nous réussit. 

Il faut seulement se reposer. Attendre. Quand nos pieds sentiront le fond du baril, nous pourrons pousser et remonter. Lentement ou rapidement, c’est selon la gravité du problème réglé, je suppose. Il faut aussi en parler, l’écrire pour passer à l’autre étape, celle de l’oubli et de la remontée. 

Après que les arbres auront pleuré, le ciel sourira. Une fois encore.

(photos de l'auteure)

8 commentaires:

  1. mamieencavale.wordpress.com14 janvier 2014 à 22 h 28

    Beau texte.

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  2. Oh là, là. Fond du baril et tutti quanti...
    Période creuse, on dirait. :(
    Ferme les yeux et écoute la douce musique que je mets, là, en ce moment, juste pour toi.
    Le ciel sourira à nouveau, tu as parfaitement raison. Bientôt. Promis.
    Amitiés. xx

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  3. Sylvie, ne n'inquiète pas trop, c'est un tout petit baril, un problème domestique, mais qui a pris toutes nos énergies et nos pensées pendant près de trois jours. Ce qui fait qu'une fois réglé (de façon permanente quand la terre sera dégelée), le soulagement m'a retrouvée vidée.
    Mais ça va déjà beaucoup mieux et je retrouve mes esprits et mes occupations intellectuelles.

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  4. Parfois, juste un petit coup de talon contre le sol, pour donner une légère poussée, un début d'élan...

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  5. Oui, Andrée, ou un ciel rose de fin d'après-midi, une nuit de sommeil (quoique avec la presque pleine lune!), du silence et cela a suffit.
    Même le simple fait de l'avoir écrit a eu l'effet de transition.

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  6. Ah, les ennuis domestiques. Y'a rien qui tue autant l'écriture!!!

    L'autre fois chez nous le sous-sol s'est mis à sentir les égouts. La solution a été rapidement trouvée : le siphon de la douche du sous-sol (qui ne sert jamais) manquait d'eau. Sitôt un peu d'eau versée dedans, l'odeur a disparu.

    Mais j'ai passé trois jours à avoir peur qu'elle revienne, qu'on doive ouvrir le drain ou faire des travaux de fous.

    Pas besoin de dire que je n'ai pas écrit une ligne cette semaine-là!

    Pour un écrivain, être propriétaire donne une certaine stabilité financière... mais c'est dur sur la tranquillité d'esprit!

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  7. Gen, tu as tout compris. Je pense qu'être née en France et un peu plus tôt, j'aurais été du genre Simone de Beauvoir qui vivait dans une chambre d'hôtel, qui mangeait dans les cafés parisiens...
    Ou je me serais très bien vue en gigolo entretenu.
    Ah! toutes ces heures perdues en de vils travaux!

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  8. Ah, je vois par tes commentaires que ça va déjà mieux. Nos hivers nous confinent à nos ennuis domestiques. Ah, si ça pouvait toujours être le printemps !

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