mercredi 3 juillet 2024

Le dedans et le dehors

Tableau de Louise Falstrault: Du dehors au dedans. (Collection F. Leduc)

« Je fais partie de ces personnes pour qui les questions par plusieurs jugées abstraites et nébuleuses semblent les plus proches, les plus exaltantes. » 
ou
« La grande question de l’existence est celle des rapports entre le dedans et le dehors.» 
Chimères, Frédérique Bernier
Je fais partie de ces personnes qui ont l’impression que si on ne lit pas ce que j’écris ou a écrit ne peuvent pas m’aimer vraiment. Si on ne cherche pas à savoir ce que je lis ne peuvent pas savoir ce que j’aime ou qui je suis. Ne voient que le dehors. Comme si je n’étais que mes mots écrits.
J’aime pourtant aussi « mon dehors » et peut-être finalement que je ne montre que lui.

Très souvent on me dit que le fait d’avoir tant déménagé m’a traumatisée. Chaque fois, je dis que non, mais je dois admettre que de la naissance à vingt ans, quinze écoles et presque autant de maisons ont dû marquer mon rapport à l’attachement.
Attendre d’être choisie
Attendre d’être aimée
Avant de m’attacher
Avant de montrer mon dedans

Et sans doute pour l’avoir montré une fois ou deux, d’avoir aimé en premier, d’avoir été celle qui attend, pire, délaissée, j’ai fermé la porte du dedans.
Faire passer des tests avant d’y donner accès.
Rendre la tâche complexe à qui s’approche.
Et puis, finalement, comprendre que moi non plus, je ne cherche pas à voir le dedans de tout le monde. Trop engageant. Nous sommes multiples. Nous sommes tous plus ou moins des personnages dans notre propre vie. Constamment en représentation. Même en dedans.

Alors, je vis compartimentée : la campeuse, la voyageuse, la campagnarde, la généalogiste amateure, la fille de, la sœur de, l’amie de, celle qui connait beaucoup de noms d’auteu. re. s, celle qui écrit pas pire, celle qui publie ses photos de voyage ou de couchers de soleil, celle qui aime et choisit le français en toute chose, celle qui parle beaucoup, mais ne dit rien de son dedans, celle qui préfère l’écrit pour pouvoir réfléchir et bien dire ce qu’elle veut dire, celle qui pleure rarement devant les autres, qui pleure par en dedans, celle qui cherche à comprendre, mais qui a du mal à expliquer simplement, celle qui a toujours des réponses longues à des questions même courtes. Parce que rien n’est simple ni noir ou blanc pour elle.

Accepter que chacun.e montre son dedans à sa manière. Ou pas.
Il ne faudrait pas non plus confondre le dedans et le dehors  comme si c'était le meilleur et le pire.
Parfois, aimer le dehors, c’est déjà beaucoup. Ça peut prendre une vie.


vendredi 28 juin 2024

Laisser venir ce qui vient

Ennui
Un mot de jour et non de nuit
Pas nécessairement les jours de pluie
Pas nécessairement le dimanche après-midi
Comme quand nous étions petits

Pas ennui comme questions
Celles qu’on n’a pas le temps de se poser
Quand on travaille
Quand on a des enfants
Quand on a une maison à entretenir
Quand on a 30 ans

La question ennui parfois derrière le mot retraite
Temps de penser
D’hésiter
De choisir
De tourner en rond
De prendre le temps de ne rien faire
De se chercher
Avec un peu de chance, se (re)trouver
Le temps d’écrire
Ce qu’on n’a pas dit
À moins d’avoir oublié
D’avoir pardonné
À moins de comprendre, de réaliser qu’on n’a plus le temps

Peut-être tranquillité d'esprit finalement
Paix du cœur
Et le sentir
Et dansle silence, le confondre

La retraite
On a plus de temps et pourtant moins de temps, devant
Il faut regarder le présent
Les feuilles vertes au printemps
La mer ou le sable en été
Le chevreuil un matin
La vie toute l’année
Ne pas s’attarder au mal des os, aux plis de la peau, aux cheveux blancs
Parler aux gens
Ne pas craindre le vent
Le mot retraite qui dit l’argent, qui chuchote le sud en hiver, qui rêve de voyages
qu’on entend à 55-60 ans

Après 70, j’entends plutôt le mot vieillesse
Tendresse aussi
Les parents, les ami. e. s disparaissent
Encore des sorties
Encore des printemps
Plus tout à fait la retraite 
Plutôt des nuits d’insomnie
Viennent des ennuis 
Moins de questions
Sans réponses pourtant

Juste laisser venir ce qui vient
Comme un chevreuil, un matin.




mercredi 12 juin 2024

Entre le 2 et le 11 juin 2024

Avant que viennent les mots à ajouter aux photographies, il me faudra le silence. Faire le tri dans tous ceux qui se bousculent encore de tout ce que j’ai vu, senti, entendu les dix derniers jours.
Entre vagues, brume, vent, frais, anses, golfe, rochers, barachois, bleu du ciel, bleu de la baie.
Entre déceptions, plaisirs.
Entre guédilles, galvaude, pêcheur, cafés.
Entre autoroutes, piste cyclable, mauvais état des routes.
Entre conversations, écoute, lecture à voix haute d'Un animal sauvage de Joël Dicker.
Entre Chandler, Maria, Carleton-sur mer, Mont-Joli, Sainte-Flavie, Rimouski, Saint-Casimir.
Peut-être qu’après avoir nommé les plus marquants, ne retiendrai-je que les images et les odeurs de bord de mer, que l’accueil du préposé à l’accueil du motel à Saint-Flavie, que les très bons services des gens du camping de Pabos, que les yeux fermés de ma compagne de voyage, toujours aux prises avec cette greffe de cornée qui n’en finit pas de guérir, que les émotions de mon amie nouvellement retraitée.

Peut-être déjà tout ça n’est que souvenirs parce que Mika retrouvée, le gazon à couper, la revue Lettres Québécoises numéro 193 à lire, le costume à aller chercher pour la rencontre du 15 juin à Ripon occupent tout mon présent.
Déjà d’autres images, d’autres sons, d’autres odeurs, d’autres plaisirs.
Finalement les mots seront ceux-là.



jeudi 16 mai 2024

Le 16 mai 1674...

 


En 1674, j’étais de ce grand territoire de 25 lieues désormais nommé Seigneurie de la Petite-Nation.
Avant-avant, j’étais argiles marines dans la mer de Champlain,
Avant, j’étais forêt, rivières et ruisseaux, terrain de chasse et de pêche des Weskarinis.
Je ne savais pas alors:
que je faisais partie de la chaîne de montagnes Laurentides,
que j’allais me détacher de deux voisines fondées bien avant moi,
que j’allais devenir paroisse au début du vingtième siècle.

Je suis de frêne blanc, de tilleul et de noyer cendré,
Je suis de pins rouge, blanc et gris et de couchers de soleil orangés.
Je suis de buttes et de collines, de roches métamorphiques.
Je suis de la Petite rivière Rouge et des ruisseaux Sam, Pearson et Suffolk.
Et surtout, je suis de dépôts sableux et de terre légère, sol idéal pour la culture de la pomme de terre.

En 1902, Ariste Bock, Anthime Paiement, Moïse Charron et Anthime Cloutier se rencontrent, discutent et s’adressent à l’archevêque d’Ottawa, Mgr Thomas Duhamel.
Saint-André-Avellin et Notre-Dame de Bonsecours me laissent aller et, enfin, en 1902, 
je suis constituée canoniquement d’abord, puis civilement. 
J’existe enfin, nommée, désirée, choisie.
Je ne suis plus ce vague territoire du nord de la seigneurie de la Petite-Nation.
De monts et de vaux, je deviens plateau.
Je suis terre d’avenir, terre d’espoir. 
Je suis forêt à défricher, champs à cultiver, maisons à bâtir,
aussi de messes à chanter, mariages à célébrer, familles à établir.

