La façon d’obtenir un
livre, version papier, n’a pas trop changé depuis quelques années. Peut-être
les « clubs » qui offraient des abonnements et vous envoyaient votre
livre par la poste ont-ils disparus, mais le livre numérique, lui, s’impose et
est là pour rester. Êtes-vous de ceux qui en profitent?
Autre nouveauté dans le
monde du livre, par rapport aux années 1960, disons, c’est le distributeur.
Celui-ci a de plus en plus d’importance. La chaîne n’est plus :
lecteur-libraire-éditeur, mais lecteur-libraire-distributeur-éditeur. Dans le
temps et l’espace, il est devenu un maillon majeur, responsable parfois d’un
retard ou de l’absence de tel ou tel livre sur les étagères. On a qu’à penser
au conflit qui a opposé Renaud-Bray avec Dimidia pendant près d’un an. Aussi, comme la majorité des nouveautés, à
moins d’un best-seller, ne demeure environ que trois mois
sur les tablettes d’une librairie, il ne faut surtout pas hésiter à demander, à
commander. Ce n’est pas parce qu’il n’est plus en librairie qu’il n’existe plus
d’exemplaires. Ceux-ci sont justement chez le distributeur.
Et je ne vous mêlerai
pas avec Demarque et l’Entrepôt numérique, mais il faut savoir qu’il ne suffit pas
au graphiste qui monte le livre papier de convertir son travail en epub. Un peu
plus compliqué car, au Québec entre autres, il faut ajouter un DRM (système de
gestion des droits numériques), ce qui fait que 1- tous les livres ne sont pas
disponibles en numérique aussitôt qu’ils sont sortis en librairie et 2- pas
tous les éditeurs, ni certains auteurs d’ailleurs, qui acceptent de publier en
numérique par doute, par prudence, comme on hésite devant ces inconnus que sont
la technologie et le piratage.
Pour les besoins de ce
billet, je situe une lectrice dans un petit village de 700 personnes, en
Outaouais (oui, oui, je sais, pas très original de se prendre en exemple, mais
de cette façon, moins d’informations erronées). Voici ses options :
Version papier
1- Librairie grande
chaîne
Où
que j’aille, dès que je vois des livres, je ralentis mon pas, je regarde, j’examine,
je feuillette même. S’il m’est arrivé d’acheter chez Renaud-Bray ou Archambault
à Gatineau, c’était parce que je passais par là. Mais depuis que j’ai été
sensibilisée aux problèmes des librairies indépendantes, j’entre dans ces
librairies franchisées, mais je n’achète plus. Chez Costco, je regarde de moins
en mois, les titres ne me tentent absolument plus.
2-Librairie indépendante
En
Outaouais, nous avons quelques librairies indépendantes, à Gatineau, secteur
Hull surtout, mais la plus près de chez moi, c’est la Librairie Rose-Marie, à
Buckingham. Je n’y vais pas aussi souvent que je voudrais parce que j’achète
moins qu’avant. Je n’ai plus les moyens de mes ambitions. Mais pour un cadeau
ou parce que je tiens vraiment à me procurer un titre, je téléphone ou je
regarde sur leur site si elle a les livres désirés. Au besoin je commande. De
plus, je tiens à cette librairie en particulier parce qu’elle offre un espace
aux auteurs pour des séances de dédicaces. Quand même pas tout le monde qui fait
la promotion de ce genre d’événement.
3-Librairie d'occasion
À quinze minutes de chez moi, nous avons eu la chance, depuis vingt ans et pour une autre année encore, d'avoir des passionnés de livres. Donc à la librairie De l'autre côté du monde, j'ai pu acheter et revendre plusieurs romans. Un très grand choix. Mieux que bien des librairies qui ne jurent que par le best-seller et les nouveautés des-trois-mois rentables. Merci Aline et Jean-Guy.
4- Bibliothèque municipale
Toujours
ma lectrice qui demeure dans un village de 700 âmes et une région de 20,000 personnes,
qui peut se rendre à sa bibliothèque ouverte le mercredi soir et le jeudi après-midi. Elle peut quand même jouir d’un réseau bien établi : Biblio-Outaouais.
Comme les municipalités ont le devoir d’octroyer un budget à leur bibliothèque
municipale, chaque bibliothèque peut acheter des livres. Mais de plus, par l’intermédiaire
de Biblio-Outaouais, la lectrice que je suis peut bénéficier des échanges entre
les bibliothèques du réseau tout informatisé. Si le roman que je cherche n’est
pas sur les tablettes, la commande est passée, le livre arrive par la poste et
la bibliothécaire m’appelle. Je bénéficie donc des dernières nouveautés, assez
rapidement.
Mon écran préféré, un favori que je consulte plusieurs fois par semaine |
Version numérique
5-BANQ service à distance, via pretnumérique.ca
Ce qui m’a intéressée dans le numérique, c’est le temps.
Pour une pressée comme moi qui a toujours hâte au livre suivant, je suis
choyée: j'entends parler d'un livre, je cherche, je trouve, je feuillette,
j’emprunte (ou non), je reçois, je peux commencer à lire. Cinq minutes.
Bien sûr il y a des « mais ». Ce ne fut pas très facile de se brancher à la BANQ. N’étant pas de Montréal, j’ai dû passer par le Service à distance et ensuite arriver au Prêtnumérique.ca qui est une plateforme de… prêt numérique. Pas facile d’apprendre une nouvelle technologie.
