vendredi 22 avril 2016

Je suis brune

Qui n’a pas eu de petit cahier noir dans lequel on couchait les mots dans l’urgence de dire l’émotion? Parfois en prose comme un journal intime, parfois en lignes courtes qu’on se targuait de nommer poème. On se croyait auteur en herbe, mieux encore, futur poète. On s’attendrissait à lire Rimbaud. On croyait comprendre les textes d’Aragon. On apprenait par cœur du Prévert.

Et on continuait de noircir des pages lignées. 

J’ai cessé d’acheter et de remplir de ces petits cahiers noirs quand, en 1969, j’ai rencontré Nicole Brossard.

En lisant Aube à la saison, j’ai su que je ne serai jamais poète. Pire, que ce ne serait pas mes lectures préférées. Même après trois lectures de ses poèmes, je ne « voyais » pas l’histoire, je ne saisissais pas le sens et je butais sur la typographie. J’aurais pu au moins admirer le style, aimer les mots, la musique. Même pas. Bon, si un peu, pour certains poèmes. 
sur ma prunelle
je veux des nuages effilés de bras
je veux des flots d’azur frappés sur le hublot de mes songes
je veux la plaine des  jours
tirée comme une joie
au cœur de mon paysage

J’aimais les livres, j’aimais les mots. Je lisais tout Tchekhov, je lisais tous les Spirou, je lisais des lettres, des journaux, des essais, mais à part les auteurs «obligés», je ne lisais plus de poésie.

J’avais honte mais je n’étais pas du genre d’élève à me forcer en espérant qu’à force de lecture, je comprendrais. J’étais prose probablement comme on est brune: ça ne se commande pas.

Mais voilà que, près de cinquante ans plus tard, je jette encore un coup d’œil, comme on essaie de goûter à un légume qu’on détestait dans son enfance. Et si j’allais aimer?

Aussi, par curiosité de Nicole Brossard, j’ai fouillé dans ma bibliothèque et j’ai trouvé Le Centre blanc que l’auteure avait dédicacé à mon père en 1980, et j’ai emprunté Les femmes rapaillées dans lequel je n’ai reconnu que trois noms : Nicole Brossard, Hélène Dorion et Louise Dupré. 

Il faut beaucoup de phrases pour arriver à exister. Il faut parfois même les traduire et ce n’est pas simple car ça passe par l’estomac, l’haleine des mots, le type de salive qu’elles sécrètent dans une langue et pas dans l’autre.
Nicole Brossard
Le voyage dure encore,
Qui me mène au commencement de moi-même,
Et la traversée ne connait aucun port.

Hélène Dorion
un regard, un seul
regard
autour de toi

et te voilà pénétrée
par la douleur
des femmes

Louise Dupré
Je comprends mieux qu’à vingt ans, j’admire encore plus, j'essaie de retenir les noms, mais je ne peux pas dire que j’aime parce que ça ne m’émeut pas. Et je n’ai plus honte d’être seulement brune (quoique c’est une image parce que je suis plutôt grise!)

Tout de même, je me suis inscrite pour le brunch du 1er mai au Centre d’action culturelle. J’irai écouter Claude Larouche, qui se dit « passeur de beauté » nous lire des textes poétiques de chansonniers québécois tels Gilles Vigneault et Félix Leclerc, mais aussi des poèmes de Baudelaire, Rimbaud et Aragon.

Lien vers La matinée de poésie>>>

samedi 16 avril 2016

Une autre façon de publier

Au Salon du livre de l'Outaouais 2016 (emprunt au site http://matv.ca/)
La ronde des Salons du livre se poursuit. Mi-avril, celui de Québec. Ronde, tournée, tourner en rond, ronde folle, y aller ou non. Jouer le jeu ou non. Le monde du livre est un jeu de hasard. Comme gagner à la loterie. 

Rien à voir avec écrire. 

Un jeu pour les grands. Les grands éditeurs, les grands auteurs. Grands dans le sens de gros, de connus, de ceux qui ont les moyens. Pour leur assurer une certaine visibilité ou présence, les petits éditeurs se rabattent sur le distributeur, comme Prologue. Les auteurs moins connus investissent de leur poche pour se payer l’hôtel, les repas, l’essence. D’autres ne jouent plus. Fréquentent plutôt les bibliothèques, donnent des conférences à des groupes ciblés, se rendent dans des expositions régionales. Ou restent chez eux.

Rien à voir avec écrire.

Parce que ceux qui écrivent, ce qu’ils veulent, eux, c’est écrire. Mais ce qui les épuise bien souvent c’est d’attendre, d’espérer. Attendre après l’éditeur, après l’acceptation de leur manuscrit. Espérer être découvert, être aimé, être lu, être vu. Et ils voudraient bien en vivre, ne faire que ça, parce qu’ils aiment ça, écrire. Le reste, c’est du social, du collatéral, du promotionnel. Quelques-uns voudraient bien être comme Elena Ferrante qui a dit à son éditeur : « De tous vos écrivains, je serai celle qui vous importunera le moins. Je vous épargnerai jusqu’à ma présence. » Mais ici au Québec, nos livres peuvent-ils être lus si l'auteur reste chez lui?

Je connais des auteurs qui jouent autrement. Et qui, en apparence du moins parce que sait-on jamais s’ils ne se sont tout simplement pas résignés à emprunter cette voie, faute de rouler sur l’autoroute — pourtant raboteuse comme toutes les routes — majeure de l’édition.

Certains, des plus jeunes, s’aventurent dans le numérique, dans le epub, ils sont à l’aise avec les logiciels et l’Internet. D’autres, des plus vieux, se sont frayé un autre chemin dans cet univers aux multiples avenues.

Le 30 avril j’assisterai au lancement d’un livre. Lors de la petite fête, tout aura l’air d’un lancement ordinaire : des invités, des amis, d’anciens collègues professeurs. Il y aura des fleurs, du vin et des petites bouchées, peut-être. Et surtout, un livre à fait normal : ISBN en page 4 ou 6, couverture soignée, reliure allemande, imprimé chez un professionnel.

On a pu ou pourra voir l’auteure au Salon du livre de l’Outaouais parce que l’auteure est membre de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais.
Mais tout de même ce sera différent des autres événements du genre.
Un, l’auteure a 86 ans.
Deux, c’est un livre autoédité.
Trois, le lancement ne se fait ni dans une bibliothèque ni dans un restaurant ni dans un Centre culturel, mais à sa résidence de personnes autonomes.

Le livre ne sera pas en librairie, quoique l’auteure réussira sûrement à convaincre quelques libraires indépendants de mettre son livre sur les tablettes. Peut-être même plus longtemps que le trois mois habituel. Mais pas dans toutes les librairies du Québec parce que le livre n’est pas publié chez un éditeur reconnu.

L’auteure aura tout payé : le montage, l’imprimerie, la livraison, les affiches. Elle aura tout orchestré du début à la fin. Elle aura demandé à une amie de faire le montage, à d’autres d’écrire des présentations, aura fait imprimer son livre, aura été le chercher à l’imprimerie, aura envoyé des communiqués de presse aux journaux de la région, aura eu une belle couverture dans l’hebdomadaire régional. Elle ira porter son trésor dans quelques librairies, aura envoyé des courriels, lancé les invitations. Et au final, les huit livres écrits dans les quinze dernières années lui rapporteront probablement plus que les deux ou trois publiés chez un éditeur reconnu, parce qu’elle a un bon réseau parce que si elle a eu toutes les dépenses, elle aura eu aussi tous les revenus. 

Elle sera fatiguée, mais fière. Heureuse d’avoir publié son huitième livre, tous autoédités. Heureuse d’écrire encore, de publier encore, de réaliser ses rêves, d’avoir des lecteurs et lectrices. Combien? Qu’importe, l’important pour elle c’est d’écrire, de laisser sa trace, de raconter ce qu’elle a vécu à ses enfants et petits-enfants.

Et moi, je suis heureuse de la connaître, elle me rappelle sans cesse que point n’est besoin de jouer dans la cour des grands, de courir après tous les Salons, de vouloir son nom dans tous les médias, de voir son visage sur de grandes affiches. De toujours vouloir plus : après la famille, le village, après la région, la province, puis la France et les traductions, les voyages en Europe, la télévision, le monde entier. 

Rien à voir avec l’écriture finalement.