De Labelle ou de Prescott, de Saint-André-Avellin ou de Montebello, sont venus les Lauzon, Bock, Deschambault et Lanthier; ils choisissent le rang Saint-Augustine. 
Les Pilon, les Laporte, les Lalonde s’établissent au village, entre rang Gustave et rang William. 
Les Bédard, Brazeau, Bigras, Deschâtelets, Legault, Perrier, Rieux et Robillard dans le rang Thomas. 
Les Pharand et les Chartrand, dans le rang Procule.
Sont venus aussi des Gauthier, des Perrier.
Les Tessier deviennent Lavigne, les Deguire deviennent Larose.

Je suis de ces hommes et de ces femmes qui ont fait et font encore qui je suis.
J’ai encouragé les commerçants, les hôteliers, les restaurateurs, les mécaniciens.
J’ai vu naître des maires, préfet et député, des policiciens.
J’ai vu se former des organisations, des clubs, des comités.
J’ai vu s’établir des artistes peintres, des artisan.e.s, des auteur.e.s et même des inconnu.e.s.
Plusieurs étudiant.e.s sont parti.e.s, sont revenu.e.s.
Quelques discrètes célébrités vivent ailleurs leur vie quotidienne, 
mais ne renient pas leur origine pacificienne.

Je vois tout ce beau monde s’entraider et s’entredéchirer, se reproduire ou s’ignorer.
Pour un coin de terre, pour un principe. 
Certains fonceurs, d’autres plus craintifs.
Chacun avec ses idées, ses ambitions et ses choix.
Toujours pour le meilleur. Enfin, je crois.

Je me réjouis de toutes les saisons, des semences aux récoltes, des vents froids aux étés chauds.
J’ai vécu des carnavals d’hiver, des Festival de la patate en été.
J’ai vu les jeunes jouer à la balle molle, au soccer, au hockey, à la ringuette.
Était-ce un fantôme ou ai-je entraperçu Jack Rabbit, cet homme qui a conçu le saut à ski du Seigniory Club à Montebello, dans la forêt enneigée qui borne la municipalité?
J’ai deux ou trois bâtiments dignes d’intérêt, publiés dans un livre sur le patrimoine. 
Au fil des ans, les commerces se sont raréfiés, la caisse populaire a fermé, l’école n’est plus une école. J’aurais voulu plus, mais l’important, c’est que je sois accueillante. 
Que de jeunes familles aient envie d’y venir. 
Pour travailler, pour cultiver, pour y vivre plus que les étés.
Je suis triste de voir les octogénaires mourir alors que naissent peu de bébés.

Je suis un peu morte quand l’église a passé au feu, quelques mois avant son centenaire.
J’ai été dévastée de voir la démolition du presbytère. 
Pour se recueillir et parler à nos morts, il reste le cimetière.

Je veux qu’on me nomme, qu’on ne m’oublie pas, que je ne disparaisse pas.
J’étais là, indéfinie il y a 350 ans, au temps de monseigneur Laval.
Bientôt 125 ans 
que j’ai un nom bien à moi, 
que je souhaite fierté aux Pacificiens et Pacificiennes,
que je veux vivre et prospérer... dans la paix,
que je veux laisser bien plus que de merveilleux et célèbres couchers de soleil.

Je suis Notre-Dame-de-la-Paix!




dimanche 12 mai 2024

Attentes


En attendant d’obtenir Liste de mes envies 2, je relis La liste de mes envies 1.
En attendant de lire À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit?, je lis Ce matin-là.

J’ai vu que dans À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit? les chapitres sont courts. Deux ou trois pages. Chaque fois un personnage et ses histoires, ses souvenirs. Chacun·e sa nuit.

Alors m’est venue l’idée de l’attente. Je pourrais conter tous ces moments où on attend. Où j’attends.

Comme aujourd’hui : rien de particulier à faire. Pas d’obligation. Ni assez beau ni assez chaud pour un tour de vélo. Un peu de pluie qui m’empêche de peinturer les marches de la galerie.

Impression d’attendre.

Remontent des souvenirs de mes attentes. De mes nuits et de mes envies également.
Comme Jocelyne dans le livre de Grégoire Delacourt, je pourrais faire la liste de mes attentes. Pour certain·e·s auteur·e·s, ça pourrait faire un livre. Pour moi, au moins un billet de blogue?

Il y a les parfois courtes et plutôt banales : attendre que la visite arrive, attendre qu’elle parte. Attendre l’heure polie de tirer sa révérence.

Il y a les stressantes : attendre le verdict d’un docteur. Que le vent cesse lors de tempête. Que la pluie diminue quand je conduis sur une autoroute. Que ton équipe compte un but. Que l’aube se lève et chasse les idées noires.

Il y a les frustrantes : attendre ton tour de parler, attendre que l’autre se taise. Attendre que le trafic diminue. Attendre que l'autre comprenne. Attendre après des formulaires. Attendre qu'un humain réponde au bout du téléphone.

Que la fièvre baisse, que la douleur diminue. Que l’électricité revienne.
Attendre de revoir, de pouvoir, de savoir. De guérir, de revenir à la normale ou comme avant.
Attendre patiemment, sagement, silencieusement.
Attendre sans attentes.

Il faudrait être plus précis. Personnaliser l’histoire. Raconter un souvenir.
Quand j’avais quatre ans, mon frère, mon aîné de deux ans, a eu son premier bicycle. En vouloir un. Il fallut attendre d’être plus grande.
Quand nous avions un répondeur et que j’attendais une date pour une opération. Chaque fois que je revenais d’une sortie, je regardais si le bouton rouge clignotait. Je n’ai plus de répondeur, mais il m’arrive encore de regarder dans la direction de l’objet absent.

Il faudrait montrer à l’aide de verbes d’action, de vrais lieux, les cinq sens, et non raconter.
Mais ça, ça ne me tente plus. Je préfère lire les auteur·e·s qui ont la patience, la persévérance.
Alors attendre les livres de la bibliothèque. Parce que... attendre de gagner à la loterie pour me payer tous les livres que je voudrais!

Heureusement entre chaque attente, et même dans, il y a la joie, la fierté, la satisfaction, la paix, l'espoir de la réconciliation, la respiration, le sang qui bat, qui coule, l’amour des livres, du voyage, du paysage, de soi, des autres, de l'autre.  Le silence dans la tête, la petite musique douce. La vie.
Et je n’en suis pas à attendre la mort.







samedi 4 mai 2024

Dans le cadre du 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation



Le samedi 20 avril dernier, à Saint-André-Avellin, a eu lieu le lancement du livre La merveilleuse histoire de l’Ange de la rivière de la Petite Nation.

Comme une fin d’année scolaire. Deux ans pour l’autrice et ses collaboratrices, à chercher des photos, à retrouver des écrits de Raymond Whissell décédé trop tôt, à écrire et transcrire. Un an pour moi à monter le livre, à chercher un imprimeur. Comme une distribution des prix. Les discours, les compliments, les éloges, les récompenses après un dur labeur. La bière au nom évocateur L’Ange de la rivière, les petites bouchées. Et finalement le dévoilement du livre.

De retour au silence de la maison, ont-elles, comme moi, ressenti un soulagement? Les épaules tombées, la respiration normale retrouvée? Une fatigue certes, mais une satisfaction du devoir accompli, une fierté de la réussite. D’autant qu’il y avait beaucoup de monde, qu’il y eut de nombreuses ventes. Et des annonces d’activités prochaines pour la Société historique de Saint-André-Avellin, l’organisme qui a publié le livre.