Et puis au début, on pouvait emprunter, mais pas réserver. Avec les années, le nombre de titres disponibles augmente et se diversifie. Je n’ai pas qu’accès aux livres québécois, mais aussi à des romans français, des traductions. Mais pas de Léméac et depuis peu les VLB.
Il a fallu aussi s’adapter à la lecture sur une liseuse (une Sony Reader dans mon cas) et maintenant je préfère ma tablette Nexus 7.
Je dois avouer que je ne lis pas de la même façon le numérique et le papier. J’abandonne plus facilement et avec moins de remords le numérique. Je n'en connais pas vraiment la raison. Parce que facile d’accès? Parce que l’attente n’est pas là? Pourtant…
Autre désavantage : si vous n’avez pas terminé le livre au bout de trois semaines, vous ne pouvez pas renouveler comme je le fais souvent à la bibliothèque.
Bien sûr il y a des « mais ». Ce ne fut pas très facile de se brancher à la BANQ. N’étant pas de Montréal, j’ai dû passer par le Service à distance et ensuite arriver au Prêtnumérique.ca qui est une plateforme de… prêt numérique. Pas facile d’apprendre une nouvelle technologie.
Et puis au début, on pouvait emprunter, mais pas réserver. Avec les années, le nombre de titres disponibles augmente et se diversifie. Je n’ai pas qu’accès aux livres québécois, mais aussi à des romans français, des traductions. Mais pas de Léméac et depuis peu les VLB.
Il a fallu aussi s’adapter à la lecture sur une liseuse (une Sony Reader dans mon cas) et maintenant je préfère ma tablette Nexus 7.
Je dois avouer que je ne lis pas de la même façon le numérique et le papier. J’abandonne plus facilement et avec moins de remords le numérique. Je n'en connais pas vraiment la raison. Parce que facile d’accès? Parce que l’attente n’est pas là? Pourtant…
Autre désavantage : si vous n’avez pas terminé le livre au bout de trois semaines, vous ne pouvez pas renouveler comme je le fais souvent à la bibliothèque.
6-Biblio Outaouais via prêt
numérique
Depuis
quelques mois, le même système est disponible chez Biblio-Outaouais. Beaucoup
moins de titres puisque le réseau doit acheter les livres. Très peu de titres
des auteurs de l’Outaouais, ce que je déplore évidemment même si je comprends
que c’est histoire de budget. L’avantage : si le livre n’est pas
disponible à la BANQ, je vais voir chez Biblio-Outaouais et, probablement parce
que nous sommes moins nombreux, il arrive souvent que le titre soit disponible
immédiatement. Plaisir.
Si après toutes ces possibilités légales (et je n'ai pas parlé des Salons du livre, de la bibliothèque privée d'un frère, de l'échange entre membres d'un cercle de lecture),
la lectrice n’est pas rassasiée, je me demande qui le serait.
J’ajoute que l’auteure,
elle, (et j’en suis pour témoigner), que vous achetiez votre livre à la librairie,
que vous le commandiez par Internet, que vous l’empruntiez en numérique ou
papier a votre bibliothèque, l’auteure touche toujours 10% du prix de vente. Pas
chaque fois que vous l’empruntez à la bibliothèque, ce serait trop beau, mais si elle achète trois, quatre, dix livres, l’auteure est payée pour chaque livre acheté,
papier ou numérique. De plus, il existe un programme fédéral qui offre aux
auteurs un certain forfait selon les livres trouvés en bibliothèques. Alors, n’hésitez
pas à acheter, mais aussi à emprunter. Tout est bon pour l’auteur.
Et pour vous faire
patienter jusqu’au 26 septembre, je vous offre un extrait de mon prochain roman,
Les têtes bouclées. cliquez ici>>> ou sur l'illustration dans la colonne de droite de ce blogue.
Exhaustif, ce texte! Bonne idée de faire connaitre ces aspects du métier d'écrivain. J'ajouterais que le DPP (Droit de prêt public auquel tu fais allusion) a réduit considérablement son apport.
RépondreEffacerEt puis, cette autre belle idée: quelques pages savoureuses de ton petit nouveau.
Merci Claude!
Je ne sais pas si le DPP a réduit son apport globablement, je sais en revanche que lorsqu'un nouveau titre paraît, j'ai un montant plus élevé l'année suivante. Et que je reçois encore de l'argent pour des titres publiés en 1979. Il suffit qu'ils se trouvent encore en bibliothèque.
RépondreEffacerCopibec, dont je n'ai pas parlé, lui aussi a diminué, par contre il "paie" maintenant les artistes en arts visuels.
J'aurais encore beaucoup à dire sur le métier d'écrivain. J'ai juste fait un petit tour en tant que lectrice-auteure-vivant à la campagne!
Billet intéressant... Je me compare et je me considère très chanceuse d'avoir autant d'options dans ma région pour trouver les livres qui m'intéressent (parce que pour l'instant, le numérique et moi, on n'est pas encore copains-copains!). Mais en effet, le numérique peut être une option très pertinente quand on est en région! :)
RépondreEffacerIsabelle, en effet, je suis venue au numérique pour deux raisons: accessibilité rapide et surtout accessibilité quand tu es à l'hôpital ou en voyage. Sinon, c'est certain que ma préférence va au papier. Faudrait pas que je demeure à côté d'une bibliothèque ouverte tous les jours, j'y serais dès l'ouverture et probablement à la fermeture. J'exagère à peine.
RépondreEffacerD'ailleurs je dis toujours que je ne regrette que deux choses des grandes villes où j'ai passé mon enfance et mon adolescence: le théâtre et les bibliothèques. Et j'ai fini par me passer du théâtre, jamais des bibliothèques.