À chacun son parcours, mais le mien ressemble de plus en plus à celui de mon amie de 86 ans : je laisserai ma trace. Qu’importe la profondeur du sillon, qu’importe le temps qu’elle restera visible. 

vendredi 15 avril 2016

Cette année encore: Myrtle Beach et les environs

Cette année encore, nous avons opté pour Myrtle Beach afin de devancer un printemps qui s'est avéré tardif au Québec. Quoique finalement ayant quitté le 17 mars et de retour le 9 avril, pas tellement moins de neige entre l'aller et le retour!
Ci-après l'album photo de cette année, un peu trop large pour ce blogue et si vous désirez voir plus d'oiseaux ou plus de levers et couchers de soleil ou tous mes voyages, rendez-vous sur mon site, ce sera beaucoup mieux. C'est par là >>>

dimanche 10 avril 2016

Onze heures plus tard, chez nous

Le cerveau est une drôle de bibitte. L’être humain au complet, disons. Pas vraiment logique. À moins bien sûr, — c’est plus que certain —, que je ne saisisse pas toutes les nuances de son raisonnement ou de son comportement sûrement teintés, l’un comme l’autre, d’émotions dont le propre est d’être irrationnelles. À preuve, pourquoi être revenue ce 9 avril alors que partout sur la route du Maryland à la Pennsylvanie, c’était annoncé « Winter wheather, use caution »? Sachant qu’à la maison, il y avait eu de la neige les jours précédents et qu’il en resterait sûrement. Qu’il ferait dans les moins 10 la nuit et un timide 0 le jour?

Nous sommes deux. Une qui a toujours peur de prendre les mauvaises décisions, qui pitonne sur sa tablette à chaque wi-fi rencontré pour vérifier les conditions routières de la 1-81 empruntée, et l’autre qui fait confiance, qui se dit qu’elle s’arrêtera si elle juge qu’elle n’est plus capable d’affronter ce qui se présente. Mais les deux s’entendent pour rentrer à la maison, les vacances sont finies. Plus le goût d’être dans le sud. Quand c’est rendu tu remarques le prix (élevé) des campings, que celui des State parks n'est pas bien mieux, que tu trouves bien longues les deux heures de pluie, que tu te dis à quoi bon aller là, qu’il vente trop pour aller à Cap Hatteras que tu as déjà vu, aussi bien rentrer. Quand tu commences à penser à ce que tu feras une fois à la maison, que ta tête y est déjà, ton corps te le dit, ton cerveau te le dit : allez, monte. Tu ne raisonnes plus. Tu t’entêtes, tu avances.

Et oh! petite merveille du corps qui s’inquiète la nuit et se fait des scénarios, ce même corps, le jour, trouve la force, le courage, l’énergie d’agir. Et une fois le jour venu, les raisonnements, les peurs, les hésitations se transforment en adrénaline et ce cerveau qui a créé l’inquiétude se met en mode adaptation et il réussit à prendre les bonnes décisions. 

Samedi 9 avril, route I-81, Pennsylvanie
Le matin, à Hagerstown, Maryland, au lever du rideau, la trace de neige prévue à l’aube n’a pas eu lieu, la route est à peine mouillée. Tu pars. Une petite heure après, un long nuage de brouillard se profile à l’horizon, une petite neige dans les champs. Une route mouillée pour l’instant. La neige tombe, fine puis floconneuse. Tu actives les essuie-glaces. Tu ralentis, tu ne dépasses plus, mais tu avances. À l’intersection de la 81 et de la 78, d’un seul coup, la voie de gauche est enneigée, tu ralentis encore. Tu ralentis encore, de 90 à 70 à 50km/h. Tu ne dépasses pas. Ça monte vers Hazelton. Tu connais la route et les montagnes de la Pennsylvanie. Tu connais tes repères. Tu réfléchis rapidement, tu pourrais arrêter au camping de Lickdale, ouvert toute l’année. Et puis, tu vois un camion 18 roues. Tu les aimes parce qu’ils sont informés, ils ouvrent les routes, ils assèchent la route. En voilà un qui te dépasse, ça te rassure, tu le suis. Et puis un long segment de construction, une seule voie. À la queue leu leu, à 70 km à l’heure, tu roules pendant plusieurs kilomètres en suivant le camion. Ton cœur se calme, ta respiration redevient normale. Tu te sens en contrôle. Et pas toute seule. Après Hazelton, il neige toujours, mais la chaussée redevient double et libre de neige. 

Il faudra attendre l’état de New York pour qu’il cesse complètement de neiger, retrouver une chaussée sèche. Le thermomètre restera autour de 0 degrés jusqu’à la maison, six heures plus tard. Le passage de la douane n’est jamais assez rapide ou facile à notre goût, d’autant que notre anglais n’est pas fameux, mais finalement un petit quinze minutes d’attente, quatre ou cinq questions d’un douanier qui ne te regarde même pas et te voilà enfin à trois heures de chez vous. Tu y seras avant le coucher du soleil qui, heureusement, au printemps, se couche de plus en plus tard.
Après onze heures de route, chez nous.

Ce soir-là, l’inquiétude fera place à la fatigue, mais tu seras fière de toi, contente de ton véhicule récréatif qui ne t’aura causé aucun pépin et aura fait son travail de trois quarts de tonne comme un pro.

Cesseras-tu pour autant de t’inquiéter et de surveiller les conditions météorologiques lors de tes déplacements? Cesseras-tu de voyager aux États-Unis en mars-avril?

Cesseras-tu d’être qui tu es?
Réponses au prochain voyage.

vendredi 1 avril 2016

Jour de pluie, qu'ai-je donc lu?


Jour de pluie. Jour idéal pour lire ou pour parler de lecture.

Il est des livres que je retarde de lire, que je retarde de finir également. Pour étirer le plaisir. 

C’en fut un. Parce que j’attendais de me procurer la suite pour les lire un après l’autre. Je n'ai pas pu résister.

Je l’avais commencé en numérique, mais d’autres travaux ont retardé la lecture, j’ai dû remettre le fichier à la BANQ avant d’avoir dépassé les trente premières pages. Après avoir relu un extrait, je décidai de l’acheter. Ainsi, j’aurai tout le temps pour le lire. À mon rythme.

Comment en ai-je entendu parler? J’ai oublié. L’important, c’est qu’il s’imposait. Il insistait. Il se représentait régulièrement devant mes yeux. 

Je ne connaissais pas Elena Ferrante. Elle m’intrigua un peu, mais pas autant que ce roman. Pressée de me rendre plus loin dans le roman, je me suis contentée de lire un article dans Bibliobs (lien à la fin du billet).

Le prologue à lui seul suffit à piquer la curiosité : une personne, une amie qui disparaît sans laisser de traces. Moi qui veux tant en laisser, paradoxalement. Intrigant. La narratrice, une certaine Elena Greco, sent le besoin de raconter la vie de cette amie, de raconter leur amitié. Leur enfance et leur adolescence. Ce qu’elles ont vécu, partagé: les poupées, les jeux, l'école, les garçons. 

Si je n’ai pas senti le besoin de savoir si c’était la vie réelle de l’auteure, j’ai tout de même ressenti une grande affinité avec ma propre expérience de l’amitié. Et c’est ce qui m’a rendu le roman très intéressant, en ce qui me concerne. 

L’histoire se passe à Naples, dans un quartier pauvre où les études ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Mais ç’aurait pu être dans une paroisse de Montréal ou de Québec, quoique dans les années cinquante, la guerre est encore un peu en arrière-plan et, dans ce cas, les Italiens n’ont pas les mêmes références que les Québécois. En fait, le lieu, l’époque sont bien là où ils sont. Bien présentés et je m’en satisfis grandement.

Tout l’intérêt de l’histoire tient surtout dans la façon dont l’auteure raconte en détail l’enfance et l’adolescence de ces deux fillettes. On les voit grandir dans leurs familles respectives, dans leur école, dans leur quartier. On sent bien l’évolution de l’une et de l’autre. Elles vivent ce que tous les enfants vivent : la jalousie, la violence, le rejet, le doute, la compétition, l’admiration, la recherche de la liberté, de l’autonomie, la volonté d’améliorer son sort.

Si je n’ai rien vécu de ce que les deux enfants ont vécu socialement, j’ai vécu tous ces sentiments si bien décrits. 

Et si Lina a l’air d’être l’héroïne du roman, comme si elle était le personnage le plus intéressant, personnellement, j’ai préféré la narratrice qui doute, qui se questionne, fine observatrice qui sait si bien expliquer ce qu’elle ressent. En fait, le titre aurait pu être : les deux amies prodigieuses.