Cet Ange (l’auteure Thérèse Whissell a choisi la majuscule puisque c’est devenu son nom), tout le monde en convient, est un joyau identitaire de Saint-André-Avellin. Une statue en plein milieu d’une rivière, visible du pont... mais il vaut mieux aller la voir de la passerelle construite à côté du musée, rue Bourgeois. Comme elle est là depuis 1923, bien sûr des rumeurs, des histoires devenues légendes. Il en est question dans le livre, mais il y a plus : « Pour en parler de cet ange, une société historique a été créée en 1968. Pour l’entretenir cette statue, une corporation des Affaires culturelles est née en 1990, et un musée expose des objets d’intérêt patrimonial depuis 1992. » c’est ce qui est écrit sur la quatrième couverture et c’est ce qui est raconté — et abondamment illustré dans le livre de 90 pages.

Ce livre fut lancé dans le cadre, des « grandes célébrations » entourant le 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation. Un événement qui ne passe pas inaperçu dans les réseaux sociaux. (Il le faut bien, il n’y a plus de journaux régionaux, Le Droit n’est qu’en numérique et on ne peut plus partager). Pour tout savoir sur ce grand évévement qui risque d'être mémorable, je vous invite à consulter les liens en bas de ce billet.

Personnellement, je veux juste dire pourquoi cet anniversaire me touche. En fait, je ne sais pas trop. Comme quelque part dans mon cœur, mon esprit, mon sang, mon ADN, ce lieu indéfini où se bataillent autant les souvenirs que les émotions. Je ne suis pas née dans la Petite-Nation, mais j'y suis venue à partir de 1956, l’été surtout et... je l’ai choisie en 1970. Je l’ai raconté dans Ma Petite-Nation (texte disponible dans la colonne latérale).

Pour vous dire que « tout est dans tout », expression qui ne date pas d’hier, je note tout ce qui roule dans ce lieu bizarre qu’est mon cerveau dès qu’on parle de Petite-Nation :
Saint-André-Avellin : ma première année d’enseignement, j’ai travaillé 20 ans au journal La Petite-Nation, mes parents y ont habité, mon frère (qui s’occupe du site Web du Musée des Pionniers), ma belle-sœur, une de mes nièces y demeurent toujours. Mon père a travaillé avec Benoît, Raymond et Thérèse Whissell, il nous en parlait souvent. D’ailleurs ce qui m’a ému dans cette collaboration pour le livre de l’Ange, c’est comme si on rendait hommage à nos pères : Benoît Whissell et Jacques Lamarche. On poursuit ce qu’ils ont commencé.

En tant que... un mélange de graphiste, amoureuse des mots et de l’histoire, auteure par-ci par-là ou tout simplement par un concours de « tout est dans tout », dans le sens, comme l’a expliqué Arthur Koestler (1906-1983):
 « toute personne fait partie d’une unité (l’organisation sociale) qui l’englobe. Toute personne s’ouvre à des unités (des personnes) qui l’englobent »,
je me suis retrouvée à m’occuper des bulletins L’Écho des montagnes du Comité du patrimoine de Ripon. Je ne sais même plus le début, est-ce à partir de Jean-Pierre DeLaplace, conjoint de la sœur de ma belle-sœur, ou de Marthe Lemery, tous de Ripon en 2018? Toujours est-il que depuis cinq ans, comme graphiste, je suis dans le décor de Ripon. Ripon pour moi, c’est aussi les Larose. Des Deguire dit Larose, patronyme de ma mère. Me sens donc un peu parente! Autre souvenir de Ripon : ma descente de la rivière de la Petite Nation en canoë, à 19 ans. Nous étions cinq, nous voulions nous rendre à Ottawa! Certes au pont Neveu et aux chutes du Diable, nous avons fait du portage, mais téméraires furent mes deux compagnons qui, eux, ont bravé quelques rapides... nous nous sommes arrêtés au Portage de la Petite-Nation, faute de résine pour colmater une brèche dans leur canoë.
 
J’ai des souvenirs de toutes les municipalités, mais je vais m’en tenir à celles-là pour aujourd’hui puisque le 18 mai, à Montebello, c’est le Salon des exposants et que je me tiendrai surtout aux kiosques du Comité du patrimoine de Ripon pour expliquer les archives, et c’est certain que j’irai faire un tour à celui de la Société historique de Saint-André-Avellin où sera Thérèse Whissell pour vous parler de son livre. Pendant ce temps, au Musée des Pionniers, d’autres bénévoles présenteront les dernières publications de la Société historique et quelques savoir-faire traditionnels.

Ah! oui, permettez que j’ajoute un mot sur Notre-Dame-de-la-Paix où je demeure. C’est quand même le fait que le sol où je pose les pieds depuis 1972 faisait parti — sans avoir encore de nom— de la Seigneurie de la Petite-Nation en 1674, et comme on en fête le 350e anniversaire, ça m’a inspirée. Je la nomme dans un texte publié aussi dans la colonne latérale. Le lien rapide ici >>>

Bon 350e anniversaire!










mardi 30 avril 2024

Balloune de trois jours

J’étais (encore) partie sur une balloune. Pas au sens de m’enivrer (quoique m’enivrer de mots peut-être ou d’espoirs) mais dans le sens « Avoir une lubie soudaine ».

Élément déclencheur : un message de Carole (nom fictif) :
Qu’as-tu pensé de mon dernier livre? Est-ce que j’ai un certain talent ou non? Est-ce que mes sujets intéressent les lecteurs.

J’ai réfléchi à ma réponse quelques heures, je lui ai répondu. Une dizaine de lignes.
Ça mijotait dans ma petite tête. Comme à mon habitude, les phrases ont continué de virevolter. Mon cerveau ressemble à ce hamster qui court sur sa roue : il n’arrête pas.

Donc le lendemain matin, me vint l’idée d’une réponse longue pour lui dire quelle n’était pas la seule à se poser des questions, à douter. Une sorte de Lettre à une jeune auteure (quoique jeune... elle a dans la soixantaine). Du haut de ma longue expérience!!! 
Enthousiaste, sans aucune prétention, avec tout le plaisir que je prends à monter des livres, je commençai à rassembler tous les billets de mon blogue dont le titre était : Carnet de roman. Billets écrits après Les têtes rousses et Les têtes bouclées publiés chez Vents d’Ouest. Donc de 2015 à 2024.

J’ai copié collé, illustrations comprises. Une page par date. Puis, j’ai cherché à combler les trous, les entre-deux. Ce qui n’a pas été écrit sur Blogger. J'ai sorti mes vieux cahiers de notes. J’ai hésité, avec le recul devrais-je nommer les maisons d’édition, les directeurs littéraires. Non, seulement le senti, la déception, les efforts, les espoirs, l'atelier, la réécriture encore et encore, qui, je l'espérais allait mener à la publication, par un "vrai éditeur" du troisième tome.

Trois jours de plaisir. La graphiste en moi se sentait fourmi. La lectrice en moi se voyait déjà à feuilleter le livre dans la collection Hamac-carnets comme s’il était d’une autre. Ça fait longtemps que je me vois chez Hamac. Depuis 2012 quand je lisais le blogue de Julie Gravel-Richard. Il faut se voir, paraît-il. Je me suis vue chez tellement d'éditeurs! 

Après trois jours, 82 pages, 18 586 mots... la balloune est dessoufflée!

Pourquoi, à quoi bon, tant de livres déjà, ça pleut des livres. Des édités, des autoédités, des numériques.
Tout est déjà sur mon blogue, pourquoi en faire un livre? Pour qui?

