Que ressentez-vous quand on vous parle de douanes? De la peur, de la crainte, de l’indifférence, de l’agressivité, de la répulsion. Tout de suite vous avez envie de raconter vos expériences?
Différenciez-vous les douanes canadiennes, américaines, européennes? Celles où on passe en auto et en avion : une différence dans votre ressenti?
Personnellement, j’appréhende chaque fois le moment d’y passer. Surtout quand je voyage en auto ou véhicule récréatif, c’est-à-dire entre le Canada et les États-Unis. Sûrement cette peur toute enfantine de l’autorité : peur d’être prise en défaut, de cafouiller en plus d’être fouillée.
En ce qui me concerne, le passage des douanes quand je prends l’avion est bien différent de celui quand je suis à bord d’un véhicule. Que ce soit à l’aller ou au retour, je trouve très long cette attente en ligne, dans les aéroports, mais peut-être est-ce le fait que je sois dans une foule ou que le tout se passe sans trop de questions, je n’ai pas du tout la même appréhension que le passage en voiture aux douanes canadiennes lors de mes retours de voyage aux États-Unis. Pourtant il ne m’est pas arrivé tant d’histoires d’horreur que ça, mais chaque fois, les mêmes symptômes : je sue, j’ai mal au ventre, j’ai chaud, j’ai froid, je suis énervée.
Une bonne demi-heure avant d’arriver aux douanes, je commence à réviser et visualiser la scène : ce que je vais déclarer, combien j’ai dépensé, ce que j’ai dans mon VR. Où sont les passeports donc, je demande à ma copilote de les sortir, ce qu’elle ne fait jamais assez vite à mon goût. Et les enregistrements parce que vaut mieux les montrer que d’obliger le douanier à sortir de sa guérite pour aller voir le numéro de la plaque trop dissimulée derrière les vélos. Y aurait-il une longue file? Nous fouilleront-ils? Pourrais-je parler en français : en une bonne douzaine de passages à Ivy Lea, en Ontario, où pourtant il est écrit « Service bilingue », je ne suis tombée qu’une seule fois sur un francophone. Une autre fois, le douanier trouvait notre anglais pitoyable et on s’échangeait des « qu’est-ce qu’il a dit? » qui l’ont visiblement mis de mauvaise humeur parce qu’il nous a fait signe de nous tasser et d’aller à l’intérieur.
Ce qui m’est déjà arrivé :
- me faire enlever de la sauce à spaghetti parce qu’il y avait du bœuf haché à l’intérieur;
- me faire enlever des raisins et des tranches de steak, demander si je peux les prendre à mon retour, le monsieur n’a pas ri du tout;
- j’ai déjà jeté un citron à Magog alors que c’était de nouveau permis;
- acheter des oranges au Texas, aller au Mexique, revenir au Texas et me faire enlever les dites oranges pourtant américaines;
- acheter une bouteille de Tequila au Mexique et payer de la taxe aux douanes américaines alors que j’étais plutôt prête à en payer au Canada, ce qui ne fut pas le cas;
- me faire ouvrir la valise et tout sortir et ouvrir : sacs de couchage, sacs à dos, sac de linge sale et être laissée en plan, arrange-toi pour tout ré-emballer;
- qu’on me demande les factures des campings où j’ai couché. Heureusement je les avais gardées;
- entrer en Ontario un 24 juin et être agréablement reçue par un francophone qui me souhaitait bonne fête nationale;
- attendre 30 minutes que le douanier vérifie que je suis bien celle que je dis être parce que sur mon billet d’avion c’est coché « Monsieur » alors que visiblement je suis « Madame » autant sur ma photo de passeport (cheveux tressés) qu’en personne (cheveux courts récemment coupés);
- me faire demander si j’avais effectué des réparations mécaniques sur mon véhicule
- essayer de comprendre ce que le douanier autrichien veut nous dire alors qu’on a passé quatre autres douanes suisses, allemandes, belges, sans problème. On a fini par comprendre qu’il fallait avoir une étiquette F (pour France) sur notre automobile louée. Achat de la dite étiquette qu’on s’est fait remboursée à Paris qui ne en avait rien dit;
- se faire laver le dessous de notre camionnette à grands coups de lance-jet-d’eau, genre boyaux de pompiers avant de sortir de Terre-Neuve. Une affaire de prévention contre les maladies de la pomme de terre si je me souviens bien. Épisode plutôt comique que stressant, d’autant que je demeure dans une municipalité reconnue pour la culture de la chose!
Somme toute rien de bien grave, mais chaque fois tout de même cette peur de l’autorité comme si j’avais six ans devant un père que je sais pouvoir être abusif. Sachant pourtant qu'ils ne le sont pas tous, mais que certains entachent la réputation de tous les autres.