J’ai donc hâte à la suite. Et mieux encore, je lirai avec plaisir d'autres romans d'Elena Ferrante.
Et je n’attendrai probablement pas un jour de pluie pour le faire.
Et vous, lisez-vous les jours de pluie?

mardi 8 mars 2016

Journée internationale des femmes:
« mes » écrivaines, mes modèles

Pourquoi soulignai-je la journée du 8 mars cette année?
Je ne l’ai jamais fait ni sur mon blogue ni ailleurs, j’ai vérifié. En fut-il plus question les derniers jours? En ai-je entendu plus parler et je veux y ajouter mon grain de sel? Qui sait et qu’importe. Prétexte? Sautons dessus. Pas pour débattre, oh! non, je laisse à d’autres ce soin, cette tâche ou ce plaisir, c’est selon!

« À ma manière » (pour parodier la ministre québécoise Lise Thériault), je souligne donc cette journée (entre vous et moi, c’est rendu une semaine, et ce sera bientôt un mois!) en dressant la liste des auteures que j’aime, que j’ai lu, que je lis.

Comme je n’ai pas toujours tout acheter, ou tout garder, j’ai cherché dans ma bibliothèque mais aussi sur Internet pour me rafraîchir la mémoire, ce qui m’a fait réaliser que… je ne suis plus jeune. Non, disons plutôt que j’en connais des écrivaines! Et si j’ai parlé à quelques-unes lors de Salon du livre, pour vrai, en chair et en os, je m’enorgueillis (d’autant que malgré tous mes efforts, justement parce que je l’ai connue, je ne parviens pas à comprendre ce qu’elle écrit) d’avoir connu et côtoyé… Nicole Brossard. C’était à l’autre siècle, je n’avais pas vingt ans! Tout de même.

D’entrée de jeu, je le mentionne : pas de nationalité, pas d’ordre d’importance, pas de catégorie-genre littéraire, pas de pétales de marguerites: un-peu-beaucoup-énormément. Seulement des auteures dont j’ai aimé les écrits. Pour certaines, je n'ai lu qu'un ou deux romans, pour d’autres : tous.

Donc, une ligne pour chaque auteure, chacune unique, chacune importante:

Simone de Beauvoir
Colette
Marie Cardinal
Benoîte Groult
Flora Groult
Mazo de la Roche
Charlotte Brontë
Emily Brontë
Daphné DuMaurier
Christine Rochefort
Annie Ernaux
Anaïs Nin
Hélène Ouvrard
Françoise Loranger
Claire Martin
Gabrielle Roy
Germaine Guèvremont
Anne Hébert
Denise Boucher
Nancy Huston
Madeleine Gagnon
Louky Bersianik
Simonne Monet-Chartrand
Francine Noël 
Madeleine Ouellette-Michalska
Arlette Cousture
Marie Laberge
Suzanne Aubry
Katherine Pancol
Louise Dupré
Lynda Dion
Hélène Dorion
Mylène Gilbert-Dumas
Lysette Brochu
Nicole Balvay-Haillot
Loïse Lavallée
Michèle Bourgon

Sans nécessairement avoir lu beaucoup de leurs œuvres, même vraiment très peu, j’ai aimé lire des biographies sur ces écrivaines :
Marguerite Yourcenar, 
Virginia Woolf
Marguerite Duras

J’aurais bien aimé, j’ai essayé plusieurs fois, je ne suis parvenu qu’à lire une vingtaine de pages de quelques-uns de leurs livres, donc admiration, mais j’assume :
Nicole Brossard
Marie-Claire Blais
Marguerite Yourcenar
Virginia Woolf
Marguerite Duras

En ai-je détesté? Non, aucune, pas plus que je ne déteste aucun écrivain. Seulement, plusieurs qui ne m’intéressent pas. Je ne les nommerai donc pas. Elles risquent simplement de se retrouver parmi celles que j’aurai oublié de nommer.

Je vous ai épargné des titres, mais je suis certaine que vous saurez en trouver, point n’est besoin aujourd’hui de se rendre dans une librairie ou une bibliothèque avec une liste, comme nous faisions à la rentrée scolaire au temps jadis. Google est là!

Et vous, quels sont vos auteures préférées?

samedi 5 mars 2016

Le souffle coupé


photographie prise à Kuujjuaq par Sylvie et Pierrôt (voir lien à la fin)
 « La vie, ce n’est pas seulement respirer. C’est aussi avoir le souffle coupé. »
Alfred Hitchcock
Le souffle coupé 
presque littéralement
par le vent qui cisèle les congères
par la neige à pelleter, à souffler
par la beauté du bleu azuré, par la pureté du blanc scintillant
par le temps qui file trop vite
par la course, disons la marche pour le rattraper, en profiter, sans trop le calculer
par cet hiver qui s’impose tardivement

Le souffle coupé
au figuré
par tous les livres à lire encore, les récents, les plus anciens
par tous les livres vus au Salon du livre
par tous les romans suggérés par des blogueurs, des chroniqueurs

Le souffle court
pour le manuscrit à écrire qui… s’essouffle, interrompu par d’autres activités, pour d’autres priorités.

Et pourtant, je respire, j’expire, je soupire. 
Et pourtant, je vis heureuse de chaque jour, de chaque saison, de chaque mot.
Heureuse de voir des paysages photographiés par d’autres, de lire les voyages vécus par d’autres. On a peut-être qu’une seule vie, plus ou moins longue, mais elle s’enrichit de celles des autres.

Merci à tous ces autres : blogueurs, voyageurs, forumeurs, auteur-e-s d’enrichir la mienne.

lundi 29 février 2016

Mon Salon pour les gens et les livres

Si je n’en parle pas aujourd’hui, après ce sera trop tard, déjà une autre actualité retiendra l’attention. Je sais bien qu’un blogue, une page Facebook n’est pas un journal, je n’ai pas d’heure de tombée. Tout de même, aussi bien en parler pendant que moi aussi, je suis encore toute là. Quoique la température aussi m’inquiète. Le lundi matin, c’est jour de piscine. J’y vais ou non? 

C’est d’ailleurs la question que je me suis posée chaque jour du Salon du livre de l’Outaouais. Il faut croire que d’autres ont moins hésité que moi puisque le Salon a connu une augmentation de 12 % ai-je lu.

Donc jeudi, je devais participer à une Table ronde animée par Catherine Voyer-Léger. Les yeux rivés entre l’application Meteo media/conditions routières et la route 323 qui passe en avant de chez moi, pendant tout l’avant-midi, j’ai finalement décidé de rester chez moi. À quarante ans, je n’aurais même pas regardé la météo, j’aurais foncé. Mais voilà, je ne les ai plus. Je ne regrette pas. D’autant que j’ai appris que l’animation avait été coupée de six minutes!

Reste le samedi et dimanche. Finissons-en avec la température que je termine ce billet sur le véritable intérêt du Salon du livre. Samedi, belle route sèche, aller-retour. Dimanche, petite neige à l’aller qui restait au sol, ralentissement et prudence, mais j’étais en sens inverse du trafic, les gens montaient à Tremblant, je descendais à Gatineau. Au retour, malgré les alertes en rouge de Meteomedia, et malgré que c’était l’inquiétude de bien des auteurs, il ne neigeait ni ne verglaçait, la chaussée était mouillée, besoin de bons essuie-glace et de lave-glace. Sans plus. Encore une fois, j’ai pensé à mes quarante ans quand ces questions bassement pratiques ne me dérangeaient pas, ne troublaient pas mon travail ni mes loisirs. Ou si peu. Ou moins longtemps. 

Alors ce Salon? Tu as aimé ou non? Oui bien sûr. Comment une auteure doublée d’une lectrice pourrait ne pas aimer. C’est le seul que je fréquente, je ne vais pas bouder mon plaisir ou commencer à lui trouver des défauts, des lacunes. J’y allais parce que mon roman Les têtes bouclées a paru en octobre. Donc le présenter à qui ne le connait pas déjà, au stand de Vents d’Ouest et au stand de l’Association des auteurs de l’Outaouais. Côté lecteurs, ce fut assez tranquille. Plusieurs regardent, certains s’avancent, quelques-uns lisent l’affichette, quelques autres lisent la quatrième de couverture et quelques rares encore m’ont posé des questions. Une seule vente à un monsieur à qui j’avais donné rendez-vous pour une tout autre raison. 

Donc si j’ai aimé le Salon, ce n’est pas pour les ventes. 