Pas parce que moi je lis les carnets des autres, que...
Alors si un éditeur veut de mon carnet de roman, qu’il le dise!
D’autant que chat échaudé... c’est déjà arrivé.
En février 2022
« Nous sommes intéressés à publier votre roman. »
En février 2023
« Nous sommes prêts à procéder à l’évaluation du travail éditorial sur vos manuscrits. »
Avril 2024
Je suppose que quand une directrice littéraire ne dit plus rien, ne répond plus à tes courriels, c’est qu’elle ne pense plus à toi.

Je me tais aussi.
Quoique, comme a écrit Camille Readman Prud’homme... Quand je ne dis rien je pense encore.

mercredi 3 avril 2024

350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation

En novembre dernier, je dirais, un dénommé Martin Parent (inconnu des dieux pour moi à ce moment-là) m’appelle et me demande qui avait fait les armoires de plusieurs municipalités de la région. Réponse: mon père, Jacques Lamarche, Louise Drouin, puis Louise Falstrault et moi. Pourquoi voulez-vous savoir? Dans le cadre de... j’ai retenu: Fédération d’histoire, Seigneurie de la Petite-Nation, Montebello, mois de mai.

Puis, en décembre, je vais chercher le livre Le moulin disparu à Papineauville. Il est encore question de ce 350e anniversaire. J’apprends que la Fédération Histoire Québec (FHQ) tiendra son 58e Congrès au Château Montebello... dans le cadre du 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation.
En effet, c'est en mai 1674 que cette seigneurie a été concédée à monseigneur de Laval par la compagnie des Indes Occidentales.

Après, ça n’arrête plus, j’en entends parler au Musée des pionniers à Saint-André-Avellin qui prépare un livre sur l’ange de la rivière. Sur le site de Tourisme en Petite Nation, je lis que plusieurs municipalités de la MRC Papineau ont organisé un événement. Le groupe Le diable à cinq, connu bien au-delà de son Ripon original, donnera un spectacle en mai. J’ai vu les très belles vidéos dans lesquelles Marie-France Bertrand de la MRC Papineau ou Peter Levick présente les activités entourant cet événement. Dans la revue Histoire Québec, j’ai lu l’article que Martin Parent a écrit sur le Château. Je pense à mon père qui a tant écrit sur le Château, sur le Manoir, sur la région. De nouveaux livres, de nouveaux noms, il y a de la relève, l’histoire se réécrit.

Et le plus beau, Notre-Dame-de-la-Paix n’a pas été oubliée.
Quand on dit Seigneurie de la Petite-Nation, on pense Montebello, Papineauville, Saint-André-Avellin, Plaisance, mais on oublie souvent Fassett, Notre-Dame-de-Bonsecours et Notre-Dame-de-la-Paix. Parce qu’on ne sait pas, parce que moins connues, moins touristiques. On ne s’arrête pas à Notre-Dame-de-la-Paix... quoique le vendredi soir à la station-service, en route vers Tremblant...
En tout cas, dans les vidéos, on la nomme, c'est déjà ça, parce qu'en effet, le territoire faisait partie de la seigneurie.

À mon tour, je veux la nommer cette municipalité où je vis depuis plus de 52 ans.
Texte déposé dans la colonne latérale.
Je le publierai directement dans ce blogue, le 16 mai, puisque c'est le 16 mai 1674 que Monseigneur Laval devint propriétaire de la Seigneurie de la Petite-Nation.

mercredi 6 mars 2024

Extimité

Nouveau mot pour moi : extimité.

Lu dans le livre Ports d’attache, Osons révolutionner nos amitiés
« L’extimité est le fait de rendre visible et accessible à tous·tes, en ligne, des parties de soi considérées comme relevant du domaine de l’intime. Il s’agit avant tout d’un exercice de communication de soi : s’exposer pour se construire. »
J’ai ensuite lu dans Wikipédia que ce n’était pas vraiment un nouveau mot même si Word ni Antidote ne le reconnaissent. Voici ce qu’en dit Serge Tisseron :
« Je propose d’appeler “extimité” le mouvement qui pousse chacun à mettre en avant une partie de sa vie intime, autant physique que psychique. [...] Il consiste dans le désir de communiquer sur son monde intérieur. »
Je pense bien que j’en suis atteinte et depuis longtemps. Pas au point de m’exhiber par des selfie sur les réseaux sociaux, mais pour avoir ce besoin d’écrire,et surtout de laisser des traces. Que mes écrits, mes pensées plus ou moins intimes soient rendus visibles. Je ne pensais pas que j’avais besoin de « m‘exposer » pour me construire.
Et besoin vite, besoin fort, besoin tout de suite... ça c’est mon ti-bélier je crois bien.
Exemple, j’ai écrit un texte sur..., j’ai fait un petit montage photos et texte. J’ai hâte de le montrer, je résiste, je me retiens de le publier. Non pas que je le considère parfait ou fini — ils ne le sont jamais tout à fait —, mais ce n’est pas vraiment le temps. Il conviendrait mieux en mai lors des célébrations entourant le 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation. 
En mai, dans trois mois. Une éternité!

Extimité donc. Il me semble qu’à mon âge, je n’ai plus besoin de m’exposer ni de me construire. Mais bon, je regarde Robert Lalonde et Gilles Archambault, plus vieux que moi qui ont encore besoin de raconter, de dire, d’écrire, de publier. Pas dans un blogue ni sur les réseaux sociaux il est vrai, via un éditeur.

Je ne crois pas que je révolutionnerai mes amitiés, mais je continuerai à m’«extimiter»! Et puis je parle surtout de livres et d’écriture... Parlant ami·es, j’ai rejoint le club, toutes mes ami·es en ont... alors résisterai-je à vous parler de Mika?


mardi 20 février 2024

Petits bonheurs d'une curieuse

Petits bonheurs des derniers jours.

Mon dernier billet de blogue où il était question du Livre bleu m’a apporté de belles nouvelles, petits bonheurs non négligeables.
Premier : quelques heures seulement après la publication du billet, ma cousine de Jonquière (j’en ai déjà parlé dans un billet, voir le lien à la fin), m’a écrit et m’a demandé la version numérisée du Livre bleu.

Donc, elle me lit. Toujours un plaisir de voir qu’on me lit. Et qu’elle veuille voir ce que notre grand-tante commune a écrit en 1917... m’émeut. Je lui avais montré le livre un jour qu’elle était venue me rendre visite, mais une heure pour regarder les photos surtout, c’est court pour connaître toutes ces vies racontées dans un livre de généalogie.
Je lui ai donc fait parvenir les fichiers PDF du livre comme tel et des feuillets qui étaient insérés dans le cahier.
Échange bien plaisant de courriels et de Messenger.

Deuxième : en réunissant les fichiers PDF, je me suis attardée aux documents sur les religieuses de la famille. Dans le livre bleu, j’avais des documents de quatre sœurs Sainte-Croix. Je cherche leurs noms, je me souviens facilement de trois, mais rarement du quatrième, parce qu’il n’en est pas vraiment question dans le Livre bleu. Et me voilà à chercher. Non pas seulement le nom de la petite-nièce d’Esther Leduc, mais aussi de ces deux autres qui ont été postulantes, dès 1847 quand le Père Basile-Moreau a fondé la congrégation des Sœurs de Sainte-Croix à ville Saint-Laurent.

J’y ai passé une bonne partie de la soirée et de la matinée.

Premier extrait trouvé dans Le livre bleu,
deuxième extrait provient des Annales des Soeurs de Sainte-Croix


Dans les feuillets, j’avais bien lu que les trois postulantes étaient parentes, mais sans plus. Et dans les années 2000, quand j’ai entré des noms dans ma base de données, je ne me suis attardée qu’à Esther Leduc dont ma grand-tante religieuse avait fait grand cas dans le Livre bleu.
C’est hier que j'ai poussé plus loin. Dans ma base de données, pas de Marie Gohier ni d’Émilie Fortier. Et des célibataires, ce n’est pas évident de les trouver en généalogie. Beaucoup plus facile de trouver des mariés.
J’ai été lire ce document dont j’ai parlé dans mon billet : Annales de la Congrégation des Sœurs de Sainte-Croix et des Sept-Douleurs, et dans la chronologie, page 334, j’ai lu, noir sur blanc ou plutôt noir sur jaune : «toutes trois cousines».

