D’abord annoncer que mon roman
Les
Têtes rousses est désormais disponible en livre numérique. J’ai signé mon
contrat après avoir longuement réfléchi et je me demande encore si c’est une
bonne affaire, mais je me suis dit que je n’avais pas grand-chose à perdre.
Enfin, je le saurai bien à long terme. En tant qu’auteur, je suis aussi novice
dans ce domaine relativement nouveau. C’est plutôt en tant que lectrice de
livres numériques que je viens vous dire où j’en suis de mes lectures depuis
que j’ai acheté une liseuse (
en mars dernier>>>). Peut-être un peu longuement, mais mon étude (bon,
disons mon observation clinique, hihi !) porte sur plus de trois mois. Je
ne voulais pas conclure trop hâtivement.
Au début, je l’ai déjà dit, j’ai téléchargé des classiques comme du
Charlotte Brontë, du Maurice Leblanc, du Stendhal ou du Balzac. Ensuite, j’ai
patiemment cherché à comprendre comment emprunter des livres à la BANQ. Je n’ai
trouvé Numilog (livres de la France) que
dernièrement alors j’ai plutôt fureté dans les livres québécois. Je dois
admettre que ce ne fut pas du tout ce à quoi je m’attendais. Je croyais que
j’allais lire sur écran de la même manière que je lisais sur papier, hormis le
support, c’est-à-dire tout le livre la plupart du temps, ou en tournant les
pages rapidement quelquefois. Mais non.
Pour quelqu’un qui demeure dans une petite municipalité de 700 habitants,
même si la bibliothécaire est sensible aux attentes de ses lecteurs et
lectrices, même si elle achète des nouveautés et s’empresse de commander au
réseau les livres de nos listes, pouvoir emprunter un livre 24 heures sur 24,
sept jours par semaine, en pyjama, bien au chaud, à partir de son clavier, c’est quand même la
manne. Pas autant de livres que dans une librairie, surtout pas toujours
disponibles, mais avec un peu de chance et de patience, c’est un plaisir que
d’obtenir le livre quelques minutes seulement après l’avoir repéré, quelle
excitation de pouvoir ouvrir le livre alors que dix minutes avant je n’avais
aucune idée de son contenu ni parfois même de son existence.
Probablement pour cette raison que je n’ai pas de scrupule à ne pas lire
tout le livre. Souvent je télécharge seulement pour voir, pour feuilleter. Par
pure curiosité.
Voici donc les livres dont je n’ai feuilleté que quelques pages ici et là:
Un massacre magnifique (Camille
Bouchard) : écrit dans le langage ancien auquel on s’habitue rapidement,
je voulais surtout savoir pourquoi on disait tant de bien de ce livre.
Un léger désir de rouge (Hélène Lépine)
recommandation de Julie Gravel-Richard. Même si c’est très bien écrit, que les
textes sont très courts, je ne suis pas très à l’aise avec le sujet. Comme une
conversation que je ne suis pas prête à entendre.
Voici donc les livres que j’ai feuilleté tout en lisant une bonne
partie, mais pas en entier :
Les choses terrestres (Jean-François
Beauchemin) : J’ai enfin réussi à lire du Jean-François Beauchemin. Pas tout, mais beaucoup plus que son garage
Molinari.
La romance des ogres (Stéphane
Choquette) : Plusieurs histoires dans l’histoire, bien écrites, style contemporain.
Arvida (Samuel Archibald) : je
n’avais pas remarqué que c’était des nouvelles, j’ai beaucoup aimé la première,
j’ai un peu décroché aux suivantes.
Un dé en bois de chêne (Suzanne
Jacob) : Nouvelles aussi, alors on dirait que je me permets plus d’en
délaisser quelques-unes. Je préfère ses romans.
Autoportrait au revolver (Marie-Cristine
Bernard ) : j’ai tellement aimé son roman précédent, Mademoiselle Personne, que j’ai
été un peu déstabilisée. La couverture ne me disait rien, mais c’est
moins important que pour un livre-papier, je ne me suis pas attachée au
personnage, j’ai quand même persisté jusqu’à la fin, en sautant plusieurs
pages. Mauvaise idée de prénommer un
personnage June et l’autre Jude, mon cerveau s’est empêtré.
Malgré tout, on rit à Saint-Henri (Daniel
Grenier) : Des nouvelles, mais avec des I, II et même IV alors un peu
mêlant. Pas beaucoup de dialogues, ce que j’apprécie dans une nouvelle. Écrit
comme si on me racontait une histoire oralement.
Et ceux que j’ai lu d’un bout à l’autre :
Parapluies (Christine Eddie) : le
premier livre numérique emprunté, j’ai beaucoup aimé
Testament (Vicky
Gendreau) : roman court, vif, écriture orale, sujet qui pourrait rebuter,
mais non, se lit tout seul.
Cher Émile (Éric Simard) :
Ah ! lui, je lui en veux, beaucoup trop court, ça se lit tellement bien
que je me suis dit : « Hein, déjà fini !». Un livre numérique n’a
pas d’épaisseur alors si on ne regarde pas les numéros de pages, on ne sait pas
qu’on arrive à la fin.
Chaque automne, j’ai envie de mourir
(Véronique Côté et Steve Gagnon) Courtes histoires qui se lisent et se
dévorent, écrites comme si j’étais assise sur un banc de parc et que la voisine
se mette à me conter des petits secrets de sa vie. Les chutes souvent
surprenantes.
Durant la même
période, j’ai emprunté à la bibliothèque :
Fanette, les cinq tomes (Suzanne Aubry) : lu du début à la fin, mais en passant des grands bouts
de narration tellement je voulais connaître la suite de l’histoire.
Les
jumelles (Tessa de Loo) : lu au bord de la mer, captivant, même si le décor ne s'y prêtait vraiment pas.
Et au pire,
on se mariera (Sophie Bienvenu) : lu, adoré
Il pleuvait
des oiseaux (Jocelyne Saucier) : tout lu, adoré
Le Lièvre de Vatanen (Arto Paasilinna) : lu en
diagonale, surtout le début, un peu le milieu et pas mal la fin.
À part le dernier, je vois
bien que, paradoxalement, les livres empruntés à la bibliothèque, je les lis en
entier. Paradoxalement parce que je peux être facilement distraite pendant la
lecture, je peux me lever, choisir une autre activité, me ruer sur mon
ordinateur, ce dont je ne me prive pas. Tandis que le livre numérique, je lis en
général dans une salle d’attente ou dans un lieu où je ne peux pas beaucoup
bouger ou presque rien ne me distrait, où j’ai du temps devant moi.
J’en déduis donc que c’est le
fait de pouvoir emprunter un livre rapidement et facilement, que je peux
changer de livre en un seul bouton, que je me promène d’un livre à l’autre
comme si je naviguais sur Internet, par pure consommation, sans aucune obligation envers qui que ce
soit, que le format même me donne l’impression que ce n’est rien, je lui donne
moins de valeur. Il faut vraiment que l’histoire, le texte me retienne pour que
je poursuive ma lecture. Alors que le livre-papier, je me sens une obligation
d’en lire plus comme par respect pour l’auteur qui a pris la peine de l’écrire.
C’est fou, c’est illogique, mais c’est comme ça.
Ah ! oui, ce blogue fête
ses quatre ans ces jours-ci. Quand même !