C’est pour les gens. Pour jaser livres avec des personnes qui aiment lire. Pour jaser avec des auteurs qui aiment écrire. Aller au-devant d’eux, leur demander des nouvelles, leur poser des questions. J’ai aimé rencontrer Isabelle Lauzon (lien vers son livre ci-après) dont je lis le blogue depuis ses touts débuts, il y a huit ans. J’ai félicité Nicole Castéran pour son prix littéraire Le Droit (bien sûr que j’aurais aimé être au moins finaliste). Sur Facebook, j’ai félicité Marie Noëlle Gagnon pour son prix Jacques-Poirier (bien sûr que j’aurais aimé…). J’ai parlé de nos ancêtres communs à Suzanne Aubry. J’ai parlé de Baie Saint-Paul à Sylvie Catherine De Villy alors que son chalet est au Lac-Saint-Jean! J’ai dit bonjour à sa sœur Corinne. J’ai aussi confondu Mylène Viens avec Marie-Josée Martin. Un peu mêlée la madame! J'ai embrassé chaudement Lysette Brochu. Je n’ai pas pu embrasser Marie Potvin parce qu’elle était grippée. J’ai diné avec Andrée Poulin toujours aussi affable. J’ai remercié Claude Bolduc et Michel Lavoie chez Vents d’Ouest, pour leur présence, leur soutien. Et aussi Valérie Perreault et toute son équipe, qui ont travaillé vaillamment au stand de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais.

C’est pour les livres. Je me serais peut-être laissée tenter par le dernier Michel Tremblay, mais pas de stand pour Léméac. De Catherine Voyer-Léger, j’avais aimé son Détails et Dédales alors je me suis procuré son Désordre et désirs. J’ai commencé à le lire, j’aime beaucoup : des courts billets qui viennent d’un ex-blogue qui parlent de sujets qui m’intéressent, qui me touchent de près. J’aurais bien voulu acheter L’amie prodigieuse et la suite Le nouveau nom, d’Elena Ferrante, mais un peu trop dispendieux pour mon portefeuille. Le premier est en livre de poche, mais il n’y en avait plus au Salon et le second vient tout juste de paraître. En attendant, j’ai téléchargé la version numérique disponible à pretnumerique.ca. Mais il y a de ces livres que je veux version papier, et plus qu'un prêt de trois semaines. J’ai noté aussi quelques titres pour de prochains emprunts à la bibliothèque.

Et dernier tour de piste : j’ai posé plusieurs questions pour un projet à venir qui, je l’espère, verra le jour en 2016.

Livre d'Isabelle Lauzon>>>
(photo de l'auteure qui a l'air bien heureuse de voir Isabelle Lauzon)

mardi 23 février 2016

Route glissante

Mon père a écrit près d’une centaine d’ouvrages, de la plaquette à quelques romans. Dont un lui a valu le prix Jean-Béraud Molson en 1979. La famille a fondé une petite maison d’édition qui a bénéficié de subventions pendant quelques années. J’écris, j’ai essuyé bien des refus, mais certains de mes livres sont publiés. Est-ce que je connais le monde du livre pour autant? Plus que d’autres, mais pas tout. Je ne sais rien par exemple de la traduction, des droits d’adaptation. Pas grand-chose sur les organismes et les subventions. Et à part pouvoir en nommer quelques-uns, je ne sais absolument pas comment sont attribués les prix littéraires.

Je ne peux donc pas émettre d’opinion sur ces sujets. Même pas perdre mon temps à essayer de les comprendre, à quoi bon m’aventurer sur cette route subtile. Alors juste dire mon ressenti. Juste me poser des questions. Au sujet du destin.

Au moment même où j’écris la suite et fin des Têtes rousses et des Têtes bouclées dans lesquels, dès le début, j’ai voulu interroger le destin, voilà qu’il vient encore me tracasser. Des associations d’idées, des coïncidences questionnables.

Les têtes bouclées n’ont remporté ni le prix Jacques-Poirier ni le prix littéraire Le Droit. Hier encore, j’ai compris qu’une nouvelle que j’avais même oublié avoir écrite ne gagnait pas non plus un des trois prix accordés. Tous des prix décernés en Outaouais. Pas au Québec, pas au Canada ou dans le monde entier, juste en Outaouais où je demeure, et mes écrits n’y sont pas retenus. Où le seront-ils? J’aurais aimé. Qui n’aimerait pas? Je suis heureuse pour les gagnant-e-s.

Bon, pas grave, la vie continue. Le Salon du livre bientôt. Où je devrais être à l’aise puisque des gens, comme moi, qui aiment écrire et lire. Des sujets qui m’intéressent. Le seul où je vais. Et voilà que la température annoncée me fait hésiter : neige, pluie, verglas. Est-ce que je vais risquer ma vie en roulant 75 minutes à l’aller et 75 minutes au retour pour un vingt-cinq minutes de jasette sur l’univers livresque? Du coup me revient l’année 2012 en tête : deux semaines avant le Salon du livre où je voulais lancer Les têtes rousses, l’oncologue me disait qu’il valait mieux commencer mes traitements de chimiothérapie au plus tôt. Exit le Salon de 2012. 

Ai-je un mauvais karma avec les Salons du livre? Avec les routes difficiles, les vraies comme les symboliques? 

Pas plus important que ça, mais la confiance en moi est ébranlée. Facilement ébranlée me direz-vous. Eh oui! Je suis ainsi faite. La confiance ne s’achète pas au magasin, mais elle peut être ravivée avec un peu de reconnaissance. Ou des routes sèches. 

Et puis, le destin, encore? Arriva un courriel. Un tout petit, anodin. Une ligne. Cinq mots : Inscription des têtes qui frisent.

L’espoir, la reconnaissance ne font pas le talent ni le mérite, mais ils peuvent encourager au travail. 

Cinq mots ont suffi pour me montrer la route à suivre : celle du travail et du plaisir d'écrire. La seule sûre.

samedi 20 février 2016

Des livres mais aussi des auteurs

Dans quelques jours, le Salon du livre de l’Outaouais. 

Des centaines d’auteurs, des éditeurs, quelques distributeurs comme Prologue… et des livres. Des milliers de livres. De tous les genres. Pour tous les goûts et tous les âges.

J’y serai, assise à côté d’auteurs à parler de nos livres (table ronde le jeudi 25 février, 15 h 30, place Yves-Thériault). Assise ensuite au stand de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais et au stand de la maison d’édition Vents d’Ouest. Au milieu de tant d’autres. Chacun espérant rencontrer des lecteurs intéressés.

Avant ou après les séances de signature, j’irai jaser  avec des auteurs, m’enquérir de leur dernière parution. Des auteurs connus sur Facebook, sur des blogues, mais des auteurs de l’Outaouais aussi. Et j'achèterai sûrement quelques livres pour satisfaire la lectrice en moi.

En 2011, sur ce blogue, je présentais quelques auteurs de ma région. (lire >>>)

Aujourd’hui, je vous en présente une autre dont je n’ai pas parlé encore. Pourtant elle est dans ma vie depuis 46 ans. Au début, nous étions toutes les deux enseignantes. Nous avions vingt ans de différence. On les a encore, forcément, mais en vieillissant, cette différence force mon admiration. Toutes les deux, nous avons toujours écrit. On ne savait pas que l’autre aimait écrire jusqu’à ce que, chacune de son côté, on publie. 

Elle force mon admiration parce qu’à 86 ans, elle vient de faire paraître son septième ouvrage. Elle force mon admiration parce qu’elle croit en ce qu’elle fait. Sans prétention. Pas pour faire de l’argent, pas pour être dans toutes les librairies, pas pour en faire son métier. Comme ça, parce que c’est important pour elle de raconter sa vie, son époque, ses souvenirs. Pour ses filles et ses petits-enfants. 

Il y a toutes sortes d’auteurs au Salon du livre. Des très connus, des inconnus. Tous espèrent rencontrer des lecteurs, présenter leurs livres. Il y aura toutes sortes de livres, des super médiatisés, des primés, des autoédités. Certains imprimés à 300 exemplaires, d’autres à 30,000. Mais pour le public, aucune différence, et c’est la loi du libre marché. La loi de la compétition. La loi du livre.

Dans cette jungle, Margot Lalonde Cloutier se fraie une place, elle prend sa place. Tout comme moi, tout comme des dizaines voire des centaines d’autres auteurs. Sans revendication, sans complaisance, elle s’assoira derrière une table, quelques heures, le temps de présenter ses livres dont le dernier : Ma cinquième saison. Le temps de dire qu’elle existe en tant qu’auteure. En tant qu’elle-même.