J’avais la confirmation, il ne me restait qu’à trouver.
Ma curiosité légendaire a fait de moi une chercheuse infatigable. Encore faut-il savoir où chercher. Sur mon ordinateur, j’ai ouvert mon logiciel de généalogie (Family Maker 2014); sur Internet, une fenêtre pour le PDRH (répertoire de tous les actes de baptême, mariage et sépulture catholiques enregistrés au Québec entre 1621 et 1861) et une autre pour Le Lafrance qui couvre une période plus longue.
J’ai d’abord cherché la date de naissance d’Esther Leduc, la seule sur qui j’ai quelques informations de source sûre : 1826. Comme des cousines normalement, c’est né dans les mêmes années, j’ai ratissé entre 1820 et 1830.

J’aurais dû commencer par Émilie Fortier parce que des Marie... toutes les filles s’appelaient Marie. Et Gohier s’écrit aussi Goyer. Enfin bref, après des Marie Anne, Marie Rosalie, Marie Rose, je tombe sur une Marie Pélagie. Pour chacune, je cherche les parents, je trouve la famille entière, je guette les filles non mariées, et qui ne sont pas décédées en bas âge, elles sont nombreuses. Et puis dans les unions, je vois le nom de Philippe Leduc. Je vérifie... oui, oui, dans ma base de données Philippe Leduc est le père d’Esther Leduc.

De Philippe Leduc à son épouse Marie Julie Judith Crevier Saint-Jean, il n’y avait qu’un pas que j’ai franchi. Le PDRH m’a indiqué le chemin. Je trouve que le couple Louis Gabriel Crevier /Marie Julie Boyer ont eu 16 enfants, dont trois filles : une a épousé Philippe Leduc, une, Casimir Fortier et une Gilbert Gohier. Que les patronymes Leduc, Fortier, et Gohier se retrouve dans la même famille, des bonnes chances que ce soit la bonne famille.

Les mères des postulantes cousines étaient donc trois sœurs Crevier :
Marie Judith, mère d’Esther Leduc (1826)
Marie-Anne, mère d’Émilie Fortier (1822)
Marie-Pélagie, mère de Marie Gohier (1828)

Avec ce que j’ai découvert, il va falloir que je réécrive mon roman Les têtes bouclées! Ce n’est pas une des trois premières postulantes qui est dans ma « famille », mais bel et bien les trois. Bon, ce sont des arrière arrière arrière grand-tante ou très petite petite-cousine, mais quand même!

En 1847, elles ont été les trois premières postulantes canadiennes de la nouvelle « Communauté des Sœurs de Sainte-Croix ». Et moi, je suis demeurée plusieurs années à ville Saint-Laurent, ma mère nous parlait quelquefois de ses deux tantes Deguire (Annie et Évelyne) devenues religieuses au couvent de Saint-Laurent, j’ai eu des sœurs Sainte-Croix comme enseignantes, mes préférées. J’ai été à Regina Mundi, j’ai été au collège Basile-Moreau. J’ai même fait ma dernière année d’École normale dans ce bâtiment, qui, l’année suivante, devenait le cégep Vanier. Comme si la boucle était bouclée.
Mes grand-tantes Annie et Evelyne Deguire et leurs arrière petites-cousines ou arrière grand-tante ont sans doute connu le couvent Notre-Dame-des-Anges du haut et moi, j'ai plutôt fréquenté le collège Basile-Moreau (le bâtiment de gauche).

Je ne sais pas vraiment pourquoi ça m’impressionne, pourquoi j’aime chercher et trouver des liens, mais c’est ainsi.

C’est le genre de petit bonheur qui comble bien plus la chercheuse curieuse que la généalogiste amateure ou la romancière-blogueuse.

Source des photos du couvent >>> 
Lien vers ma cousine >>>







dimanche 18 février 2024

20 ans plus tard
ou du détachement des objets.

J’aime bien les titres ou les incipits qui frappent, qui soulèvent la curiosité.

Donc, 20 ans plus tard, je me décide. En 2004, dans le journal du futur roman Les têtes rousses (lien vers ce journal >>>), j’écrivais : « Je me souvenais qu’elle [ma mère] m’avait remis un livre bleu dans lequel sa tante religieuse avait consigné des tas de dates, de notes où il était question aussi bien des Deguire que des Lynch et d’une certaine Bridget Bushell. Je ressortis ce livre bleu, et j’y lus matière à histoires. »
LE livre bleu.

Il date de 1917. Les pages sont jaunies, recollées. L’écriture pâlie. Les photographies détachées. Ma mère en avait hérité de son père, elle l’a lu, annoté. Mon père s’en est servi pour dresser un premier arbre généalogique à la main puis à la machine à écrire. Objet de ma curiosité depuis que je suis toute petite. Je ne me souviens pas quand j’en ai pris possession. Probablement quand mes parents ont déménagé pour la nième fois. En tout cas, en 2004, je l’avais.

En vingt ans, je l’ai tellement feuilleté, tellement lu et relu, scruté à la loupe, noté les erreurs de dates.
Il a été mon point de départ pour la recherche de mes ancêtres irlandais. Il a été mon inspiration pour l’écriture de trois romans.

Depuis la parution de mon dernier tome de la trilogie des Têtes rousses, en 2019, je n’en ai plus besoin. Mais pas pour autant que je me décidais pas à m’en départir.

Est-ce le premier pas vers le détachement de mes livres, de mes écrits?
Je ne sais pas quoi faire avec mes centaines de livres, mes dizaines de cahiers et mes milliers de feuilles imprimées. Certains datent de 50 ans. Autour de 1974. Je commençais ma vie d’adulte-qui-est-partie-de-chez-ses-parents, je commençais ma vie professionnelle avec de l’argent. Je pouvais acheter des livres. Je ne m’en privais pas. Mais là, cinquante ans plus tard, à la veille peut-être bientôt, peut être pas, qu’est-ce que j’en sais, mais peut-être déménagerai-je dans un 4 et demi? Que faire de tous ces livres? Les vendre, les donner? Qui veut lire Han Suyin, Hervé Bazin, Maurice Druon, les prix Nobel? Et les écrits, les journaux, les lettres, les manuscrits d'une parfaite inconnue?


C’est tout un processus le détachement des biens matériels. Surtout ceux qui, croit-on, nous représentent, disent qui nous sommes. Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es. À quel âge on commence à pouvoir les laisser aller? Et même pourquoi? Simplement parce que je n’en ai plus besoin? Simplement au cas où je doive partir de la maison? Simplement pour ne pas donner de problèmes à ma succession? Pourtant quand mon père est mort, oui ça m’a pris six mois pour faire le tri de tous ses livres et documents, mais bon, j’ai bien aimé. J’ai vendu un peu, jeté un peu, conservé un peu, mais beaucoup donné.

Ma vie tourne beaucoup autour des livres, des écrits, des mots, alors m’en défaire, c’est un peu comme jeter ma vie. Pas lui enlever de la valeur, mais la mettre déjà au passé. Ces écrits, s’ils devenaient des archives au lieu d’être jetés, attesteraient de mon existence? Suis-je cette éternelle jeune fille qui voudrait qu’Hollywood la découvre, qu’un éditeur la publie? Non, il me semble que ce stade est passé.