Et je serai fière de m’asseoir à ses côtés, au stand de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais.

dimanche 14 février 2016

Le chaud du dedans

Ce matin, chez moi, à l’extérieur : -38C, ressenti -45C. Mais un ciel bleu et un soleil comme je n’en ai pas beaucoup vu depuis le début de l’hiver. Lumière éclatante. Des jeux d’ombres qui font resplendir le blanc de la neige. Une beauté qui fait oublier le froid glacial. Un matin pour sortir prendre des photos… si mon corps n’avait pas crié «pitié, non, pas par ce froid!». J’ai plutôt fait le tour de mes fenêtres. Bien au chaud. Et j’ai lu.

J’ai lu deux blogues : celui du 13 février de Paul Roux qui était à Naples (ville de Floride et non ville d'Italie!), et celui-ci de Diane et Gilles au state park Oscar Sherer, Floride également.

Les deux m’ont fait réfléchir. Diane et Gilles parcourent la Floride d’une façon que j’aime beaucoup. Dans les state park, en ne restant que quelques jours dans chacun, en explorant la nature de la Floride et non seulement ses plages ou ses villes. J’ai bien essayé, mais chaque fois, j’ai bien vu que ma frustration ressemblait de plus en plus à celle de Paul Roux : trop de monde, trop d’automobiles, trop de routes. De plus en plus difficile de s’isoler dans la nature. De s’y aventurer comme si on était les premiers, les seuls. Peut-être ne suis-je plus fait pour ces pays citadins où le bon pain est rare et les cafés-terrasses encore plus? 

De toute façon, à -30, le CAA devrait venir réanimer la batterie de mon VR pour le faire démarrer. 

Donc, le départ est repoussé. En fait, pas de date fixée. Et c’est très bien ainsi.

Il ne reste qu’à me trouver un bon livre à lire. À moins que je ne voyage par revue interposée comme celle de Camping-car. Un petit tour en Nouvelle-Zélande, n’est-ce pas l’été là-bas?

jeudi 11 février 2016

Au Salon du livre de l'Outaouais
table ronde et séances de signature

Syllogisme :
Je suis une auteure.
Il existe plusieurs « Salon du livre » au Québec.
Donc je participe à plusieurs Salons du livre.
Faux.
Je ne vais qu’à un seul, celui de l’Outaouais.

Particulièrement cette année parce que mon roman Les têtes bouclées a été publié en octobre dernier.
Je pourrais expliquer en long et en large pourquoi je ne vais pas aux autres, mais je préfère, aujourd’hui, insister sur les raisons de ma présence à celui de l’Outaouais.

Donc pourquoi? 

Parce que j’y habite depuis… non, pas depuis toujours, mais depuis que je publie, c’est certain. Donc un bon quarante-cinq ans. 
Déjà dans les années 1980, les Éditions de la Petite-Nation, une petite entreprise familiale dont j'étais, y avaient un stand.
En 2005, Jasmine Lalonde avait animé une table ronde sur les biographies, à laquelle je participais, toute timide, à côté, entre autres, de Janette Bertrand. J’avais écrit Jacques Lamarche un homme une époque. Oui, mon père. À ce sujet, il traîne encore un article dans le journal Voir de 2005: lien à la fin du billet.

Et puis aussi, je suis de cette génération qui croyait que le livre devait être promu, pas l'auteur. 
Et puis encore, contrairement aux autres Salons de la province, parce que je peux m’asseoir derrière deux tables : celle de Vents d’Ouest, la maison d’édition qui a publié mes deux derniers romans et celle de l’Association d’auteurs et d’auteures de l’Outaouais qui fait un travail remarquable pour promouvoir les auteurs de la région. 

D’ailleurs, c’est cette association qui a proposé une animation au Salon du livre de 2016.
Table ronde à laquelle, j’aurai le plaisir de participer en compagnie de trois autres écrivains :
Benoît Cazabon : Tout dépend de vous, Société des écrivains, vers des ancêtres chez les humanistes du XVIe siècle.
Lise Bédard, dans les romans La rose des sources et La mémoire des sources, l’auteure fait revivre le Grand Hotel de Caledonia Springs de l’est ontarien.
Josée Mongeau, deux tomes des Chroniques de Ville-Marie, romans qui racontent la vie difficile des colons français installés à Montréal au milieu du 17e siècle.

C’est Catherine Voyer-Léger qui l’animera. Je l’ai connue en 2010 aux Correspondances d’Eastman, j’ai parlé d’elle à quelques reprises dans mon blogue, et j’ai avoué que j’aimais ses écrits dans un billet en 2013.

Le thème de la table ronde qui se tiendra le jeudi 25 février à 15h30 à la Place Yves-Thériault:
Voyage dans le temps et l’espace 
Le temps écoulé laisse une place à l’histoire. Entre le temps linéaire et la perception retenue des faits se crée un espace d’interprétation/création. Ici s’installe l’écrivain. Raconte-moi ton voyage! Quelles ruptures, conservations, identités, appartenance, mixités surgissent de tes écrits? Quelle conscience d’être-au-monde ressort de ces mises en œuvres littéraires?
Je ne connais pas les questions que l’animatrice nous posera. Je ne sais pas dans quelles sphères nous voguerons, mais ça ne m’inquiète pas. N’étant ni timide ni gênée en public, peu importe les questions, hautement rhétoriques, théoriques ou intellectuelles ou pas, je sais que je finirai bien par glisser, à ma façon, quelques réponses qui, je l’espère, sauront intéresser le public. Et peu importe le public… parce qu’un jeudi… à 15h30… Déjà, parler de mon écriture, du voyage des mots, du voyage de mes personnages, c’est un réel plaisir. Et je le ferais même devant quatre personnes seulement. Façon peu subtile de vous y convier!

En plus de la Table ronde, bien sûr, les habituelles séances de signature.
Voici les miennes.
Jeudi 25 février
(tout de suite après la Table ronde)
16 h à 17h : stand de Vents d’ouest

Samedi 27 février
13h à 14h Stand de l’Aaao
14h à 15 h Stand de Vents d’Ouest

Dimanche 28 février
12h à 13h Stand de l’Aaao
13h à 14h Stand de Vents d’Ouest

Je vous y attends.

Je suis une auteure.
Le salon du livre de l’Outaouais accueillent des centaines d’auteurs, du 25 février au 28 février.
Donc je participe à ce Salon.
Vrai.

le journal Voir de 2005>>>


samedi 6 février 2016

Katherine Pancol a bien raison

Quelle obsession quand on écrit!
On devient fantôme dans sa propre vie. Le quotidien est blanc, flou, vague, la version couleur est ailleurs. Dans le monde imaginaire qu’on construit.
Katherine Pancol,
dans son blablablog

16 heures, je lis, livre papier pour que mes yeux ne soient pas rivés sur des écrans douze heures par jour. Mais en lisant, des phrases s’interposent. Je me lève et j’écris.

4 heures du matin, je me réveille. Et arrivent, pressés de ne pas se faire oublier, mes personnages. As-tu pensé au nom de mon chien dit l’une. Et comment tu fais pour meubler deux maisons, me rappelle l’autre. La petite voix de la dormeuse essaie de les faire taire : Om Namah Shiva, Om Namah Siva. Respiration, expiration, bâillement. 

Pourtant l’autre, tout le jour, elle mange, elle sort, elle pellette, elle marche, elle jase, mais comme simple passagère. Derrière la façade, la conductrice, elle, manœuvre et rame ailleurs.

samedi 30 janvier 2016

Moineau d'hiver au nord

Pour qui ne le sait pas, il fut un temps où j’ai envié plusieurs « snowbirds » qui partaient six mois dans le sud. Il fut même un temps, à peu près à la même époque, avant l’ère des blogues et des réseaux sociaux, où je me demandais si je ne pourrais pas prendre une année sabbatique et faire le tour de la France ou, comme deux professeurs que j’ai connus, quelques mois aux États-Unis et quelques mois en France. En véhicule récréatif, il va sans dire, ou au moins dans des campings, je n’ai jamais pensé voyager autrement après l’achat d'une petite caravane portée de sept pieds et demi en 1994.

Il y a toute une différence entre lire les récits des autres, leur envier leur voyage, examiner ses horaires, ses moyens financiers et plonger tête baissée dans la réalisation de ses rêves.

J’ai envisagé plusieurs possibilités comme tout vendre, mais avant de déménager ou même de partir six mois à l’aventure, je me suis permis de faire un essai, plusieurs essais. Voir combien de temps je pourrais… 

Début mai 2003, donc départ vers l’ouest avec intention de visiter le nord-ouest des États-Unis et de revenir par le Canada, sans date de retour. Ce qui fut fait. Je croyais réellement partir jusqu’en septembre au moins. Au parc Yellowstone, j’ai accusé les hauteurs de mes malaises physiques, mais je réalisais surtout que j’étais loin, à sept jours de tout ce que j'ai chez nous et que je n'ai pas ailleurs. Donc, j’avais un chez nous, je devais bien l’admettre. Après Calgary, l’artiste peintre avec qui je voyageais venait d’être acceptée dans une galerie. Nous n’avions plus qu’une hâte : rentrer chez nous. Total 44 jours. 
Nous savions des lors que nous ne partirions jamais 365 jours.