Une étape à la fois. D’abord l’acceptation. De vieillir. D’être fatiguée plus vite. D’avoir moins le goût de voyager, de voir le bout du monde. D’aimer rester à la maison. D’aimer me promener au Québec, près de chez nous. Hier encore, j’ai été à Duhamel, j’ai vu cinq chevreuils. J’ai acheté des pâtés et une baguette. Souper agréable. J’ai lu un extrait du livre Ports d’attache: osons révolutionner nos amitiés de Karine Côté-Andreetti (un livre qui commence par l'incipit:  « Même dans l'amour, il y a de la solitude »... je l'ai dit, j'aime les incipits qui invitent à poursuivre). J’emprunte des livres à la bibliothèque maintenant. Plus facile de s’en détacher.

Revenons au livre bleu que je suis prête à laisser aller. Première étape avant de trouver à qui donner tout le reste. De me décider surtout à jeter les écrits de ma vie : journaux, lettes et manuscrits.

L’an dernier, ce livre généalogique, je l’ai offert à mes neveu et nièces. Avec mon frère, on a numérisé chaque page. Je l’ai remonté en PDF : 130 pages, 250Mo. Personne n’en veut, mais au moins j’aurai une copie numérisée.

J’ai hésité entre envoyer le livre aux Sœurs de Sainte-Croix parce que quelques fascicules de la vie de quatre religieuses — Esther Leduc, Annie Deguire, Evelyne Deguire, Marie-Louise Bourdon —, ont été glissés dans ce « Livre de généalogie », mais quand j’ai lu un livre sur les Annales de la congrégation des Sœurs Sainte-Croix et des Sept douleurs, publié en 1930 (très intéressant pour qui a connu les soeurs de Sainte-Croix, Saint-Laurent, Regina Mundi et Basile-Moreau), je me suis dit que MON livre bleu ne leur apprendrait pas grand-chose qu’elles ne sachent déjà, et puis, les archives n’avaient pas l’air aussi bien organisées que celles de la Société généalogique canadienne-française.

La coordonnatrice de la Société généalogique canadienne-française, Dominique Ritchot a été intéressée. C’est elle qui nous a trouvé l’ancêtre Falstrault, en 2003. J’ai confiance que le livre sera bien conservé. Le livre bleu ira rejoindre La monographie des Lynch (prix Percy-W. Foy, 1989) rédigé par John Lynch un descendant, comme moi, de Denis Lynch et de Bridget Bushell.

Aujourd’hui, préparer le paquet. Demain, la poste.
Alea jacta est.

Lien vers le livres Les Annales de la congrégation des Sœurs Sainte-Croix >>>


vendredi 9 février 2024

Ce qui devait, ce qui sera - 2

Hiver doux s’il en est un. Sans s’éreinter sur la souffleuse ou la pelle. Sans ce froid qui vous gèle les os.

Je suis rarement partie en février. Trois fois quand même :
en 2008, en véhicule récréatif, classe B, 58 jours dans un parc régional en Georgie;
en 2009, même véhicule récréatif, 59 jours, à Fort De Soto en premier et retour au Blythe regional Park, en Georgie;
et finalement, en 2014, avec un nouveau classe B, en Floride cette fois, 57 jours dont 43 à Okeechobee landings.

Cette année, ce devait être une cinquantaine de jours aussi, mais dans un resort, à Myrtle Beach.
Ce n’est ni le regret ni la tristesse, encore moins la colère contre le vieillissement et la maladie qui m’ont fait regarder la liste de mes voyages et visionner quelques photos de mer ce matin. Non, juste des associations d’idées : d’un février à l’autre. Des associations d’activités : d’un site à l’autre, mettre à jour les sites Internet dont je m’occupe. Des couchers de soleil devant moi versus les levers de soleil de Myrtle Beach que j’ai déjà vus, et tant aimés.

Et qui dit février, dit Salon du livre de l’Outaouais. Je le vois sur ma page Facebook. Et comme chaque jour, je regarde les nouvelles parutions chez les éditeurs, chez les libraires, aux deux bibliothèques auxquelles je suis abonnée, je me demande si cette année, je n’irai pas feuilleter avec plus d’attention ces livres dont je lis les extraits chaque matin.

Voilà, c’est tout.
Ce sont mes joies quotidiennes, mes plaisirs du jour. Entre les repas que j’aime préparer, les silences que j’aime entendre, les marches dans le chemin/droit de passage pour le voisin qui ne vient pas souvent, à moins que je n’entende pas sa voiture électrique! Entre le café du matin et le verre de vin de fin d’après-midi. 
Oh! la la! j’ai oublié le linge dans la sécheuse, excusez-moi, à la prochaine!

samedi 27 janvier 2024

26-17

Ce qui devait être, ce qui sera


J’aurais dû être en train de préparer le dernier souper.
Le frigo devrait être quasi vide.
Les bagages déjà dans l’auto.
Le vélo accroché sur son support.
La glacière prête à être remplie.

Je devrais être en train de regarder les conditions routières de l’autoroute 81 : Watertown, Syracuse surtout, Wilkes-Barre. Le cœur battant, hésiter à partir demain. On annonce plus beau lundi.
Je devrais être train de préparer des phrases en anglais pour le dounier de Lansdowne, en Ontario, mais aussi voir plus loin, voir notre arrivée à Myrtle Beach. Voir notre hôtel et surtout le balcon.

Un balcon avec vue sur la mer.
Un balcon où je lirais mon cadeau de Noël : Inventer le désir de Camille Laurens.

Oui, jusqu’à mardi dernier, c’était ça : passer deux mois à Myrtle Beach, à marcher sur la plage, pédaler sur le boardwalk, manger des fruits de mer, photographier les oiseaux des mers et les aussi fabuleux que célèbres levers de soleil, et... bien sûr, lire sur le balcon.

Je suis plutôt à attendre que le cassoulet soit cuit à point.
À voir le ciel gris et brumeux, les arbres un peu givrés.
À croire que le grand champ blanc vaut bien la longue plage de sable blond.
À chercher comme un chien ou un chat le meilleur coin où faire mon nid, faire ma couche pour les deux prochains mois et à le lire ce fameux livre de Camille Laurens.

Et surtout... à être heureuse, tellement heureuse d’être ici, de rester chez nous.
De penser à demain où, au lieu de stresser en pensant à la douane, j’écrirai un texte qui raconte mon village. Ce village qui, il y a 350 ans, lors de la naissance de la seigneurie de la Petite-Nation, n’avait pas encore de nom. Oui, je veux en parler de ce village où j'habite depuis plus de 50 ans, qu’il soit nommé, qu’il ne soit pas oublié. Mieux encore, qu’il soit aimé.

Mardi dernier, jour semblable au 19 novembre 2019, quand je titrais le billet de blogue : 42-32. Cette fois, je pourrais écrire 26-17. Je vis toujours avec cette personne dont le glaucome joue au yoyo. Cette fois, l’œil gauche. À 26, c’était trop instable pour une greffe de cornée. À 17, ça pourra aller, faut croire. Mardi dernier donc, l’ophtalmologiste l’a inscrite en priorité pour une greffe de cornée. Sa troisième. Deux pour l’œil droit et cette fois, l’œil gauche.

Le choix n’était pas difficile : on ne part plus. Les yeux d’abord.
Soulagement. Autant en 2019, c’était l’enthousiasme d’enfin partir après deux mois d’opérations, de suivis, autant cette fois, c’est le soulagement de rester.

Et puis, quatre ans plus tard, ce n’est plus le même emballement. Depuis qu’on voyage, on a vu Myrtle Beach huit fois, la Floride sept fois. On n’a plus de véhicule récréatif. Le vélo... bof! Le fleuve de mai à octobre, c’est très bien aussi. Et puis, j’aime bien l’hiver, moi! Bref, les deux mois prochains, je surveillerai les conditions routières des autoroutes québécoises pour conduire Louise à ses rendez-vous médicaux... et c’est dans une chaise berceuse, bien au chaud, que je lirai Camille Laurens.

lundi 1 janvier 2024

Le premier jour de l'année 2024

 



Pourquoi? Pourquoi les couchers ou les levers de soleil nous (me) font un tel effet?
En janvier ou en avril.

Dans le désert, devant une terre blanche, jaune ou brune, ou au bord de la mer calme, rarement violente.

L’horizon, le lointain. Le silence, la contemplation. Le calme intérieur.

Après ces fêtes de beaucoup de personnes et de beaucoup de mots. De boustifaille et de vins. De rires et de jeux d’enfants; de discussions profondes ou de confidences chuchotées. De hâte de les voir, de hâte de partir.
Hier ou demain.

Ce fut aujourd’hui, le premier jour de l’année.


dimanche 31 décembre 2023

La Floride, juste pour le plaisir

Dernier jour de l’année 2023. Certain·e·s résument, souhaitent, regrettent ou espèrent.

Moi, j’ai visionné et relu. Mais sans regret ni nostalgie. Ni espoir ni souhait. Juste pour le plaisir.

Visionné et relu donc... la Floride. Depuis 2008 mais pas chaque année. Ni les mêmes mois, ni les mêmes lieux. Ni le même véhicule. Ni le même entourage. Toujours avec plaisir.

Si ça vous tente... c’est par là >>>


vendredi 22 décembre 2023

Un achat viscéral


Ce matin, j’ai acheté le livre Un moulin disparu.
Il me le fallait. C’était viscéral.
Viscéral : Qui provient des profondeurs de quelqu’un; qui est instinctif, inconscient, profond.
Il aurait fallu toute une tempête de neige pour que je ne me rende pas à Papineauville.
Pourquoi j’y tenais tant? Viscéral, je l’ai écrit.
Toutes ces raisons :
— Un livre qui ressemble visuellement à celui de Ripon et à ceux de Jean-Guy Paquin : même graphisme que j’admire, qui inspire la metteuse en pages en moi. Normal, ils sont tous de Jean-Luc Denat, ce graphiste qui a monté, entre autres, les livres des Écrits Hautes-Terres où j’ai publié la biographie de mon père.

— Un livre de ma Petite-Nation bien aimée. Un livre sur bien plus que le moulin de Papineauville.

— Collectif d’auteurs : Jean-Guy Paquin, Özgen Eryaşa , Alain Faubert, Claire Leblanc, Nicole Hébert, préface de Paul André-David. Je les connais tous personnellement sauf Nicole Hébert.
Je ne me lasserai jamais du style de Jean-Guy Paquin qui laisse pantoise l'auteure en moi. Alain Faubert me redonne le goût de la généalogie. Claire Leblanc a travaillé avec mon père, ça me replonge dans les années où il vivait, cherchait, écrivait sur l’histoire de la région. Je me rappelle encore sa joie débordante et son plaisir évident de fouiller dans le Livre terrier de la seigneurie des Papineau.

— Le sujet : le moulin de Papineauville, la seigneurie de la Petite-Nation, les Papineau. Chez nous. L’histoire de la région que j’ai choisie, que j’aime.

— Et autre raison que je comprends moins : le moulin.
J’aime les moulins.
Quand je voyage, je les cherche, je les visite. Que ce soit le moulin de Saint-Roch-des-Aulnaies, celui de La-Chevrotière, celui des Éboulements. Je n’oublierai jamais les moulins de Kinderdijk, en Hollande. Et le dernier en lice auquel j’ai pensé en allant chercher le livre : le moulin de Pointe-aux-Trembles... construit par un maçon dénommé Jean-Baptiste Deguire. Deguire patronyme de ma mère. C’était le fils de mon ancêtre François Deguire dit Larose. Quand j’écrivais viscéral « qui provient des profondeurs de quelqu’un »!

Peu importe vos raisons, je vous invite à vous le procurer via le site du Centre de généalogie de la Petite-Nation >>>

Livre Ripon, j'ai la couleur d'une rivière >>>

Et bientôt, en 2024, d'autres surprises, -- je suis dans le secret des dieux!-- au moins un autre livre, qui concerne Saint-André-Avellin, cette fois. Ça sent le 350e anniversaire de la seigneurie de la Petite-Nation!


lundi 18 décembre 2023

Ça ne m'amuse plus

Un deuil? Un autre. Non, ce n’est pas le bon mot, ce n’est pas si douloureux.
Un renoncement? Oui, quand même un peu. Dur sur mon orgueil surtout.
Une autre étape...  acceptée, assumée.
Pas vraiment une étape vers autre chose de différent, plutôt vers... plus du tout.

Voilà, je suis devenue incompétente. Plus envie de chercher. D’y passer des heures. Ce n’est plus un loisir. Ce n’est plus un plaisir.
Je cherche le début pour voir combien de temps j’ai tenu. Le nombre de fois que j’ai recommencé, revisité, reformulé, alimenté, mis à jour. Des heures, des jours, des semaines.
J'ai changé de logiciel : de Frontpage à WebCreator 7Pro.
J'ai changé de nom : De nos pinceaux et de nos stylos, falstrault-lamarche.blogspot, despagesetdespages.com, claude-lamarche.com
J'ai changé l’entête, le graphisme.

En tout cas depuis 2008, c’est certain, c’est écrit dans ce blogue.
Le site « de nos pinceaux et de nos stylos » que j’avais créé avec Louise Falstrault pour parler de ses tableaux et de mes écrits est devenu « despagesetdespages.com » en 2009, c’est écrit dans les Whois.

C’était un jeu, ça m’amusait. Je me trouvais bonne. Plus maintenant.


C’est le site http://despagesetdespages.com/ que je délaisse. Je le laisse tel qu’il est. Tant pis s’il n’est pas « adaptatif », si les photos que je vois sur mon ordinateur ne se voient pas sur une tablette ni un téléphone. Je n’ajouterai pas mes prochains voyages, je ne chercherai pas à changer ces fichus à en é dans ma base de données de généalogie. Je ne le mettrai plus à jour.

Il viendra un jour prochain, pas si lointain où je ne renouvellerai pas mon nom de domaine et ne paierai plus un hébergeur. Pour l’instant, je délaisse, bientôt je délesterai.

Je garde mon blogue. https://www.claude-lamarche.com/ D’abord, il est gratuit et jusqu’à maintenant Blogger ne me demande pas d’apprendre de nouvelles techniques. Il n’a pas changé depuis que je l’utilise. On reste entre vieux copain-copine.
Aussi longtemps que j’y trouverai du plaisir.


samedi 16 décembre 2023

Ombres de la nuit et lumière du matin

Elles se faufilent comme des ombres errantes
Le jour, je les chasse, je les évite, je les contourne, je les rejette
Jusqu’à l’oubli
Je me retiens d’en parler
Je me retiens de les laisser venir
Je les fais taire comme on chasse des moustiques piqueurs

Pendant le sommeil ou la somnolence
alors que je suis seule
qu’aucun travail
qu’aucune activité
qu’aucune personne
qu’aucune opinion ou commentaire
qu’aucune nouvelle
ne me force à l’action, ne m’entraîne dans la quotidienneté, ne me distrait, ne m’oblige au devoir
elles reviennent comme des couleuvres, pire, des serpents venimeux.

Elles insistent, persistent, sifflent, courent, dessinent, parlent...
ces ombres, mes ombres que sont...
les pensées noires
et avant elles, les pensées de la maladie
celles de la solitude aussi
et après elles, les pensées de la mort.