Mais c’était l’été, il restait à nous prouver combien de temps nous pourrions être des moineaux d’hiver. 

En 2008, début février, direction Georgie. Malgré les no-seums, nous avons adoré notre séjour au Blythe Island campground. Nous n’oublierons les sentiers, les marécages, l’accueil des préposés. Nous avons écourté notre séjour, tellement on avait hâte de parler à des francophones. Dès que j’en voyais arriver au poste d’accueil, je me ruais quasiment dessus pour leur souhaiter la bienvenue. Total : 58 jours

Nouvel essai en 2009 en variant un peu les campings, total 59 jours.

En 2014, nous avons carrément choisi un camping avec activités, avec Québécois, avec tout ce que nous aimons. Et pas avant mars. Nous avons tout aimé et pourtant.. total 57 jours.

Il n’a quand même pas fallu attendre dix ans avant de comprendre qu’on ne sera jamais des «snowbirds» et que nous ne partirons jamais plus de deux mois.

Nous sommes presque en février 2016, chaque matin, je jette un coup d’œil à deux ou trois forums et cinq ou six blogues de caravaniers, je suis heureuse de voir leurs photos, de lire leurs récits, mais ça ne me donne pas envie de partir parce que je n’ai plus besoin de faire d’essais ou de tenir une liste des pour et des contre. Je suis bien chez nous, je suis mieux chez nous que partout ailleurs, même s’il fait froid, même si ça me prend dix minutes à m'habiller pour sortir.

Être dehors, marcher dans des sentiers chez soi, sur son terrain, suivre les traces des lièvres, des dindons sauvages, espérer le cri d'une mésange. N'entendre que le vent dans les feuilles. Tout en étant à un kilomètre du village, de la civilisation, des services, ce qui rassure, je dois bien l'admettre.

Prunelle (notre véhicule récréatif) est là, ses fenêtres bien protégées contre les petits cailloux sournois, qui attend, comme nous, le printemps et le retour des moineaux d’été. Quoiqu’il n’est pas dit que nous ne devancerons pas un peu ce printemps en allant à sa rencontre… au mois de mars. Surtout si le temps continue d’être doux, merci El Niño, il sera peut-être aussi hâtif en Caroline du Sud, qui sait!

Et puis, fin février, il y aura le Salon du live de l'Outaouais: quelques nouvelles à ce propos dans une dizaine de jours. 

vendredi 15 janvier 2016

Carnet du prochain roman (5)
ou la plainte du travailleur solitaire

Certains jours, après avoir relu quelques pages, j’ai le goût de lâcher.
Un jour, je trouve que j’y mets trop d’heures pour le peu que ça avance.
Une autre fois, je ne trouve pas de solution à mon histoire qui devient incohérente : pourquoi est-elle partie en Gaspésie? Comment a-t-elle pu arriver là alors que le couple ne possède qu’une auto? 
Une autre fois, je trouve que ça ne vaut pas la peine, je ne pense qu’à ça et rien d’autre ne m’intéresse, ce qui n’est pas sain.

Quand il ne reste que le seul entêtement comme raison de le terminer! Et je n’en suis même pas à le terminer, tout juste à l’avancer.
Tant de jours, de mois, d’années pour quelque chose qui se lira en quelques heures, au mieux, quelques jours et qui restera en librairie tout juste trois mois!
Qu’est-ce qui vaut la peine dans ce travail? La fierté? Comment être fière de l’acharnement?

Je sais aussi pourquoi je bloque, pourquoi je résiste. C’est comme si cette histoire ne m’intéressait plus. Je ne la trouve pas si intéressante pour continuer à la conter. Il me vient l’idée de couper là et tout conclure dans un long épilogue ou un chapitre : dix ans plus tard. Qu’on en finisse de ce premier jet. 

Je voudrais déjà écrire autre chose ou plutôt, je voudrais finalement que cette histoire soit déjà écrite et que je n’aie plus qu’à la corriger, la peaufiner. Enlever les répétitions, améliorer le vocabulaire, enrichir les dialogues, que les clichés deviennent des idées géniales. Ça, j’aime. Mais écrire l’histoire, pour moi, c’est pénible. 

Quand je lis un roman ou que je regarde un film, une fois que j’ai compris, que j’ai « vu » la scène, que je sais ce que pense ou ressent le personnage, je suis prête à passer au chapitre suivant. Pour les romans des autres, je peux passer par-dessus les longueurs, aller voir plus loin. Mais quand j’écris, je ne peux pas. Et c’est à ce moment-là, quand ça ne me tente plus d’écrire cette histoire que je résiste. J’attends que le goût me revienne. Ça peut prendre plusieurs jours. 

Et quand ce n’est pas l’histoire qui ne veut pas être écrite c’est la technique qui accroche. Ça ne m’était jamais arrivé. Pourtant je n’en suis pas à mon premier livre. Et comme je n’ai jamais suivi de cours sur le sujet, je ne suis consciente de la possibilité que ça ne survienne que depuis un certain atelier d’écriture, et depuis que d’autres auteurs en parlent dans leurs blogues : le problème du narrateur, le changement du point de vue. 

Dans ma trilogie, dès le début, je savais que je n’utiliserais pas le « je ». Le narrateur omniscient me venait tout naturellement… et sans même connaitre le terme. Dans Les Têtes rousses, il y eut bien une rupture quand je suis passée du personnage de Bridget à celui de sa fille Jenny, mais à force de réécriture et d’ajouts de transition, je crois — enfin, j’espère — que le lecteur a réussi à se détacher de l’une pour accepter la génération suivante. Dans Les têtes bouclées, Léopold était le personnage central autour duquel gravitaient d’autres personnages secondaires, mais dont le lecteur pouvait suivre aussi l’histoire, de l’intérieur si je puis dire.

Pour le troisième tome, je savais qu’il serait question de la mère et de la fille, mais si j’ai réussi dans les cent premières pages à alterner entre l’une et l’autre, comme des vies parallèles, voilà, que, bang, au chapitre 17, les deux font un face à face, atterrissent au même endroit en même temps. Le chapitre commence avec la fille et il se termine avec la mère. Un paragraphe une, quelques lignes l’autre. Plus rien ne va.

Et arrive ce qui devait arriver : je bloque. Les deux veulent agir, parler, penser en même temps. Qu’est-ce que je fais? Je reprends tout depuis le début? Je travaille fort pour séparer les voies devenues siamoises et leur inventer des séquences où elles seront seules en scène? Je continue et on verra plus tard? Ne pas régler le problème tout de suite, est-ce l’envenimer?

Je me sens débutante. Incompétente. Et ce n’est pas un devoir de cinq ou six pages que je pourrais jeter et recommencer. Cent soixante-quatorze pages à revoir. Et pas de professeur pour me tenir la main, pour me dire : 
      — mais non, ce n’est pas si grave, regarde là, tu peux corriger là et là. Pas besoin de tout reprendre, seulement ce chapitre. Et puis tu pourrais faire en sorte que…

         — Oui, oui, j’écoute. Faire en sorte que?

lundi 11 janvier 2016

L'info lettre du distributeur Prologue

Dans mes courriels, une info-lettre qui me ravit.
Pour certains, ce n'est peut-être rien, mais pour moi, c'est beaucoup, parce que la première fois.
Au milieu d'une vingtaine d'auteur-e-s qui, comme moi, verraient très bien leur roman en séries ou en film, j'en suis certaine. Producteurs, vous avez l'embarras du choix.

Merci Prologue.
voir cette info-lettre >>>





dimanche 10 janvier 2016

Carnet du prochain roman (4)


Certains jours, la petite musique ne joue que des notes dissonantes.

Certaines heures, la tête écrit plus que le cœur. Les tripes que tout le monde veut nous voir mettre sur la table étaient probablement indisposées. Comme si l’humain vivait vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur un air endiablé et le cœur battant! Dans nos histoires, il faut laisser souffler le lecteur aussi, lui non plus ne peut pas soutenir — comme à ses 18 ans — le rythme de sensations fortes tout au long de sa lecture.

Tout un art ou une science ou au moins tout un travail que de mettre ses tripes sur la table et qu’au final, le plat soit bien cuisiné, bien équilibré et non pas une simple coupe de boucher — la meilleure soit-elle — simplement cuite dans un poêlon.

Aujourd’hui était un jour de boucherie, de cacophonie. 

Je devais avoir l’esprit ailleurs. Dans ma vie. Parce que je n’arrête pas de vivre pour écrire. Et même bien concentrée, même si je ne regarde pas le temps qu’il fait dehors, que je ne pense pas à la brassée de lavage que je devrais faire, le téléphone sonne parfois, une amie peut avoir besoin de mon écoute. 

J’ai essayé de lire de bons textes pour me remettre sur la bonne voie. Mais les bons textes ont leur propre musique, leurs propres saveurs. J’ai lu quelques pages de Wildwood de Johanne Seymour à qui j’envie son parcours de scénariste et de réalisatrice parce que je suis certaine que ce qu’elle a appris lui sert aujourd’hui à rendre son histoire mieux structurée. Alors que moi je peine chaque jour, à chaque chapitre pour que le tout soit un beau concerto, un bon mijoté. Le fait que dans ce roman paru en 2014, il soit question d’une adolescente québécoise qui vit dans les années 1968 m’a un peu troublée. Québec – 1968 – adolescence : comme dans mon prochain roman. Pendant quelques minutes, j’ai paniqué, comme j’avais un peu paniqué devant Fanette qui venait de l’Irlande. Mais aujourd’hui, je me raisonne plus rapidement : ce n’est pas parce que le sujet a déjà été traité que je ne peux pas jouer dans les mêmes plates-bandes. De toute façon, tous les sujets ne l’ont-ils pas été, tout le monde aborde les mêmes thèmes : la vie, l’amour, la mort, la jeunesse, l’âge mûr. S’il y a une époque dont les Français sont friands, c’est la Deuxième guerre mondiale et ça n’empêche pas les écrivains d’y ajouter leur version personnelle encore aujourd’hui. 

Sans prétention, j’ai donc relu quelques pages des Têtes bouclées et des Têtes rousses pour retrouver ma propre petite musique et marcher dans mon propre et unique sillon. 

Aujourd’hui est un autre jour. Écoutons pour voir si ce sera Wagner ou Chopin. Led Zeppelin ou les Beatles, Charlebois ou Vigneault.

dimanche 3 janvier 2016

De ma fenêtre

Premier billet de l’année 2016. Le silence revenu dans la chaumière n’est pas nécessairement signe de calme dans ma tête. Celui, indispensable, qui me permettrait le retour à l’écriture. Il me semble que je passe plus de temps à « me remettre à l’écriture » qu’à écrire. Comme si c’était une saison à part, hors du temps, qu’il fallait tout arrêter pour se concentrer sur cette seule activité. Au temps où je « travaillais », je n’avais pas à arrêter de vivre pour être fonctionnelle. Je me levais, je m’habillais, je déjeunais, je partais (en janvier, souvent je devais pelleter un brin afin de pouvoir sortir de la cour) et une fois rendue devant mon bureau, après un rapide bonjour aux collègues, ça y était je me mettais au travail. Pas besoin de réchauffement, pas de procrastination, pas de détour, pas de grandes questions existentielles. Parce que j’étais sur l’automatique? Parce que j’étais préparée et que je n’avais pas de doute? Parce que ce que je faisais était important, utile, rentable? Ça devait être fait, j’avais été employée pour un travail et je le faisais. Tandis qu’écrire? Sans échéance précise…

Pourquoi ce n’est plus du tout le cas? Parce que je n’ai pas de patron, pas de paie à gagner, pas de preuves à faire, pas de travaux à remettre? Pourtant, je ne suis pas devant une page blanche. J’ai des feuilles imprimées devant moi. Je n’ai qu’à relire, à améliorer, à corriger, à ajouter, à voir à ce que la scène soit plausible.

Ce matin, regard vers la fenêtre. Petite neige qui tombe. Les branches des arbres sont abondamment recouvertes, chargées sans être lourdes. Tout est noir et blanc. Féerie silencieuse. Distraction, perspective de promenade dans la forêt. En raquettes, enfin. 

Distraction aussi à repenser aux dernières journées : aux fêtes de famille. Quelques nouvelles réjouissantes pour les uns, des difficultés pour les autres. Des histoires d’enfants, des histoires de lutins. Des cadeaux et de la boustifaille. Du champagne de France et du Pinot noir de Suisse, et de joyeuses conversations. Du « racontage » de souvenirs. Beaucoup de bavardage. De quoi entretenir une grippe qui traîne depuis Noël. Qui me fait des nuits où je dors assise plutôt que couchée. Qui me fait des yeux lourds. Mais aussi se reposer en lisant Paul dans le Nord, se divertir en regardant un film datant de 1967, Loin de la foule déchaînée (trouver que le titre ne convient pas vraiment), voir dans le personnage de Julie Christie une vague ressemblance avec la Scarlett O’hara si orgueilleuse. 

Et donc l’esprit bien loin de mon roman.

Pourtant, il ne s’écrira pas tout seul ce roman. Comment font les écrivains qui écrivent en trois mois et même douze? Ont-ils des employés qui pellettent, qui préparent les repas, qui font le lavage, qui font l’épicerie? Probablement qu’ils ne bloguent pas! Ni ne regardent par la fenêtre.

Alors, laissons la rêverie, détournons la tête de la fenêtre, fermons la porte du bureau et, le cœur content des fêtes passées en famille, le corps heureux de sa promenade en raquettes... allons écouter ce que Mireille Deguire veut nous raconter aujourd’hui.

Eh! oh! Mireille, es-tu là, es-tu prête? M'attendais-tu? Me voici.

lundi 28 décembre 2015

Clavier 0, bouchon 1

Noël est passé. Trois fêtes en trois jours. De quoi nous étourdir, nous changer les idées, nous émouvoir. De quoi nourrir l’estomac et le cœur. L’esprit un peu aussi quoique pour les cadeaux plus intellectuels, chez nous, il faudra attendre au jour de l’An.

Je croyais me remettre à l’écriture dès dimanche, mais qui dit voir du monde, recevoir, sortir, dit beaucoup d’énergie, beaucoup d’embrassades, beaucoup de microbes. Donc dimanche, plutôt repos, toux, pastilles, tangerines, bouillon de poulet et eau. Emmitouflée dans une couverture chaude, les yeux fermés, somnoler devant un livre — L’affaire Céline ou Cendres au Crique-à-la-Roche de Jean-Louis Fleury —, qui n’a changé que deux fois de pages.

On s’y mettra le lundi. Surtout que le lundi, c’est piscine et qui dit piscine, dit le temps de penser au roman, aux scènes aux dialogues. En tout cas, moi, j’écris en nageant. Dans ma tête, bien sûr.

Sauf que ce lundi, je n’y vais pas pour aggraver mon rhume qui se résorbe. Et puis ce lundi, il faut passer la souffleuse, ramasser la neige tombée samedi. Pour la première fois de l’hiver. Évidemment, elle refuse de partir. Alors plutôt que de prendre une petite demi-heure, avec la hâte de me remettre à l’écriture puisque l’énergie m’est revenue, il m’a fallu plus de deux heures de patience, de recherches, de lecture — le livre d’instruction qui ne correspond jamais tout à fait à notre modèle évidemment — pour noyer le moteur, inspecter l’huile, chercher la bougie, aller pelleter pendant que le moteur se « dénoie », rentrer boire de l’eau parce que je tousse encore, re-starter, re-patienter, re-lire, penser à la tempête de mardi qui vient et me demander qui pourrait bien me dépanner… et oh! bonheur, l’Esprit saint, le petit Jésus, la fée des souffleuses ou je ne sais quoi dans mon cerveau fut bienveillant avec moi et vint à mon secours : j’ai retrouvé la petite clé de contact rouge sous la poussière de roche qui couvre le sol de ma remise où est rangé le dit engin qui, une fois nanti de son petit bouchon de plastique, fut trop heureux de ronronner du premier coup. 

Le fautif ne s'enfuira plus, il est désormais attaché!
Mais après tous ces efforts, croyez-vous que je puisse me remettre dare-dare à l’écriture. Que non!  

Donc réchauffement, écriture automatique. Devant un cahier, devant le clavier. Me couper les ongles trop longs qui accrochent les touches, fureter dans mes courriels bien silencieux ces jours-ci, commenter un ou deux sujets sur un forum de caravaniers partis dans le sud. Résister à l'envie d'aller voir s’il n’y aurait pas des aubaines pour ce sud tentant. Résister à tous les détours qui ne mènent pas directement à mon roman. 