Celles que j’ai fait taire, que j’ai retenues dans la journée
quand j’ai eu mal aux genoux en me levant
quand j’ai eu un petit vertige en marchant d’un pas chaloupé
quand j’ai vu une tache brune sur mon visage
quand j’ai eu mal à la gorge
quand j’ai senti une boursouflure sur un sein
quand j’ai vu les grands pins plier sous le vent
quand j’ai senti une odeur de surchauffe
quand le téléphone a sonné
quand j’ai cherché mes mots
quand je n’ai pas su dire non
quand j’ai haussé le ton
quand je n’ai pas osé dire je t’aime
quand j’aurais voulu entendre je t’aime




Mais
avec moi, il y aura toujours un « mais », je puis compter sur lui
Depuis que le maïs est coupé
j’ai retrouvé mes soleils couchés
mon horizon dégagé
Le soir avant de m’aliter
je me plante devant le grand champ blanc l’hiver, vert l’été
j’implore le soleil d’accueillir mes troublantes pensées et de les emporter
et de me les rapporter le lendemain matin, toutes belles et sans anxiété.

Que reviennent les pensées joyeuses
sinon optimistes au moins réalistes
que la force, le courage, la patience gagnent
que l’amour l’emporte
de moi, de toi
de la vie.



dimanche 10 décembre 2023

Quand mon cerveau s'en mêle


Coup d’œil sur le cadran : 6 h 19. Trop tôt pour me lever.
Tablette à portée de main. Je flâne sur Facebook.
Deux nouvelles : le livre sur le moulin banal de la seigneurie de la Petite-Nation vient de paraître.
L’autre nouvelle que mon cerveau retient : il est question du livre de Christian Quesnel sur Dédé Fortin.
Et le voilà ce cerveau qui, hier encore, me disait de ralentir, de ne plus prendre de gros projets, le voilà qui part en baloune.
Christian Quesnel, bédéiste. De plus, il est de Saint-André-Avellin. Son livre sur Mégantic, wow!

Mon cerveau réunit les
Société historique Louis-Joseph-Papineau de Montebello
Société historique de Saint-André-Avellin
Comité culturel Papineauville
Comité du patrimoine de Ripon
Y en a-t-il d'autres?

Et je le vois.
LE LIVRE
Histoire de la Petite-Nation par Christian Quesnel

Coordination : Marie-Josée Bourgeois, Marthe Lemery?

Un livre pour les écoles avec des dates et des noms
Un livre pour tout le monde
Beau comme tous les livres de Christian Quesnel
Beau et instructif comme les livres sur Ripon, les livres de Jean-Guy Paquin

L'histoire
Les Weskarini au lac Simon
Champlain en canoë au pied des chutes de Plaisance
Début de la Seigneurie, Mgr Laval
Louis, le père, Louis-Joseph et Denis-Benjamin, les frères, Napoléon, le gendre
Le manoir
Plaisance, North Nation Mills
Fin du système seigneurial

Le château Montebello
Le moulin à Papineauville
Les premiers colons
Le bois à Fassett
L’arrivée du train

Débuts de Saint-André, l'ange et l'enfant sur la rivière de la Petite Nation
Papineauville, les Bonhomme
Détachement de N.-D.-de-la-Paix, Aristide Bock, les Lalonde, les Lauzon
Duhamel, le train la Thurso railway
Ripon, David Groleau
Montpellier
Chénéville, Hercule Chéné
Saint-Émile-de-Suffolk, Namur, les huguenots

Les Sœurs de la providence à Saint-André-Avellin
Les Montfortains à Papineauville
Les Sœurs grises à Montebello, à Chénéville

Il est 8 h 30, je jette un coup d’œil par la fenêtre : la brume, les arbres sans neige.

Une fois debout, les images du jour prennent toute la place.
Celles de la nuit glissent vers je ne sais où. Peut-être dans cet univers que mon père, celui-là même qui a publié un livre sur la Petite-Nation en 1979, a rejoint en 2006. Qui sait!

En deux heures, j’aurai vu un livre. Plus réaliste, sachant mieux que quiconque qu’un livre ne se réalise pas en quelques heures ni même en quelques semaines, à temps pour le 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation en 2024, j’irai acheter celui du moulin disparu.

Et mon cerveau laissera place à mon coeur qui, lui, dira tout simplement combien il aime la Petite-Nation.

lundi 20 novembre 2023

Je

Pour échapper au rêve absurde que tu appelleras cauchemar dans quelques minutes, tu te forces à rester éveillée. Tu regardes l’heure: 4 h 44. Contente d’avoir dormi presque sept heures de suite.

Encore dans ton rêve, tu es distraite. Des images te reviennent. La grande table du journal, les feuilles bleues non repro. Avant l’ordinateur. De longues galées. Que font-elles là? Le montage est pourtant parti à l’imprimerie. La gaffe, l’oubli. Tu as oublié d'envoyer deux pages. Le stress. Réveille-toi c'est un rêve. Ce n’est pas vrai. Tu ne travailles plus au journal depuis vingt ans.

Sous les couvertures, tu télécharges La Presse+.
Samedi. Jour des livres. Un plaisir dégusté lentement. Ce samedi il est question du prochain Salon du livre de Montréal. Te revient en mémoire cette année 2011 où tu devais y aller. Inscrite en tant qu'auteure. Des raisons de santé t'y ont fait renoncer.

Tu retiens les titres, les noms : Eric Chacour, Frederic Lenoir, Zachary Richard, Emmanuel Pierrot, Christian Quesnel.
Eric Chacour. Chantal Guy n’en dit que du bien.  Sur le site de la BAnQ, tu lis un extrait. Il faudrait que tu essaies de passer par-dessus le fait que ce n’est pas entièrement québécois ni écrit par une femme, ton dada ces années-ci.
Tu avais douze ans. Tu te méfierais désormais des questions simples. [...]Tu ne savais pas quand commencerait la vie. Petit, tu étais un élève brillant. Tu rapportais de bonnes notes à la maison et l’on te disait que ce serait utile pour plus tard. La vie commencerait donc plus tard.
Un livre au tu.
Tu devrais aimer. Tu adores depuis Le temps qui fuit, depuis Les Foley, depuis Lambeaux de Charles juillet.
Et puis, comme encore trop souvent, comme surtout la nuit, ce sentiment qui revient : une certaine tristesse. L’échec.

Eric Chacour a réussi là où tu as échoué : avoir écrit un livre au tu et avoir été choisi quelques jours après avoir envoyé son manuscrit.


Dans ton cas, c’était ton dixième livre, c’était le troisième tome des Têtes rousses (dont la couverture est de ce Christian Quesnel justement cité plus haut, ton presque voisin). Deux personnages : la fille au je et la mère au tu. Comme la maison d’édition où tu avais publié les deux premiers tomes l’avait refusé et qu’elle a fermé, tu as décidé de le publier à compte d’auteur. Cinquante exemplaires que tu as vendus rapidement. Assez critiqué en revanche. « mal écrit », « on ne comprend qu’à la centième page ». Cette histoire du « tu » pour la mère et du « je » pour la fille passait mal. Finalement, tu l’as tout réécrit pour que le livre ressemble aux deux tomes précédents et il traîne encore chez quelques éditeurs.

Vers 6 heures, tu finis par te rendormir sans retomber dans ton rêve.
Au lever, tu penses à écrire un billet sur le sujet. En écrivant la date : novembre 2023, tu vois que ce sera ton 15e billet de l’année 2023. Ton 852e depuis le début... en novembre 2008. Quinze ans, donc.
Et ça ne te fait rien, tu ne sens rien de particulier. Ni la fébrilité d’un anniversaire ni l’accablement du temps qui fuit. Ce sentiment d’échec du troisième tome pas vraiment publié, de ce Salon du livre de Montréal jamais vécu a disparu dans la nuit froide et noire.

Tu regardes par la fenêtre. Tu aperçois un grand pic. La journée sera belle. Non, ne pas vivre dans le passé, ni dans le futur. La journée est déjà belle. Je souris. Au Je.