Tiens, écrire un billet de blogue, c’est un bon exercice préparatoire.
Ce que je fis.
Ce qui est fait.
Et maintenant, ouvrons notre fichier Les têtes

Ah! Zut, c’est l’heure de diner!

mercredi 23 décembre 2015

Joyeuses fêtes 2015


Dans ce tableau de Louise Falstrault,
il y a tous les mots de souhaits de santé, d'amour, de paix de Claude Lamarche



mercredi 16 décembre 2015

Carnet du prochain roman (3)



Quand sur les cent cinquante pages que contient actuellement ton manuscrit, tu avais plus de cent pages avec un personnage qui vivait jusqu’à la fin et que tout à coup, tu décides de le faire mourir (j’entends déjà les lecteurs s’exclamer « pas encore un! ») autour de la page 75, tu as du travail!

Tu imprimes alors la première page de chaque chapitre, tu prends des notes, tu déplaces, tu biffes, tu coupes, tu changes le titre du chapitre, tu déplaces encore. Tu imprimes la nouvelle table des matières et tu sais que demain, tu auras du travail sur la planche, mais au moins tu y vois plus clair.

Et tu espères que c’est ton dernier mort!

lundi 14 décembre 2015

Carnet du prochain roman (2)

Quelques pages avant la fin, elle reniflait, elle s’essuyait les yeux. Quand elle eut tourné la dernière page, j’ai voulu voir ce qui la faisait pleurer. J’ai relu, je me suis souvenue de cette scène. Pourtant, moi, elle ne m’avait pas fait pleurer. Alors, j’ai compris que j’avais réussi. J’avais écrit une fin émouvante, qui émouvait le lecteur alors que pour moi, ce n’était que des mots. Personnellement, ce ne sont pas sur ces pages que j’ai versé quelques larmes. Donc l’émotion de l’auteur n’est pas nécessairement gage de l’émotion du lecteur, ce que j’ai cru pendant longtemps. Chacun réagit selon son expérience de vie, ses souvenirs. Et, comme chez les membres d'une famille, étrangement, personne n'a les mêmes.

Le genre de réaction qui me donne des ailes.
Puis, à défaut de longue marche sur une plage, vint ensuite la piscine.

Oui, la piscine. Une heure d’exercices et de nage. Depuis plusieurs années, je me suis rendu compte que mes personnages en profitaient pour m’accompagner. Sans autres distractions ou stimuli extérieurs, les idées s’éclaircissent, les solutions surgissent. Comme en méditation.

Exemple, ce matin, je me demandais bien ce qui pourrait arriver entre la fin de l’Expo 1967 et la loi 63 sur la langue française en 1969. Entre deux mouvements de bras, l’idée m’est venue : pourquoi ne pas faire comme dans les autres romans : des parties. La première partie se terminerait en 1967 et la deuxième recommencerait en 1969. Plutôt que d’inventer des scènes inutiles, pour remplir seulement, mieux vaut reprendre plus loin dans le temps quitte à composer un ou deux paragraphes de transition.

Pour la énième fois, j’ai également entrevu un nouvel épilogue.
Pour la énième fois, je crois avoir scellé le sort de deux personnages. 
Et pour la énième fois, j’avais hâte de sortir de l’eau pour tout consigner.

jeudi 10 décembre 2015

Carnet du prochain roman (1)


J’ai commencé un carnet où il est question de mon prochain roman. Ou l'art de prendre une pause pour mettre un peu d'ordre dans sa tête. Un peu comme je l’ai fait pour Les têtes rousses. J’ai toujours aimé lire comment est né un livre, ce qui se passe dans la tête de l’auteur pendant l’écriture du livre. Comme C’est bizarre l’écriture de Christiane Rochefort qui fait suite à son roman Printemps au parking. Ou le blablablog de Katherine Pancol, truffée de citations ou de promenade sur la plage où elle écoute ses personnages.

Certains jours, je ne vois pas pourquoi j’écrirais une suite aux Têtes rousses et aux Têtes bouclées. À quoi bon? Tant de travail, si long avant d’être publiée, si peu de retombées, tant de temps pendant lequel mon esprit est absorbé par cette tâche. Certains jours, je voudrais me sentir libre, me sentir en vacances, me demander le matin : « qu’est-ce que je fais aujourd’hui? » Et le lendemain, je poursuis, je reprends, tout simplement.

Ce que je sais : en novembre 2006, après deux ans d’écriture et de recherches, j’avais écrit quelque quatre cents pages dans Word. Un manuscrit qui contenait toute mon histoire : de Bridget en 1846 à la fin qui se situait alors autour de 1972. En 2011, Les têtes rousses sortaient en librairie, un roman qui se passait de 1847 à 1899. En 2015, Les têtes bouclées couvraient la période de 1899 à 1963. 

Il me restait donc de mon manuscrit initial une soixantaine de pages, celles où il est question des années 1963 à 1972. Je dois doubler et même tripler les pages. Sauf que ça ne coule pas aussi bien que dans le deuxième tome. Je n’arrive pas à insérer des scènes. Je ne peux quand même pas faire arriver certains événements alors qu’ils n’ont pas eu lieu. Exemple parler du Parti québécois avant 1968, année de sa création. Ou un des personnages ne peut pas emprunter de l’argent sans l’autorisation de son mari avant que la loi soit passée. Ou un autre personnage ne peut pas terminer son cours classique à Basile-Moreau alors que le collège est devenu cégep.

Et puis, j’ai ajouté une difficulté en choisissant d’alterner les narratrices. Un chapitre Dominique et le suivant Mireille. J’ai peur que la structure soit lourde. Dans un roman, je déteste pourtant quand l’auteur passe d’un personnage à l’autre comme Jeffrey Archer dans les Clifton, comme Suzanne Aubry dans les Fanette. Parfois une coupure si le chapitre est trop long. Daniel Grenier a réussi un tour de force dans L’année la plus longue. Réussirai-je?

Il me semble que je n’avais pas eu tant de difficultés avec les deux premiers. J’ai beau avoir un plan, une chronologie devant moi, je prends-perds du temps à copier et aller coller ailleurs, au chapitre suivant pour rectifier l’ordre des scènes. Sans compter que je me retrouve avec deux pages dans un chapitre et dix dans le suivant. 

Et la première version avait été écrite au présent, il reste donc encore quelques verbes à mettre au passé. Connaissant ma faiblesse pour la concordance des temps... 

Bref, j’avance à pas de tortue alors que j’ai plutôt le tempérament d’un lièvre. En zigzaguant. Imprimer parce que j’y vois plus clair sur papier, corriger, transcrire. Et ajouter des scènes, des émotions. Je suis encore loin de l’étape du peaufinage de style.

Et vous, tenez-vous un carnet parallèle? Qui tient un blogue où il est question du roman qu'il est en train d'écrire?

mercredi 9 décembre 2015

Émotion pour un événement qui s'est passé il y a 168 ans


Quand, dans un livre (maintenant accessible par Internet, donc pas besoin de te rendre aux archives de Montréal) qui date de 1930, et où il est question d'événements survenus il y a 168 ans, que dans ce livre, tu reconnais le nom de la tante (par alliance) de ton arrière-arrière-grand-père, Benjamin Deguire... quand ce  nom, cité cinq ou six fois dans chacun des quatre volumes, tu l'as aussi très souvent vu dans le cahier bleu que ta mère t’a remis il y a maintenant plus de onze ans… tu es encore émue comme si c’était une tante proche que tu aurais connue... et beaucoup aimée. 

Premières postulantes canadiennes : Le 15 août, Mlle Émilie Fortier, plus tard, sœur Marie-du-Carmel. Le 15 septembre, Mlle Marie Gohier, sœur Marie-de-Sainte-Madeleine. Le 15 novembre, Mlle Esther Leduc, sœur Marie-de-Bon-Secours toutes trois cousines. 
[…]Les récits de ces excellentes religieuses ont enrichi le dossier des documents; par le fait même, elles ont procuré à l’annaliste actuelle, le plaisir d’écrire la partie la plus intéressante de cette histoire.
Une personne dont tu as parlé dans ton roman, Les têtes bouclées. Et dans le prochain, il en sera encore question, parce que tu l'as aussi fréquenté ce Basile-Moreau, qui s'appelait alors couvent Notre-Dame-des-Anges, où Esther Leduc est entrée en 1847.

La lettre et la photo de sœur-Marie-de-Bonsecours proviennent du cahier bleu de ma grand-tante religieuse et la couverture des Annales est une capture d’écran du fichier pdf provenant de la BANQ.
http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/1987057